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Confirmation de l’habitabilité passée de Mars
La présence durable d’eau liquide
Détection de méthane dans l’atmosphère
Mise en évidence de changements climatiques
L’un des résultats majeurs de la mission MSL est la confirmation que Mars a réuni, il y a plus de 3 milliards d’années, les conditions de l’apparition d’une forme de vie « simple », ce qui ne signifie pas que celle-ci a existé. Ces éléments essentiels à la vie sont de l’eau liquide stable et neutre, des composés chimiques énergétiques nécessaires à une vie microbiologique (carbone, hydrogène, oxygène, azote, phosphore, soufre), et des molécules organiques. À ce jour, l’observation de telles conditions d’habitabilité n’ont pu être observées que sur la Terre et sur Mars. Un échantillon, prélevé sur le site de forage Cumberland, a révélé que Mars a bien réuni, à un moment de son histoire, toutes les conditions requises à son habitabilité. Une forme de vie simple aurait pu y exister, mais nous ne pouvons pas dire si le cratère Gale a hébergé ou non un jour une forme de vie.
L’exploration des diverses régions sédimentaires du cratère Gale confirme la présence de vestiges de lacs et de rivières d’eau douce sur la planète rouge. Curiosity a notamment mis en évidence des galets de forme arrondie qui auraient pu être transportés par un cours d’eau, ainsi que des dépôts de boue solidifiée dans des lits de rivière asséchée. Cette eau était sans doute neutre et d’une température fraîche.
La détection de méthane dans l’atmosphère martienne interroge : ce gaz, qui se désagrège au bout de 300 ans, est produit sur Terre de manière biologique. Les récentes analyses laissent plutôt penser que le rover, en roulant, aurait pu craqueler le sol gelé et libérer des poches de méthane emprisonnées. L’origine de ce méthane serait plutôt chimique, du fait de l’interaction de plusieurs gaz entre eux.
Les différentes zones d’intérêts explorées dans le cratère Gale et sur le mont Sharp montrent des sédimentations géologiques qui indiquent une alternance de climats humides et secs dans le temps. Le mille-feuille argileux caractérise la période humide de Mars avec des vestiges de lacs et de rivières. La couche des sulfates indique une possible transition environnementale et le passage à une ère plus aride.
Fin 2023, un gisement inattendu de cristaux de soufre pur a été analysé. Nous étions alors dans une région de Mars riche en sulfates, une sorte de sel qui contient du soufre et se forme quand l’eau s’évapore. Cette découverte inattendue est encore en cours d’analyse pour ajouter un nouveau chapitre à l’histoire de Mars.
Pour la première fois en 2024, des scientifiques ont identifié sur Mars des molécules organiques comportant jusqu'à 12 atomes de carbone dans un échantillon analysé par l’instrument SAM. Cet échantillon daterait de plus de 3,7 milliards d’années, période où Mars était habitable.
Au cours des prochaines semaines et années, le rover Curiosity va s’attacher à analyser des boxworks (structures à motif hexagonaux, enrichies en sulfates, témoins de cycles durables d’assèchement réhydratation). Jusqu'à présent, ces formations n'étaient observées que depuis des sondes spatiales en orbite. On pense qu'elles se sont formées lorsque des minéraux transportés par les dernières coulées d'eau du mont Sharp se sont déposés dans des fractures de la roche superficielle, puis ont durci. Avec l'érosion de certaines parties de la roche, les minéraux qui se sont cimentés dans les fractures ont créé une forme de caisson de structure hexagonale.
Curiosity est doté de 6 roues et 17 caméras, dont certaines sont montées sur un mât. Le rover est notamment équipé d'un laser pour vaporiser une fine pellicule de la surface des roches afin d'analyser la composition chimique des matériaux sous-jacents. Il peut aussi broyer des roches et des échantillons de sols pour en faire l'analyse chimique. Ses instruments scientifiques sont les suivants :
ChemCam est un instrument d'analyse élémentaire des roches et des sols autour du rover Curiosity jusqu'à environ 9 mètres. Il utilise la technique d'analyse spectroscopique induite par ablation laser (Laser Induced Breakdown Spectroscopy, LIBS).
Un laser de puissance tire sur une cible, ce qui provoque la fusion du matériau et l'apparition d'un plasma que l'on détecte à distance et dont analyse le spectre lumineux. Cette technique permet de faire une première analyse sélective des roches environnantes de Mars sans avoir besoin de déplacer le rover. À partir de ces informations, le rover peut alors se positionner près d'une roche afin de faire des analyses plus approfondies. L'expérience est aussi dotée d'une caméra (RMI : Remote Micro-Imager) qui fournit une image à haute résolution de l'échantillon pour décrire le contexte de la mesure LIBS.
L'instrument ChemCam est sous la responsabilité d'un PI américain, Nina Lanza, du Los Alamos National Laboratory (LANL). La contribution française à ChemCam est le Mast Unit constitué d'un laser, d'un télescope, d'une caméra RMI et de l'électronique associée, sous la responsabilité d'un co-PI de l’IRAP, Olivier Gasnault.
L’ensemble instrumental SAM analyse le sol et le proche sous-sol de Mars. Il permet de chauffer les échantillons de roches prélevés par le rover jusqu’à plus de 850°C, et d’analyser finement la nature chimique des gaz produits avec les trois instruments complémentaires qu’il contient. Ces analyses permettent de fournir des informations sur la nature des minéraux et composés organiques présents dans les échantillons analysés. SAM a également la capacité d’analyser la composition de l’atmosphère pour comprendre le climat présent et passé de la planète. C'est le plus gros instrument de la mission, pesant près de 40 kg, soit la moitié de la charge utile du rover.
L'ensemble SAM se compose de différents sous-systèmes : manipulation d'échantillons solides, préparation d'échantillons (pyrolyse, dérivatisation, combustion, enrichissement et moyens de pompage).
Il comporte 3 instruments : un spectromètre de masse quadrupolaire (QMS), un chromatographe en phase gazeuse (GC), un spectromètre à diode laser (TLS).
Le chromatographe en phase gazeuse (GC) assure la séparation et la détection des composés présents dans l'échantillon gazeux. La séparation s'opère dans 6 colonnes chromatographiques, permettant d'analyser simultanément une grande variété de composés. La détection est réalisée en série par des détecteurs à conductivité thermique (TCD), avec une grande sensibilité de détection grâce à l’utilisation de pièges d’injection.
L'ensemble instrumental SAM est sous la responsabilité d'un PI américain, Charles Malespin, du Goddard Space Flight Center (GSFC) de la NASA. La contribution française à SAM (SAM-GC) est sous la responsabilité d'un co-PI du LATMOS, Cyril Szopa.
Depuis des décennies, les scientifiques s’intéressent à la « planète rouge », qui présente plusieurs similitudes avec la Terre. Dans le Système solaire, elle est la plus à même d’avoir réuni les conditions propices à la vie. Depuis le programme Mariner, en 1965, une quarantaine de missions spatiales ont été lancées pour tenter de percer ses secrets, parmi lesquelles Viking, Sojourner, Opportunity ou encore la sonde européenne Mars Express. Toutes ces missions ont apporté des connaissances précieuses sur le sol martien, montrant notamment que de l’eau liquide a coulé en abondance sur la planète.
La mission Mars Science Laboratory a été imaginée pour aller plus loin, afin d’apporter la preuve de cette présence passée d’eau liquide et d’approfondir la connaissance de la géologie martienne. À cet effet, le Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA a mis sur pied au début des années 2000 un programme impliquant plusieurs pays, dont la France, pour faire entrer l’exploration martienne dans une nouvelle ère. Il s’agissait d’envoyer sur Mars un rover, c’est-à-dire un véhicule robotisé autonome, de capacités et de dimensions inédites, emportant 10 instruments scientifiques pour un total de 80 kg de charges utiles, communiquant en permanence avec la Terre et doté d’une grande autonomie de fonctionnement. D’une durée initiale de 687 jours, soit une année martienne, la mission MSL poursuit ses opérations depuis 13 ans.
Déterminer si la vie a pu exister sur Mars
Caractériser le climat de Mars
Caractériser la géologie de Mars
Préparer l’exploration humaine de Mars
MSL recherche des traces de la présence d’eau à l’état liquide qui aurait perduré plusieurs millions d’années après la formation de la planète. Il recherche également des éléments chimiques qui auraient pu se combiner pour conduire à l’apparition de la vie, dont les principaux sont le carbone, l’hydrogène, l’azote, l’oxygène, le phosphore et le soufre. D’autres éléments chimiques impliqués dans les formes de vie que nous connaissons sont également recherchés : fer, sodium, calcium, manganèse, etc.
La vie a aussi besoin de sources d'énergie et de conditions environnementales suffisamment stables. La mission étudie les cycles du carbone et de l'eau sur la planète au cours du temps, afin de déterminer sous quelle forme et en quelle quantité le carbone et l'eau sont stockés sur la planète et dans l'atmosphère.
MSL cherche à caractériser le climat passé de Mars ainsi que les processus climatiques de la basse et de la haute atmosphère. Dans le passé, si Mars a été plus chaude, alors son atmosphère devait être plus dense et plus humide, et ainsi avoir fourni des conditions environnementales plus favorable à la vie microbienne.
La mission étudie précisément la composition de l'atmosphère martienne en recherchant les éléments nécessaires à la vie (dioxyde de carbone, méthane, azote, hydrogène) et en essayant de comprendre comment cet état passé s’est modifié. L’analyse de la composition des roches, sols et structures de la surface peuvent aussi donner des informations sur les changements dans l'atmosphère de la planète au cours du temps. MSL mesure aussi les radiations à la surface de la planète, incluant les rayons cosmiques, les protons solaires et les neutrons.
MSL étudie les roches et le sol pour comprendre les processus géologiques qui ont créé et modifié la croûte martienne et la surface dans le temps. En particulier, la mission recherche des preuves de la formation des roches en présence d'eau.
En démontrant la possibilité de faire atterrir des charges imposantes sur la surface de Mars (un véhicule de 900 kg), MSL a ouvert la voie à l'envoi d'équipements nécessaires aux futurs explorateurs humains. L'expérience acquise en techniques d'atterrissage précis constitue aussi un premier pas vers le développement de capacités d'envoi d'astronautes vers une destination précise de façon sûre et fiable.
MSL est une mission du programme d'exploration de Mars de la NASA, initié en 2004. Le programme, d’un montant de 2,5 milliards de dollars, présente un niveau de sophistication inédit. Le rover, baptisé Curiosity, a été développé et assemblé au Jet Propulsion Laboratory (JPL) situé à Pasadena, aux États-Unis, avec la participation de plusieurs pays : Canada, Espagne, France et Russie. Curiosity, qui emporte 10 instruments scientifiques, se distingue des précédents rovers martiens par ses dimensions (900 kg, soit la taille d’une petite voiture, et 80 kg de charge utile, 10 fois plus que ses prédécesseurs) et par sa batterie à énergie nucléaire qui lui permet d’opérer de jour comme de nuit.
En 2011, la NASA sélectionne parmi 100 sites potentiellement intéressants le cratère Gale comme site d’atterrissage. Les scientifiques l’ont choisi pour ses caractéristiques géologiques, notamment la présence d’argile, signe que de l’eau liquide y a coulé dans un passé lointain. Au milieu du cratère, s’élève le mont Sharp, culminant à 5 500 m, dont l’empilement des couches géologiques doit permettre de retracer l’histoire de la planète.
Le lancement a lieu le 26 novembre 2011, à bord d’une fusée Atlas V. Après un voyage de 60 millions de km d’une durée de 8 mois, MSL se pose sur le sol martien le 6 août 2012, au terme d’une descente de 7 minutes extrêmement périlleuse. Quelques jours plus tard, le spectromètre ChemCam effectue son premier tir au laser sur une roche martienne.
Conçu au départ pour une mission primaire d'une durée d'une année martienne, correspondant à 687 jours terrestres, Curiosity était censé parcourir une distance de 5 à 20 kilomètres depuis son site d'atterrissage. En réalité, il atteint en 2025 les 13 ans d’activité et a parcouru plus de 34 km. En août 2024, ChemCam a programmé depuis le centre toulousain FOSCE (French Operating Center for Science and Exploration) au CNES, son millionième tir laser.
Le JPL est maître d'œuvre du programme. Les 10 instruments scientifiques, constituant la charge utile du rover Curiosity, ont été développés et fournis au JPL sous la responsabilité de « Principaux Investigateurs » (PI) appartenant à des laboratoires scientifiques américains, européens et russes. Chaque PI était responsable des interfaces avec le JPL, de l'intégration et de la recette de son instrument ainsi que de sa fourniture au JPL pour intégration sur le rover Curiosity. Il était aussi responsable des opérations de son instrument, du traitement et de la mise à disposition des données pour la communauté scientifique.
Le CNES assure, pour le compte de l'ensemble des partenaires nationaux (CNRS, Université), la maîtrise d'ouvrage de la contribution française à Curiosity. Celle-ci concerne deux instruments : ChemCam (réalisé par l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie – IRAP à Toulouse en collaboration avec le LANL aux Etats-Unis) et SAM (réalisé par le Laboratoire Atmosphères, observations spatiales – LATMOS Paris en collaboration avec le Goddard aux États-Unis). Le CNES a financé et supervisé les développements des contributions françaises et apporté un support matériel et humain. Il est également l'interlocuteur des PI américains, de la NASA et du JPL pour des aspects managements et techniques.
Le schéma suivant montre l'ensemble des coopérations et partenariats mis en place dans le cadre du développement des contributions françaises à la mission MSL.
Le Centre spatial de Toulouse accueille au sein du FOCSE (Centre français d'opérations des missions scientifiques et d’exploration), le centre d'opérations de la mission MSL.
Il permet aux ingénieurs, techniciens et scientifiques du CNES et des laboratoires partenaires d'opérer les instruments ChemCam et SAM. L'équipe du FOSCE assure la surveillance et la programmation des instruments, la récupération et le traitement des données scientifiques.
La mission MSL implique des contraintes opérationnelles. Concernant ChemCam, l’analyse des données scientifiques et la préparation du plan de travail de l’instrument suivant une chronologie d'activités très précise, se fait quotidiennement, sous la responsabilité du JPL. Les opérations sont réalisées en alternance avec le LANL (Los Alamos National Laboratory, responsable de l'instrument ChemCam) une semaine sur deux.
Les opérations de SAM sont réalisées depuis le FOCSE une semaine sur 4. En fonction de la récupération d'échantillons, les analyses peuvent mobiliser durant plusieurs jours les équipes techniques et scientifiques.
En tout, le FOCSE réunit 9 ingénieurs pour les opérations des 2 instruments, une trentaine de scientifiques pour ChemCam et une dizaine de scientifiques pour SAM.
Pour aller plus loin, voici des liens vers des sites externes que vous pouvez consulter :
Les sites des laboratoires français impliqués dans Mars 2020 :
+500 000 tirs laser sur des roches martiennes
Des heures de sons enregistrée
Deux expérimentations réussies
Une collecte d’échantillons maîtrisée
En février 2025, en près de 4 ans d’opérations sur le sol martien, ChemCam a parcouru environ 30 km et dépasse les 500 000 tirs laser. Cela a permis d’analyser plus de 1000 cibles géologiques. ChemCam a notamment découvert une série de roches particulières comme de l’opale, de la calcédoine et du quartz, identifié pour la première fois à la surface de Mars. Ces observations sont complétées par des milliers de photos des signatures infrarouges des roches qui nous renseignent sur l’habitabilité passée de Mars.
Le microphone de SuperCam a permis d’assembler une collection de sons extraterrestres unique en son genre : plus de 21 heures de vents, de bruits artificiels et de turbulence.
Perseverance a commencé ses prélèvements de morceaux de roches et d’échantillons de l’atmosphère martienne. Les fragments ont ainsi été ramassés, stockés dans des tubes collecteurs hermétiques, ont été déposés sur le sol du cratère Jezero, dans l’attente d’un transfert vers la Terre.
L’instrument Moxie a pour la 1re fois fabriqué de l’oxygène à partir du dioxyde de carbone de l’atmosphère martienne. Ce succès est un premier pas vers une mission habitée, qu’il faudra être capable de reproduire à grande échelle et en continu, quelles que soient les circonstances.
Programmé initialement pour 5 vols, l’hélicoptère martien Ingenuity a réussi l’exploit de voler plus de 70 fois avant de s’écraser sur une dune de sable. Le démonstrateur poursuit toutefois sa mission en tant que station météo martienne après une modification de son système d’exploitation.
Perseverance, le rover de Mars 2020 est basé sur la configuration du véhicule Curiosity de la mission Mars Science Laboratory. Il fait 3 mètres de long, 2,7 mètres de large, 2,2 mètres de hauteur, et pèse 1050 kilogrammes.
Le corps du rover (Warm Electronic Box, WEB) protège les calculateurs et les éléments électroniques et maintient la température constante. La partie supérieure constitue une plateforme qui reçoit le mât. Une fois déployé, il peut prendre des photos pendant que le véhicule se déplace.
Le rover est équipé de 2 ordinateurs de bord identiques, capables de se suppléer l’un à l’autre. Ils communiquent avec les éléments fonctionnels du véhicule et sont en relation directe avec les instruments pour leur envoyer les instructions et récupérer leurs données. Le véhicule possède de nombreuses caméras, avec des fonctions complémentaires et plusieurs microphones, dont celui associé à l’instrument SuperCam.
Le bras robotique de 2 mètres de long est extrêmement mobile. Il se termine par une tourelle qui comporte plusieurs instruments capables de faire des images, d’analyser la composition élémentaire et de prélever de petits échantillons.
Le rover possède 6 roues, chacune équipée de son propre moteur électrique, dont les 4 situées aux extrémités permettent au véhicule de faire un tour complet sur lui-même.
L’énergie nécessaire aux fonctions du rover est produite par un MMRTG (Multi-Mission Radioisotope Thermoelectric Generator) qui transforme la chaleur générée par la désintégration radioactive naturelle du plutonium en électricité. La chaleur produite par le MMRTG est aussi utilisée pour maintenir le corps du véhicule et les instruments à leur température normale d’opérations.
Le véhicule communique avec des satellites en orbite martienne pour envoyer des données et recevoir des instructions. En cas de perte de communication avec les satellites, des communications directes avec un réseau d’antennes terrestres sont possibles.
Le rover Perseverance embarque au total 7 instruments.
SuperCam est un ensemble instrumental qui réunit 5 instruments différents.
En 2012, la mission Mars Science Laboratory (MSL) de la NASA envoyait sur la planète Mars un véhicule robotisé autonome de dimensions et de capacités inédites : 900 kg dont 80 kg de charges utiles. Ce rover, Curiosity, a notamment montré que Mars avait été habitable dans un passé lointain, grâce en particulier à ChemCam, un instrument scientifique franco-américain qui caractérise les roches et les sols en analysant la lumière renvoyée par un tir laser à distance. Le rover, toujours en activité sur la planète rouge, a permis de grandes avancées sur la connaissance de la géologie et du climat martiens.
Dans le prolongement de ce programme, la NASA a développé un successeur de Curiosity pour déterminer si la planète avait réellement été habitée. Il s’agit du rover Perseverance, qui arpente le sol de Mars à la recherche de traces de vie microbienne et qui collecte des échantillons, dans l’objectif de pouvoir les rapporter sur Terre durant la prochaine décennie. Cette mission Mars 2020, s’est posé sur Mars en 2021. De conception similaire à Curiosity, Perseverance emporte de nouveaux instruments scientifiques et de nombreuses innovations instrumentales et fonctionnelles. Parmi les nouveautés, SuperCam - une version améliorée et encore plus sophistiquée que ChemCam - réunit 5 techniques de mesure pour analyser les roches. Il a bénéficié d’une contribution française majeure sous maîtrise d’ouvrage du CNES.
Caractériser les sols martiens
Rechercher des traces de vie
Collecter et conserver des échantillons
Préparer de futures missions d’exploration
Les objectifs scientifiques de Perseverance sont multiples. Les investigations du rover sont destinées à caractériser les processus de formation et d’évolution de la surface martienne sur des terrains anciens sélectionnés pour leur diversité géologique. L’étude des minéraux (roches et sols) à différentes échelles jusqu’à l’échelle microscopique doit permettre de comprendre comment ils se sont formés. Elle vise aussi à confirmer l’habitabilité de la planète, en étudiant les altérations provoquées par des environnements compatibles avec la présence de formes de vies passées (environnement aqueux, présence de composés organiques).
Des résultats sont aussi attendus dans le domaine de l’exobiologie : Perseverance recherche de traces de vie anciennes en détectant d’éventuelles biosignatures sur les sites géologiques sélectionnés.
Le rover est équipé d’un système de collecte et de conservation d’échantillons. Certains instruments sont utilisés pour déterminer les sites de prélèvement adéquats et pour identifier les échantillons à stocker. Ceux-ci sont collectés puis conditionnés dans des conteneurs hermétiques, scellés et stockés au sol. L’objectif est de les récupérer et de les rapporter sur Terre dans le cadre du programme de retour d’échantillons Mars Sample Return (MSR). La NASA étudie les scénarios de futures missions pour effectuer ces retours d’échantillons dans la prochaine décennie.
Enfin, Perseverance prépare de futurs vols habités et l’exploration humaine de Mars. Sur ce volet, la mission réalise une première démonstration de technologies d’utilisation des ressources in situ (ISRU, In situ Ressource Utilization) en produisant de l'oxygène à partir du gaz carbonique de l'atmosphère martienne. Elle cherche à caractériser la taille et la morphologie des poussières atmosphériques afin de comprendre leurs effets sur les instruments, les matériaux et la santé humaine. Le rover collecte des données météorologiques à la surface pour valider les modèles atmosphériques globaux.
À la suite du succès de la mission Mars Science Laboratoy et du rover Curiosity, la NASA lance en 2013 le projet d’une nouvelle mission d’exploration, baptisée Mars 2020. Ce programme qui fait l’objet d’une coopération internationale s’appuie sur un nouveau rover, Perseverance, reprenant dans les grandes lignes l’architecture de son prédécesseur. Au terme d’un appel d’offres international, la NASA sélectionne 7 instruments scientifiques qui seront embarqués sur le rover. Parmi les propositions retenues, l’instrument SuperCam, dont le développement fait l’objet d’un accord de coopération entre la NASA et le CNES. En 2018, la Nasa annonce que Perseverance sera également accompagné par un hélicoptère expérimental de 1,8 kg, le Mars Helicopter Scout Ingenuity.
Le site choisi pour accueillir le rover est un cratère de 50 km de diamètre, du nom de Jezero, sélectionné à la fois parce qu’il répond bien aux contraintes techniques d’un atterrissage sur Mars et pour sa diversité minéralogique et géologique. Le cratère, qui a abrité un lac et un delta de rivière par le passé, constitue potentiellement un endroit favorable à la découverte de traces de vie.
Le lancement a lieu le 30 juillet 2020 depuis la base de Cap Canaveral, en Floride, à bord d’une fusée Atlas V. Au terme d’un voyage de 9 mois, Perseverance se pose sur Mars le 18 février 2021. Initialement prévues pour durer au moins une année martienne et demie (mission nominale d’environ 1030 jours terrestres), les opérations de Perseverance se poursuivent : 4 ans jour pour jour après l’atterrissage du rover, l’instrument SuperCam a effectué son 500000e tir laser le 18 février 2025.
Mars 2020 est une mission de la NASA développée par le Jet Propulsion Laboratory (JPL) centre de recherche situé à Pasadena, en Californie, et géré par le California Institute of Technology (Caltech).
Le CNES est responsable de la contribution française à SuperCam, l’un des 7 instruments du rover Perseveance, qui étudie la chimie et la minéralogie des roches et des sols de Mars. Cet ensemble instrumental est développé conjointement par le Los Alamos National Laboratory (LANL, États-Unis) et l’IRAP (Toulouse), avec une contribution espagnole pilotée par l’Université de Valladolid, pour les cibles de calibration.
Le CNES, le CNRS et des universités fournissent les ressources humaines. De nombreux laboratoires ont participé à la fabrication de l’instrument, à sa qualification et à sa calibration scientifique :
D’autres laboratoires français ont développé des activités qui ont contribué à la conception des instruments et participent maintenant aux opérations à la surface de Mars :
Le centre des opérations scientifiques de SuperCam est implanté au Centre spatial de Toulouse, au sein du Focse Mars 2020. Chaque jour, en alternance avec le LANL, des ingénieurs et scientifiques français et européens surveillent et programment l’instrument, préparent les plans de mission et traitent les données scientifiques, en lien permanent avec le JPL.
Pour aller plus loin, voici des documents pédagogiques et techniques que vous pouvez télécharger :
Pour aller plus loin, voici des liens vers des sites externes que vous pouvez consulter :
L'instrument IASI-NG, fourni par le CNES à Eumetsat, est un sondeur atmosphérique infrarouge. Il sera deux fois plus performant que son prédécesseur IASI, sur les performances de bruit radiométrique et de résolution spectrale. Les applications utilisatrices en météorologie, chimie de l’atmosphère et de climatologie seront notablement améliorées par ces performances accrues.
Le concept de l’instrument IASI-NG ne s’inscrit pas directement dans la suite de IASI du point de vue technologique ; néanmoins, les acquis du développement par le CNES et les retours de l’exploitation de IASI sont pris en compte.
Le concept de l’instrument proposé par Airbus Defence and Space et sélectionné par le CNES est fondé sur un concept innovant d’interféromètre de Mertz, une architecture optique spécifique qui sera implémentée pour la première fois dans l’espace. Cette innovation permet notamment de couvrir un champ de vue instantané très important et donc d’acquérir une grande quantité de points de sondage en même temps, ce qui contribue à l’amélioration de la résolution spectrale.
Le système IASI-NG, composé d'un instrument et d'un segment sol, fait partie du système Eumetsat Polar System Second Generation.
Le segment sol qui est partiellement intégré dans le segment sol EPS-SG, peut être divisé en trois entités :
La communication entre tous les éléments du système IASI-NG est assurée par le système EPS-SG. De la même façon, la dissémination des produits de niveau 1 aux utilisateurs et la fonction d'archivage sont assurées par le système EPS-SG.
Les produits de niveau 2 IASI-NG (profils de température...) sont élaborés dans le segment sol EPS-SG, sous la responsabilité d'EUMETSAT.