• Stratégie d’observations

    Les champs sont définis dans le repère galactique, c’est-à-dire dont l'origine est la Terre, les astres de la voie lactée étant repérés par rapport à un axe partant de l'origine (de la Terre donc) pointant vers le centre de notre galaxie. Dans ce repère (voir image ci-dessous), les coordonnées d'un astre sont sa latitude galactique l (distance angulaire par rapport au plan galactique, comptée positivement de 0 à 90° au nord de ce plan et négativement, de 0 à -90° au sud) et sa longitude galactique b (angle entre le point origine et la projection du corps céleste sur le plan galactique, croissant de 0 à 360° dans le sens direct).

    Stratégie d’observations de la mission PLATO
    Stratégie d’observations de la mission PLATO : en bleu les champs PLATO, et pour mémoire en rose les champs de ma mission nominale Kepler, en vert ceux de la mission étendue Kepler, en rouge les champs de la mission CoRoT © R. Heller et al., Transit least-squares survey : IV. Earth-like transiting planets expected from the PLATO mission, Astronomy & Astrophysics, ESO (2022)
    Vision d’artiste de la Voie lactée
    Le système de coordonnées galactiques. D’après une vision d’artiste de la Voie lactée © NASA / JPL-Caltech / ESO / R. Hurt

    Pour la mission nominale de 4 ans, 12 champs de 2232 deg2 ont été sélectionnés sur la base de modèles prédisant de fortes concentrations en étoiles naines (rappelons que le Soleil est une naine jaune de classe G2). Parmi ces champs (en bleu sur l’image ci-dessus) : 

    • deux sont destinés à l'observation longue durée, appelée LOPs pour Long-duration Observation Phase. L'un a été défini dans l'hémisphère nord appelé NPF (Northern long-duration Phase Fields) et le second dans l'hémisphère sud appelé SPF (Southern long-duration Phase Fields). Sur les champs représentés en bleu, les zones en bleu foncé, bleu moyen et bleu clair sont vues par respectivement 6, 12 et 18 caméras du module charge utile (PLM). Ces LOPs permettront de détecter des transits de planètes ayant des périodes orbitales similaires aux planètes telluriques du système solaire, de la Terre en particulier.
    • dix autres champs appelés STEP pour STEp-and-stare field Pointing (code de couleur inversés par rapport aux LOPs) ont été retenus pour des observations de durées plus courtes (typiquement 2 à 5 mois), observations appelées SOPs (Step-and-stare Observation Pointing), permettant une couverture de la voûte céleste bien plus grande que les missions précédentes.

    A partir de ces champs, 3 stratégies sont définies pour la mission nominale de 4 ans, à savoir :

    1. Un LOP de 2 ans sur NPF et un deuxième LOP de 2 ans sur SPF, qui constitue aujourd'hui le scénario de base
    2. Un LOP de 3 ans sur NPF ou SPF suivi de plusieurs SOPs sur la quatrième année
    3. Un LOP de 4 ans sur NPF ou SPF

    La mission étendue jusqu'à 6 ans et demi, voire au-delà, sera définie fonction du scénario de base adopté et des champs non observés. Les champs définis seront prioritaires, mais il n'est pas exclu que d'autres champs soient proposés.

    Le premier champ à observer devra être défini 2 ans avant le lancement, et mis à jour 9 mois avant. Pour les autres champs, ils devront être définis 6 mois au moins avant leur observation.

  • Ressources

    Documents ressources

    Pour aller plus loin, téléchargez les documents PDF ci-dessous :

     

    Liens externes

    Sites PLATO

     

    Sites des laboratoires français

  • PLATO en détails

    Contexte

    L’humanité a déjà découvert plusieurs milliers de planètes autour d’autres étoiles que le Soleil, et leur nombre augmente pratiquement tous les jours (Exoplanet.eu). 

    Ces planètes montrent une grande diversité en termes d’orbites, de tailles, de masse et de types de planètes. 

    Plusieurs techniques sont utilisées pour détecter ces exoplanètes : 

    • la spectroscopie avec les vitesses radiales,
    • la photométrie avec les transits planétaires,
    • l’imagerie directe avec des techniques de coronographie,
    • et d’autres méthodes moins usitées. 

    C’est pour le moment la méthode des transits planétaires qui a apporté la majeure partie des découvertes d’exoplanètes. Alors que la première planète extrasolaire a été découverte par Michel Mayor et Didier Quelloz en 1995 en utilisant la méthode des vitesses radiales depuis l’observatoire de Haute Provence, la méthode des transits planétaires a été utilisée pour la première fois avec succès dès 2009 grâce à la mission spatiale CoRoT

    PLATO combinera ces 2 méthodes de détection d’exoplanètes :  la méthode de transits planétaires sera assurée grâce au satellite PLATO lui-même ; elle sera complétée par la mesure de vitesses radiales grâce à un réseau de télescopes sol dédié.

    Objectifs

    • Détecter des planètes dans la zone habitable de leurs étoiles

    • Détecter des planètes telluriques, glacées ou géantes et obtenir des informations sur leur évolution

    • Identifier des planètes susceptibles d’avoir une atmosphère

    • Découvrir des systèmes planétaires autour d’étoiles binaires exoplanétaires

    Les objectifs scientifiques primaires de PLATO sont les suivants :

    • détection d'un grand nombre de planètes extrasolaires orbitant dans la zone habitable d'étoiles naines de la séquence principale (classe de luminosité V) de types K7 à F5, et d'étoiles sous-géantes (classe de luminosité IV) de mêmes types spectraux, magnitudes visuelle Mv 11 à 13, et détermination de leur masse, rayon (et donc densité) de manière à évaluer leur habitabilité.
    • détection et caractérisation de centaines d’exoplanètes telluriques, glacées ou géantes gazeuses, incluant l’architecture de leurs systèmes planétaires et leur évolution dans le temps
    • identification de sources brillantes (Mv 4 à 11), susceptibles d’avoir une atmosphère. Ces cibles seront cataloguées et adressées à d’autres missions ou télescopes (JWST, E-ELT ou ARIEL) pour analyser leur atmosphère par spectrophotométrie. 


    Ces objectifs pourront être atteint par : 

    1. la détection de planètes et détermination de leur rayon avec une précision de 3% par la méthode du transit.
    2. la détermination de leur masse avec une précision supérieure à 10% à partir de la mesure des vitesses radiales effectuées par des télescopes sol. En outre, cette méthode permettra de confirmer les détections faites par la méthode des transits depuis le satellite PLATO.
    3. La détermination de la masse, du rayon et de l’âge de leur étoile hôte avec une précision de 10% par astérosismologie (étude des modes de vibration des étoiles) depuis le satellite PLATO.


    En plus des objectifs scientifiques principaux, PLATO pourra également satisfaire à de nombreux thèmes scientifiques complémentaires :

    • la découverte de systèmes planétaires autour d'étoiles binaires
    • la détection de satellites naturels (lunes) et d'anneaux autour d'exoplanètes, de comètes, de planètes gravitant autour d'étoiles jeunes ou anciennes.
    • L’étude astérosismologique de géantes rouges, d'amas stellaires, d'étoiles binaires, variables et de magnétars (étoiles émettant un intense champ magnétique)

    Le saviez-vous ?

    Une étoile de type F5 a pour masse 1,33 fois celle du Soleil (1,33 M). Son rayon est de 1,47 R (rayon solaire) et sa luminosité atteint 3,63 L (Luminosité solaire). Sa température effective est d’environ 6550 K (Kelvin).

    Une étoile de type K7 a quant à elle une masse de 0,64 M, un rayon de 0,63 R et une luminosité de 0,10 L☉. Sa température effective est d’environ 4100 K

    Rappelons que le Soleil est une étoile naine (jaune) de type spectral G2 (dont la température effective est d’environ 5770 K)

    Le saviez-vous ?

    Une étoile sous-géante est une étoile qui arrive en fin de vie, avant d'évoluer vers le stade d'une géante rouge. Pour un même type spectral et donc une même température effective, une étoile sous-géante, plus grande qu'une étoile naine, rayonne donc plus de part sa plus grande surface. Elle est donc plus brillante.

    Le saviez-vous ?

    La magnitude visuelle, notée mv ou directement V, est la magnitude apparente dans la bande spectrale V qui correspond le mieux à la sensibilité de l'œil. La magnitude apparente est une mesure de la luminosité d'un astre vu depuis la Terre en formulation logarithmique. L'échelle des magnitudes fait que chaque augmentation d'une unité correspond à une diminution de luminosité d'un facteur de 2,5.  A titre d'exemple, la limite de sensibilité de l'œil humain correspond à un astre de magnitude 6, le Soleil, très brillant, a une magnitude de -26,7.

    Déroulé du projet

    PLATO sera lancé en décembre 2026 à bord d’Ariane 62, pour une insertion en orbite directe autour du second point de Lagrange (L2) du système Soleil-Terre que le satellite atteindra au bout de 30 jours. La masse du satellite est de l’ordre de 2 100 kg.

    YouTube Lien vers la page YouTube

    Etant donné que la ligne de visée des télescopes et orientée vers le zénith et sachant qu'ils ne doivent pas être exposés au Soleil, la stratégie de lancement inclut une orbite basse circulaire de parking (c’est-à-dire une orbite transitoire avant son orbite finale). De plus, l'étage supérieur d'Ariane 62 permettra une rotation du satellite autour de son axe longitudinal (mode "barbecue" afin de répartir uniformément la chaleur reçue). Ceci permettra de pouvoir procéder au lancement à tout moment à l'exception de fenêtres d'exclusion de manière à éviter les éclipses de Lune et de Terre.

    L'orbite sélectionnée à L2 est de type Lissajous large-amplitude (873 000 km x 611 000 km max) dont la forme et le paramètres dépendront de la date de lancement. Le maintien du satellite sur cette orbite sera assuré par des manœuvres effectuées tous les 28 jours environ commandées depuis le centre d'opération mission de l'ESA (Mission Operation Center - MOC –) basé à l'ESOC (European Space Operation Center) à Darmstadt en Allemagne.

    Ce point L2 est situé à 1,5 millions de km de la Terre, sur l'axe Soleil – Terre et en opposition par rapport au Soleil. Il a été choisi car la température et le niveau de radiations y sont stables. La charge utile (télescopes) et protégée du Soleil par un bouclier recouvert coté Soleil de panneaux solaire, donc exposé en permanence au flux de rayonnement solaire. Les orbites sans éclipse y sont possibles. Vu de la position du satellite, le Soleil, la Terre et la Lune sont tous localisés dans un angle solide relativement petit (c’est-à-dire dans une même direction et occupant une région restreinte du ciel, depuis le point de vue du satellite). Une très grande portion du ciel est ainsi observable en continu.

    Illustration et schéma positionnement de PLATO, orbite de Lissajous
    À gauche : positionnement de PLATO au point de Lagrange L2 ; à droite : orbite de Lissajous autour de L2 © © ESA, PLATO Consortium

    Arrivé en L2, la mission débutera par une phase de recette en vol ("commissionning") destinée à une vérification fonctionnelle et des performances du satellite et de son module charge utile (PLM) incluant sa calibration, phase qui devrait durer environ 3 mois avant d'entamer la phase opérationnelle.

    Cette phase opérationnelle aura une durée nominale de 4 ans, suivie d'une possible extension à 6 ans et demi (duré de vie minimale du satellite), sachant que le satellite aura à bord des consommables lui permettant d'opérer pendant 8 ans et demi minimum.

    En orbite autour de la Terre, le satellite PLATO tournera de 90° autour de son axe de pointage (LoS – Line of Sight) tous les 3 mois pour garder une bonne orientation de son bouclier solaire, protégeant le PLM et exposant les panneaux solaires vers le Soleil.

    Schéma de manœuvre de rotation de 90° du satellite tous les 3 mois
    Manœuvre de rotation de 90° du satellite tous les 3 mois (illustration) © PLATO Consortium

    Organisation

    Organisation générale

    La mission PLATO est développée conjointement par l'ESA et le consortium mission PLATO (PLATO Mission Consortium, PMC). L'organisation générale est la suivante :

    Organisation de la mission PLATO
    Organisation de la mission PLATO © ESA

    L’ESA a la responsabilité globale de la mission PLATO. Elle est responsable de la fourniture du satellite, du centre des opérations de la mission (Mission Operation Center, MOC, à l’ESOC), du centre des opérations scientifiques (Science Operation Center, SOC, à l’ESAC) et du lancement. Le développement du satellite est réalisé en maîtrise d’œuvre industrielle.

    Le PLATO Mission Consortium (PMC) est un consortium scientifique européen financé par les agences nationales. Sa responsabilité globale (PMC Lead) est assurée par un(e) représentant du DLR (Institute of Planetary Research), qui a le titre de chercheur(se) principal (PI) de la mission. 

    Dans le consortium PLATO, on compte à ce jour 821 acteurs scientifiques répartis sur 28 pays , dont 23 au PMC, 20 au PMC board, 142 au PLATO Data Center (PDC), 166 au PLATO Payload (PP) et 565 au PLATO Science Management (PSM).

     

    Contributions françaises

    La contribution française est développée sous la responsabilité du CNES, en partenariat avec les laboratoires. Le LAM (Laboratoire d'Astrophysique de Marseille) assure la coordination de l’équipe scientifique française au sein du consortium européen.

    Neuf laboratoires reçoivent un financement du CNES, à savoir : 

    • IRFU : Institut de Recherche sur les lois Fondamentales de l’Univers (CEA/Saclay)
    • IAP : Institut d’Astrophysique de Paris UMR (Sorbonne Université/CNRS-INSU)
    • IAS : Institut d’Astrophysique Spatiale UMR (Université Paris-Sud 11 / CNRS-INSU)
    • IPAG : Institut de Planétologie et d’Astrophysique de Grenoble UMR (Université Grenoble Alpes /CNRS-INSU)
    • IRAP : Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie (Université Toulouse 3-Paul Sabatier / CNRS-INSU)
    • LAM : Laboratoire d’Astrophysique de Marseille (Aix-Marseille Université/CNRS-INSU)
    • LESIA : Laboratoire d’Etudes Spatiales et d’Instrumentation en Astrophysique UMR (Université Pierre & Marie Curie de Paris / Université Paris-Diderot / CNRS-INSU)
    • LUPM : Laboratoire Univers et Particule de Montpellier (Université Montpellier 2/CNRS-IN2P3)
    • OCA : Observatoire de la Côte d’Azur (Université Côte d’Azur/CNRS-INSU)
  • Segment sol

    Centre de mission

    La production globale des données est partagée équitablement entre le centre de mission indien situé au NRSC Hyderabad en Inde et le centre de mission français situé au CNES Toulouse qui disposent de capacité de traitement similaires.

    Les deux centres de mission génèreront les produits jusqu’au niveau 3. Les produits à partir des niveaux 1C sont distribués aux utilisateurs.

    Les produits de niveau 1C sont les grandeurs radiatives en haut de l’atmosphère (non corrigées des effets atmosphériques) mais corrigées des défauts instrumentaux et géo-référencées.

    Les produits de niveau 2 sont les grandeurs radiatives de surface (réflectance et température de surface notamment), utilisables pour toutes les thématiques de la mission.

    Les produits de niveau 3 sont des séries temporelles continues (avec une valeur par jour) d’évapotranspiration journalière, qui est la variable utilisable directement par les agronomes, les hydrologues et autres intervenants pour piloter finement l’irrigation.

    Les deux centres de mission assureront la distribution de l’ensemble des données TRISHNA.

    L’ensemble des données sera accessible via les deux portails français GEODES et indiens BHOONIDHI de manière transparente pour les utilisateurs.

    L’accès aux données sera libre et gratuit.

    Du côté français, ces données seront également accessibles sur les portails thématiques comme le pôle de données et de services surfaces continentales THEIA ou le pôle thématique Océan ODATIS

    Les centres de mission seront également en charge le suivi et le maintien des performances radiométriques, géométriques et des performances des produits distribués. Le suivi radiométrique de l’instrument VSWIR sera effectué par l’ISRO, le suivi du TIR par le CNES.

    Les centres de mission sont également en charge de la pérennisation long terme des données jusqu’au niveau 1C. Pour le CNES ce service est effectué par l’intermédiaire du SERAD (Service de Référencement et d’Archivage de Données).

  • Plateforme et instruments

    Architecture système

    Schéma de l’architecture système de la mission TRISHNA
    Schéma de l’architecture système de la mission TRISHNA © CNES/ISRO

    Le schéma ci-dessus montre les composantes du système TRISHNA et identifie le partage des responsabilités entre le CNES et l’ISRO. Les composantes sur fond bleu sont de responsabilité CNES, celles sur fond orange de responsabilité ISRO. L’ensemble du système étant de responsabilité conjointe.

    Le système TRISHNA (cf. figure ci-dessus) est constitué de :

    • un satellite de la classe d’une tonne composé d’une plateforme IRS fournie par l’ISRO et des instruments suivants :
      • TIR fourni par le CNES,
      • VNIR/SWIR fourni par l’ISRO.
    • un segment sol de commande contrôle, situé à l’ISTRAC (ISRO Telemetry Tracking and Command Network);
    • deux segments sol mission, un en Inde (PLGS-I) et un en France (PLGS-F), comportant des fonctionnalités identiques, ils comportent chacun un centre de production et de distribution, et un centre d’expertise
      • le centre de production des données est en charge de l’élaboration des produits (jusqu’au niveau 3) et de leur diffusion ;
      • le centre d’expertise instrument et produits, en charge du suivi de la qualité des produits et de la mise à jour des paramètres bord et sol. Le centre d’expertise France est en charge du TIR et le centre d’expertise Inde est en charge du VSWIR.

    Il s’appuie sur e réseau de stations bandes X multi-mission du CNES, (complété par une station bande X ISRO située à Hyderabad) et un réseau sol de transmission des données. 

     

    Plateforme

    La plateforme transportant les instruments leur fournit la propulsion, l'électricité et les fonctions d'orientation pour contrôler la trajectoire du satellite. Elle sera construite par l'ISRO à partir d'un modèle préexistant IRS-1k et avec les adaptations nécessaires à la mission TRISHNA.

    • Masse : 770 kg (masse totale du satellite environ 1 tonne)
    • Mémoire de masse : 1,4 Tbits de données
    • Débit de télémesure : 920 Mbps (bord-sol en bande X)
    • Panneaux solaires : puissance de 2 kW
    Vues schématique de la plateforme sur laquelle est installée la charge utile du satellite TRISHNA
    Vues schématique de la plateforme sur laquelle est installée la charge utile du satellite TRISHNA © ISRO

    La charge utile transportée par la plateforme est composée de deux instruments :

    • L’instrument infrarouge thermique
    • L’instrument VSWIR

     

    L’instrument infrarouge thermique

    Caractéristiques techniques

    De responsabilité CNES, cet instrument dont le développement a été confié à Airbus contient 4 bandes spectrales dans l'infra-rouge thermique. Elles permettront de mesurer la température et l’émissivité de surface de la Terre et de l’océan côtier.

    • Masse : 210 kg
    • Gamme d'observation : de -23°C à +77°C
    • Précision : 0,3°C
    • Bandes spectrales : 4 (8.65 µm, 9.0 µm, 10.6 µm, 11.6 µm)

    L’instrument comporte un miroir d’entrée monté sur un mécanisme de balayage assurant une fauchée de +/-34°, puis un télescope à trois miroirs, suivi d’un cryostat abritant le plan focal refroidi constitué d’un détecteur et de filtres spectraux.

    L’instrument dispose de deux références radiométriques à bord : une visée espace froid et un corps noir chaud, dont les acquisitions servent à l’étalonnage de l’instrument.

    Vue générale de l’instrument infrarouge thermique
    Vue générale de l’instrument infrarouge thermique © Airbus

    Le principe fonctionnel de l’instrument TIR est le suivant :

    Le mécanisme de scan pilote de façon continue le miroir d’entrée permettant ainsi d’imager l’ensemble de la fauchée (afin de parcourir environ 1030 km de champ de vue) par succession de cycles d’environ 5 secondes (appelés Basic Repeat Cycle (BRC)). 

    A chaque cycle, en plus de l’acquisition des images terre, le miroir de scan image successivement l’espace froid grâce à un trou dans le radiateur orienté vers l’espace froid (ceci permet de calibrer le courant d’obscurité du détecteur) puis un corps noir interne (pour les calibrations de gain). 

    Le flux collecté par le miroir de scan est ensuite concentré sur le plan focal (contenant un détecteur et des filtres qui vont collecter ce flux) grâce à un télescope anastigmate à 3 miroirs.

    Le détecteur et les filtres sont positionnés dans un boitier appelé cryostat. Le cryostat de TRISHNA est en Titane et a bénéficié d’une fabrication additive. Ce cryostat permet l’isolation thermique du plan focal du reste de l’instrument. Le détecteur est refroidi à 60 °K grâce à deux cryocoolers. Le fonctionnement à cette température permet de garantir les performances souhaitées.

    Les données collectées par le détecteur sont envoyées vers un boitier électronique appelé TRISHNA Front End Electronic Module (TFEEM).

    Un boitier électronique nommé ICU contrôles l’ensemble des électroniques de l’instrument : le module de pilotage du mécanisme de scan (MDE), le module de contrôle des Cryocooler (CCE) et la (TFEEM). Ce boitier assure également le contrôle thermique de l’instrument et les interface avec la plateforme. 

    L’instrument dispose de redondances internes permettant de pallier à certaines pannes.

    Schéma fonctionnel de l’instrument infrarouge thermique
    Schéma fonctionnel de l’instrument infrarouge thermique © Airbus

    Principe de fonctionnement

    L’instrument TIR acquière les images sur un principe appelé « push Wiskbroom ». Les données sont acquises dans la direction perpendiculaire à la trace au sol (à la verticale sous le satellite) grâce à la rotation du miroir de scan. Ensuite le mouvement naturel du satellite sur son orbite permet d’acquérir les données le long de la trace au sol.

    Schéma du principe de balayage de l’instrument infrarouge thermique
    Principe de balayage de l’instrument infrarouge thermique © CNES

    L’instrument VSWIR

    Caractéristiques techniques

    Développé par l'ISRO, cet instrument contient 9 caméras dans le visible qui serviront à identifier le type d'assolement et son état. Par exemple, elles permettront de connaitre la quantité de végétation dans le pixel observé et son stade de développement. 

    • Masse : 120kg
    • Bandes spectrales : 5 bandes VNIR (B1: Blue (485nm), B2: Green (555nm), B3: Red (670nm), B4: NIR (860nm), B5 : WV (910nm)) et 2 bandes SWIR (B6: Cirrus (1380nm), B7: SWIR (1610nm)
    Schéma opto-mécanique de l’instrument VSWIR P/L
    Schéma opto-mécanique de l’instrument VSWIR P/L © ISRO

    Principe de fonctionnement

    Contrairement à l’instrument TIR, le principe d’acquisition de l’instrument VSWIR est un « pushbroom ». Les données sont acquises instantanément sur toute la largeur de la fauchée et de manière continue au fur et à mesure que le satellite avance sur son orbite comme on peut le voir sur la figure ci-dessous.

    Illustration schématique du balayage et de la CAO de l'instrument VSWIR
    À gauche : principe de balayage de l’instrument VSWIR ; à droite : vue CAO des caméras de l’instrument VSWIR © CNES/ ISRO

    Son champ de vue de + 34° est obtenu par 3 caméras dans le Visible et 6 caméras dans le SWIR.

  • TRISHNA en détails

    Contexte

    Le projet TRISHNA couvre six thématiques et problématiques liées à l’observation et l’étude du système Terre :

     

    1. Le stress hydrique des écosystèmes et la gestion de l’eau

    Le stress hydrique d'une plante peut être déterminé à partir de sa température de surface. Une température élevée indique qu’une plante ne transpire pas et qu’elle manque donc d’eau. 

    Déployer des techniques de culture cohérentes avec l'état des plantes permettrait ainsi d’optimiser l'irrigation dans le secteur agricole, d’améliorer la production et de faire d'importantes économies d'eau alors que cela représente aujourd'hui 70% de l'eau consommée mondialement.

    YouTube Lien vers la page YouTube

    2. L’hydrologie en zones littorales et continentales

    La dissolution de certains gaz comme le CO2 (dioxyde de carbone) ou au contraire son rejet vers l'atmosphère dépend de la température de surface des mers et des océans mais également de l'activité biologique en mer. C’est pourquoi il est important de mesurer et de suivre l’évolution de ces températures. 

    En milieu continental, la surveillance des rivières, lacs et autres points d'eau, est tout aussi nécessaire à la gestion des ressources hydriques et de la qualité des eaux.

     

    3. Le suivi des écosystèmes urbains

    En milieu urbain, l’aménagement des quartiers et les activités humaines génèrent des microclimats susceptibles d'affecter la qualité de vie et la santé des citadins. Avec la concentration de la population et la hausse des températures estivales, ces îlots de chaleur risquent de s'aggraver.

     

    4. La cryosphère

    Aux hautes latitudes et aux altitudes élevées, l’accès aux températures de surface amélioreront la compréhension du changement climatique sur la neige, les calottes polaires, les glaciers et le permafrost. 

    En haute montagne, surveiller le cycle de l'eau via les glaciers, les neiges et les lacs offre la possibilité d'une meilleure gestion des bassins qu'ils alimentent. En Inde, où une part importante de l'eau disponible provient de l’Himalaya, cette mesure se révèle très utile. En effet, avec les précipitations, la distribution spatiale et latitudinale de la température est un pilote essentiel de l’hydrologie des bassins versants montagneux.

     

    5. La Terre solide

    Améliorer la capacité de détection d’anomalies thermiques, permettrait potentiellement de prévoir des événements de type tremblement de terre.

     

    6. L’atmosphère

    Le bilan énergétique des nuages est un poste clé du bilan radiatif global de la Terre.

    Objectifs

    • Suivre l’évolution du stress hydrique du couvert végétal sur l’ensemble du globe

    • Suivre l’évolution des températures de surface des mers et des océans

    • Surveiller les températures de surface aux hautes latitudes et altitudes

    • Améliorer la détection d’anomalies thermiques

    Le projet TRISHNA poursuit les objectifs suivants dans ses 6 thématiques :

     

    Le stress hydrique des écosystèmes et la gestion de l’eau

    Grâce aux mesures thermiques de TRISHNA, il sera possible de suivre l'évolution du stress hydrique du couvert végétal sur l'ensemble du globe. Avec des mesures tous les trois jours et une résolution de 60m, TRISHNA délivrera des données extrêmement fines sur l'état hydrique des parcelles agricoles et des forêts à partir desquelles les gestionnaires du territoire pourront développer des techniques adaptées.

    Pour ce qui concerne l’agriculture pluviale (qui dépend uniquement de la pluie pour s’approvisionner en eau), TRISHNA va aider à mieux suivre les épisodes de sécheresse et leur impact sur les rendements.
    Pour tout ce qui est végétation, il s’agit de mieux diagnostiquer les zones vulnérables, que ce soit par rapport au risque d’incendie ou de gel, avec des indicateurs pertinents.
    TRISHNA va apporter des données pour les bilans de disponibilité en eau, pour les études sur les causes d’origine naturelle ou anthropique de la variation de niveau des nappes phréatiques. Les variables essentielles calculées grâce à TRISHNA sont la température, des indices de stress et l’évapotranspiration.

    En évaluant l'évapotranspiration, TRISHNA informe indirectement sur les transferts biogéochimiques entre les différents compartiments terrestres : l'eau transporte avec elle certains polluants chimiques qu'elle dépose dans la terre lorsqu'elle s'infiltre ou dans l'air lorsqu'elle s'évapore. Connaissant ces échanges, il est possible d'aménager le territoire afin d'éviter la pollution des sols et d'améliorer la qualité de l'eau qui s'y trouve.

     

    L’hydrologie en zones littorales et continentales

    Les températures à la surface des mers et des océans qu'obtiendra TRISHNA au niveau des côtes sont un bon indicateur des échanges gazeux entre le milieu marin et l'atmosphère. L'interprétation des données permettra d'établir un état des écosystèmes marins : niveau des ressources halieutiques, risque de bloom marin (prolifération rapide du phytoplancton), qualité de l'eau de mer et des eaux continentales s'y déversant. Sur les deltas ou à proximité des centrales nucléaires par exemple, il sera possible d'observer les panaches thermiques se mélangeant et de suivre leur évolution. 

     

    Le suivi des écosystèmes urbains

    Les mesures effectuées par TRISHNA permettront de mieux saisir l'effet d'une végétalisation et d'aider aux choix lors des constructions (architectures, orientations et matériaux des bâtiments, types de toitures, types de chaussées, etc.).

     

    La cryosphère

    TRISHNA surveillera les températures de surfaces aux hautes latitudes et altitudes, ainsi que le cycle de l’eau des calottes polaires, glaciers, neiges, lacs et permafrosts.

     

    La Terre solide

    TRISHNA doit améliorer la capacité de détection d’anomalies thermiques, qui sont potentiellement des précurseurs d’événements de type tremblement de terre.

    La mission contribuera également au suivi de l’activité volcanique, à travers une détection précoce de points chauds au sein des coulées de lave.

     

    L’atmosphère

    Les mesures thermiques de TRISHNA contribueront à affiner nos connaissances sur le changement climatique en cours.

     

    Déroulé du projet

    Le satellite sera lancé en 2026 depuis Sriharikota par un lanceur Indien PLSV (Polar Satellite Launch Vehicle).

    Tous les huit jours, le satellite survolera le même point avec le même angle de vue. Toutefois, compte tenu de son champ de vision de +/-34°, un même point pourra être observé tous les 3 jours à l’équateur, et même plus fréquemment aux latitudes tempérées. Ces observations se feront avec plusieurs angles différents, la séquence se reproduisant avec un cycle de 8 jours. L'ensemble des surfaces continentales et des zones côtières sera donc couvert en moins de 3 jours. 

    Les caméras de TRISHNA ont une résolution qui varie entre 57 mètres (au nadir) et 90 mètres (en bord de fauchée). Les produits seront fournis avec une résolution de 60 mètres. Multicapteurs, le satellite TRISHNA observe simultanément dans le domaine thermique, visible et proche infrarouge. Sans précédent, la combinaison de telles caractéristiques spatiales et temporelles permettra l’observation mondiale de phénomènes thermiques à des échelles fines, notamment utiles à la gestion des territoires. Ainsi, peu d'évènements lui échapperont en comparaison des résultats obtenus par les précédentes missions.

    Illustration du satellite TRISHNA
    Modélisation du satellite TRISHNA © Airbus

    Masque d’acquisition

    Le masque d’acquisition contient l’ensemble des surfaces continentales, ainsi que les zones côtières jusqu’à 100 km de la côte. Il comprend aussi les mers fermées et la Méditerranée, l’océan Arctique et une partie de l’Antarctique.

    Carte de masque d’acquisition des instruments du satellite TRISHNA
    Masque d’acquisition des instruments du satellite TRISHNA © CNES/ISRO

    Organisation

    Le satellite sera lancé depuis Sriharikota par un lanceur Indien PLSV (Polar Satellite Launch Vehicle). Le contrôle du satellite se fera à partir du centre de contrôle situé à Bangalore. Les données scientifiques seront transmises aux deux centres de mission, l’un en Inde, l’autre en France. L'expertise technique de l’instrument infra-rouge thermique sera réalisée par la partie française tandis que celle de l’instrument VSWIR sera faite par les indiens. L'ensemble des mesures scientifiques ainsi obtenues sera accessible pour l'analyse et la distribution par les deux partenaires.

     

    Participation française et européenne

    Carte des laboratoires et organismes français et européens
    Laboratoires et organismes français et européens impliqués dans la préparation de la mission © CNES

    Instituts publics

    • Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
    • Météo France
    • CNES
    • Office Français de la Biodiversité (OFB)
    • Ifremer
    • Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAe)
    • Institut de Recherche pour le Développement (IRD)
    • Cerema

     

    Universités

    • Université Clermont Auvergne
    • Université de Strasbourg
    • Université Paris Cité
    • Université de Montpellier
    • Université de Lyon
    • Université de Rouen Normandie
    • Université de Bretagne Occidentale
    • Université Toulouse III Paul Sabatier
    • Université de Lille
    • Université Grenoble Alpes
    • Universitat do Valencia
    • Universität Zürich

     

    Laboratoires

    • Service Hydrographique et Océanographique de la Marine (SHOM)
    • Laboratoire d’Océanographie Physique et Spatiale (LOPS)
    • Centre National de Recherches Météorologiques (CNRM)
    • Laboratoire Morphodynamique Continentale et Côtière (M2C)
    • Laboratoire d’Optique Atmosphérique (LOA)
    • Laboratoire d’Océanologie et de Géosciences (LOG)
    • Institut Français des Sciences et Technologies des Transports, de l’Aménagement et des Réseaux (IFSTTAR)
    • Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP)
    • Mines de Paris
    • Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST)
    • Service Régional de Traitement d’Image et de Télédétection (SERTIT)
    • Laboratoire des sciences de l’Ingénieur de l’Informatique et de l’Imagerie (ICube)
    • Institut fédéral suisse des sciences et technologies aquatiques (Eidgenössische Anstalt für Wasserversorgung, Abwasserreinigung und Gewässerschutz - Eawag)
    • Pôle Écosystèmes Lacustres (ECLA)
    • Laboratoire Magmas et Volcans (LMV)
    • Interaction Sol Plante Atmosphère (ISPA)
    • Centre d’Études Spatiales de la Biosphère (CESBIO)
    • Office National d’Études et de Recherches Aérospatiales (ONERA)
    • Laboratoire d’Études en Géophysique et Océanographie Spatiales (LEGOS)
    • Laboratoire d’étude des Interactions Sol – Agrosystème – Hydrosystème (LISAH)
    • HydroSciences Montpellier (HSM)
    • Institut des Géosciences de l’Environnement (IGE)
    • Environnement Méditerranéen et Modélisation des Agro-Hydrosystèmes
    • INRAE/EMMAH

     

    Participation indienne

    Carte des laboratoires et organismes indiens
    Laboratoires et organismes indiens impliqués dans la préparation de la mission © ISRO

    Indian Space Research Organisation (ISRO)

    • Space Applications Centre (SAC)
    • National Remote Sensing Centre (NRSC)
    • U R Rao Satellite Centre (URSC)
    • Indian Institute of Technology Patna
    • Indian institute of Technology Bombay
    • Indian Institute of Science (IISC)

     

    Autres partenaires

    Le groupe mission travaille en collaboration avec les scientifiques également impliqués dans la préparation des missions partenaires :

  • Gaia en détails

    Contexte

    Gaia est une mission d'astrométrie qui s’inscrit dans le prolongement d’Hipparcos. Ce satellite, lancé en 1989, a permis de localiser 120 000 étoiles avec une résolution de 1 milliseconde d’arc. Gaia fait 10 000 fois mieux en quantité, et 100 fois mieux en précision.

    Carte de la galaxie du système solaire
    Notre galaxie, et la partie explorée par Gaia. En rouge, la partie explorée précédemment par Hipparcos. Les distances sont en années-lumière (AL) © Lund Observatory/Knut Lundmark

    Conduit sous la maîtrise d’ouvrage de l’ESA, ce programme hors normes s’appuie sur les observations spatiales du satellite Gaia, réalisées depuis son orbite située au point de Lagrange L2, à 1,5 million de kilomètres de la Terre. 

    Les données scientifiques sont ensuite traitées par un consortium européen, le Gaia DPAC, qui regroupe des équipes dans 24 pays. Avec un volume d’environ 600 Go par jour, le stockage et le traitement des données représentent un défi technique considérable. Ils ont nécessité le développement d’une infrastructure informatique exceptionnelle, s’appuyant sur le big data et les technologies des géants du web.

    Objectifs

    • Cartographier notre Galaxie en 3D

    • Des catalogues pour mieux connaître la dynamique stellaire

    • Mieux comprendre le Système solaire

    • Des avancées en physique fondamentale

    L'apport de Gaia touche de nombreux domaines de l'astronomie et des sciences.

     

    Cartographier notre galaxie en 3D

    La précision des mesures, inégalée à ce jour, doit permettre d’acquérir une vision tridimensionelle de notre galaxie et de consolider les modèles de formation et de dynamique des galaxies. 

    Les données de Gaia font avancer considérablement les recherches sur la vie des étoiles et la dynamique de leur formation au sein des galaxies.

     

    Des catalogues pour mieux connaître la dynamique stellaire

    À ce jour, 1,8 milliard d’objets célestes ont été observés et 3 catalogues d’étoiles ont été publiés. En 2023, les informations publiées dans le troisième catalogue Gaia ont permis de découvrir, au sein de notre galaxie, les deux premiers trous noirs dormants, baptisés Gaia BH1 et Gaia BH2… avant BH3, dévoilé en avril 2024, promettant un magnifique quatrième catalogue. Le cinquième et ultime catalogue est prévu à l’horizon 2030.

     

    Mieux comprendre le Système solaire

    Bien que ce ne soit pas sa mission principale, Gaia participe aussi au grand chantier de la recherche de planètes extrasolaires grâce à la précision des mesures photométriques et astrométriques. Entre 10 000 et 20 000 exoplanètes pourraient être découvertes. 

    Le nombre et la précision des mesures enrichissent la connaissance des petits objets du Système solaire et contribuent à l’amélioration du modèle des systèmes planétaires.

     

    Des avancées en physique fondamentale

    Les mesures de Gaia identifient précisément les traces de perturbation gravitationnelle provoquées par la matière noire, permettant d’affiner la connaissance de sa distribution. Le grand nombre de mesures très précises sur plusieurs catégories d'objets (Quasars entre autres) contribuent à affiner les systèmes de référence utilisés dans tous les domaines de l'astronomie.

    Dans le domaine de la physique fondamentale, la mesure de la courbure des rayons lumineux par effet gravitationnel est effectuée avec une précision inégalée, permettant d'affiner les paramètres de la théorie de la relativité générale.

     

    Déroulé du projet

    Gaia a été lancé le 19 décembre 2013 par un lanceur Soyouz-Fregat depuis le Centre spatial guyanais. Le satellite, d'une masse de 2 tonnes, fabriqué par Astrium (aujourd’hui Airbus Defence and Space), est positionné au point de Lagrange L2, à 1,5 million de kilomètres de la Terre, dans la direction opposée au Soleil. Prévue pour une durée initiale de 5 ans, la mission a été prolongée jusqu’en 2025.

    Gaia observe des objets célestes d’une magnitude (mesure de luminosité) inférieure à 20,7. Leur position sur la voûte céleste est obtenue avec une précision de :

    • 7 µas (microsecondes d’arc) pour les objets de magnitude <12
    • 25 µas pour les objets de magnitude <15
    • 300 µas pour les objets de magnitude <20.

    Leur vitesse radiale est mesurée avec une précision de 2 à 10 km/s pour les objets de magnitude <17.

    Au cours de son trajet dans le plan focal de l’instrument, chaque objet observé traverse trois types de détecteurs : 

    • un astromètre qui le détecte et détermine sa position (Sky Mapper) ;
    • un photomètre qui analyse ses propriétés (BP/RP – Blue Photometer, Red Photometer) ;
    • un spectromètre qui mesure sa vitesse radiale (RVS - Radial Velocity Spectrometer).
    Le plan focal de Gaia
    Le plan focal de Gaia. Au cours de la rotation du satellite sur lui-même, les images des objets célestes formées par les deux télescopes traversent successivement les différents instruments du plan focal © ADS

    Le satellite opère en continu et réalise, en moyenne, chaque seconde, 80 observations astrométriques, 80 observations photométriques et 50 observations spectroscopiques.

    Illustration du satellite Gaia
    Le satellite Gaia tourne dans l'espace et scanne le ciel. En rotation lente, il balaye de ses deux télescopes toute la voute céleste de manière à réaliser quatre rotations complètes par jour © ESA/DUCROS David, 2013

    Du fait de la rotation continue du satellite sur lui-même (spin) et de sa rotation autour du Soleil au cours de l'année, Gaia scrute quasi uniformément la voûte céleste. Les multiples mesures effectuées donnent un échantillonnage complet et une vision dynamique des objets observés, en particulier pour la détermination des orbites.

    Gaia est équipé d'un système de détection interne et autonome : à la différence d'Hipparcos dont les observations étaient ciblées à partir d’un catalogue d'objets connus, Gaia observe tous les objets dans son champ de vue, ce qui ouvre la possibilité de nombreuses découvertes.

     

    Organisation

    L’ESA assure la maîtrise d’ouvrage de l’ensemble du programme. Le centre de contrôle et de mission (Mission Operation Center) est à l'ESOC (Centre européen des opérations spatiales, à Darmstadt, en Allemagne).

    Les données d’observation, reçues à la station de Cebreros, en Espagne (station sol de l’ESA près de Madrid), font l'objet d'un premier traitement à l'ESAC (Centre Européen d’Astronomie Spatiale, à Villafranca, près de Madrid) avant d'être traitées dans les centres spécialisés implantés dans plusieurs pays européens.

     

    Un consortium européen, le Gaia DPAC

    C’est un consortium scientifique européen, le Gaia DPAC (Data Processing and Analysis Consortium), qui réalise le traitement des données Gaia. Réunissant laboratoires, observatoires, universités et agences européennes, il est organisé en neuf « Coordination Units » (CU). La CU1 assure l'architecture système, la CU2 la simulation des données, les CU3 à 8 se répartissent fonctionnellement les traitements et la CU9 valide scientifiquement les catalogues. Chaque CU se base sur des centres de traitement (Data Processing Center - DPC) qui pilotent le développement des logiciels scientifiques et leur mise en œuvre opérationnelle.

     

    La contribution française

    Le CNES s'est fortement engagé dans le DPAC pour l'architecture globale du système (CU1) et comme centre de traitement pour :

    • L'unité « Simulation » (CU2). Deux simulateurs (GIBIS et GOG) utilisant les moyens communs du centre de calcul du CNES sont accessibles en ligne à toute la communauté Gaia.
    • Les unités « Traitement spectroscopique » (CU6), « Traitement des objets » (CU4) et « Paramètres astrophysiques » (CU8). 

     À ce titre, le CNES a piloté le développement et la mise en place d’une architecture informatique, matérielle et logicielle, pour exploiter les logiciels des traitements spectroscopiques, astrophysiques et de classification des données Gaia. Ce super-système traite l'ensemble des données du catalogue Gaia provisoire et, en fin de mission, opérera le traitement définitif pour produire le catalogue Gaia final.

    Traiter un milliard d'objets en 6 mois revient à pouvoir traiter un objet en 1/60 seconde. L'énorme puissance de calcul pour relever ce challenge est estimée à 6000 GFlops/sec (6000 milliards d'opérations par seconde). Le cluster nécessaire pour assurer ces calculs atteindra 6 000 cœurs en fin de mission.

    L'équipe Gaia du CNES réunit une dizaine ingénieurs, épaulés par de l'assistance technique industrielle.

    Les laboratoires français du CNRS sont fortement impliqués dans le développement et les opérations des CU4 (co-responsabilité Observatoire de la Côte d’Azur), CU6 (responsabilité Observatoire de Paris/LESIA) et CU8. Le SYRTE et l’IMCCE de l’Observatoire de Paris, l’UTINAM (Montpellier), le LAB (Bordeaux), le LUPM (Montpellier) et l’Observatoire de Strasbourg contribuent également.

    Dans le troisième tome du catalogue Gaia, 80% des nouveaux objets provenait du centre de traitement du CNES.

  • Ressources

    Vidéos

    Des vidéos pour mieux comprendre l'application de la Charte Internationale « Espace et Catastrophes Majeures » :

    YouTube Lien vers la page YouTube
    YouTube Lien vers la page YouTube

    Terre en vue(s) | #1 – Quand la maison brûle

    1
    00:00:00,000 --> 00:00:07,760
    Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs.

    2
    00:00:07,760 --> 00:00:11,800
    Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas.

    3
    00:00:24,080 --> 00:00:26,400
    Pour regarder notre maison, la planète,

    4
    00:00:26,400 --> 00:00:29,400
    Il est bien de prendre de la hauteur.

    5
    00:00:29,400 --> 00:00:31,800
    Les premiers satellites d'observation non militaires

    6
    00:00:31,800 --> 00:00:34,800
    datent des années 1970.

    7
    00:00:34,800 --> 00:00:40,200
    Et en 1986, la France lance SPOT, grand frère d'une famille

    8
    00:00:40,200 --> 00:00:42,960
    nombreuse de satellites optiques.

    9
    00:00:44,880 --> 00:00:49,080
    Quoi de mieux qu'un appareil photo à 800 kilomètres d'altitude

    10
    00:00:49,080 --> 00:00:51,560
    pour observer la terre ?

    11
    00:00:51,560 --> 00:00:54,960
    Mais comment ça fonctionne un imageur optique ?

    12
    00:00:54,960 --> 00:00:56,720
    Les satellites imageurs optiques

    13
    00:00:56,720 --> 00:01:00,960
    captent la lumière du Soleil réfléchie par la Terre.

    14
    00:01:00,960 --> 00:01:02,840
    Ils la captent sur une zone définie

    15
    00:01:02,840 --> 00:01:05,680
    plus ou moins large, appelée fauchée.

    16
    00:01:05,680 --> 00:01:09,120
    Plus la fauchée est large, plus la zone observée est grande,

    17
    00:01:09,120 --> 00:01:12,280
    mais plus la résolution spatiale diminue.

    18
    00:01:12,280 --> 00:01:13,480
    La résolution spatiale,

    19
    00:01:13,480 --> 00:01:15,480
    c'est, pour simplifier, l'espacement

    20
    00:01:15,480 --> 00:01:18,560
    entre chaque point de mesure du satellite.

    21
    00:01:18,560 --> 00:01:22,600
    Cette image, voilà ce qu'elle donnerait à une résolution de 10 mètres

    22
    00:01:22,600 --> 00:01:25,560
    comme SPOT ou Sentinel-2 par exemple.

    23
    00:01:25,560 --> 00:01:29,760
    Et voilà avec une résolution 2 fois plus fine de 5 mètres.

    24
    00:01:29,760 --> 00:01:34,600
    Pléiades a une résolution de 50 cm, 10 fois meilleure :

    25
    00:01:34,600 --> 00:01:37,840
    l'image est plus détaillée.

    26
    00:01:37,840 --> 00:01:39,560
    Depuis l’espace, on peut ainsi observer les forêts,

    27
    00:01:39,560 --> 00:01:41,680
    les villes, les champs, les glaciers, l'eau

    28
    00:01:41,680 --> 00:01:45,080
    et même la couleur de l'eau, riche en informations.

    29
    00:01:45,080 --> 00:01:46,760
    Sur ces images satellites, par exemple,

    30
    00:01:46,760 --> 00:01:50,320
    les scientifiques détectent la présence de boue qui contamine l'eau.

    31
    00:01:50,320 --> 00:01:52,280
    Ils peuvent sonner l'alerte.

    32
    00:01:53,880 --> 00:01:58,240
    On peut aussi comparer un paysage avant et après une catastrophe

    33
    00:01:58,240 --> 00:02:01,920
    ou étudier l'évolution d'un paysage sur de longues échelles de temps.

    34
    00:02:01,920 --> 00:02:04,360
    Des satellites optiques sont spécifiquement dédiés à cela,

    35
    00:02:04,360 --> 00:02:07,800
    comme les Sentinel-2 du programme européen Copernicus.

    36
    00:02:07,800 --> 00:02:09,440
    Ces deux satellites photographient

    37
    00:02:09,440 --> 00:02:12,920
    le sol de manière systématique depuis 2015,

    38
    00:02:12,920 --> 00:02:14,520
    ils repassent tous les cinq jours

    39
    00:02:14,520 --> 00:02:16,840
    à la même heure, au dessus du même lieu.

    40
    00:02:16,840 --> 00:02:19,160
    C'est ce qu'on appelle la revisite.

    41
    00:02:19,160 --> 00:02:20,200
    Et ces séries temporelles

    42
    00:02:20,200 --> 00:02:23,920
    sont précieuses pour suivre des phénomènes comme les sécheresses

    43
    00:02:23,920 --> 00:02:26,360
    ou l'évolution des végétations.

    44
    00:02:26,360 --> 00:02:27,120
    Alors, bien sûr,

    45
    00:02:27,120 --> 00:02:29,840
    la résolution de ces images n'atteint pas celle des Pléiades,

    46
    00:02:29,840 --> 00:02:33,960
    car il faudrait alors des capacités de stockage gigantesques

    47
    00:02:33,960 --> 00:02:38,400
    ou des moyens énormes pour transmettre et récupérer ces données au sol.

    48
    00:02:38,400 --> 00:02:39,920
    Pour des images très détaillées,

    49
    00:02:39,920 --> 00:02:42,840
    on peut donc passer commande auprès d'entreprises spécialisées

    50
    00:02:42,840 --> 00:02:43,640
    pour qu'elles braquent

    51
    00:02:43,640 --> 00:02:46,160
    leurs satellites sur une zone bien précise,

    52
    00:02:46,160 --> 00:02:49,880
    pour cartographier la végétation d'une ville, par exemple.

    53
    00:02:49,880 --> 00:02:53,040
    Voici une photo du festival Hellfest à Clisson,

    54
    00:02:53,040 --> 00:02:58,160
    prise par le satellite Pléiades Neo d'Airbus. Bluffant, non ?

    55
    00:02:58,160 --> 00:03:02,640
    Sa résolution est de 30 cm pour une fauchée de 14 kilomètres.

    56
    00:03:03,720 --> 00:03:05,200
    Et là, c'est la Guyane.

    57
    00:03:05,200 --> 00:03:08,400
    Eh oui, ben voilà, c'est ça le problème.

    58
    00:03:08,400 --> 00:03:14,200
    Les ondes de la lumière visible ne traversent pas les nuages.

    59
    00:03:14,280 --> 00:03:17,640
    On utilise dans ce cas des satellites imageurs radar

    60
    00:03:17,640 --> 00:03:21,120
    pour continuer à regarder notre maison.

    61
    00:03:24,840 --> 00:03:29,040
    Séismes, inondations, glissements de terrain, explosions d'usines.

    62
    00:03:29,040 --> 00:03:30,360
    En cas de catastrophe,

    63
    00:03:30,360 --> 00:03:34,040
    l'imagerie spatiale est un outil précieux pour les pouvoirs publics.

    64
    00:03:34,040 --> 00:03:34,920
    Le CNES et l'ESA,

    65
    00:03:34,920 --> 00:03:37,120
    les agences spatiales française et européenne,

    66
    00:03:37,120 --> 00:03:38,360
    ont créé en l'an 2000

    67
    00:03:38,360 --> 00:03:41,520
    la Charte Internationale Espace et Catastrophes Majeures.

    68
    00:03:41,520 --> 00:03:43,440
    C'est une sorte de contrat

    69
    00:03:43,440 --> 00:03:46,920
    où les pays signataires s'engagent à mobiliser leurs satellites

    70
    00:03:46,920 --> 00:03:48,520
    le plus rapidement possible,

    71
    00:03:48,520 --> 00:03:52,440
    pour faire des photographies des zones touchées par la catastrophe.

    72
    00:03:52,440 --> 00:03:53,400
    Ainsi, en quelques heures,

    73
    00:03:53,400 --> 00:03:56,440
    les secours peuvent obtenir des images optiques

    74
    00:03:56,440 --> 00:03:58,440
    ou radar des zones touchées.

    75
    00:03:58,440 --> 00:04:02,040
    Et même mieux, ils peuvent obtenir des cartes légendées.

    76
    00:04:02,040 --> 00:04:03,760
    Elles sont fabriquées ici

    77
    00:04:03,760 --> 00:04:04,520
    au SERTIT,

    78
    00:04:04,520 --> 00:04:07,960
    le Service régional de traitement d'images et de télédétection.

    79
    00:04:07,960 --> 00:04:09,240
    C'est à Strasbourg.

    80
    00:04:09,240 --> 00:04:11,320
    C'est un service de cartographie rapide,

    81
    00:04:11,320 --> 00:04:14,880
    un service d'urgence avec des experts mobilisables

    82
    00:04:14,880 --> 00:04:16,880
    tous les jours, 24 heures sur 24

    83
    00:04:16,880 --> 00:04:19,520
    et capables de traiter les images satellites

    84
    00:04:19,520 --> 00:04:23,120
    pour en faire des cartes adaptées, utiles et adaptées

    85
    00:04:23,120 --> 00:04:25,040
    aux besoins des secours sur place.

    86
    00:04:25,040 --> 00:04:26,640
    Sur le terrain, en effet,

    87
    00:04:26,640 --> 00:04:28,840
    les routes, les ponts peuvent être coupés,

    88
    00:04:28,840 --> 00:04:30,240
    les télécommunications aussi.

    89
    00:04:30,240 --> 00:04:33,960
    Parfois même, il n'y a plus du tout d'électricité...

    90
    00:04:33,960 --> 00:04:36,600
    Grâce aux satellites, depuis l'espace, on peut estimer les dégâts,

    91
    00:04:36,600 --> 00:04:40,320
    savoir où envoyer les secours, l'eau ou encore la nourriture.

    92
    00:04:40,320 --> 00:04:42,480
    Depuis l'an 2000, la charte a été activée

    93
    00:04:42,480 --> 00:04:46,040
    plus de 820 fois dans plus de 130 pays du monde.

  • La Charte en détails

    La Charte est un accord international de coopération entre agences spatiales qui mettent à disposition leurs données satellite d’observation de la Terre en cas de catastrophes majeures. 

     

    Contexte

    Les événements climatiques violents et les catastrophes naturelles augmentent tant en intensité qu’en fréquence. Les nations du monde disposent d’un nombre grandissant de satellites et d’infrastructures pour prévenir, mieux comprendre et limiter les effets destructeurs de ces phénomènes. 

    C’est dans ce contexte que la Charte Internationale « Espace et Catastrophes Majeures » signée par 17 agences spatiales internationales propose son aide aux pays sinistrés. La Charte, par sa grande réactivité, permet de fournir aux pays demandeurs des images satellites et des cartes pour mieux évaluer les dégâts, orienter les secours, chiffrer le coût de la reconstruction, etc.

    Objectifs

    • Être disponible en mode 24/7 partout dans le monde

    • Programmer en urgence les satellites d’observation de la terre

    • Organiser la cartographie rapide des zones sinistrées

    • Fournir gratuitement les données satellitaires et expertises

    • Encourager la coopération entre agences spatiales

    La charte a pour objectif de fournir des informations et images satellitaires aux utilisateurs autorisés, en cas de catastrophe naturelle ou technologique de grande ampleur. Les demandeurs sont en général des sociétés de protection civiles, des organisations en charge des secours, des ONGs, etc. 

    Le but de la coopération entre les institutions internationales membres est de contribuer à atténuer les répercussions des catastrophes sur la vie des gens, les biens et les activités économiques. 

    Les données spatiales permettent également la prévention et l’anticipation de ces crises afin de protéger les personnes, les activités ou les biens exposés aux risques naturels et technologiques.

     

    Déroulé du projet

    À la suite de la conférence UNISPACE III qui a eu lieu à Vienne (Autriche) en juillet 1999, les agences spatiales européenne et française (ESA et CNES) ont lancé la Charte internationale « Espace et catastrophes majeures ». L'Agence spatiale canadienne (CSA) s’est rapidement jointe à elles, et ces trois membres fondateurs se sont chargés de mettre en place l'architecture opérationnelle de la Charte. La Charte a été déclarée opérationnelle le 1er novembre 2000.

    À ce jour, la Charte compte 17 membres dont le mandat consiste à fournir gratuitement et le plus rapidement possible des données satellitaires, existantes et/ou acquises spécifiquement, ainsi que leurs potentiels produits dérivés (cartes, statistiques, etc.). Depuis quelques années, des fournisseurs de données privés viennent également proposer leurs données. 

     

    Organisation

    La Charte assure la coordination administrative, stratégique, opérationnelle et technique de cette coopération internationale. Celle-ci est assurée par un comité directeur où chaque agence membre est représentée et par un secrétariat exécutif en charge de la mise en œuvre de la Charte.

    Tout organisme national de gestion de crise peut demander l’activation de la charte, sans être membre, sous réserve qu’il réponde à 3 critères : avoir un mandat national de gestion de crise, parler anglais et être en capacité de traiter des données satellite. L’organisme doit faire la demande d’obtention du titre d’ « utilisateur autorisé à déclencher la Charte » en répondant à un formulaire.

    Les 17 membres de la charte et les fournisseurs de données privés représentent au total près de 270 satellites, optiques ou radar, mobilisables à tout moment.

    Les membres de la charte sont :

     

    Principales étapes lors d’une activation de la Charte

    La gestion des demandes d’activation de la Charte est assurée par un service opérationnel fonctionnant 24h/24. Les agences spatiales membres se relaient pour assurer cette astreinte tout au long de l’année. 

    Voici les principales étapes en cas d’activation de la Charte par un utilisateur autorisé :

    1. Très rapidement après l’activation, un opérateur de service d’astreinte contrôle la légitimité du demandeur et valide la demande d’activation selon des critères bien définis (la catastrophe doit être d’origine naturelle ou technologique ; les conflits armés, les catastrophes à évolution lente (type sécheresse) ou les demandes trop tardives ne sont pas éligibles).
    2. En moins d’une heure, un ingénieur d’astreinte récupère les informations transmises par l’opérateur de service, les traite et identifie les satellites les plus pertinents pour imager la catastrophe selon des scénarios préétablis (par exemple, les satellites radar seront efficaces pour détecter les inondations ou les marées noires, tandis que les satellites optiques Haute Résolution seront adaptés pour imager des dégâts au bâti après un séisme).
    3. Les membres de la charte programment alors les moyens satellites identifiés sur la zone sinistrée et selon les caractéristiques demandées par l’ingénieur d’astreinte.
    4. Un chef de projet est nommé au plus vite afin de coordonner les actions, les demandes d’images satellites et leur traitement jusqu’à leur livraison à l’utilisateur autorisé qui a activé la charte. Les images satellites sont en général disponibles quelques heures après le déclenchement de la Charte.
    5. Des experts en cartographie rapide et traitement d’images transforment ensuite les images satellite en Produits à Valeur Ajoutée (plus facilement interprétables) en fonction des besoins de l’utilisateur : cartes, images, statistiques, indicateurs, etc. Grâce à des pastilles colorées, des pictogrammes, on identifie alors très rapidement les zones inondées ou brûlées, les bâtiments détruits, les routes endommagées, les zones de rassemblement de population.
    6. La production d’images et de produits dérivés se poursuit pendant une dizaine de jours en moyenne, ce qui correspond au temps de l’urgence de la crise.

    En vidéo : comment produire des cartes en urgence ?

    YouTube Lien vers la page YouTube

    Exemples de produits à valeur ajoutée

    Carte montrant les coulées de boue au Kyrgyzstan
    Exemple de carte montrant les coulées de boue et bâtiments impactés par un glissement de terrain au Kyrgyzstan en Août 2024 © Icube-SERTIT
    Carte montrant l’étendue des zones brûlées suite à des incendies ravageant le Chili
    Exemple de carte montrant l’étendue des zones brûlées suite à des incendies ravageant le Chili en 2017 © DLR
    Carte globale de zones inondées et statistiques suite aux inondations massives ayant eu lieu au Pakistan
    Exemple de carte globale de zones inondées et statistiques suite aux inondations massives ayant eu lieu au Pakistan en 2022 © UNOSAT
    Exemple de carte montrant les zones inondées au Brésil
    Exemple de carte montrant les zones inondées (et la profondeur des inondations) au Brésil en Mars 2024 © Icube-SERTIT
  • S'abonner à