Ariane 5 en détails
Contexte
Ariane 5 était, en 2023, la dernière héritière du programme Ariane débuté à la fin des années 70 pour garantir l’indépendance spatiale de l’Europe. Pour suivre l’augmentation du poids des satellites, elle avait doublé sa capacité d’emport par rapport à Ariane 4.

Objectifs
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Garantir l’indépendance spatiale de l’Europe
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Rendre l’Europe compétitive sur le marché commercial
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Avoir un lanceur lourd
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Avoir l’un des lanceurs les plus fiables au monde
L’objectif d’Ariane 5 était double : continuer de garantir l’indépendance spatiale de l’Europe, et être compétitive sur le marché commercial. Pour cela, Ariane 5 était un lanceur lourd capable de lancer simultanément deux satellites de pratiquement 5 tonnes chacun. Sa version ES était également capable de lancer le vaisseau de ravitaillement ATV vers la Station Spatiale Internationale, ou encore 4 satellites de géolocalisation Galileo. Ces lancements multiples en font l’un des lanceurs les plus compétitifs, et son histoire en a fait l’un des plus fiables au monde. Ariane 5 n’a connu que 2 échecs complets et 2 partiels pour 117 tirs toutes versions confondues.
En 2020, une seule version était commercialisée : par rapport aux 4,9 tonnes de charge utile d’Ariane 4 en orbite de transfert géostationnaire, Ariane 5 ECA pouvait embarquer le double à son bord, avec 10 tonnes en géostationnaire pour un lancement double, et 10,8 tonnes pour un lancement simple.
Ariane 5 se caractérisait donc par sa polyvalence en étant capable d’emporter sur les différentes orbites terrestres tout type de charge utile, des petits satellites de moins d’une tonne aux charges les plus lourdes de 20 tonnes, et même un peu plus de 6 tonnes aux points Lagrange Terre/Lune et Terre/Soleil (comme ce fut le cas avec les télescopes Herschel et Planck).
À partir de 2024, la nouvelle version d’Ariane est Ariane 6. Les versions Ariane 62 et 64 assureront respectivement le rôle de lanceur intermédiaire et de lanceur lourd. Cette modularité garantira à l’Europe des lancements encore plus compétitifs, avec une baisse des coûts de production de 40% par rapport à Ariane 5 et le passage d'une capacité de 6 à 7 lancements par an à 11.

Déroulé du projet
Ariane 5 a été conçue de façon à pouvoir évoluer en permanence, en fonction des besoins du marché et des innovations techniques. Deux programmes d’évolution distincts, Ariane 5 Evolution (lancé en 1995) et Ariane 5 Plus (1998) ont ainsi donné naissance à de nouvelles versions du lanceur, avec des gains de performance pour les lancements en orbite de transfert géostationnaire.
Le premier programme Ariane 5 Evolution concernait l’amélioration des performances des composants inférieurs (Vulcain 2, un moteur plus puissant pour l’étage cryotechnique de Ariane 5 ECA, et l’allègement de la structure des deux propulseurs d’appoint). Le deuxième programme Ariane 5 Plus portait quant à lui sur la puissance et la polyvalence de l’étage supérieur (moteur HM-7B pour Ariane 5 ECA).
Depuis son premier lancement en 1996, Ariane 5 a ainsi connu 5 versions avec différentes évolutions :
- G (générique) : la version générique d’Ariane 5, commercialisée pour 13 lancements entre 1996 et 2003.
- ECA : commercialisée entre 2002 et 2023, elle bénéficiait par rapport à Ariane 5G d’une amélioration de ses deux étages. Avec 84 lancements à son actif en décembre 2023, Ariane 5 ECA était la dernière et unique version commercialisée depuis la fin d’Ariane 4 en 2003 et d’Ariane 5 ES en juillet 2018.
- G+ : parallèlement à la version ECA, il s’agissait d’une nouvelle amélioration de la version G et de sa fiabilité suite à l’échec de V517, le vol inaugural de la version ECA. Commercialisée pour 3 lancements réussis en 2004.
- GS : amélioration de la version G+ pour tenir compte des évolutions de ECA. Version commercialisée pour 6 lancements entre 2005 et 2009.
- ES (Evolution Storable) : version renforcée créée en 2008 pour le lancement des cargos européens de ravitaillement ATV vers la Station Spatiale Internationale. Suite au retrait de l’ATV en 2014, Ariane 5 ES a ensuite été utilisée jusqu’en 2018 pour accélérer le déploiement de la constellation des satellites Galileo par groupe de 4.
- ME (Midlife Evolution) : version initialement prévue pour 2017-2018, mais annulée pour être remplacée par Ariane 6. Elle prévoyait une forte augmentation de sa performance en passant de 10 tonnes de charge utile en géostationnaire à 12 tonnes. Le nouvel étage supérieur devait remplacer le moteur HM-7B par un moteur Vinci, plus puissant et réallumable, qui équipe Ariane 6.
Le dernier lancement d’Ariane 5 a eu lieu le 5 juillet 2023.

Organisation
L’ESA était le maître d’ouvrage d’Ariane 5, et se chargeait du développement. À ce titre, l'ESA votait les budgets, contrôlait la bonne marche du projet, suivait le coût à l’achèvement, s’assurait du respect des délais, etc. Le financement du programme était assuré par 10 pays européens, sous la coordination de l’ESA, bailleur de fonds. L’ESA réunissait tous les 2 à 3 mois un comité de programme qui décidait des grandes orientations de la filière. Jusqu'en 2007, le CNES maître d’œuvre du programme agissait comme bras droit opérationnel de l’ESA.
Le lancement et sa préparation avaient lieu au Centre Spatial Guyanais (CSG) au nord-ouest de la ville de Kourou. Le site appartient au CNES, qui le gère en tant qu’opérateur pour l’agence spatiale européenne.
Via la Direction des Lanceurs, le CNES assurait la direction technique et financière du programme, et était responsable de la qualification du lanceur. Depuis 2005, la restructuration du secteur spatial a conduit le CNES à se rapprocher de la maîtrise d’ouvrage de l’ESA et à lui apporter son soutien. La mise en place d’équipes communes ESA/CNES a été réalisée pour piloter l’industrie.
Les compétences des équipes de la Direction du Transport Spatial du CNES sont mises à profit sur différents plans :
- Technique
- Management de projet
- Contrôle de gestion
- Suivi de contrats
- Assurance qualité et sûreté de fonctionnement
Mais interviennent aussi dans le cadre de la Loi sur les Opérations Spatiales, afin de garantir la sécurité des biens et des personnes.
L’opérateur Arianespace, filiale d’ArianeGroup, assurait la commercialisation d’Ariane 5 et des autres lanceurs auprès des clients, et s’assurait du bon déroulement du contrat. Entre l’arrivée du lanceur sur le site et le lancement, la campagne de lancement (intégration et préparation) durait environ 30 jours ouvrés.