Au travers de l’observatoire de prospective spatiale Space’ibles (créé en 2017), le CNES et ses partenaires ambitionnent de partager leur compréhension des évolutions en cours et à venir, imaginer et bâtir des visions communes des futurs possibles du domaine spatial et éclairer les décisions quant aux futurs souhaitables parmi le champ des futurs possibles.
Les travaux de l’observatoire se déclinent en 3 axes :
- Les groupes prospectifs, dans lesquels sont élaborés des scénarios d’anticipation et des recommandations d’activités concrètes
- L’accompagnement de projets éducatifs ou de recherche, notamment au travers de partenariats avec des universités et grandes écoles
- Des activités transverses, comme les Space’ibles Days qui rassemblent à l’automne de chaque année les membres de l’observatoire
Les groupes prospectifs
Si les séjours d'astronautes non professionnels, mais fortunés dans la station spatiale internationale existent depuis 2001 (Dennis Tito), l'été 2021 a vu se multiplier des réalisations nouvelles en matière de tourisme spatial : tour à tour, Virgin Galactic, Blue Origin et Space-X ont embarqué des clients peu entraînés dans des voyages surborbitaux pour quelques minutes d'apesanteur ou même pour un séjour orbital de quelques jours. Des projets de tourisme en ballon promettent désormais de nous emmener contempler la Terre depuis la stratopshère !
Quel avenir à 20 ans pour les différents segments de ces activités à dimension touristique ? L'Espace, avec ses dimensions de milieu hostile à la vie, de lieu de sciences et d'enjeux géopolitique et militaire, mais aussi de fascination, d'aventure, de dépassement humain, peut-il devenir une destination touristique commerciale ou même l'objet de nouveaux loisirs (immersifs ou non) depuis le sol ? Quelles seraient ces futures activités au juste et comment les concilier avec une exploitation durable de l'Espace ? Séduiront-elles, portées par le regain d'enthousiasme pour l'exploration lunaire ou par des prix plus abordables, ou bien au contraire seront-elles condamnées pour leur empreinte écologique ou taxées de frivolité ?
Le groupe TLS (Tourismes et Loisirs Spatiaux) est composé de professionnels de la prospective, du transport spatial, du tourisme et des loisirs, de l'éthique, de l'ergonomie, des sciences de la vie, de l'architecture... Il tentera de répondre à ces questions prospectives passionnantes !
Les débats sont nombreux pour savoir si le développement d'une nouvelle économie de l'espace dans l'espace serait possible et si elle se ferait de façon robotisée ou si des hommes et des femmes seraient amenés à y vivre, y travailler et à s’y installer de façon durable. Si l'industrialisation de l'espace amenait les humains à vivre de plus en plus nombreux dans des bases humaines spatiales, il faudrait être en mesure de répondre à leurs besoins élémentaires et de leur assurer un confort de vie satisfaisant.
Composé de spécialistes de divers domaines, le groupe « Soutien à la vie dans l’espace » se concentre sur les besoins liés à des bases humaines pérennes et autonomes et travaille à déterminer les technologies nécessaires au soutien de la vie dans l’espace (notamment pour répondre aux problématiques médicales, physiologiques, biologiques et psychologiques).
Afin de s'inscrire dans les perspectives à long terme des agences spatiales, l'objectif est de proposer un rapport final présentant des recommandations pour le développement des technologies nécessaires à cette installation.
Les questions relatives à l’environnement et au développement durable sont aujourd’hui au cœur des préoccupations. Ces thématiques sont prises en compte dans les réflexions menées par le secteur spatial depuis une dizaine d’années déjà.
Après le développement d’une économie de l’espace pour la Terre, une nouvelle économie de l’espace dans l’espace émerge. Demain, nous pourrions bien voir fleurir dans le cosmos des dépôts de carburant spatiaux, des stations de recyclage ou des stations de fabrication de modules ou de vaisseaux spatiaux.
Composé d’acteurs pluridisciplinaires, le groupe prospectif “Economie circulaire” a pour volonté d'envisager les scénarios d’une économie spatiale dans l’espace respectueuse de son environnement. Les participants travaillent à proposer des solutions concrètes pour rendre possible l’économie circulaire spatiale.
Les territoires sont confrontés à des changements considérables, qu’ils soient d’origine exogène comme l’accélération du changement climatique, les crises sanitaires ou l’évolution du contexte géopolitique, mais aussi endogène en lien avec les transformations des modes de vie ou des activités économiques propres aux territoires.
Ces changements peuvent être porteurs de risques mais aussi d’opportunités : dans tous les cas, il importe de pouvoir les anticiper pour mieux s’y préparer et en tirer le meilleur bénéfice possible.
C’est dans cette perspective qu'une démarche expérimentale sur la région Nouvelle-Aquitaine a été initiée. Cette démarche porte sur la question des vulnérabilités et des opportunités liées à l’eau, avec une dimension prospective à un horizon de 20 ans, afin d’esquisser des stratégies et des projets visant à renforcer les capacités d’anticipation et de réponse des territoires.
Elle porte plus particulièrement sur trois territoires de Nouvelle Aquitaine, marqués par une diversité de problématiques et de risques liés à l’eau à un horizon de 20 ans, et par des enjeux de solidarité entre amont et aval :
- Le secteur de Millevaches (région hydrographique de la Dordogne)
- La région hydrographique de la Dordogne
- Le secteur d’Agen (région hydrographique de la Garonne)
La démarche associera une pluralité d’acteurs, engagés aussi bien dans la production et traitement des données d’origine spatiale, dans la gestion de l’eau et dans l’aménagement du territoire à différentes échelles territoriales (nationale et européenne, régionale, bassin versant, bassin de vie), et visera à faire émerger de nouveaux projets et de nouvelles coopérations.
L’objectif de ce groupe prospectif est d’étudier les schémas de transport possibles à moyen et long terme dans un contexte de valorisation des ressources de l’espace et de développement d’activités significatifs. En effet, la question du transport spatial est centrale pour le développement des activités spatiales, qu’il s’agisse de production ou de l’extension de la présence humaine. Le préalable nécessaire est la mise en place d’un réseau de transport performant et économique dont les principales destinations attendues sont la Lune, Mars et les astéroïdes à l’horizon 2040-2060. Ce réseau devrait pouvoir relier :
- Des infrastructures de production
- Des villages lunaires
- Des bases sur mars
- Des stations spatiales
- Des sites d’exploitation des ressources
- Etc.
Une quinzaine d’acteurs représentant des organisations appartenant à l’écosystème spatial et d’autres aux activités terrestres (acteurs de l’énergie, des transports, de la logistique, de l’exploration des ressources minières, industriels, experts du CNES, de l’ESA, et de différents centres de recherche) se réunissent afin de produire des scénarios sur les schémas de transport spatiaux pour l’énergie, les matières premières et les marchandises d’ici à 2050, et de partager les enjeux.
Les feuilles de route stratégiques des agences spatiales et les annonces de grands industriels confortent l’idée de voir se développer des activités spatiales commerciales au-delà de l’orbite géostationnaire.
De l’exploitation des ressources spatiales à la production d’énergie, en passant par la production de produits manufacturés directement dans l’Espace, toutes ces activités sont susceptibles d’ouvrir de nouvelles opportunités liées à la conquête de l’Espace. Cependant, le risque de voir se répéter les problèmes que nous connaissons sur Terre tels que la surexploitation des ressources, la pollution ou la ségrégation sociale est aussi présent.
Il se pose aujourd’hui des questions éthiques liées à la présence de l’Homme dans l’espace : quelle conquête de l’Espace voulons-nous ? Jusqu’où l’Homme est-il prêt à aller pour conquérir l’Espace ?
À partir de ces premiers questionnements le groupe prospectif « Enjeux éthiques » s’interrogera sur les évidences et les possibles en matière d’exploration et d’exploitation de l’espace.
En prolongement de l’édition 2018-2019, « Jusqu’où l’être humain est-il prêt à aller pour quitter la terre ? », le groupe se penchera sur la diversité des motivations sociales, culturelles et politiques qui conduisent un nombre croissant d’Etats et d’entreprises à quitter la géosphère.
Créé pour intervenir de façon transverse sur les sujets traités par les autres groupes prospectifs, ce groupe intervient pour réfléchir au cadre légal de la prospective spatiale.
Aujourd’hui, le cadre juridique des activités spatiales est adapté à des activités ne supposant pas une présence pérenne de l’Homme dans l’espace. Après-demain, il devra être adapté à l’occupation permanente et lointaine de l’espace. Le droit doit venir accompagner les évolutions de l’exploration et de l’utilisation de l’espace. Ultimement, il sera légitime de se demander si l’application du droit terrien perdurera s’agissant de présence humaine éloignée.
Space'ible Days 2023
Le groupe Tourismes et Loisirs Spatiaux a présenté le résultat de ses travaux aux Space'ible Days 2023.