Star Wars, épisode IV, un nouvel espoir
Star Wars, épisode IV, un nouvel espoir © 20th Century Fox.

Espace et cinéma

Espace et cinéma partagent beaucoup : le même siècle d'essor, le même besoin de se nourrir de nouvelles technologies, la même invitation au voyage, la même capacité à créer de puissants souvenirs collectifs. Pas étonnant avec tout cela que des films spatiaux aient été produits partout et tout le temps.

 

La Lune en noir et blanc

Le tout début du cinéma peut être résumé en 2 images fortes, aux intentions et à l’imaginaire bien différents : d’un côté un train qui rentre dans une gare à La Ciotat, image impressionnante et documentaire des frères Lumières, de l’autre une lune au visage humain qui reçoit une fusée dans l’œil. Cette féérie signée Méliès est depuis associée au début du cinéma de fiction et de dépaysement. En 1902, ce Voyage dans la lune, très librement inspiré de Jules Verne, est donc le premier film spatial de l’histoire du cinéma. Tourné dans le studio du réalisateur à Montreuil, le film est composé de plusieurs scènes nous invitant aux préparatifs, à l’arrivée sur la lune, à la rencontre avec ses habitants et au retour triomphal sur Terre. Pas la peine de chercher dans ce film un regard scientifique ou l’anticipation surréelle d’un voyage spatial. Pour Méliès, la Lune est, comme le fond des océans ou les lointains continents, un parfait décor de cinéma où l’on peut raconter d’incroyables d’aventures, peu importe la vraisemblance. 

Image du film « Le Voyage dans la Lune » de Georges Méliès
Image du film « Le Voyage dans la Lune » de Georges Méliès © Le voyage dans la lune/Georges Méliès/1902.

Mais les choses changent vite. En 1929, alors que le cinéma allemand connaît un de ses âges d’or, Fritz Lang sort sur les écrans sa Femme sur la Lune. Si la destination est la même, le parti pris est très différent. Fritz Lang veut lui aussi proposer un film d’aventure mais il prend la question du voyage extra-terrestre très au sérieux. Grâce au travail d’un conseiller scientifique, Hermann Oberth, le film est un témoignage de l'état des connaissances à la fin des années 20 : la fusée repose sur 4 pieds, le décollage se fait dans une grande piscine… La légende raconte que c’est dans ce film qu'apparaît pour la première fois le compte à rebours. Pour renforcer le suspens au moment du décollage, Fritz Lang a l’idée de mettre des intertitres avec des numéros de 6 à 1. Cette idée est depuis devenue une norme cinématographique mais aussi une réalité scientifique puisque les décollages des fusées et navettes sont toujours précédés de comptes à rebours.

 

Départ imminent : de « Planète interdite » à « 2001, l’Odyssée de l’espace »

Dans les années 1950 et 1960, la course aux étoiles bat son plein. Russes et Américains enchainent les premières fois et comptent les points : premier chien dans l’espace, premier homme, première femme, premier tour de la Lune, premier pas sur la Lune... Mais la course est intense également dans les salles de cinéma. Ces deux décennies sont sûrement les plus prolifiques en films spatiaux. Si les studios hollywoodiens ont une incontestable longueur d’avance, le cinéma russe propose aussi plusieurs voyages fictionnels dans l’espace avec notamment les films du réalisateur Pavel Klouchantsev, comme La planète des tempêtes. Côté américain, 2 des films les plus importants de cette période sont Destination Moon et Planète interdite, le premier film qui intègre de la musique électronique en guise de bande originale. Stanley Kubrick dans son film culte 2001, l'Odyssée de l’espace prend le contrepied en filmant des valses de vaisseaux spatiaux sur la musique de Strauss. Ce film devient rapidement la référence du film spatial : à la fois sérieux scientifiquement et ouvert à toutes les interprétations, film d’aventure, film intime, film d’auteur et nouvelle référence en matière d’effets spéciaux. 

Si Hollywood produit plusieurs films se déroulant sur la Lune dans les années 1967, 1968, 1969… tout s'arrête brusquement au moment où Apollo 11 s’y pose réellement. La réalité a rattrapé la fiction et l'éclipse.

Scène de « 2001, l'Odyssée de l'espace » réalisée par Stanley Kubrick
Scène de « 2001, L'Odyssée de l'espace » réalisée par Stanley Kubrick © 2001, l'Odyssée de l’espace/MGM/1968.

Star Wars et Star Trek : vers l’infini et au-delà

Si les agences spatiales arrivent à envoyer des humains sur la Lune, le cinéma doit viser plus loin ! Dans les années 70 apparaissent les 2 grandes sagas spatiales qui continuent d’alimenter nos écrans et nos imaginaires : Star Trek (d’abord à la télévision puis au cinéma en 1979) et Star Wars (en 1977). Dans les 2 cas, l’exploration se fait bien loin de notre Système solaire. L’espace étant infini, les scénaristes peuvent libérer leur imagination et nous proposer autant de planètes, de systèmes stellaires ou de galaxies qu’ils le souhaitent. C’est d’ailleurs la promesse dès le générique de Star Trek ou la voix off nous annonce que la mission du vaisseau Entreprise est d’« explorer de nouveaux mondes étranges et au mépris du danger, avancer vers l’inconnu ».

Si 2001, l’Odyssée de l’espace profitait du voyage spatial pour interroger notre rapport à l’innovation et à la technologie (notamment à l’intelligence artificielle), Star Wars brouille les pistes en mélangeant les références classiques de la science-fiction (robot, laser, vaisseau…) à des références plus anciennes (samouraï japonais, chevalier européen, cowboy américain…). Les 2 sagas « Star » ont surtout imposé une autre image, une autre métaphore… celle de la marine. Capitaines, vaisseaux, pirates, canons, sabres, abordages… le lexique témoigne de ce rapprochement. On retrouve cette même idée, un peu partout par la suite, du dessin animé Albator à la saga Alien dont le premier épisode sort également à la fin des années 70.

Le vaisseau USS Enterprise de la série Star Trek
Le vaisseau USS Enterprise © Star Trek, The Original Series/CBS via Getty Images/1965.

Dans l’espace, personne ne vous entendra… crier, rire, pleurer

Contrairement à d’autres genres cinématographiques, la science-fiction spatiale a réussi à survivre à toutes les modes et à toutes les époques et chaque année sortent sur nos écrans plusieurs films qui se déroulent hors de notre planète. Et on peut schématiquement les classer en 2 grandes catégories : les films qui se déroulent dans notre Système solaire - souvent les plus crédibles - et ceux qui inventent des mondes nouveaux. Mais cette catégorisation « astronomique » n’interdit aucun genre cinématographique. Dans l’espace, on a pu voir des comédies (Un ticket pour l’espace), des films d’horreur (Event horizon), des films de super héros (Les gardiens de la galaxie), des films d’aventure (Valérian), des fresques écologiques (Avatar), des réflexions métaphysiques et mélancoliques (Solaris), des films d’auteur (High Life), des dessins animés (Fly me to the moon), des reconstitutions historiques (Apollo 13 ou Les figures de l’ombre), un James Bond (Moonraker) et même des films érotiques (Barbarella).

Dialogue du film « Un ticket pour l’espace »

- Nous sommes tombés d’accord avec les Russes, les Américains et les Chinois. C’est désormais certains… c’est impossible de marcher sur le Soleil...
- Tout cet argent dépensé. Tous ces hommes, ces femmes, ces animaux morts pour rien. Ces ptites souris, ptits chats, ptits chevaux...
- C’est ça la recherche spatiale. Des joies, des déceptions...

Mais aujourd’hui, le genre le plus représenté au cinéma est surement le film martien. En effet, si la Lune reste encore et toujours une destination prisée des scénaristes, Mars attire particulièrement les caméras. Ce regain de production martienne n’est pas sans rappeler le pic des productions lunaires à l’approche de l’alunissage d’Apollo 11. Là aussi, le cinéma surfe sur les modes et l’actualité et tente de conserver une longueur d’avance. Au milieu de plusieurs séries (notamment l’excellente série française Missions), d’une grosse production russe (Captivity), Seul sur Mars est surement l’un des films les plus marquants de cette période. Le film prend au sérieux la question de la survie des astronautes sur la planète rouge et le héros, incarné par Matt Damon, doit faire preuve de beaucoup d’ingéniosité et de compétences scientifiques pour survivre dans ce milieu hostile. Le film reprend un autre motif régulier des films spatiaux : la solitude des voyageurs. 

Visuel de la série « For All Mankind »
Visuel de la série « For All Mankind » © For All Mankind/Apple TV/2019.

Espace en série

L'apparition des plateformes vidéo n’a aucunement stoppé les productions spatiales. Au contraire, il semble presque impossible pour une plateforme d’exister sans une ou plusieurs séries se déroulant dans l’espace. Disney+ surfe sur sa franchise aux œufs d’or Star Wars et en propose régulièrement des variations en série (The Mandalorian, Le livre de Boba Fett, Obi-Wann Kenobi…). De son côté Netflix, après son remake de Perdu dans l’espace, a proposé une série assez sérieuse sur la conquête de Mars (Away) et une comédie caustique sur le lien entre armée et agence spatiale (Space force). Les Français ne sont pas en reste puisque OCS a produit et diffusé 3 saisons de Missions et Canal+ deux saisons de OVNI(s) ou il est question du Groupe d'études des phénomènes aérospatiaux non identifiés (GEPAN), structure ayant réellement existé dans les années 70 et 80 et existant toujours avec un nouveau nom au sein du CNES. Mais l'une des séries spatiales les plus marquantes est au catalogue d’Appel TV : For all minkind. Son scénario est basé sur une uchronie : que se serait-il passé si les Russes avaient marché en premier sur la Lune ? Sans spoiler la série, les scénaristes imaginent à partir de là, une histoire bien différente avec une course à l’espace sans cesse attisée par les conflits terrestres. 

Interstellar et Gravity : la physique fiction

En 2013 et 2014 sortent sur les écrans 2 grands films spatiaux ambitieux : Gravity et Interstellar. Si les films sont très différents dans la forme et dans le fond, ils ont plusieurs points communs importants. Pour commencer, le personnage principal lutte, survie, affronte les éléments, pour une raison intime… retrouver son enfant resté sur Terre. Au-delà de ces 2 films, c’est l’un des thèmes récurrents des films spatiaux. Un peu comme Ulysse, dans le sonnet de Joachim du Bellay, qui après son long voyage est heureux de vivre entre ses parents, le voyageur spatial est obsédé par l’idée de réunir sa famille. Dans Ad Astra, Brat Pitt va retrouver son père à proximité de Saturne, dans la série The First Sean Penn doit régler des problèmes avec sa fille avant de décoller pour Mars, Bruce Willis se sacrifie sur un astéroïde pour sauver son gendre dans Armageddon et dans Proxima Eva Green, astronaute à l'entraînement, se détache difficilement de sa fille… Au cinéma, les longs voyages dans l’espace résonnent souvent avec ces questionnements intimes parce qu’à l’autre bout de la voie lactée comme sur Terre, les humains sont toujours animés par les mêmes sentiments. 

Scène du film Interstellar avec les astronautes à bord du vaisseau spatial
Scène du film « Interstellar » © Interstellar/Warner bros./2014.

Gravity et Interstellar partagent aussi quelque chose de plus rare au cinéma : un intérêt pour les lois de la physique. Car si la science-fiction nous abreuve continuellement de concepts scientifiques, la plupart du temps elle ne s’intéresse pas vraiment aux questions scientifiques qu’elle évoque. Gravity et Interstellar, si. A l’image d’un manège, Gravity a l’ambition de nous faire ressentir la gravité ou plutôt son absence (via l’apesanteur auquel est soumise son héroïne). La gravitation est également très présente et très citée dans Interstellar ou les discussions comme l’intrigue tournent autour de nombreux phénomènes physiques comme le trou noir, les hypothétiques trous de verre, la relativité générale… Bien entendu, ces films ne sont pas des œuvres de vulgarisation et rien n’est vraiment expliqué mais ils contribuent à nous familiariser avec le vocabulaire scientifique et spatial. Grâce au cinéma et aux dessins animés, tout le monde a déjà entendu parler de trou noir, de vide intersidérale, de quantique, de météorite…

 

Notre sélection : les films les plus connus sur le thème de l’espace

  • Le voyage dans la lune de Georges Méliès, 1902
  • La femme sur la Lune de Fritz Lang, 1929
  • 2001, l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, 1969
  • Star wars, un nouvel espoir de Georges Lucas 1977
  • Star trek, le film de Robert Wise, 1979
  • Alien, le 8e passage de Ridley Scoot, 1979
  • Apollo 13 de Ron Howard, 1995
  • Star Wars, la Menace fantôme de Georges Lucas, 1999
  • Un ticket pour l’espace de Eric Lartigau, 2005
  • Avatar de James Cameron, 2009
  • Gravity de Alfonso Cuarón, 2013
  • Interstellar de Christopher Nolan, 2014
  • Les Figures de l'ombre de Théodore Melfi, 2016
  • Star Wars, l’ascension de Skywalker de J.J. Abrams, 2019
  • Proxima de Alice Winocour, 2019

Quizz

Comment s’appelle l’ordinateur de bord dans le film 2001, l’Odyssée de l’espace ?

A – GPT 2001

B – HAL 9000

C – Ash

D – Discovery One

B : Dans le film 2001, l'Odyssée de l'espace, réalisé par Stanley Kubrick, l'ordinateur de bord s'appelle HAL 9000. HAL (Heuristically Programmed ALgorithmic Computer) est une intelligence artificielle qui gère les fonctions du vaisseau spatial Discovery One.