Publié le 17 juin 2025

L’ELM-Diamant, un pas de tir dans la marche de l’histoire spatiale

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Présenté au Salon du Bourget, le futur Ensemble de Lancement Multi-lanceurs (ELM) permettra à des sociétés privées d’envoyer de petits satellites en orbite basse depuis le Centre spatial guyanais.

Vue d'artiste du futur ELM Diamant avec ses micro et mini-lanceurs.
© CNES/L'Œil du Chat, 2023

Avec l'avènement du NewSpace, la France et l’Europe connaissent un intérêt florissant pour le développement de nouveaux systèmes de micro et de mini-lanceurs, permettant d’envoyer de petits satellites en orbite basse. Et en Guyane française, à Kourou, le Centre spatial guyanais offre à la fois une situation géographique favorable et une longue expérience en matière de lancements. C’est là, plus précisément sur le pas de tir historique de la fusée Diamant, que ces systèmes de lancement pour microsatellites seront prochainement accueillis. Des systèmes développés et opérés par de jeunes sociétés privées issues de la nouvelle économie spatiale. 

Présentation en 5 questions-réponses de ce projet de reconversion inédit, emblématique de la transformation de l’économie spatiale et du rôle que joue notre agence spatiale nationale pour soutenir et accompagner les nouveaux acteurs de l’écosystème.

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En quoi la création d’un ensemble de lancement multi-lanceurs à Kourou marque-t-il une nouvelle étape pour le spatial français et européen ?

Le Centre spatial guyanais, opéré par le CNES, est le site de lancement historique des lanceurs français, puis des lanceurs de l’Agence spatiale européenne (ESA). Actuellement, les fusées lancées depuis Kourou sont Ariane 6 et le petit lanceur Vega-C, toutes deux développées par l’ESA. La création d’un nouvel ensemble de lancement multi-lanceurs vise à donner accès au CSG à des micro-mini lanceurs développés par des sociétés privées. Pour la première fois dans l’histoire du Centre, à partir de 2026, les deux lanceurs issus du programme européen cohabiteront avec des lanceurs développés par de jeunes sociétés issues de la nouvelle économie spatiale, le NewSpace. L’objectif de ces sociétés est de capter le marché des satellites de masse inférieure à 1 500 kg en orbite basse, en constante progression depuis 10 ans. L’ouverture de ce nouvel ensemble de lancement permettra à la fois une augmentation des activités à Kourou et la diversification des lancements depuis le port spatial de l’Europe.

Quels sont les atouts du Centre spatial guyanais pour l’accueil de micro et mini lanceurs ?

Les sociétés hébergées sur le nouvel ensemble de lancement bénéficieront des 60 ans d’expérience du port spatial de l’Europe et de services de haut niveau. En effet le CNES assure l’organisation et la coordination générale des opérations de lancements ainsi que les missions de protection des personnes, des biens et de l’environnement lors des lancements.

Le Centre spatial guyanais fait également bénéficier l’Europe d’une position géographique privilégiée : sa proximité de l’équateur et ses 50 km de côtes permettent l’accès à une plage d’inclinaison d’orbite exceptionnelle, ainsi que de nombreuses possibilités d’azimuts de lancement (la direction prise par la fusée lors de son lancement). De plus, la zone est exempte d’ouragans et de secousses sismiques.

Pourquoi le site historique Diamant a-t-il été choisi pour cet accueil ?

Le projet d’ELM a consisté en la reconversion d’un site de lancement chargé d’histoire, le pas de tir Diamant. Propriété du CNES, celui-ci a connu les lancements de la fusée Diamant dans les années 1970, qui a fait de la France une puissance spatiale de premier plan (lire encadré). Rebaptisé Ensemble de Lancement Multi-lanceurs (ELM), le site bénéficie de réseaux préexistants permettant de réduire les coûts des travaux de réhabilitation ainsi que l’empreinte environnementale du projet. Les moyens communs sont financés par le CNES dans le cadre du programme France 2030 à hauteur de 50 M€.

Il y a 60 ans, Diamant propulsait la France sur la scène spatiale mondiale

Diamant est un programme français de lanceur spatial léger, le premier développé en Europe. Trois versions, de capacité croissante, ont successivement été mises au point : Diamant A (4 exemplaires lancés), Diamant B (5 exemplaires lancés) et Diamant BP4 (3 exemplaires lancés). Les douze exemplaires utilisés ont permis à la France, d’une part de devenir, le 26 novembre 1965, la troisième puissance spatiale du monde, d'autre part de placer sur orbite douze satellites en dix ans.

Combien de sociétés privées sont attendues sur l’ELM-Diamant ?

L’ELM-Diamant pourra accueillir un maximum de cinq micro-mini lanceurs, et cinq sociétés ont signé un précontrat d’engagement mutuel pour effectuer une phase de faisabilité : ISAR Aerospace, RFA, PLD Space, Maiaspace et Latitude.

L’étape suivante est la signature des contrats de développement entre les sociétés de micro-mini lanceurs et le CNES, pour la réalisation des moyens spécifiques à chaque société. Les installations pourront en effet être réalisées par les sociétés de micro-mini lanceurs elles-mêmes, ou par le CNES à leur demande. Un premier contrat a été signé avec la société PLD au Salon du Bourget 2025 (lire encadré).

Outre ces sociétés, le site Diamant accueillera la préparation et la réalisation des vols du démonstrateur Callisto, dont le but est de tester le concept d’un premier étage de lanceur réutilisable.

PLD Space, premier contrat signé

Mardi 17 juin 2025, au Salon du Bourget, le CNES a signé avec PLD Space, société internationale de services spatiaux, un contrat autorisant le développement de son complexe de lancement au Centre spatial guyanais, d'où la fusée MIURA 5 sera lancée en 2026. PLD Space devient la première entreprise privée à développer et à exploiter son propre complexe de lancement dans le port spatial européen historique, propriété du CNES et de l'ESA. Ce nouveau contrat valide la mise en œuvre du projet d'infrastructure conçu par PLD Space avec l'appui technique du CNES et confère l'usage légal des terrains de la zone ELM-Diamant, où seront implantées la zone de préparation et la zone de lancement de MIURA 5.

En savoir plus

Quels sont les types de micro et mini lanceurs prévus, et pour quels types de missions ?

Les lanceurs présélectionnés sont à deux ou trois étages et à propulsion liquide. Les missions visées peuvent être très variées (observation, télécommunication, navigation…), de même que les satellites lancés (un seul satellite par lancement ou le lancement de grappes de satellites). Seule contrainte pour les sociétés qui lanceront depuis le site Diamant : opérer des lanceurs dont la performance est en-dessous de 1 500 kg en orbite basse.

Avec la mise en place de son nouveau centre des opérations, le Centre spatial guyanais aura la capacité de réaliser jusqu’à 30 à 40 lancements par an, tous lanceurs confondus.

Dates clés

  • 2020

    Démantèlement du portique Diamant et des installations existantes non nécessaires.

  • 2022

    Premiers travaux de terrassement.

  • 2023-aujourd’hui

    Phase d’étude détaillée et construction des infrastructures des moyens communs + phase d’étude et réalisation des moyens spécifiques par les sociétés de micro-mini lanceurs (sous réserve de signature du contrat de développement).

  • 2025

    Début du chantier.

  • 2026

    Premiers essais et préparation du premier lancement d’un micro-mini lanceur.

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