Athena-Fidus en détails

Contexte

Depuis 1984, les militaires français utilisent les satellites géostationnaires du programme Syracuse pour communiquer. Les charges utiles militaires installées initialement sur les satellites de télécommunications Télécom 2 de France Telecom sont désormais sur des satellites dédiés (Syracuse 3A et 3B) de l'état-major des armées.

Avec Syracuse 3, le système est sécurisé, résistant au brouillage et protégé contre la guerre électronique. La France assure ainsi ses communications militaires, de la métropole jusqu'aux forces déployées à l'extérieur du pays. Commandements et renseignements sont véhiculés à longue distance par Intranet, téléphone, fax, rapidement et en toute confidentialité.

Des besoins complémentaires sont rapidement apparus avec l'évolution des concepts d'opération. Ainsi, ils nécessitent une plus grande capacité de transmission à haut débit, sans pour autant exiger une résistance au brouillage à toute épreuve (communication non stratégique). Se joignent à cette requête les services de la Sécurité Civile, dont les besoins en communications à haut débit par satellite se font de plus en plus précis (pompiers, sécurité, etc.)

Le programme Athena-Fidus (Access on theatres for European allied forces nations - French Italian dual use satellite) répond à ces attentes, en offrant des services complémentaires par rapport à la flotte actuelle des satellites militaires nationaux.

Objectifs

  • Disposer d’une capacité en bande Ka militaire

  • Disposer d’une couverture globale pour la mise en œuvre de drones

  • Disposer d’une couverture métropolitaine pour les approches maritimes

  • Assurer la résilience du cœur stratégique du projet Descartes

Grâce à Athena-Fidus, la défense française dispose depuis début 2014 - pour une notification intervenue le 9 février 2010 - d'une capacité en bande Ka militaire. Ce saut technologique offre une couverture globale (pour la mise en œuvre des drones notamment lors des phases de transit), une couverture métropolitaine incluant les approches maritimes, ainsi que cinq "spots" mobiles de 1750 km de diamètre, afin de couvrir au plus, cinq zones géographiques selon les besoins opérationnels.

En complément du satellite, la défense nationale acquiert un segment sol composé d'environ 660 stations terrestres compatibles d'Athena-Fidus. L'emploi de ce segment sol vise principalement à assurer la résilience du cœur stratégique du projet Descartes (programme successeur de Socrate - ces deux programmes visant à moderniser et sécuriser les réseaux de télécommunications du ministère des Armées, en particulier pour les communications stratégiques et opérationnelles). Ce projet doit permettre l'établissement de raccordements entre les abonnés des états-majors déployés sur les théâtres extérieurs et desservir des sites isolés (sémaphores, détachements de liaison en opération, etc.).

Illustration des zones de couverture du satellite Athena-Fidus
Illustration des zones de couverture du satellite Athena-Fidus © CNES/Illustration David Ducros, 2013

Déroulé du projet

Le lancement d'un satellite géostationnaire à grande capacité de transmission a eu lieu le 6 février 2014. Ce lancement a été effectué par Ariane 5 depuis le port spatial européen de Kourou.

Athena-Fidus utilise principalement la bande de fréquence Ka, ainsi que les standards de télécommunications civils les plus performants. Économiques, les terminaux utilisateurs sont dérivés de produits commerciaux. L'infrastructure sert aux armées française et italienne, ainsi qu'aux services de la Sécurité Civile des deux pays partenaires.

Le satellite et les charges utiles sont spécifiés pour une durée de vie prévisionnelle de 15 ans.

Les premières stations du segment sol ont été déployées dès  2014, pour être en phase avec la mise en service opérationnel du satellite.

 

Organisation

Une coopération inédite pour les satellites de télécommunication

Athena-Fidus (tout comme le projet militaire Sicral 2) est le fruit de la première coopération européenne en matière de satellites de télécommunications gouvernementaux. Cette coopération franco-italienne regroupe les acteurs de la Défense des deux pays (état-major des armées et Direction Générale de l'Armement pour la France, ainsi que le ministère de la Défense italien) et les agences spatiales française et italienne (le Centre National d'Études Spatiales et l'Agence Spatiale Italienne).

Le caractère équilibré de cette coopération transparaît dans l'accord du 16 décembre 2009 pour Athena-Fidus, signé entre les présidents du CNES et de l'Agence Spatiale Italienne (ASI), ainsi que dans l'arrangement de coopération conclu le 12 avril 2007 pour Sicral 2 entre les ministres de la Défense français et italien.

Cet équilibre s'incarne dans les contrats et la conduite des programmes. D'un point de vue opérationnel, chaque pays contrôle un satellite : la France contrôle Athena-Fidus et l'Italie Sicral 2. Financièrement, les deux États participent au programme de façon sensiblement équivalente. Enfin, au plan industriel, Athena-Fidus, qui a fait l'objet d'une mise en concurrence, a été fabriqué par Thalès Alenia Space France et Italie, ainsi que Telespazio, tout comme le satellite Sicral 2.

Cette coopération inédite rassemble deux états européens dans le domaine des télécommunications spatiales, un secteur sensible en termes de souveraineté. Aussi, afin de réduire les risques en matière de sécurité des systèmes d'information et d'homologation, une architecture système simple a été retenue : construire une plateforme commune, le satellite, sur laquelle sont installées deux charges utiles, une française et une italienne. 

Signature d'un accord de coopération pour le développement de la composante spatiale du projet Athena-Fidus
Signature d'un accord de coopération pour le développement de la composante spatiale du projet Athena-Fidus, le 16 décembre 2009 par Yannick d'Escatha, ancien président du Centre National d'Etudes Spatiales (CNES) et Enrico Saggese, président de l'Agence © CNES/Pascaud Olivier, 2009

Un développement piloté par le CNES

L'équipe CNES s'est progressivement renforcée au cours des différentes phases du projet pour atteindre l'équivalent de 10 temps pleins en phase de développement. Les principaux responsables CNES ont d'abord défini puis piloté le développement industriel. Pour ce faire, il a été fait appel à de nombreux experts dans les différents domaines de compétence du Centre spatial de Toulouse (qualité composants et matériau, système et radiofréquence, chaînes fonctionnelles et équipements satellite, opérations, mécanique spatiale, sécurité, interfaces bord/sol, segment sol, stations sol, etc.). Ces équipes ont travaillé en collaboration avec les différents partenaires étatiques (Direction Générale de l'Armement, Agence Spatiale Italienne) ou industriels (Thales Alenia Space, Telespazio).

Préparation du satellite Athena-Fidus pour des essais de vide thermique chez Thales Alenia Space à Cannes
Préparation du satellite Athena-Fidus pour des essais de vide thermique chez Thales Alenia Space à Cannes © CNES/ThalesAleniaSpace/Henri Serge, 2013