Ballon stratosphérique ouvert (BSO) sur le site d'Aire du l'Adour.
Ballon stratosphérique ouvert (BSO) sur le site d'Aire du l'Adour. © CNES/GRIMAULT Emmanuel, 2016

Les ballons stratosphériques

Les ballons stratosphériques sont des véhicules plutôt simples, en théorie. Ils contribuent pourtant à faire avancer la science et la technique, que ce soit pour sonder l’atmosphère ou regarder l’Univers par-delà les nuages.

Lâcher d’un BSO à Timmins, Canada. Le ballon auxiliaire (à droite) permet de soulever et de protéger la nacelle pendant que l’enveloppe principale s’élève.
Lâcher d’un BSO à Timmins, Canada. Le ballon auxiliaire (à droite) permet de soulever et de protéger la nacelle pendant que l’enveloppe principale s’élève. © CNES/LOUVEL Stéphane, 2023

Au cœur de l’atmosphère 

Un ballon stratosphérique est un véhicule sans moteur, qui s’élève jusque dans la stratosphère, entre 20 et 40 km d’altitude. Plus haut que ne peut aller un drone ou un avion, et bien plus bas qu’un satellite. Il dérive au cœur du milieu, qu’il étudie à l’aide des instruments embarqués dans sa nacelle. La nacelle est attachée sous le ballon, constitué d’une enveloppe remplie d’un gaz plus léger que l’air, de l’hélium ou parfois de l’hydrogène, ce qui lui permet de s’élever. Nous mettons en oeuvre 3 types de ballons stratosphériques au CNES :  

  • Le ballon stratosphérique ouvert : BSO

L’enveloppe du BSO n’est pas fermée. L’hélium s’en échappe petit à petit, ce qui fait que sa durée de vie se limite à quelques jours. Mais son enveloppe peut faire la taille d’un immeuble de 30 étages. Il peut soulever plusieurs tonnes, jusqu’à 40 km d’altitude. 

  • Le ballon pressurisé stratosphérique : BPS

Il est plus petit que le BSO, mais son enveloppe fermée, étanche, lui permet rester à une même altitude (autour de 20 km) pendant des semaines, voire des mois. 

  • Le ballon léger dilatable : BLD (ou ballon-sonde)

Plus petit encore, il ne peut emporter que des instruments de moins de 3 kg, comme un baromètre. Mais il engrange des mesures pendant les 2 à 3 heures de son ascension. Puis l’enveloppe finit par éclater à environ 30 km d’altitude.

Préparation d'un ballon sonde lors de la campagne nationale de lancements de fusées de jeunes à La Courtine.
Préparation d'un ballon sonde lors de la campagne nationale de lancements de fusées de jeunes à La Courtine. © CNES/PEDOUSSAUT Manuel, 2007

Des ballons dans la stratosphère… pour quoi faire ?

Les ballons sont des outils précieux pour les scientifiques et pour les ingénieurs. La preuve par l’exemple.

  • Pour étudier la Terre ou scruter l’Univers

Les ballons stratosphériques sont capables de se maintenir entre 20 et 40 km d’altitude. Ils y collectent des données in-situ, parfois sur le long terme. Ils sont complémentaires des satellites qui survolent l’atmosphère par intermittence depuis l’orbite. Les météorologues utilisent les ballons-sondes pour connaître l’état de l’atmosphère (humidité, pression…) et les vents, du sol jusqu’à la stratosphère.

Les astronomes, eux, utilisent des BSO pour placer leurs instruments d’étude de l’Univers, au dessus des nuages, de la pollution et des turbulences. 

  • Pour tester les technologies spatiales

Les ballons sont aussi utilisés pour tester des technologies ou des équipements (caméras, télescopes, parachutes…). Des tests grandeur nature avant l’envoi définitif de ces éléments dans l’espace. 

 

Spécialité française

Le CNES développe et fait voler des ballons depuis les années 60, sous l’impulsion des scientifiques. Nous avons des milliers de vols à notre actif. La France est l’un des pays les plus actifs dans ce domaine, avec les Etats-Unis. Notre expertise est reconnue mondialement. 

Ouverture en 1963 du centre de lancement des Ballons du CNES, à Aire-sur-l’Adour (40).
Ouverture en 1963 du centre de lancement des Ballons du CNES, à Aire-sur-l’Adour (40). © CST/Photothèque/1963

Un engin simple, une mise en œuvre élaborée

Les missions sous ballons sont moins coûteuses et plus rapides à développer que les missions satellitaires. Reste que les campagnes de lâchers sont des opérations complexes qui s’étalent parfois sur plusieurs semaines. 

  • Le lâcher 

Les lâchers se font depuis des bases dédiées. En France, la base d’Aire-sur-l’Adour (Landes) accueille notre activité ballon depuis plus de 60 ans. 30 à 40 ballons légers y sont lâchés chaque année. Et pour les ballons lourds, le CNES utilise principalement des bases à Kiruna (Suède) et Timmins (Canada). Et bientôt à Palmas de Tocantins au Brésil. Ces 3 bases, qui se situent dans des zones peu habitées, permettent de répondre à des objectifs scientifiques différents.

Gonflage d’un BSO lors de la campagne KLIMAT 2021, dédiée à l'étude du climat et à l'analyse des gaz à effet de serre, depuis la base de Kiruna en Suède.
Gonflage d’un BSO lors de la campagne KLIMAT 2021, dédiée à l'étude du climat et à l'analyse des gaz à effet de serre, depuis la base de Kiruna en Suède. © CNES/PRODIGIMA/GABORIAUD Romain, 2021
  • Le pilotage et le suivi

Les ballons sont télécommandés depuis le sol. Il s’agit d’un pilotage a minima, effectué par des opérateurs qui le font monter ou descendre, pour le placer dans les courants d’air qui les intéressent. Pour le faire monter, ils l’allègent en lâchant du lest, de minuscules billes en acier. Pour le faire descendre, ils libèrent de l’hélium par une petite ouverture au sommet de l’enveloppe. 

Les billes d’acier contenues dans le réservoir blanc sont lâchées au fur et à mesure des besoins, pour alléger le ballon et le faire remonter.
Les billes d’acier contenues dans le réservoir blanc sont lâchées au fur et à mesure des besoins, pour alléger le ballon et le faire remonter. © CNES/DE PRADA Thierry, 2021
  • La récupération

Une fois les mesures scientifiques effectuées, les ballonniers (conducteurs de ballons) commandent le décrochage de la nacelle. Elle redescend sur terre sous parachutes, et atterrit à la vitesse de 5 m/s, à l’endroit voulu. Une zone isolée, et si possible, facile d’accès pour pouvoir récupérer la nacelle et ses instruments. Celle-ci est ensuite réutilisée pour d’autres vols.

Les ballons de demain

Les technologies liées au ballon progressent : il sera bientôt possible de les diriger ou de les rendre encore moins impactant pour l’environnement.

  • Un ballon manœuvrant

Pour « diriger » ces engins sans moteur, il faut jouer avec les petits courants d’air de la stratosphère. L’enjeu est donc de pouvoir changer d’altitude à volonté, pour insérer le ballon dans le courant d’air voulu !

Avec la société Hemeria, nous développons ainsi le BalMan (pour « ballon manoeuvrant »), un ballon capable d’utiliser les variations des vents entre 16 et 22 km d’altitude, pour se diriger. Il est constitué de 2 enveloppes : la première est remplie d’hélium. Elle est elle-même enfermée dans une seconde enveloppe remplie d’air, que l’on peut expulser ou faire rentrer à volonté. Cela fait varier la masse de l’ensemble, et donc l’altitude du ballon. Objectifs : rester dans une zone d’intérêt militaire ou scientifique. Ou encore contourner des pays qui auraient interdit leur survol. 

Illustration du BalMan, un projet de ballon manœuvrable porté par le CNES dont l’enveloppe est produite par l’entreprise Hemeria.
Illustration du BalMan, un projet de ballon manœuvrable porté par le CNES dont l’enveloppe est produite par l’entreprise Hemeria. © HEMERIA
  • Un ballon plus propre

Le ballon recyclable n’existe pas encore… Mais de nombreux composants sont aujourd’hui réparés et réutilisés comme par exemple les nacelles, clapets, sangles, parachutes, etc. Au CNES, nous nous attachons aussi à récupérer un maximum d’enveloppes. Elles sont ensuite traitées dans des déchetteries agréées. On comprend donc là encore l’intérêt du ballon manœuvrant : on peut ainsi plus facilement déterminer un lieu de chute accessible.

Tourisme presque spatial

Plusieurs sociétés privées misent sur le ballon pour développer un tourisme presque spatial (l’espace commence à 100 km d’altitude). C’est le cas de Zephalto, une entreprise française, soutenue par le CNES dont les experts apportent leur savoir-faire en matière de mise en œuvre de gros ballons. 

Zephalto propose un voyage de quelques heures, jusqu’à 25 km d’altitude, dans une cabine pressurisée prévue pour 6 voyageurs et 2 pilotes.
Zephalto propose un voyage de quelques heures, jusqu’à 25 km d’altitude, dans une cabine pressurisée prévue pour 6 voyageurs et 2 pilotes. © Zephalto

Quizz

Dans la chaine de vol d’un ballon stratosphérique se trouve une seconde nacelle, différente de celle qui contient les instruments. Elle renferme les équipements qui permettent de dialoguer avec le ballon, et de lui envoyer des commandes. Comment s’appelle-t-elle ?

A - Nacelle de commande

B - Nacelle d’opération

C - Nacelle de navigation

D - Nacelle de servitude

D : Les opérateurs au sol communiquent avec le ballon, par liaisons radio ou via des satellites. Ils savent à tout moment où il se trouve et dans quel état, et peuvent lui envoyer des commandes, comme le faire monter ou descendre.