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Boston : une métropole états-unienne et mondiale de l’innovation avec Harvard et MIT

Sur la Côte-Est des Etats-Unis en Nouvelle Angleterre, Boston est une ville de 700 000 habitants organisant une aire métropolitaine de 4,8 millions d’habitants. Au-delà de son prestigieux passé historique, elle est l’un des hauts lieux de l’innovation scientifique et technologique aux Etats-Unis et dans le monde. Elle le doit en particulier à la présence de deux institutions prestigieuses : l’université d’Harvard et le MIT - Massachusetts Institute of Technology. Celles-ci y impriment durablement leur marque dans le tissu urbain, social et économique. Ce système productif est fondé sur une articulation étroite entre recherche fondamentale et recherche appliquée, entre formation, innovation, production et commercialisation. Ce territoire est un des vecteurs majeurs de l’affirmation de la puissance étatsunienne dans le monde.

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Légende de l'image

Cette image de la ville de Boston, capitale du Massachusetts aux États-Unis, a été prise par un satellite Pleaides le 2 mai 2020.

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Présentation de l'image globale

Sur la Côte Est, Boston : une métropole de la Mégalopolis et un haut lieu de l’innovation mondiale
Un site et une situation exceptionnels sur l’Atlantique Nord

Cette image de Boston souligne le site exceptionnel de la ville. Venant de l’ouest, la Charles River se jette dans l’Océan atlantique dans un estuaire bien abrité, aux multiples ramifications. Il donne au large sur le Boston Harbor, lui-même protégé par de nombreuses presqu’îles ou îles (Deer Island au nord ; Long, Rainsford, Spectacle et Thompson Islands au large). Au large, la baie du Grand Boston (cf. images complémentaires) est fermée par deux longues flèches de sable, dont la taille est cependant bien plus réduite que la magnifique flèche de Cape Cod, quelques dizaines de kilomètre plus au sud.

Cette côte de la « Nouvelle Angleterre » a été un des premiers espaces de découverte puis de colonisation de ce « Nouveau Monde ». Longtemps branché directement sur l’ancienne métropole britannique, ce littoral - bien spécifique par sa morphologie - a permis l’éclosion d’une importante et précoce vie maritime. Elle y est organisée par de grandes agglomérations littorales et portuaires : Portland, Boston, Providence ou New York. Au cœur de la construction des Etats-Unis d’Amérique, elles appartiennent au versant nord de la Mégalopolis, qui se déploie jusqu’à Washington au sud.

Sur cette image, deux logiques complémentaires s’affirment. A l’est, côté littoral, l’ouverture maritime est essentielle et la pêche y demeure même non négligeable, et le homard un plat régional très populaire. A l’ouest malgré l’urbanisation, la région et l’agglomération demeurent très forestières (sapins, pins blancs, bouleaux, hêtres, érables) et la présence du bassin de Boston - dont les sols sont moins médiocres et plus étendus que la moyenne régionale - y a permis dès la période coloniale une certaine activité agricole.

Une histoire ancienne, un profond marqueur identitaire et culturel

Dans ce qui est dorénavant devenu un « ancien Nouveau Monde », Boston et l’État fédéré du Massachussetts bénéficient encore d’un statut singulier du fait du poids des héritages, d’un patrimoine architectural et urbain exceptionnel, d’une certaine culture qui en font aussi un grand pôle touristique. Nous sommes ici au cœur de l’histoire du pays. Fondée dès 1630, Boston qui porte le nom d’une ville du Lincolnshire d’où venaient ses fondateurs, est l’une des plus vielles fondations urbaines d’Amérique du Nord. Comme un rappel, la commune de Cambridge - où est créée l’université d’Harvard dès 1636 - emprunte bien sûr son nom à la Cambridge universitaire britannique.

L’essor de la cité se fonde sur son orientation maritime avec le commerce transatlantique (bois, farine, poisson, viande) d’un côté, des Antilles (sucre, rhum, esclaves, cf. Museum of African American History) de l’autre. A quelques dizaines de kilomètres au sud se trouve la ville de Plymouth où accostèrent les premiers colons du Mayflower en 1620. A quelques kilomètres au nord, appartenant à l’aire métropolitaine, se trouve Salem, connue depuis 1692 pour son procès en sorcellerie.

Surtout, en 1773, une révolte antifiscale avec sur les quais de Boston le rejet à la mer d’une cargaison de thé anglais déclenche les luttes aboutissant à la Guerre d’Indépendance. Ces activités commerciales sont à l’origine d’une importante base industrielle (construction navale, métallurgie, textile, agro-alimentaire) qui complète le tissu productif initial au XVIII em et XIX em siècles. Enfin, la ville demeure encore aujourd’hui marquée par ses héritages migratoires, en particulier irlandais, son ouverture économique et politique au monde et l’héritage tutélaire du Président démocrate John F. Kennedy.

Centrée sur le port et la mer, une ville en profonde recomposition urbaine

Dans les décennies 1950/1980, une grave crise économique et démographique touche la commune Boston. La base industrielle traditionnelle s’effondre ; la population de la ville de Boston recule de 800 000 à 563 00 habitants entre 1950 et 1980 (- 30 %) avant de remontée à 700 000 aujourd’hui. La composition de la commune connait - comme de nombreux centres métropolitains - de profondes transformations. On assite au départ des catégories salariées blanches, qui tombent de 90 % à 45 % la population entre 1950 et 2020, vers les périphéries urbaines et périurbaines. Elles y sont remplacées par les minorités - noires à partir des années 1970 (22 % pop. en 2020), asiatiques à partir des années 1980 (2020 : 9 % pop.) puis hispaniques aujourd’hui (19,5 % pop.) qui y occupent une place croissante.

Cette dynamique aboutit aujourd’hui à une sensible spécialisation résidentielle fondée sur des polarisations ethniques et sociales - formation, qualification, emplois, salaires et revenus... - bien marquées, à la fois dans l’espace de la commune même de Boston et dans l’ensemble de l’agglomération (doc. 3 et doc 4.). La population noire est ainsi largement polarisée dans le sud de la ville et autour de deux pôles (Revene, Randolph), la population d’origine hispanique au nord autour de Chelsea et la population d’origine asiatique plus dispersée en de nombreux îlots, du China Town central à Malden ou Quincy.

Cependant, si Boston demeure traversée par de fortes tensions, celles-ci sont d’une ampleur bien plus réduite que dans d’autres métropoles des Etats-Unis du fait des capacités, historiquement anciennes, du tissu socio-économique et institutionnel à faire émerger des élites en particulier noires, mais aussi asiatiques ou latino-américaines. En 2023, l’accès de Claudine Gay - une femme universitaire afro-américaine née dans le Bronx newyorkais de parents immigrés haïtiens, à la Présidence d’Harvard est à cet égard un symbole considérable pour une université qui fut longtemps un des temples de la domination WASP – (« Protestants anglo-saxons blancs).

Répartition ethnique de la population
Niveau de revenus agglomération

A l’opposé, les stratégies résidentielles de la population blanche et aisée présentent de sensibles spécificités (doc. 4 et 5) : à une forte présence dans les îlots centraux et portuaires réhabilités ou dans les quartiers ouest historique (ouest Cambridge, Brookline...) répond un vaste processus d’exurbanisation soit dans l’ouest périurbain (croissant Acton/Norwood), soit au sud-est le long du littoral (Scituate/Marshfield).

L’ancienneté des fonctions de recherche et d’innovation, le poids du militaire

Historiquement, le MIT et Harvard jouent un rôle majeur dans le développement technologique et scientifique de la ville, de la région et du pays dès le début du XXem siècle. La Seconde Guerre mondiale puis la Guerre froide sont des périodes déterminantes. Les ingénieurs et chercheurs du MIT et de Harvard contribuent largement à l’effort de guerre comme le soulignent le rôle de grands laboratoires : pour le MIT, le Draper Laboratory (cf. systèmes de guidage des missions Apollo et des missiles nucléaires Polaris...), le Lincoln Lab. de Lexington ou le Rad-Lab – Radiation Laboratory ; pour Harvard le RRL – Radio Research Laboratoty (contremesures électroniques, radars et télécommunications).

A partir des années 1960/1970, une nouvelle vague technologique et industrielle se déploie avec l’essor des composants et de l’informatique porté par la création de nouvelles firmes. Géographiquement, l’autoroute 128 - qui contourne à 25 km vers l’ouest Boston et est aujourd’hui dénommée A 93/A95 - polarise de nombreuses entreprises de hautes technologies. Elle devient un « corridor » de l’innovation – « the Magic Semicircle » du Business Week de 1955 - dans l’espace périurbain de l’aire métropolitaine. On y trouve toujours les laboratoires ou les usines de nombreuses entreprises des hautes technologies militaires et civiles, comme Analog Devices dans les semiconducteurs fondée à Cambridge en 1965, Honeywell Information Systems, Raytheon, Wang Laboratories ou Digital Equipment rachetée par Compaq puis Hewlett-Packard en 2022

Encore aujourd’hui, le complexe militaro-industriel et les commandes du Ministère de la Défense, portées par le 1er budget mondial, gardent un rôle d’organisation et d’impulsion considérable. Créé en 1948 à Cambridge par des ingénieurs du MIT et rachetée par Raytheon en 2009, BBN est spécialisée dans l’informatique et l’acoustique. Créé en 1951 en pleine Guerre froide, le Lincoln Laboratory du MIT est localisé sur l’Hanscom US. Air Force Base de Lexington où il mobilise environ 1 700 ingénieurs dans les technologies militaires et spatiales. Créé en 1958 d’un essaimage du fameux Lincoln Laboratory du MIT, Mitre Corporation emploie 8 500 salariés à Bedford et travaille pour les agences gouvernementales dans l’aviation et l’aérospatiale, la défense et la cybersécurité.

Une économie métropolitaine dynamique, diversifiée et riche dopée par la course à la formation, à la recherche et à l’innovation

Ces vingt dernières années, la commune et toute la région sont portées par un fort dynamisme, démographique, économique (+ 26 %) et social (emplois : + 17 %) largement lié à un nouveau cycle technologique. L’aire urbaine atteint les 4,2 millions d’habitants et l’aire métropolitaine de Boston-Cambridge-Newton 4,8 millions d’habitants (1980 : 3,9 millions hab.). Celle-ci se hisse aujourd’hui au 10em rang national pour sa population, derrière Atlanta et devant Phoenix, et au 9em rang par sa puissance économique derrière Philadelphie et devant Atlanta. Le revenu moyen par habitant est de 43 % supérieur au revenu moyen national (6em rang) et de 38 % supérieur au revenu moyen métropolitain.

Le processus de reconversion économique lancé dans les années 1980/1990 se traduit aujourd’hui par une économie dynamique, diversifiée et riche. La santé, la finance et les assurances, les activités scientifiques et techniques (haute technologie, recherche-développement, information et communication, biotechnologies…) et les universités sont les grands piliers de ce renouveau. La main d’œuvre se caractérise globalement par un niveau de formation et de qualification élevé : 57 % des actifs ont un niveau post-bac dans la ville de Boston. La forte présence de firmes transnationales, étatsuniennes ou mondiales, est renforcée par un fort esprit d’entreprise symbolisé par la présence d’un puissant système de capital-risque finançant l’innovation. L’agglomération bénéficie de l’attraction des cerveaux du monde entier (« brain drain ») avec les fameux visas HI-B pour les immigrés très qualifiés.

Cette dynamique accompagne un véritable renouveau urbain de Boston porté par de très importantes opérations d’urbanisme visant à traiter et à revaloriser les vieilles friches portuaires issues de la crise. Le front de mer connait une véritable métamorphose dans le quartier des affaires, au sud, ou au nord sur les rives de la Mystic River (zoom 3, 4 et 5). Ces dernières années, le South Boston Waterfront Innovation District (zoom 4) multiplie les opérations de rénovation avec la construction de nouveaux immeubles résidentiels ou d’activité comme le Boston Marine Industrial Park. On assiste par exemple dans les anciennes zones portuaires au retour d’activités productives - bureaux, centres de recherche, salles blanches... - dans les biotechnologies.

Inégalités, gentrification et ségrégation

Mais, comme toutes les métropoles étasuniennes, Boston connaît aussi de profonds contrastes internes sur des distances très courtes. L’enrichissement général s’accompagne d’une forte hausse des inégalités géographiques à la fois sociales, ethniques et des revenus qui aboutit à des polarisations socio-spatiales de plus en plus sensibles. Alors que le taux de pauvreté est de 18 % de la population dans la vile de Boston, cette logique duale aboutit dans certains quartiers à une pauvreté croissante mais spatialement plus concentrée : Dorchester, Brighton, Haverhill, Lawrence ou Lynn.

Le revenu annuel moyen des 1 486 habitants du district financier est ainsi de 152 000 dollars par habitant, contre 19 000 dollars pour les 24 300 habitants du quartier de Roxbury et 33 500 dollars en moyenne pour les habitants de Boston. 20 % de la population est classé comme pauvre. Et 30 % de la population est d’origine étrangère (Chine, République dominicaine, Haïti, Salvador…). Près du CBD, les quartiers de Beacon Hill (81 %), de North End (86 %) sont peuplés très majoritairement de blancs, tout comme le South Boston Waterfront (77 %). Si la China Town est asiatique à 60 %, il est vrai avec seulement 7 100 habitants ; au sud Dorchester (43 %) ou Matapan (68 %) sont largement noirs. Pour autant, par rapport aux autres villes, la situation y est beaucoup moins déséquilibrée et tendue.

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Boston rénovation gentrification
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Harvard et le MIT dans le système de formation et de recherche
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Cartes institutions formation et univ dans la grande agglomération
Une ville et une métropole aux fonctions universitaires très développées

Boston présente une forte orientation fonctionnelle vers les activités de formation et de recherche ; elle est par excellence une ville universitaire – formation, recherche et innovation - en accueillant des centaines de milliers d’étudiants et 29 collèges et universités. Cette ville universitaire est organisée par la présence de grands campus sur le modèle anglo-saxon. Entreprises pour l’essentiel privées dans lesquelles les frais d’inscription sont très élevés, ces institutions historiques disposent d’une très forte emprise foncière qui participe de la capitalisation immobilière, patrimoniale, culturelle et politique.

Ce sont les lieux privilégiés de la formation des élites, étatsuniennes et mondiales, dont elles assurent la reproduction culturelle, professionnelle et économique. Par leur culture de l’entre-soi, elles représentent un lieu névralgique dans l’exercice des pouvoirs politiques, économiques et technologiques dont témoignent encore les nombreux clubs et les fraternités étudiantes. L’organisation spatiale de ce puissant potentiel s’organise à trois échelles différentes.

L’espace urbain central accueille trois grands pôles : si Harvard (zoom 1) et le MIT (zoom 2) sont les institutions les plus connues, il convient de rendre justice au pôle médical de Longwood (zoom 3). Situés à cheval sur les communes de Boston et Cambridge, ces trois pôles sont presque voisins puisqu’ils se déploient dans un mouchoir de poche de 25 km2. Par leurs capitaux, leurs emplois et salaires, leurs étudiants, leurs investissements, leur notoriété mondiale et leurs besoins immobiliers et fonciers croissants, ils jouent un rôle déterminant dans l’organisation de l’espace et le pilotage de la gouvernance communale et métropolitaines.

Le reste de l’espace central et la première couronne (doc. 6 et 7) accueillent un potentiel considérable avec une dizaine d’institution - University of Massachusetts, Bentley University, Brandeis University, Boston College... - et le très bel arboretum d’Harvard qui s’y déploie.

Enfin dans la riche banlieue ouest et sud-ouest de la première couronne se trouvent de nombreuses institutions renommées : Bentley University, Brandeis University, Curry College... Plus au sud-ouest se trouve encore par exemple le Wellesley College pour les femmes, fondée 1870 sur un campus de 200 ha.. Dans cet environnement régional se localisent par effet d’entrainement de nombreux établissements secondaires préparant à leurs concours d’entrée, telle Dana Hall School, fondée en 1881.

Une capitale mondiale des biotechnologies : l’exemple de Moderna et du Covid

Apparue il y a quatre décennies, les biotechnologies ont joué un rôle majeur dans le renouveau économique et productif de Boston. Cet essor est directement lié aux choix politiques des autorités locales et régionales dans le cadre d’un État fédéral – il ne faut pas l’oublier – très décentralisé. A la fin des années 1970, le Conseil municipal de Cambridge, où sont localisés le MIT et Harvard, autorise l’expérimentation de l’ADN, attirant ainsi de nouvelles sociétés de pointe comme Biogen qui travaillent sur le génie génétique. De même, l’État fédéré du Massachusetts est lui aussi actif comme en témoigne la création du Massachusetts Life Sciences Center (MLSC), une agence de développement économique et d'investissement, et de 31 incubateurs de biotechnologie et de sciences de la vie.

Porté par différents facteurs sociodémographiques (hausse de la population, du niveau de vie, vieillissement...), le secteur de la santé et des sciences de la vie bénéficie d’une attention toute particulière. Car il constitue un énorme marché – difficile mais potentiellement très rentable - dans des domaines de pointe comme l’oncologie, la neurologie, les infections, l'immunologie et les organes sensoriels. On compte sur Boston environ 1 000 entreprises mobilisant plus de 100 000 emplois, dont des dizaines de milliers de chercheurs. Les firmes de la métropole reçoivent ces dix dernières années 49 milliards de dollars de capital de la part des investisseurs en capital-risque.

Rappelons qu’en 2022 la technologie de l'ARN messager (ARNm) utilisée avec efficacité pour produire un vaccin contre la pandémie mondiale de COVID-19 est née dans les laboratoires de Moderna Inc.. Fondée en 2010 à Cambridge dans l’espace voisin du MIT, elle emploie aujourd’hui 2 700 salariés. Sur ses quatre fondateurs, l’un vient de l’université Harvard, l’autre du MIT – un bel exemple d’essaimage ; elle bénéficie d’un capital-risque d’un montant de 40 millions de dollars fournit par VentureLabs de Flagship Ventures. En 2013, elle signe d’un côté un contrat de coopération avec le groupe AstraZeneca pour accompagner l’industrialisation de ses produits, de l’autre un contrat avec la DARPA – l’Agence des projets de recherche avancés de la Défense étatsunienne – portant sur l’usage de l’ARNm dans la lutte contre les maladies infectieuses et les armes biologiques.

Ce tissu d'entreprises est composé de grands groupes pharmaceutiques, comme Sanofi Genzyme (5 000 sal.), Shire (3 040), Biogen (2 443), Novartis (2 333), Pfizer (2 200) ou Takeda, et de nombreuses PME innovantes. Il bénéficie directement de la présence d’Harvard et du MIT et d’hôpitaux de recherche de 1er rang (Massachusetts General Hospital, Dana-Farber Cancer Institute, Brigham & Women's Hospital...), largement financés par les National Institutes of Health (NIH) qui sont la 1ère source de financement public de la recherche biomédicale aux Etats-Unis et dans le monde. Il est de plus structuré par de nombreuses associations professionnelles comme le Massachusetts Biotechnology Council, dont le siège est à bien évidemment à Cambridge.

La plus ancienne université des Etats-Unis

Au milieu coule la Charles River, entre les communes de Watertown et de Cambridge au nord en rive gauche et de Boston au sud en rive droite. On distingue bien l’Harvard Yard, le site historique du village sur lequel va être fondé un « college » par un vote de l’assemblée générale de la colonie de la baie du Massachussetts d’octobre 1636 qui va devenir l’Université Harvard en 1639. Il se trouve à 2,5 km du MIT et à 5 km du quartier des affaires. Avec la Memorial Church, le Sever Quadrangle et la Harvard Library ou la John Harvard Statue dont on vient toucher le pied pour se porter bonheur, l’Harvard Yard est le cœur symbolique du campus.

Harvard University est historiquement la plus ancienne université des Etats-Unis. Elle appartient au groupe des huit plus vieilles, des plus prestigieuses et des plus grandes universités privées de la Côte Est. Elles sont regroupées depuis 1954 dans l’Ivy League : on y trouve Brown (Providence), Columbia (New York), Cornell (Ithaca, Etat de New-York), Dartmouth (Hanover, New Hampshire), Pennsylvania (Philadelphie), Princeton (Princeton, New Jersey) et Yale (New Haven, Connecticut).

L’université la plus riche du monde, au cœur de la création des élites

Disposant d’un budget annuel ("Operating Expenses ») de 5,9 milliards de dollars, Harvard accueille 22 000 étudiants avec un personnel de 4 700 salariés. Elle dispose d’un « fonds de réserve » – ou « endowment » - de plus de 53 milliards de dollars, soit l’équivalent des réserves de la Banque centrale des Pays-Bas ; ce qui en fait l’université la plus riche du monde devant Yale (42,3 milliards). Système très répandu dans l’enseignement supérieur aux Etats-Unis, ce fonds de réserve est largement alimenté par les dons privés, dont beaucoup sont fléchés vers des projets précis ou des disciplines. Selon les stratégies de placement adoptées sur les marchés financiers par leurs services gestionnaires, les institutions universitaires peuvent dégager des rendements plus ou moins importants selon les risques pris et les années.

Dans ce contexte, les frais annuels de scolarité dans les très chics facultés privées de l’Ivy Ligue peuvent paraitre exorbitants. A Harvard, ils se montent pour un Undergraduate à 46 000 dollars, auxquels s’ajoutent entre 71 000 et 76 000 dollars pour couvrir les autres frais annexes : logement, frais divers, livres, voyages... Soit souvent environ 122 000 dollars pour une année d’étude. Les familles fortunées - investisseurs, dynasties politiques, avocats, acteurs ... - n’hésitent d’ailleurs pas à payer des centaines de milliers de dollars afin de faire entrer leurs enfants dans ces établissements. En particulier, les réseaux familiaux des anciens élèves bénéficient d’un traitement particulier en étant prioritaires. Ces « legacy students » peuvent former jusqu’à 33 % des effectifs étudiants, Harvard étant la structure qui en accepte le plus. Cette logique endogamique de reproduction sociale est de plus en plus contestée par les minorités qui cherchent à s’en ouvrir les portes.

Il est vrai que se trouvant au cœur de la formation des élites, Harvard a fourni huit Présidents des Etats-Unis – dont John Adams, Theodore Roosevelt, Franklin D. Roosevelt, John F. Kennedy, George W. Bush, Barack Obama – et un vice-Président (All Gore) ou 188 milliardaires vivants (Bill Gates, Mark Zuckerberg…) loin devant Stanford (74) et le MIT (38). En 1964, lorsque George W. Bush y présente sa candidature, il marche juste dans les pas de son père et de son grand-père. Harvard compte à son palmarès 79 Prix Nobel, 7 Médailles Field (mathématique), 48 Prix Pulitzer (journalisme) et 110 médaillés olympiques.

Une université dans la ville, l’entre-soi des élites

Depuis sa fondation, cet établissement privé a connu plusieurs phases de croissance immobilière pour aboutir à la création d’un vaste campus de 85 hectares et d’un véritable quartier urbain avec ses sites universitaires, ses librairies et bibliothèques, ses bars et restaurant, ses caves à cigare, ses magasins d’alimentation... C’est un des hauts lieux du tourisme à Boston (visite, achats de souvenirs…).

En rive gauche, autour du Harvard Yard où se trouvent quelques bâtiments prestigieux, le campus s’est d’abord étendu largement vers le sud et la Rivière Charles puis vers le nord où les bâtiments blancs témoignent de récentes opérations immobilières. Mais très à l’étroit, l’université a cherché à s’étendre en multipliant les acquisitions foncières ou immobilières comme en témoignent les nombreux îlots ou bâtiments isolés lui appartenant.

En rive droite, Harvard Université s’est doté du campus d’Allston sur la commune de Boston. Cet ancien faubourg agricole devient un quartier ferroviaire et industriel à la fin du XIXem siècle avec l’implantation d’une gare de triage importante, de grands parcs à bestiaux alimentant un abattoir. Fondée en 1908, la Harvard Business School – HBS s’y développe entre 1927 et 1940 en y construisant le Morgan Hall, qui porte le nom du grand banquier J.P. Morgan, et la Loeb House, du nom de John L. Loeb.

Cette tradition de financement par les grands noms de l’économie de bâtiments se poursuit à l’est du campus. En 2010 avec l’érection du Tata Hall, qui porte le nom du milliardaire indien qui fait un don de 50 millions de dollars. Puis en 2014 avec le Chao qui porte le nom d’une richissime sino-américaine Ruth Mulan Chi Chao, qui fait un don de 40 millions de dollars et dont les quatre filles font leurs études à la HBS, l’une d’elles devenant Secrétaire d’État au Travail puis aux Transports des administrations J.W. Bush puis D. Trump.

L’extension urbaine vers le sud : le rôle du Campus d’Allston

Comme le montre bien l’image, le Campus d’Allston joue depuis les années 2000 un rôle majeur dans l’accueil des nouvelles extensions immobilières de l’université. Si la crise financière de 2008 avait largement freiné les travaux, une partie des projets est aujourd’hui achevée. Au nord de la Western Avenue se trouvent le Harvard Innovation Lab, le Life Lab et l’ArtLab., lancés en 2006 ; au sud la nouvelle Harvard School of Engineering and Applied Sciences.

L’attention se porte surtout sur la grande opération urbaine qui se trouve au sud-est le long de la Rivière Charles avec le grand projet de l'Enterprise Research Campus (ERC) qui porte sur 14,5 hectares dans le cadre d’un partenariat entre Harvard et des promoteurs commerciaux. Au-delà du faisceau autoroutier 90/131, Harvard possède deux autres très grandes parcelles foncières, dont la seconde hors image est coincée entre le faisceau autoroutier au nord, le Massachusetts Turnpike, et la voie ferrée au sud. Ces terrains d’une surface de 48,4 acres ont été vendus pour 134,7 millions de dollars. Dans cette banlieue chic densément urbanisée aux prix fonciers très élevés, l’extension de l’université est de plus en plus contrainte par le manque d’espaces libres.

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Le MIT : un haut lieu de l’innovation étasunienne et mondiale

Comme le montre l’image, à l’ouest du vieux centre historique, sur la commune de Cambridge et le long des quais longeant la rive droite de la Charles River se trouve le MIT, ou Massachusetts Institute of Technology. C’est l’un des instituts privés de recherche fondamentale et appliquée les plus puissants des Etats-Unis et un des plus connus au monde. Il se classe parmi les six premiers organismes d’enseignement et de recherche de rang mondial des pays occidentaux aux côtés de Berkeley, Cambridge, Harvard, Oxford et Stanford.

Sur le modèle des universités polytechniques germaniques (Allemagne, Suisse), il est fondé en 1861 en lien avec le développement de la révolution industrielle en Nouvelle Angleterre. Au XXem siècle, il bénéficie à la fois des aides et contrats publics des grands ministères et organismes d’État (Ministères de la santé, de la défense, de l’énergie ; NSF - National Science Foundation, NASA dans le spatial), de donations des grandes firmes industrielles ou de milliardaires (cf. Bill Gates) et de grands contrats de recherche (cf. IBM en intelligence artificielle…). Ses chercheurs ont essaimé ou participé directement à la création des grandes firmes étatsuniennes de haute technologies comme Raytheon (1922), Texas Instrument (1930), Hewlett-Packard (1939), Analog Devices (1965), Intel (1968), Qualcomm (1985), TSCM (1987), BlackRock (1988), Dropbox (2007)…

Cet établissement est très riche avec un budget annuel (« Operating Expenditures ») de 4,191 milliards de dollars, puissant et innovant. Il regroupe environ 1 000 enseignants et 11 500 étudiants, doctorants et docteurs ; les frais annuels de scolarité s’élevant en moyenne à 56 000 dollars. 44 % des diplômés qui y travaillent sont d’origine étrangères et viennent de 115 pays du monde, en particulier d’Asie et d’Europe. Nous sommes là au cœur du réacteur du hard et soft power étatsunien.

Traditionnellement orienté vers les sciences de l’ingénieur, il se diversifie progressivement vers la biologie, l’économie, la linguistique ou le management. Au cours de son histoire, il a produit 93 Prix Nobels, 25 lauréats des Turing Award et 8 Médailles Fields (« Prix Nobel » de mathématique). 34 astronautes et 16 « chefs scientifiques » de l’US Air Force en furent membres ; rappelant ainsi son rôle dans le développement du complexe militaro-industriel et spatial des Etats-Unis. Dans les années 1990, son laboratoire d’informatique fut à la pointe dans la création du web (World Wide Web) et de l’internet. Ses équipes y travaillent aujourd’hui sur toutes les recherches des domaines de pointe comme l’intelligence artificielle, les sciences cognitives, la biotechnologie, le génome ou le cancer ou les grands enjeux énergétiques.

Une ville dans la ville, un cluster de la biotechnologie (Biotech Cluster)

Dans la ville, le MIT s’est progressivement doté d’un très vaste campus couvant 68 ha., une emprise foncière et immobilière considérable. Ce vaste complexe technique intègre le siège et les fonctions administratives et financières, de très vastes laboratoires de recherche, les services de formations (cours, amphithéâtres), des bibliothèques et centres de documentation, des restaurants, des musées, des résidences, des commerces et des salles et équipements sportifs.

Dans les années 2000/2010, de vastes opérations immobilières ont permis d’étendre ses bâtiments vers le nord-ouest et vers l’est. A l’échelle locale, le MIT est le second employeur et verse 14 % des revenus fiscaux de la ville de Cambridge. Dans la ville, son campus apparait récent, compact et bien équipé. Si le Kilian Court et le Grand Dôme donnant sur la Charles River rappellent par leur architecture l’ancienneté de l’institution, la morphologie du quartier est très différente de celle d’Harvard avec des blocs modernes d’immeubles de 5 à 6 étages dans le West Campus, des tours parfois de 15 à 20 étages dans l’East Campus.

On y trouve des Départements et Instituts du MIT (Dept. of Biology, Brain and Cognitive Sciences Complex, Koch Institute, Biological Engineering...), des Instituts affiliés au MIT (Ragon Institute, Whitehead Institute, Broad Institute...) et une division commune au MIT et à Harvard (Harvard-MIT Division of Health Sciences and Technology). Le Mass Innovation Labs permet aux chercheurs d'accéder à un espace de laboratoires à la demande, et le Broad Institute du MIT et de Harvard, favorise la collaboration entre les chercheurs du MIT, de Harvard et des hôpitaux affiliés à Harvard pour faire progresser la biomédecine. A l’est, le quartier de Kendal Square qui correspond à l’East Campus est devenu dans la stratégie de marketing économique et territoriale du MIT le « Greater Kendall Square », parfois présenté par la presse économique comme «le mile carré le plus innovant de la planète».

On trouve en effet de nombreuses entreprises créées par essaimage ou par joint-ventures de chercheurs du MIT qui créent leur entreprise innovante (cf. processus de spin-off) : Biogen, Momenta, Genzyme, Epizyme... On trouve enfin de trés nombreuses entreprises étasuniennes ou étrangères qui s’implantent dans la périphérie : les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft), les grands mondiaux de la pharmacie (Pfizer, Novartis, Sanofi...)... En effet, de nombreuses firmes transnationales investissent dans le Grand Boston afin de se connecter aux ressources d’un écosystème de recherche de rang mondial, en particulier à proximité du MIT. Ainsi, dans les sciences de la vie, Servier, second laboratoire français, a inauguré dans l’oncologie fin juillet 2022 un nouveau centre de R&D – « Servier BioInnovation » - à Cambridge après avoir racheté l’Américain Agios Pharmaceuticals fin 2020 pour deux milliards de dollars.

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Repères géographiques
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Carte MIT réseaux de firmes

Sur la commune de Boston en rive droite de la Charles River s’étend le quartier de South End qui polarise lui aussi des dizaines d’autres institutions universitaires et de recherche : Northeastern University, Wentworth Institute, MFA School, Wheelock College, Emmanuel College… Sa spécificité est d’accueillir le pôle de Longwood – Longwood Medical and Academic Area - qui est un pôle médical de rang mondial.

Harvard y joue un rôle important avec la Harvard Medical School, la Harvard School of Dental Medicine (1867) et la Harvard T.H. Chan School of Public Health. Fondée dès 1782, la Harvard Medical School (HMS) est considérée comme l'une des plus prestigieuses universités spécialisées des États-Unis. Mais Harvard s’insèrre elle-même dans un vaste réseau constitué par un potentiel considérable dont l’intégration fonctionnelle est d’autant plus efficace que ces établissements sont proches : Beth Israel Deaconess Medical Center, Brigham and Women's Hospital, Boston Children's Hospital, Dana–Farber Cancer Institute, Massachusetts Mental Health Center, Massachusetts College of Pharmacy and Health Sciences…

L’influence de Boston dans le domaine de la santé et de la recherche en sciences de la vie se retrouve dans l’importance des subventions de financement de la recherche que la métropole reçoit des National Institutes of Health (NIH), du Département américain de la Santé et qui sont la plus grande source de financements publics de la recherche biomédicale du pays. En 2021, Boston avec 2,4 milliards de dollars de fonds se hisse au 2em rang juste derrière New York (2,9 milliards). Les plus grands hôpitaux de Boston - dont le Massachusetts General Hospital - hors image car situé au nord-est du CBD - et le Brigham et Women's Hospital - figurent parmi les 25 principaux bénéficiaires de financement des NIH aux États-Unis.

Image satellite de Boston
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La réhabilitation du Waterfront du Boston Main Channel

Cette image est centrée sur le large estuaire de la Charles River, le Boston Main Channel. Au-delà de l’emprise de l’aéroport international de Boston bien visible à l’est, on est frappé par l’importance des quais et des darses qui occupent l’essentiel de l’espace du waterfront. Elle rappelle la vigueur des traditions maritimes et l’importance des fonctions portuaires de la métropole, en lien avec l’Empire britannique puis après l’indépendance avec l’essor de l’économie des Etats-Unis. Après une longue crise économique, industrielle et urbaine, cet espace littoral a été profondément transformé en quelques décennies.

Avec le renouveau de Boston, l’arrivée de nouvelles couches salariées à hauts revenus, la forte demande immobilière en bureaux et laboratoires et des investissements publics et privés massifs, la ville a redécouvert et réinvesti son front de mer qui est devenu ainsi aujourd’hui un espace dynamique et attractif. Au plan résidentiel, on assiste à un complet renversement des logiques d’exurbanisation dans de lointaines banlieues pavillonnaires des catégories sociales aisées au profit d’un réinvestissement dans l’espace central de la ville et de la métropole. Aujourd’hui, ces espaces présentent des prix immobiliers très élevés (doc. 5).

Au sud, la zone du South Boston Waterfront – où se trouve justement le Boston Tea Party Ships and Museum - a été complétement transformée avec la création d’une promenade paysagère le long des rives, la multiplication des immeubles de bureau (nouveau Palais de Justice...) ou de résidences aisées, la création d’un centre d’exposition ou la création de l’Institute of Contemporary Art qui donne sur une petite marina. Le maintien d’un quai pour la criée rappelle cependant l’importance de la pêche.

Au centre et au nord, les mutations sont tout aussi spectaculaires. Sur Charlestown, une partie des surfaces a été transformée en fonctions récréatives et culturelles, avec par exemple le Boston National Historic Parc et l’USS Constitution. Mais le quartier des anciens Charlestown Naval Shipyard - chantier naval militaire et arsenal - a été bouleversé par la construction d’un vaste quartier résidentiel les pieds dans l’eau : Charlestown Marina. Au pied du CBD, le Nord End a été profondément remodelé par la création de parcs et d’espaces verts, la construction de résidences – ou condominium - de luxe sur les anciens quais (Battery Wharf, Union Wharf, Long Wharf...) et de zones de commerce et récréatives (aquariums...). Enfin, à l’ouest le quartier de Jeffries Point est en position intermédiaire ; car plus isolé du centre et accolé à l’aéroport international, il est moins attractif. Il est en fait coupé en deux : alors que l’est demeure dominé par les activités navales et industrielles, l’ouest connait quelques opérations immobilières bien repérables sur l’image par les grands bâtiments blancs.

Le Central Business District

Le centre historique de la ville se trouve sur la butte qui est enserrée à l’ouest par la Charles River et à l’ouest par le bras de mer. C’est là que se trouve aujourd’hui le quartier du commandement politique (JFK Federal Building, City Hall…) et des affaires (finance, banques, assurances, négoce) bien identifiable par ses hauts buildings (zoom 1). Par rapport à d’autres métropoles étatsuniennes, le quartier du CBD de Boston présente plusieurs spécificités : il est en contact direct au nord avec le Quincy Market et l’hôtel de ville, il est en surface relativement limité et il comporte un nombre de hauts buildings restreint. Pour autant, Boston est la 14em place financière mondiale et la 5em place étasunienne, derrière New York, Los Angeles, San Francisco et Chicago. On y trouve les sièges de grandes firmes comme le fameux BCG - Boston Consulting Group, le géant General Electric, Converse, Fidelity Investments ou Liberty Mutual.

Image satellite de Boston
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Cette image souligne les fractures socio-spatiales et fonctionnelles qui traversent et organisent la métropole de Boston. Au centre se déploie un vaste faisceau logistique avec les voies ferrées et la grande autoroute John F. Fitzgerald. Cet espace répulsif polarise d’importantes fonctions logistiques (entrepôts, zone logistique) et commerciales (grandes surfaces). Il sert de césure entre South End à l’ouest et South Boston à l’est.

Sur le littoral, South Boston est un espace privilégié malgré le port à conteneurs qui le borde au nord. Il bénéficie de la présence de Pleasure Bay et de plages de sable d’un côté, du Joe Moakley Park de l’autre. Très majoritairement blanche, la population résidente y bénéficie d’un revenu élevé. Dans l’intérieur, South End est une zone de contact entre des quartiers blancs et encore relativement aisés au nord et les quartiers noirs de Roxbury, Grove Hall, Mount Bowdoin et Dorchester au sud.

Image satellite de Boston
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Au nord-ouest, les rives de l’estuaire de la Mystic River et de la Chelsea Creek sont historiquement occupées par l’industrie. On y trouve encore d’importants dépôts pétroliers (Irving Oil, Gulf Oil...), des espaces logistiques ou industriels. La Mystic River sert de limite entre deux systèmes résidentiels (doc. 3) : au sud, Charlestown et Somerville sont à forte population blanche ; au nord Chelsea et Eagle Hill sont de peuplement très majoritairement latino-américain. Cet espace a connu cependant plusieurs opérations de réhabilitation urbaine sur Admirals Hill à l’est, Assembly Square à l’ouest.

Image satellite de Boston
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Images complémentaires

La Région Métropolitaine du Grand Boston

Couvrant 9.029 km2 et s’étendant sur les États fédérés du Massachusetts, du New Hampshire et du Rhode Island, l’aire métropolitaine du Grand Boston – ou Boston - Cambridge - Newton Metropolitan Area – est peuplée de 4,9 millions d’habitants, soit une densité de 543 hab./km2 selon l’U.S. Census Bureau.

Comme toutes les grandes aires métropolitaines étatsuniennes, elle connait un vaste processus d’étalement urbain (urban sprawl) en étant organisée en quatre sous-ensembles spatiaux. La zone centrale (Inner Core) densément peuplée et polarisant par ses fonctions, ses emplois, sa richesse et ses pouvoirs de décision toute la région. Des pôles urbains secondaires (Regional Urbain Center) qui servent de relais et de supports à l’organisation régionale. Enfin, de vastes espaces suburbains présentant deux trajectoires différentes, en étant soit stabilisés (Maturin Suburbs), soit encore en pleine croissance démographique et résidentielle. Il convient de noter le rôle joué dans cette organisation par l’autoroute A128 qui dès les décennies 1960/1970 polarisa les premiers transferts (laboratoires, usines...) des industries de pointe électroniques, informatiques et militaires alors en plein boom pour créer en quelque sorte un « corridor de l’innovation ».

Du fait de ses spécialisations sectorielles et fonctionnelles, le revenu moyen dans la Région Métropolitaine de Boston est supérieur de + 42 % au revenu national moyen et de 10 % supérieur au revenu moyen du Massachusetts. Le taux de pauvreté y est de 9,3 % de la population (Etats-Unis : 12,8 %). Les prix immobiliers et fonciers y sont aussi singulièrement plus élevés ; le double de la moyenne nationale et 17 % supérieurs à la moyenne du Massachussetts. La population y est particulièrement bien formée et qualifiée avec 27 % de Bachelor’s et surtout 24 % de Post-grad, soit 51 % de bachelor’s degree ou plus (Etats-Unis : 35 %, Massachusetts : 46,6 %). Avec 19,5 % de sa population née à l’étranger (Etats-Unis : 13,6 %, Massachus. : 17,6 %), la région est largement ouverte sur le monde migratoire ; dont 33 % d’Asiatiques, 38 % de Latino-Américains et 17 % d’Européens.

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La Grande Région de Boston : un haut lieu emblématique de l’histoire et de la mémoire d’un ancien Nouveau Monde

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Documents complémentaires

Bibliographie et sitologie

Documents complémentaires

Gérard Dorel : Atlas de l’empire américain, Autrement, 2006.
Laurent Carroué et Didier Collet : Les Amériques, Bréal, 2015.

Sites web :

Carte du campus d’Harvard University en ligne.

City of Boston. BostonMaps

Boston. Évolution de la population par origine (1940/2010)

Contributeur

Laurent Carroué, Inspecteur général de l’Education nationale