Le nord-est de La Réunion : un espace cannier en phase de périurbanisation

Par son apparente ruralité, la façade orientale de l’île de La Réunion offre au premier abord un contraste saisissant par rapport à la face occidentale, à seulement 60 km de distance. Cependant le développement insulaire récent tend à estomper ce qui faisait toute la singularité de ce paysage et du mode de vie de ses habitants. Cela est particulièrement visible à St André, plus proche de St Denis, où la canne à sucre, monoculture historique, subit les assauts de l’explosion urbaine. L’image court de Ste Marie (vue partielle au nord-ouest), englobée dans l’aire urbaine de St Denis) à Bras-Panon (au sud-est), qui fait partie, avec St André, principale agglomération visible, de la CIREST.

 

Légende de l’image

Ce cliché a été pris par le satellite Pléiade en janvier 2018. La résolution de l’image est de 0.70 m par pixel, ramenée après ré-échantillonnage à 0.50 m. Le cliché est en couleurs naturelles et recouvre un territoire de 12.5 km sur 6.75 km de côté. Le Nord géographique est dans le prolongement de la diagonale qui part du coin inférieur droit de l’image pour aller vers le coin supérieur gauche.

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Présentation de l’image globale

Le nord-est de La Réunion : un espace cannier en phase de périurbanisation 

Un milieu tropical humide encore marqué par la culture de la canne à sucre

Ce qui domine dans le paysage de cette partie de l’île exposée aux alizés, où la moyenne des précipitations annuelles dépasse les 1500 mm, c’est d’abord le vert. Vert tendre de la canne à sucre, qui a conquis depuis le début du XIX° siècle les plaines alluviales connexes des nombreuses « rivières » et les premières pentes. Au temps de Bourbon, c’était le « Beau pays », fournissant en abondance les vivres pour la Compagnie française des Indes orientales. Vert plus prononcé des forêts humides (« bois de couleurs » endémiques plus ou moins envahies par des espèces exogènes), survivant le long des ravines ou reléguées au-delà de 400 mètres d’altitude et désormais sous la protection du Parc national qui administre depuis 2007 les Hauts de l’île (40 % de la surface). 

Si l’on retrouve comme dans le reste de l’île l’opposition entre les Hauts, déserts humains, et les Bas concentrant l’essentiel de la population, les habitants de l’Est occupent de façon discontinue et plutôt en retrait le littoral. Sur cette côte accore, alternant minces estrans de galets et basses falaises de basalte, point d’activité balnéaire ou portuaire. Le projet d’un pôle industriel portuaire attenant à l’usine de Bois Rouge est évoqué (cf.  zoom1).

Un territoire en pleine mutation : une forte croissance démographique

Avec 124652 habitants recensés en 2016 (soit 14 % de la population réunionnaise sur 29% de l’île), la microrégion Est correspond au territoire de la communauté d’agglomération CIREST, la Communauté Intercommunale de l'Est qui comprend six communes : Bras-Panon, La Plaine des Palmistes, Saint-André, Saint-Benoît, Sainte-Rose et Salazie.

Cette micro-région reste la moins peuplée de La Réunion. Cependant, sous l’effet d’un solde naturel important et l’influence de l’aire urbaine de Saint Denis, avivée depuis la jonction par une deux fois deux voies au milieu des années 1990, la croissance démographique de la façade nord-est est devenue la plus forte de La Réunion (+ 2% / an dans les années 1990 et 2000, + 0,7% par an depuis 2011).

A 25 km et 35 km de St Denis, St André et Bras-Panon ont vu leur population doubler en une trentaine d’années. Forte de 57 000 habitants, St André est devenue la cinquième aire urbaine de La Réunion. Elle s’impose comme la capitale économique de la microrégion Est (42% des emplois), dont l’usine sucrière de Bois Rouge reste le fleuron industriel.

La forte poussée de la périurbanisation et enjeux d’aménagement

Cette dynamique a accentué le phénomène de périurbanisation, mis en évidence sur l’image satellite.  A partir des vieux centres, mais aussi des nombreux écarts, l’essaimage pavillonnaire (la « kaz a ter ») a grignoté, comme partout ailleurs, la surface agricole utile, et notamment les champs de canne. La pression est particulièrement élevée sur la commune de St André dont la densité atteint 1 100 habitants au km2. 

Face à ce constat, la densification de l’habitat par la construction d’immeubles à loyers modérés a été entreprise. Mais en concentrant des populations pauvres, cette politique de la ville a engendré d’autres problèmes sociaux-spatiaux.  

A l’échelle de la CIREST, le projet de « route des Hauts de l’Est » (vers 300-400m), inscrit au Schéma d’aménagement régional en 1992, ressurgit. Il permettrait à la fois de désenclaver les Hauts, de désengorger la deux fois deux voies embouteillée matin et soir, d’installer de nouveaux bourgs, et de favoriser l’exploitation de terres en friches. C’est en fait la reprise du chantier réalisé par tronçons autour de l’île par le gouverneur Hubert Delisle au milieu du XIX° siècle. 

Focalisé sur le maintien de la monoculture de la canne à sucre, l’Est n’a pas bénéficié comme les autres microrégions de grands chantiers permis par la manne européenne depuis 25 ans : piste longue de Gillot, aéroport de Pierrefonds, route des Tamarins, nouvelle route du littoral... Il a même subi le basculement de ses eaux pour irriguer les pentes de l’Ouest, « chantier du siècle » opéré par le département... Cette mise à l’écart des grands projets de développement a pu contribuer à la dépendance accrue vis a vis de la capitale dionysienne.  Zone de report résidentiel plus que d’activités, la microrégion Est ne fournit que 9% des emplois réunionnais et compte 38% de chômeurs ; le taux de pauvreté est ici plus élevé qu’ailleurs (47% en 2017 contre 40 % pour La Réunion). Dans le cadre de la réforme de la politique de la ville, 6 quartiers prioritaires -sur 48 à La Réunion- ont été définis à Ste Suzanne et St André et concernent environ 15000 habitants. 

Un atout et un espoir : par rapport au bassin nord, la relative disposition de foncier permet ici de proposer des zones d’activités économiques, en plein essor (123 ha en 2017) ; l’emploi local devrait aussi profiter à terme de la création de la plus grande zone franche urbaine de France (3000 ha répartis sur St André, Bras-Panon et St Benoît). 

 

Document supplémentaire 1 : Croquis du nord-est de la Réunion

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Zooms d’étude

 



Bois Rouge, un des deux derniers fleurons de l’industrie sucrière à La Réunion.

Le système productif de la canne à sucre marque l’Est de La Réunion depuis deux siècles. Encore fortement présente dans le paysage, la canne peut-elle cependant encore incarner l’avenir de ce territoire ?

Un site historique fondé en 1817

L’usine sucrière de Bois Rouge est installée sur le site originel, fondé en 1817 par la famille Bellier-Montrose.Quelques aspects de l’économie de plantation et du domaine (« l’habitation ») demeurent perceptibles sur l’image satellite.  L’usine, adossée à l’océan, fait face aux champs de cannes qui recouvraient l’essentiel de la riche plaine alluviale littorale. La maison d’Adrien Bellier, avec son bassin, continue à surveiller l’ensemble. 300 esclaves puis, après l’abolition de 1848, autant d’engagés (jusque dans l’entre deux guerres) étaient employés dans les champs ou à l’usine.  Les paillotes ou les longères (« calbanons ») qui logeaient cette main d’œuvre et leurs familles ont disparu sous l’emplacement de l’actuelle centrale thermique. 

Le temple tamoul de Bois Rouge, dédié à la déesse Karli, rappelle l’importance de l’immigration indienne à La Réunion, qui succède à la traite esclavagiste et culmine entre 1861 et 1882 (80 000  arrivées). Le temple visible sur l’image est récent (1990), mais le petit temple d’usine d’origine, datant de 1870, demeure dans l’enceinte de la centrale thermique.  La production de sucre, d’abord exportée par mer avec la construction d’une jetée (« marine ») est envoyée  par rail au Port après l’avènement du chemin de fer en 1882.

En 1979, Bois Rouge devient une entité industrielle, détachée du domaine cannier. Sur le site s’implante en 1992 une centrale thermique, filiale d’Albioma. Grâce à un process permettant aux chaudières d’utiliser charbon et bagasse (résidu fibreux de la canne), un partenariat permet de garantir l’apport d’énergie réciproque entre la centrale et l’usine. La centrale fournit près d’un cinquième du courant électrique de La Réunion. 

En 1992 également, la sucrerie de Bois Rouge retrouve son activité première de « guildiverie », avec le transfert de la distillerie de Savanna (St Paul) sur le site industriel.  Jus de canne (le vesou) et mélasse (sirop) constituent les bases des rhums agricoles ou traditionnels.

La sucrerie de Bois Rouge confrontée aux défis de la croissance démographique de La Réunion et d’une économie mondialisée 

En 1995, la fermeture de l’usine de Beaufonds à St Benoît fait de Bois Rouge l’une des deux dernières usines sucrières de La Réunion, avec sa sœur jumelle du Gol à St Louis.  Toutes deux sont désormais filiales du groupe sucrier international d’origine française Tereos, deuxième producteur mondial de sucre.  

Avec seulement 730 000 tonnes de cannes broyées en 2018, année marquée par la tempête Fakir en avril, et les mouvements sociaux en juin et novembre, la production de sucre à Bois Rouge ne devrait pas excéder les 80 000 tonnes (idem au Gol).  

De fait, la survie de l’activité sucrière de La Réunion dépend de facteurs externes et internes :

En terme de production, il faut constater le poids négligeable de La Réunion au niveau européen et mondial. La canne est tributaire de l’organisation commune du marché du sucre (OCM sucre) qui est intégrée depuis 2006 dans la politique agricole commune de l’Union européenne. Les quotas réservés à La Réunion (2,5 millions de tonnes et 275 000 t. de sucre subventionnés) n’ont jamais été atteints et vont être renégociés à la baisse.

La poursuite de l’activité cannière dépend aussi du maintien d’une surface cannière suffisante pour garantir un niveau de production viable.  La canne recouvrait en 1989 33 000 ha, chutant à 26 000 ha en 1995. L’irrigation dans l’Ouest, la mise au point de nouvelles cannes hybrides et la mécanisation ont permis de maintenir un même niveau de production, avec deux fois moins de planteurs. 

L’adoption du Schéma d’aménagement régional (SAR) en 1992 semble contenir vers 24 500 ha le seuil en dessous duquel l’ensemble de la filière canne serait menacé de disparition.  En 2017, la tache urbaine à La Réunion dépasse désormais largement, avec 30 000 ha, l’ensemble des champs de cannes. 

L’avenir de Bois Rouge et de la canne à sucre s’inscrivent dans l’innovation et  leur participation au développement durable de La Réunion

Avec 18 000 emplois plus ou moins directement induits (dont 2 500 planteurs), la canne à sucre représente 13 % des emplois du secteur privé.  Elle constitue, par sa résistance aux cyclones et sa protection des sols, une nécessaire culture d’appoint pour les petits planteurs. De fait, sur les plans économique, social ou culturel, peut-on imaginer La Réunion sans elle ? 

Pour survivre, la filière canne possède quelques atouts qu’il convient de conforter. La Réunion dispose d’un savoir-faire incontestable. La valorisation de la canne est confiée depuis 1929 à un Centre d’Essai, de Recherche et de Formation (CERF) réputé mondialement. Devenu eRcane en 2009, le laboratoire a progressivement étendu ses compétences agronomiques (hybrides à haut rendement) au domaine industriel (sucres spéciaux à haute valeur ajoutée). 

C’est à Bois Rouge en 1992 qu’a été mise au point la chaudière mixte charbon-bagasse. Cela a permis à la canne de devenir la deuxième source d’énergie renouvelable de l’île (10 % de l’électricité produite). Le bioéthanol et l’utilisation des molécules de la canne par la chimie verte sont aussi des pistes explorées.  

Les projets de création d’une zone industrielle portuaire à Bois Rouge et d’une route des Hauts de l’Est veulent s’inscrire dans la volonté de pérenniser l’activité sucrière. La Réunion dispose t-elle cependant encore de moyens pour réaliser ces chantiers, qui n’ont pas été jugés prioritaires dans les SAR de 1995 et 2011 ? 

 

 

Document supplémentaire 2 : croquis de Bois-Rouge

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Le centre-ville de St André, un quartier en voie de rénovation

Saint-André : le premier pôle urbain de l’Est de l’île

Bourg rural édifié au début du XVIIlem siècle le long de la voie royale (les avenues de Bourbon et de l’Ile de France en empruntent le tracé), au cœur des plantations de cannes à sucre dans le nord est de La Réunion, St André a connu un fort essor démographique depuis les années 1960. C’est aujourd’hui le premier pôle urbain de l’Est avec 56 000 habitants, accueillant une population plus jeune et plus pauvre que la moyenne régionale. La croissance urbaine qui résulte des cinquante ans écoulés présente un double aspect.

Premièrement, des zones d’aménagements concertés anciens (quartiers de la Cressonnière et de Mille Roches, au sud, avec beaucoup de petits logements sociaux) ou plus récents avec des ensembles d’immeubles en majorité HLM (à partir des années 1990 : densification et redéfinition du centre ville (PAE 2000), ZAC Fayard au nord, et de la Porte des Salazes au sud). 

Deuxièmement, une forte périurbanisation sous la forme de lotissements individuels qui a couru le long des chemins d’exploitation canniers, à l’assaut notamment de la plaine agricole orientale en direction de l’océan : l’Etang, Chemin Lagourgue, Bras des Chevrettes, rivière du Mat les Bas...

Au début des années 1990, la construction de la 2*2 voies (nouvelle RN2) reliant St Denis (à 25 km) à St Benoît (15 km) a désengorgé le trafic routier qui asphyxiait le centre ville mais a renforcé la dépendance de St André vis à vis du chef lieu. Cette autoroute urbaine a aussi créé une cassure entre le centre-ville et les quartiers périphériques orientaux. 

De fait, ces recompositions urbaines successives mais non concertées ont fait du centre-ville de St André un ensemble hétéroclite, une somme d’espaces mal connectés entre eux et avec le reste de l’agglomération. 

Redéfinir le cœur de ville : un chantier aidé par l’Etat pour la décennie 2020

Ce constat, appuyé sur la pauvreté des populations (47 % en dessous du seuil) qui y vivent et de médiocres conditions de logements, a valu au centre ville de St André de bénéficier du nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) qui court jusqu’en 2028. Cinq autres communes de La Réunion : Saint-Denis, Saint-Benoît, Le Port, Saint-Louis et Saint-Pierre sont également concernées par ce programme octroyant 5 milliards d’Euros d’aides (pour 200 quartiers reconnus prioritaires en France). 

Le projet « centre-ville » de St André concerne près de 10 000 habitants, soit environ 18 % de la population communale. L'enjeu réside dans le rattachement de ce quartier au centre-ville historique afin de requalifier le centre-ville économique et d'apporter une cohérence et une dynamique nouvelle. Le renouvellement du centre repose sur cinq piliers 

- La valorisation des espaces publics, notamment le cœur historique à l’abandon, et la création de parcs et places, ainsi qu’un mail
- Retrouver une attractivité économique et commerciale ; rôle du mail marchand.
- Renforcer les équipements collectifs culturels, sportifs
- Assurer une plus grande mixité sociale et intergénérationnelle dans un centre habité réhabilité
- Reconnecter par différents réseaux les lieux centraux (centre historique et commercial par exemple) et leur périphérie.

 

 

Document supplémentaire 3 - Saint-André : un centre-ville en voie de rénovation

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Bel Air, au cœur des enjeux du développement durable à La Réunion

Un centre d’enfouissement technique saturé, une aire de valorisation des déchets annoncée, une station d’épuration neuve, une ferme solaire et du biogaz (voir l’image annotée) : le site de Bel Air à Ste Suzanne résume une partie des défis posés que La Réunion tente de relever pour assurer un développement soutenable.

Le défi des déchets 

4,5 M de tonnes de déchets sont générées chaque année à La Réunion, parmi lesquelles 522 000 tonnes de déchets ménagers et assimilés (DMA), soit 618 kg par habitant. Si l’on prend en considération la part importante des déchets verts (150 kg / hab / an), la moyenne  de DMA est comparable à celle de la métropole. 

Sans évoquer le millier de décharges sauvages qui défigurent l’île, 2/3 des ordures ménagères et des déchets d’activité économique, hors BTP, sont enfouis dans les deux centres d’enfouissement techniques (CET) de l’île. Celui de la Rivière St Etienne (entre St Louis et St Pierre), absorbe les déchets des 16 communes de l’Ouest et du Sud de l’île, soit environ 60 % du total. Le site de Bel Air reçoit les 40% restants, correspondant aux communes de l’Est et du Nord. Ouverts dans les années 1990, cela fait une décennie que ces CET sont déclarés saturés ! L’image de Bel Air montre la constitution de casiers, dont les anciens, comblés, sont paysagés ; ceux qui sont actifs sont soit bâchés (vert vif) soit recouverts de terre.  

Initialement à la charge du département, la gestion globale des déchets relève depuis la loi NOTRe (2015) de la compétence de la Région. Les relais locaux demeurent les EPCI, regroupés en deux syndicats de traitement des déchets :
• un Syndicat mixte de traitement des déchets du nord et de l’est (Sydne) avec la Cinor et la Cirest ;
• l’autre pour l’ouest et le sud du département (Ileva) avec le CA Sud, la Civis et  le TCO. 

Face à l’urgence de la situation et pour mettre en œuvre la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, un plan régional de prévention et de gestion des déchets doit être rapidement adopté. Il prône une réduction drastique des déchets, en valorisant ceux-ci dans le cadre d’une économie circulaire favorisant au maximum le recyclage. Trois options, qui peuvent se combiner, sont envisagées : l’incinération avec valorisation énergétique, la gazéification et la valorisation énergétique de combustibles solides de récupération. 

A cet égard, le site de Bel Air reste opérationnel : il produit déjà du gaz issu de la méthanisation de la montagne de déchets ; un centre de valorisation multi-filières, fruit d’un partenariat entre INOVEST (Suez) et le SYDNE devrait fonctionner d’ici 2020, pour diminuer de 70 % la masse des déchets jusqu’alors enfouis. Une trentaine d’emplois sont envisagés à terme.  La récupération de combustibles solides pourrait alimenter la centrale thermique proche de Bois-Rouge, qui fournit 1/5° de l’énergie électrique de l’île. ALBIOMA travaille à la mise au point d’un process charbon-bagasse-déchets combustibles. 

Ce projet de ré-activation du site se heurte cependant à l’hostilité d’une association de riverains (« Respire Bel-Air »), subissant depuis 20 ans les odeurs de la décharge. 

Le défi de l’autonomie énergétique

L’idée, lancée à l’issue du Grenelle de l’Environnement en 2007, d’atteindre l’autonomie énergétique en 2030, a fait long feu. Le programme GERRI (pour Green Energy Revolution Reunion Island) qui devait accompagner le projet a laissé la place à d’autres priorités, dont la Nouvelle Route Littorale (NRL).  

De fait, les énergies renouvelables (ENR), seules locales, ne représentent que 4/10° de la production électrique. L’hydroélectricité (barrages de Takamaka et conduite forcée de la rivière de l’Est) fournit 17%, la bagasse et le solaire 10% chacun, l’éolien et le biogaz environ 2%.  L’image de Bel Air montre quelques unes de ces ENR en oeuvre : les champs de canne dont les résidus fibreux (la bagasse) alimente le temps de la coupe la centrale thermique de Bois Rouge. Les turbines à gaz, issu de la méthanisation des déchets du CET. Une ferme solaire d’une puissance de 6,6 MW qui s’est posée sur les casiers remplis du CET. Si on ajoute les éoliennes installées un km plus haut à La Perrière (10MW), Ste Suzanne s’enorgueillit d’être devenue une ville à « énergie positive ».    

Le défi des eaux usées

Les ravines ont la triste réputation à La Réunion de servir d’exutoires, les cyclones se chargeant d’un récurage saisonnier. Le (non-)traitement des eaux usées a subi jusqu’à récemment la même négligence. Ainsi, en 2008, seules les communes de l’Entre-deux, Cilaos et Bras-Panon répondaient aux normes en vigueur ; à l’époque du Grenelle de l’Environnement, huit maires avaient même été mis en examen pour « pollution » !

La station d’épuration (STEP) des Trois Frères, sur la partie droite de l’image, témoigne d’une normalisation accomplie. Mise en service en 2013, elle remplace la STEP saturée de La Marine, et devrait suffire, pour les 20 ans de concession accordés à la Cise, à faire face aux effluents de plus de 30 000 habitants. Elle s’inscrit dans le vaste programme d’assainissement, entrepris par la CINOR avec la STEP du Grand Prado inaugurée quelques mois plus tôt, qui recueille les eaux usées des 180 000 habitants de St Denis et Ste Marie. Les travaux ont été financés pour 40 % par le Fonds européen de développement régional (FEDER). Véolia en est l’exploitant jusqu’en 2030.

 

 

Document supplémentaire 4  : site de Bel Air - Sinte Suzanne

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D’autres ressources

Laurent Carroué : la France – les mutations des systèmes productifs, Armand Colin, Coll. U, Paris, 2013.

Bernard Leveneur : Bois Rouge, une sucrerie réunionnaise, Sucrerie de Bois Rouge, 2006

Jean-Michel JAUZE : dynamiques urbaines au sein d’une économie sucrière : la région Est / Nord-Est de La Réunion, Paris : l'Harmattan ; Saint-Denis : Université de la Réunion, 1997

Publications et sites de : l’INSEE (tableaux de l’économie réunionnaise) / DAAF  et chambre d’agriculture / l’Agorah / la Région Réunion (le SAR) / la CIREST (atlas du foncier économique) / la commune de St André (NPNRU 2016) / Tereos / ministère de la Transition écologique et solidaire - rapport de juillet 2018 sur la gestion des déchets sur l’île de La Réunion.

Contributeur

Jean-Paul Benteux, IA-IPR d’Histoire et Géographie honoraire, Académie de La Réunion