L’extension urbaine de Montpellier

 

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Image de Montpellier, ville du sud de la France située sur l'arc méditerranéen, entre Barcelone et Marseille. Cette image a été prise le 15 août 2018 par un satellite Sentinel 2. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles, dont la  résolution est de 20m.

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Présentation de l'image globale

L’aire urbaine montpelliéraine

Montpellier est une métropole française située dans le département de l’Hérault, dans la région Occitanie. Elle était, jusqu’à la réforme des régions portée par la loi NOTRe, la capitale du Languedoc-Roussillon. Elle compte aujourd’hui parmi les plus grandes aires urbaines françaises. Montpellier fait partie des aires métropolitaines françaises selon le classement de l’INSEE car elle compte plus de 500 000 habitants et concentre une part importante d’emplois de cadres des fonctions métropolitaines (11% de l’emploi total).
Au sein de cette aire métropolitaine, la ville-centre de Montpellier connait une croissance importante. Elle compte 277 639 habitants en 2015 avec une augmentation annuelle de plus de 1% depuis le début des années 2000. Située à une dizaine de kilomètres du littoral méditerranéen, forte de ses universités et de son dynamisme en terme d’emplois dans l’économie présentielle notamment, elle bénéficie d’une image attractive pour une population étudiante ou de jeunes travailleurs : plus de 30% de la population a entre 15 et 30 ans.
Une extension urbaine progressive

La ville de Montpellier est fondée à la fin du Xeme siècle et devient rapidement un lieu de contact des civilisations chrétiennes, juives et musulmanes. Les échanges de savoir, notamment autour de la médecine, puis du droit, fondent la vocation universitaire de la ville. La faculté de médecine y est la plus ancienne en activité encore aujourd’hui (1289, création officielle). Située dans le cœur historique de la ville, elle est complétée en 1593 par le jardin des plantes, accolé à la partie médiévale, au nord.

En effet, c’est au XVIeme siècle que Montpellier connait une véritable extension et que les faubourgs sont inclus dans la ville. Aujourd’hui il ne subsiste plus des remparts médiévaux que deux tours, une porte et la forme du centre-ville, baptisé « écusson ». C’est à cette époque que l’évêché est transféré de Maguelone, sur le littoral, à Montpellier, dans l’église St Pierre qui devient cathédrale.

La ville se développe à l’époque moderne avec la construction de l’arc de triomphe et de l’esplanade, toujours au nord de l’écusson. Au XIXeme siècle, les travaux d’Haussmann inspirent la percée de grandes avenues dans l’écusson, ainsi que la création de la place de la comédie, reconnaissable à sa forme ovoïde, aujourd’hui encore l’image la plus connue de la ville.


Zooms d'étude



Du Polygone à Odysseum : l’ambition métropolitaine

Elever la ville dans la hiérarchie urbaine régionale

L’urbanisme de la ville reprend à partir de 1977 avec l’arrivée à la mairie de Georges Frêche, instigateur d’un dynamisme urbain basé sur une politique de projets, destinée à donner à la ville une envergure nationale. En effet, si elle se présente comme capitale régionale, rien ne distingue à ce moment la ville de Montpellier de ses voisines Nîmes ou Béziers.

C’est la création du polygone en 1975, espace commercial  de 14 ha situé au sud-est de l’écusson, qui permet le franchissement de la voie ferrée et forme une continuité avec la place de la Comédie. La ville peut ainsi s’étendre vers le Lez, avec la mise en place d’un deuxième projet : le quartier Antigone.
Œuvre de l’architecte catalan Ricardo Bofill, sa construction commence à partir du début des années 1980. Dans le style néoclassique postmoderne, il se traduit dans l’espace par une succession de places sur un axe reliant Polygone au Lez, places autours desquelles sont positionnés des immeubles de bureaux ou d’habitations. Le Lez est franchi par le quartier, qui s’ouvre grâce à l’amphithéâtre de l’esplanade de l’Europe sur l’hôtel de Région, situé sur l’autre berge. Le projet est imposant, il couvre 40 ha.

Créer de nouvelles centralités

Enfin, dans le prolongement de l’hôtel de région est inauguré, à partir du début des années 2000, un complexe ludique et commercial, Odysseum. Regroupant une patinoire, un aquarium, un multiplexe et un centre commercial entre autres équipements, le quartier, qui couvre 43ha, s’entoure peu à peu de sièges d’entreprises. Il constitue aujourd’hui l’extrémité sud-est de la ville-centre et constitue une centralité périphérique de poids, renforcée par la proximité de l’aéroport de Fréjorgues et de l’A9. L’inauguration en 2018 de la gare TGV Montpellier-Sud de France, à 1km seulement, vient parachever l’accessibilité de ce nouveau pôle.

Ces trois projets successifs, bien que différents dans la forme aussi bien que dans l’intention dont ils procèdent, forment un continuum visible sur l’image satellite. Ce continuum contribue à donner à Montpellier les attributs d’une métropole de rang national. Il est renforcé dès le début des années 2000 par la première ligne de tramway qui relie le centre historique à Odysseum, en passant par le polygone et Antigone.

 



Le quartier de la Mosson : réhabiliter, intégrer

Créer une « ville nouvelle »

Situé au nord-ouest de Montpellier, le quartier de la Mosson est composé de deux quartiers : les Hauts de Massane au nord et la Paillade au sud. Construit dans les années 1960, ce nouveau quartier classé  Zone à Urbaniser en Priorité (ZUP) est construit sur des vignobles et de la garrigue.

Il a vocation à accueillir rapidement des populations modestes et/ou en provenance d’Algérie, dans de grands ensembles. 9500 logements sont prévus sur une surface de 260 hectares. Le projet est de bâtir une cité nouvelle, harmonieuse, tournée vers la nature, en mettant en avant le caractère méditerranéen du site.

Mais les dysfonctionnements se font rapidement sentir : isolement, manque de commerces et d’équipements publics, peu d’emplois et de connexion aux réseaux de transports.  L’image associée au quartier est négative et le restera malgré la construction de logements individuels, conçus pour amener davantage de mixité sociale. Ces quartiers sont visibles au nord, autour du lac de la Paillade, c’est le quartier des Hauts de Massane. Dans les années 1990, le quartier est davantage paupérisé par la fuite des habitants les plus aisés dans les villages périurbains proches, comme Grabels ou Juvignac.

Aujourd’hui, le quartier de la Paillade est classé Zone Urbaine Sensible (ZUS) et Zone de Redynamisation Urbaine (ZRU).

Lutter contre la fragmentation urbaine en réhabilitant le quartier

Plusieurs tentatives ont été mises en œuvre par la ville pour lutter contre la fragmentation urbaine : en 1998, une réhabilitation « par cage d’escalier », c’est-à-dire en étroite concertation avec les locataires des immeubles pour aboutir à un projet de rénovation individualisé, est mis en place. L’objectif est de casser le côté uniforme des ensembles en créant des ilots d’habitations, plus faciles à habiter, au sens géographique du terme. Le quartier change de nom pour devenir « la Mosson » et laisser derrière lui l’image négative qui lui colle à la peau. Cette réhabilitation est une réussite dans le sens où la concertation permet une réelle appropriation des lieux par les habitants, se traduisant par exemple par des dégradations moindres et un taux de rotation des locataires plus faible. Cependant, cette réussite est limitée par des budgets trop faibles qui ne permettent pas un travail suffisant sur les espaces collectifs.
A partir de 2004, une deuxième tentative de réhabilitation est lancée, dont l’objectif est de créer davantage de cohérence dans la forme urbaine du quartier. Cependant, les habitants sont exclus de la phase de conception du projet et ne s’approprient pas les lieux ainsi rénovés.

Aujourd’hui, de nouveaux aménagements impulsés par les acteurs publics et privés

Aujourd’hui, on constate sur l’image satellite que le quartier Mosson a bénéficié d’aménagements qui le rattachent au reste de la ville de Montpellier :
En 2001, la première ligne du tramway, « Mosson-Odysseum », le traverse et le lie au centre. Situé au sud, le parking de 450 places du terminus de cette ligne fait du quartier une porte d’entrée pour les navetteurs de l’ouest de Montpellier.

En 2011 est inauguré, au sud-est de la Mosson, le domaine départemental Pierrevives, dont le cœur est l’immense bâtiment conçu par Zaha Hadid pour abriter les archives départementales de l’Hérault, ainsi qu’une bibliothèque et une salle de conférences et d’expositions. Le domaine est aussi le siège de la maison départementale des sports Nelson Mandela. Dans le prolongement sud, longeant l’avenue Pablo Neruda, le parc d’activités Parc 2000 regroupe sur 24 hectares des centaines d’entreprises attirées par son statut de Zone Franche Urbaine. La région y a implanté une pépinière d’entreprises (Réalis) tournée vers l’économie sociale et solidaire. Ce pôle économique, social et culturel est clairement identifié comme appartenant au quartier Mosson, accessible à pied à ses habitants. Des événements culturels gratuits à destination de publics d’âge variés (séances de cinéma, cours de français langue étrangère, ateliers jeux vidéos…) attirent chaque semaine les locaux comme des populations venant de tout le département.


 

 



Saint-Martin-de-Londres : un village périurbain

Un village médiéval qui connait un renouveau

Le village de Saint-Martin-De-Londres s’est développé autour de son centre médiéval dont subsiste une église du XIIIeme siècle entourée de maisons de village groupées. Les vestiges du rempart forment un centre en écusson et la tour qui subsiste donne du caractère à la place principale du village, aujourd’hui encore lieu de rassemblement des habitants, notamment le jour du marché.

Localisé au cœur des vignes, le village s’est tourné vers la viticulture au XIXeme et XXeme siècles, ce dont témoignent les maisons vigneronnes qui bordent la rue principale. Le vignoble est classé  Indication Géographique Protégée (IGP) pays d’Hérault et pays d’Oc.

La population est de 710 habitants en 1968 et connait une forte augmentation à partir des années 1980, dynamisée par l’implantation d’une biscotterie en 1973 dont le grand bâtiment au toit blanc est visible au sud-ouest. En 2015, la population s’élève à 2685 habitants, dont 55% a moins de 45 ans.

Le village connait une extension de la surface bâtie depuis les années 1970 avec la création de plusieurs lotissements visibles par exemple au sud et à l’ouest du centre médiéval, caractérisés par des jardins privatifs et des terrains arborés de tailles variées. L’emprise du bâti s’accélère depuis les années 2000 et de nouveaux lotissements sont créés, par exemple au nord du village. Les terrains y sont de surface plus réduite et pour l’instant non couverts de végétation. Certains terrains n’ont pas encore trouvé preneur.

Un village périurbain

Plusieurs facteurs expliquent la croissance de ce village périurbain : la proximité de la ville de Montpellier (23 km au sud), les aménités paysagères et de loisir ainsi que les prix du foncier plus attractifs que dans la ville-centre, ont favorisé l’installation de navetteurs. La  proximité de la D986 qui relie la métropole régionale à la ville de Ganges, au pied des Cévennes permet la liaison rapide entre les différentes parties de l’aire urbaine.

Les jardins de grande taille et souvent pourvus de piscine témoignent de la qualité de vie que recherchent les navetteurs. Cependant, en comparant les premières extensions du bâti avec les derniers lotissements construits, on constate un rétrécissement des terrains avec le temps. Le prix du foncier est en effet de plus en plus élevé, ce qui s’explique par l’attractivité montpelliéraine.

Des conséquences environnementales

Il résulte de cette extension urbaine un mitage des vignes, notamment visible au nord avec la construction en 2013 d’une nouvelle école maternelle sur d’anciennes terres agricoles, pour accueillir les enfants d’une population rajeunie par les nouveaux habitants. Ce mitage est appelé à s’accentuer car plusieurs projets immobiliers d’ampleur sont en cours, menés par des acteurs publics (la mairie a lancé la conception d’une nouvelle halle des sports entre l’école et la D986) ou privés (notamment des lotisseurs).
Une autre conséquence de l’extension du bâti est visible aujourd’hui : la localisation de certaines infrastructures publiques (école primaire) ou privées sont situées en zone inondable, le Rieutord, ruisseau qui traverse du sud au nord le village, étant sujet à des crues brutales. Ces crues et les dommages matériels qu’elles causent sont accentués par l’imperméabilisation des berges bétonnées.

 

Ressources complémentaires

VOLLE Jean-Paul(dir), Montpellier, la ville inventée, éditions parenthèses, Marseille, 2010.
DUMONT Gérard-François, La France en villes, Sedes/Cned, Paris, 2010.
Site de l’INSEE

Traduction

Traduction en Espagnol

Contributeur

Nathalie Soulas, professeure agrégée d'histoire et géographie au collège Louise Michel de Ganges.