Mercure photographiée par la sonde américaine Messenger en 2011.
Mercure photographiée par la sonde américaine Messenger en 2011. © NASA/JHU Applied Physics Lab/Carnegie Inst. Washington

La planète Mercure

Mercure est la plus petite planète du Système solaire et la plus proche de notre étoile autour de laquelle elle tourne à toute vitesse. Cette proximité fait régner une température extrême à sa surface… et complique son exploration. 

Chiffres clés

Distance au Soleil 46 à 70 millions de km (0,31 à 0,47 UA)
Volume 6,083 X 1010 km3 (soit 0,056 fois la Terre)
Masse3,3 × 1023 kg (18 fois moins que la Terre)
Diamètre4 879 km (environ 3 fois plus petite que la Terre)
Gravité38 % de celle de la Terre
Inclinaison de l’axe de rotation 0,01°
Durée de révolution 88 jours terrestres
Durée de rotation 58,6 jours terrestres
Température-180 °C à +430 °C (+67 °C en moyenne à l’équateur)
Nombre de lunes connues0

Mercure, une tellurique toute cabossée

Mercure est une planète tellurique, c’est-à-dire faite de roches, comme ses voisines Vénus, Mars et la Terre. Mais elle présente la particularité d’avoir un noyau surdéveloppé et d’être essentiellement composée de fer. 

  • Un gros cœur sous une couche de roc

Sa croûte rocheuse n’est pas très épaisse, une dizaine de km seulement. En dessous se trouve un manteau de roches semi-fondues composé principalement de fer, de soufre et de silicate, qui s’entend sur environ 600 km. C’est son cœur qui prend toute la place ! Ce noyau métallique, vraisemblablement liquide, occupe près des 2/3 de son volume (61% contre 17% pour le noyau terrestre). De ce fait, la petite planète est particulièrement dense. 

Cette vue en coupe de Mercure fait apparaître sa structure interne, majoritairement occupée par son noyau (en rouge), surmonté d’un manteau de roches semi-fondues (en orange) et d’une très fine croûte rocheuse (en gris).
Cette vue en coupe de Mercure fait apparaître sa structure interne, majoritairement occupée par son noyau (en rouge), surmonté d’un manteau de roches semi-fondues (en orange) et d’une très fine croûte rocheuse (en gris). © ESA/Mercury surface: NASA/Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory/Carnegie Institution of Washington

Régime amincissant

À sa formation, Mercure était probablement une planète volcanique très active, très chaude. Puis, elle s’est refroidie et sa croûte s’est formée. Pendant ce long refroidissement, elle se serait contractée en plissant sa surface. Son diamètre aurait alors diminué d’au moins 14 km, en faisant d’elle la plus petite planète de notre Système solaire.

  • Pleine de trous

La surface de Mercure ressemble à celle de la Lune : un désert truffé de cratères. Ces cicatrices sont les traces des nombreux impacts météoritiques subis durant sa formation. La planète est également sillonnée de plaines, vestiges d’anciennes coulées de lave survenues lors d’éruptions volcaniques ou provoquées par des chutes de météorites. Aujourd’hui, Mercure est considérée comme une planète morte, sans activité interne. 

Le bassin Caloris est le plus grand cratère météoritique observé sur Mercure. Il mesure 1 550 km de diamètre.
Le bassin Caloris est le plus grand cratère météoritique observé sur Mercure. Il mesure 1 550 km de diamètre. © NASA/Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory/Carnegie Institution of Washington
  • Attention, coups de Soleil

Mercure ne possède pas de véritable atmosphère, mais plutôt une exosphère, composée de quelques traces de gaz et de particules déposées par le vent solaire. De ce fait, elle est incapable de se protéger des rayons du Soleil, comme d’en retenir la chaleur qui s’en échappe dès qu’elle passe à l’ombre. La planète subit donc des variations de températures record : bouillante le jour (jusqu’à +430 °C), glacée la nuit (jusqu’à -180 °C).

La danse de Mercure

Les caractéristiques physiques de Mercure, sa petite taille et sa proximité du Soleil, dont elle subit fortement l’attraction, lui confèrent des rythmes et des trajectoires d’orbite très particuliers.

  • À toute vitesse

Le Soleil tout proche attire massivement la petite planète. Aussi, elle se déplace à toute vitesse sur son orbite, à 170 000 km/h, et ne met donc que 88 jours pour faire le tour du Soleil (révolution). En revanche, elle tourne très lentement sur elle-même ; il lui faut presque l’équivalent de 59 jours terrestres pour effectuer cette rotation dite « rotation sidérale ». Ce rythme implique qu’une journée solaire sur Mercure (le temps pour que le Soleil éclaire à nouveau un même point du méridien) dure 2/3 d’année mercurienne.

  • Une orbite qui fait du yoyo

Mercure entretient décidément une relation très agitée avec le Soleil. En plus de tournicoter à une vitesse folle autour de lui, son trajet orbital est le plus excentré du Système solaire. Cela signifie qu’elle réalise une orbite elliptique (ovale), qui fait considérablement varier sa distance au Soleil, d’environ 46 millions de km au point le plus proche, à environ 70 millions de km à celui le plus éloigné. 

Vidéo du transit de Mercure devant le Soleil capturé dans différentes longueurs d’ondes par le satellite Solar Dynamics Observatory en 2019. ©NASA's Goddard Space Flight Center

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Une planète magnétique

La présence d’un champ magnétique autour de Mercure intrigue les scientifiques. Il ne peut pas être généré par un effet de dynamo produit par la rotation de son noyau, car elle tourne trop lentement sur elle-même. Une hypothèse envisage que l’effet de marée causé par son orbite très elliptique puisse en revanche agiter suffisamment le métal liquide contenu dans son noyau pour provoquer un effet dynamo susceptible de générer le champ magnétique qui entoure Mercure. 

Difficile d’approche

Très proche du Soleil, Mercure est souvent éclipsée par la lumière de notre étoile et ne peut donc pas être observée à la lunette. Difficile en outre d’envoyer un engin au voisinage du Soleil dont l’attraction et les rayonnements peuvent être fatals. Aussi, Mercure nous reste encore méconnue.

  • Le Soleil, gardien de Mercure

Après deux survols par la sonde américaine Mariner 10 en 1973 et 1974, Mercure n’a plus été visitée jusqu’en… 2011. La sonde américaine Messenger s’est alors positionnée sur l’orbite de la petite planète d’où elle a pu l’observer durant 4 ans. C’est que malgré sa proximité relative de la Terre (au plus près à 77 millions de km de la Terre, soit 8 fois plus proche que Jupiter qui a accueilli sa première sonde orbitale en 1995), le voyage vers Mercure est long et périlleux. Il faut réussir à se placer dans l’orbite de Mercure sans se faire happer par l’attraction du Soleil. Puis posséder des instruments résistants à la chaleur de notre étoile.

  • BepiColombo

La seconde mission envoyée en orbite de Mercure a été lancée en 2018. Baptisée BepiColombo, elle a emporté deux sondes, l’une européenne, l’autre japonaise. La première, nommée MPO (Mercury Planetary Orbiter), est chargée de cartographier Mercure, d’étudier sa structure interne et la composition de sa surface, et la seconde, Mio, d’analyser le champ magnétique et la magnétosphère de la planète. Sous la maîtrise d’ouvrage du CNES, 6 laboratoires français ont contribué aux 16 instruments européens.

Pour se mettre en orbite autour de Mercure sans terminer sa course dans le Soleil, la sonde BepiCombo a prévu de ralentir sa vitesse en utilisant l’assistance gravitationnelle des planètes, survolant ainsi 1 fois la Terre, 2 fois Vénus et 6 fois Mercure. Cette image a été prise lors du 3e survol de Mercure.
Pour se mettre en orbite autour de Mercure sans terminer sa course dans le Soleil, la sonde BepiCombo a prévu de ralentir sa vitesse en utilisant l’assistance gravitationnelle des planètes, survolant ainsi 1 fois la Terre, 2 fois Vénus et 6 fois Mercure. © ESA/BepiColombo/MTM

L’info en plus

Mercure est la plus légère des planètes du Système solaire. 

Quizz

Quel est le nombre maximal de levers et couchers de Soleil auxquels on pourrait assister par journée sur la planète Mercure ?

A - 1

B - 2

C - 16

D - 0

B : Depuis certains points situés sur son équateur, il serait possible de voir deux levers et couchers de Soleil par journée mercurienne, cela en raison de l’orbite très elliptique de la planète et des variations de sa vitesse orbitale.