Thomas Pesquet en sortie extravéhiculaire. © NASA

Astronaute, un métier pas comme les autres

L’espace semble de plus en plus accessible aux humains. Mais explorer la Lune ou travailler dans une station spatiale demande un peu d’entraînement. Car il est nécessaire de se préparer mentalement et physiquement à des conditions de vie vraiment extraordinaires. Seriez-vous apte ?

Sortie extravéhiculaire de Thomas Pesquet en 2017
Sortie extravéhiculaire de Thomas Pesquet en 2017 © NASA

Une sélection sans pitié

Vous rêvez de décoller pour l’espace ? Si vous êtes en bonne santé, de préférence sportif et en plus avec une formation scientifique, toutes les chances sont de votre côté. Enfin, il faudra un peu de détermination et passer quelques étapes destinées à vérifier votre aptitude à vivre et travailler en équipe dans un milieu clos et hostile.

Un long parcours qui commence par un premier marathon, celui des épreuves de sélection. Lors de la sélection européenne de 2021, plus de 22 500 candidats se sont présentés au départ. Après un an et demi de tests en tous genres, seuls 16 candidats-astronautes ont été sélectionnés : 11 ont intégré le corps de réserve européenne des astronautes et 5 ont rejoint le programme d’entraînement des titulaires !

Les astronautes de la promotion 2022 de l'ESA
Les astronautes de la promotion 2022 de l'ESA © ESA

Dis-moi comment tu t’appelles…

Pourquoi un astronaute doit-il savoir parler plusieurs langues ? Déjà pour savoir comment il s’appelle ! En Russie, on parle de cosmonaute. En Europe, on emploie le mot astronaute, comme aux États-Unis. Avant qu’ils n’intègrent le corps des astronautes européen de l’ESA (en 1992), les Français étaient appelés spationautes. Mais quelle que soit leur dénomination, tous sont formés à travailler ensemble durant plusieurs mois dans la Station spatiale internationale. Pour favoriser cette coopération, ils maîtrisent au moins 3 langues : leur langue natale, l’anglais et le russe. Quant aux Chinois, ils envoient eux des taïkonautes dans leur station spatiale Tiangong.

Un cerveau bien rempli

Aujourd’hui, il n’est plus indispensable d’être pilote pour gagner sa place vers les étoiles. Mais cela constitue un atout de poids. Les parcours d’études sont variés, mais un bon bagage scientifique reste un prérequis. Car il faudra comprendre le fonctionnement des équipements techniques, les piloter et les entretenir, réaliser des expériences scientifiques…

Thomas Pesquet recruté par l’ESA en 2009, Sophie Adenot et Arnaud Prost, issus de la promotion 2022, ont des parcours scientifiques. Ils sont ingénieurs, diplômés de l’Institut supérieur de l’aéronautique et du spatial. Tous trois sont également pilotes. Thomas Pesquet sur des avions civils, Arnaud Prost sur des avions militaires rafales et Sophie Adenot sur des hélicoptères de l’armée.

Quant au sport, pas besoin d’être ceinture noire de Judo comme Thomas Pesquet. L’important est d’être en bonne santé, résistant et… avec un moral de champion. Donc sportif, c’est mieux…

À bord de la station spatiale internationale, les astronautes consacrent 8 heures par jour aux expériences, 3 heures à la maintenance de la station et le reste au sport, sommeil, repas, loisirs.
À bord de la station spatiale internationale, les astronautes consacrent 8 heures par jour aux expériences, 3 heures à la maintenance de la station et le reste au sport, sommeil, repas, loisirs. © ESA/NASA

En 2022, l’ESA a également recruté un « parastronaute » : le Britannique John McFall, amputé de la jambe droite après un accident de moto. Médecin et sportif de haut niveau, il va contribuer à étudier l’accessibilité de l’espace pour les personnes porteuses d’un handicap.

John McFall, le premier « parastronaute » de l'Histoire recruté par l'ESA en 2022.
John McFall, le premier « parastronaute » de l'Histoire recruté par l'ESA en 2022. © ESA/Novespace

Un mental d’acier

Dans l’espace, vous n’êtes pas seul. La coopération est le maître mot. Pas question de paniquer au premier incident ou de se fâcher avec l’équipage : dans l’ISS, vous êtes condamné à vivre ensemble pendant 6 mois minimum.

L’essentiel des épreuves finales de sélection consiste en des batteries de tests psychomoteurs puis psychologiques : logique, mémoire, orientation dans l’espace, habileté manuelle, capacité à mener des tâches multiples sont ainsi évaluées.

L’équilibre psychologique des derniers candidats est enfin scruté à la loupe. Quelles sont ses capacités à résoudre des problèmes complexes en groupe ? Comment réagit-il sous pression ? Que fait-il face à des questions existentielles telles que : « 100% de chance de vous en tirer en abandonnant votre coéquipier, ou bien 50% en lui prêtant main forte : que faites-vous ? »

Quelles qualités pour devenir astronaute ?

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Les heureux sélectionnés de l’ESA ne perdront leur surnom de « ascan » (comme « astronaut candidate ») pour gagner le titre d’astronaute qu’au terme d’un entraînement initial de… un an ! Cette première année est une sorte de tronc commun.

Les nouveaux venus sont issus de formations diverses. Ils sont pilotes, astrophysiciens, médecin… Tous doivent donc suivre une base commune. Au programme : techniques de survie, initiation au fonctionnement de l’ISS et à la sécurité à bord, mais aussi biologie, physique, astronautique, etc. De nombreuses heures se passent… en salle de classe, pour des formations d’abord théoriques. Les apprentis astronautes pourront tout de même se familiariser avec l’apesanteur durant des vols en avion zéro-G.

Se familiariser avec l’apesanteur en avion zéro G

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Ensuite vient une seconde année d’approfondissement. Plus technique, elle vise à maîtriser parfaitement les équipements de l’ISS et des véhicules spatiaux pour s’y rendre. S’entraîner à l’entretien de la station, aux procédures de sécurité et d’urgences.

L’entraînement devient concret avec des simulations sur des répliques d’équipements, sur ordinateur ou en réalité virtuelle. Par exemple pour se spécialiser dans le maniement du bras robotisé Canadarm qui permet d’attraper un véhicule de ravitaillement pour l’arrimer à la station, ou pour apporter du matériel aux astronautes en sortie extravéhiculaire. Autant de missions qui exigent un doigté sans faille !

Samantha Cristoforetti et Thomas Pesquet en stage de survie en 2012. © ESA/GCTC

Une vie à s’entraîner

Durant toute leur période active, les astronautes suivent des programmes de révision pour conserver leurs capacités techniques et physiques.

Des entraînements spécifiques sont programmés avant chaque mission. Les astronautes doivent apprendre à réaliser les expériences qui leur seront confiées (une centaine par mission), éventuellement à réparer un élément à l’extérieur de la station et jusqu’au rôle de commandant de bord pour les plus expérimentés.

Vol d’entraînement à bord de l’airbus Zero G.
Vol d’entraînement à bord de l’airbus Zero G. © ESA

Ceux qui ont une sortie extravéhiculaire au planning passent des journées entières en piscine pour apprendre à se mouvoir dans le vide spatial vêtu d’une combinaison aussi encombrante que vitale. Enfiler la combinaison fait aussi partie du programme : s’en équiper requiert un savant protocole de… 45 minutes !

Chaque astronaute est secondé par une doublure, un ou une collègue qui le remplacera en cas d’empêchement et qui doit donc suivre exactement le même entraînement.

La première année, l’essentiel c’est d’entraîner ses neurones à apprendre 13 heures, 14 heures, 15 heures par jour. Ça deviendra un automatisme et les autres apprentissages futurs seront très faciles.

Michel Tognini, astronaute français et ancien recruteur à l'ESA.

Dans le grand bain des centres spatiaux

Pour simuler les conditions d’une sortie dans l’espace, en impesanteur, les astronautes s’entraînent dans des piscines de 12m de profondeur sur des maquettes grandeur nature de l’ISS. Celle du centre de formation de Cologne en Allemagne abrite les répliques des modules européens. Dans celle du Johnson Space Center de Houston, aux États-Unis (ici) c’est l’ISS tout entière qui est reproduite.

Vidéo VR 360°

Un entraînement XXL vers la Lune

Le programme international Artemis prévoit d’envoyer de nouveau des humains sur la Lune. Et pourquoi pas ensuite vers Mars. Les conditions de voyage et de vie seront alors bien différentes des séjours dans l’ISS.

Les astronautes devront se préparer à travailler à une gravité 6 fois moindre que sur Terre, à manipuler des robots, entretenir les équipements pour s’approvisionner en eau, étudier la géologie « locale », etc. Des bases européennes les y préparent, dont la base Spaceship française, au CNES de Toulouse et LUNA en Allemagne, au centre spatial de Cologne.

C'est pour quand la création d'une base permanente sur la Lune ?

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Quizz

Combien de temps dure l’entraînement initial d’un apprenti astronaute européen avant qu’il ne gagne le titre officiel d’astronaute ?

A – Six mois

B – Un an

C – Un an et demi

D – Deux ans

B : Après leur recrutement, les astronautes européens suivent d’abord une année entière de préparation initiale au Centre européen des astronautes de Cologne en Allemagne (European astronaut center – EAC). Ce n’est qu’une fois cet enseignement de base accompli qu’ils recevront leur certificat d’astronaute de l’ESA.