Le vignoble des Côtes de Nuits - qui s’étend au sud de Dijon, et dont Vougeot ou Vosne-Romanée sont les étendards - est mondialement connu pour la qualité et le prix de ses productions. Il le doit en particulier à ses « climats », classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette activité viticole séculaire est cependant confrontée aujourd’hui aux effets du changement climatique qui contraint l’ensemble du complexe agro-viticole régional à réfléchir à de sérieuses adaptations.
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Repères géographiques
Présentation de l’image globale
Les vignobles de la Côte de Nuits face au changement climatique
Le vignoble des Côtes-de-Nuits et la plaine de Saône : des milieux en interface hiérarchique
La trilogie régionale. Nous sommes ici dans la partie méridionale des Côtes de Nuits, qui s’étend entre Dijon et Beaune. Comme pour toute la Côte bourguignonne, cet espace est organisé par trois sous-ensembles naturels bien identifiables avec la juxtaposition d’ouest en est des trois grandes bandes composant la trilogie régionale. A l’ouest, les plateaux de la montagne bourguignonne et la retombée des plateaux calcaires des Hautes-Côtes qui demeurent boisés et entaillés par des combes parallèles bien visibles d’où sortent parfois des petites rivières. Au centre, la Côte viticole qui s’avère au total très étroite et, enfin, en contrebas la Plaine de Saône organisée par la grande culture.
Sur la Côte elle-même, on trouve au nord les villages de Vougeot et Gilly-les-Citeaux, qui constituent une petite conurbation s’étendant vers la plaine à l’est, au centre le fameux village de Vosne-Romanée et, enfin, au sud l’agglomération de Nuits-Saint-Georges qui s’étend en forme d’éventail sur le cône de déjection avec son importante zone d’activité dans la plaine. L’habitat y est donc regroupé en gros villages assez tassés, les maisons ou écarts étant peu nombreux.
A l’est se déploie la plaine de Saône qui est très facilement identifiable par ses reliefs peu marqués, par son large parcellaire découpant de très grandes unités favorisant la motorisation et la mécanisation des exploitations et ses paysages d’openfield bien ouverts. C’est un espace de grandes cultures céréalière, principalement productrice de blé et d’oléagineux. Son habitat se caractérise par la présence soit de grosses fermes isolées situées au milieu de leur exploitation, soit par des villages qui s’urbanisent en tâches à partir des axes principaux. L’urbanisation de Gilly-les-Citeaux correspond ainsi à une structure de village-carrefour caractérisée par un étalement sur plusieurs axes où progressivement les dents creuses sont occupées par de nouvelles habitations.
Une nette hiérarchisation fonctionnelle du foncier. Du fait du prix très élevé du foncier viticole, on assiste à une nette hiérarchisation de l’espace social et productif. Sur l’image, les processus d’éviction de certaines fonctions et populations de la Côte au profit de la plaine, deux espaces sous-régionaux voisins qui fonctionnent en interface et en interdépendances, sont nettement repérables. Ainsi, l’urbanisation récente - résidentielle ou économique - se développe aux marges sur les terres les plus accessibles, c’est à dire financièrement les plus abordable.
Ce processus de hiérarchisation fonctionnelle est ici particulièrement lisible comme en témoignent au nord l’urbanisation résidentielle de Gilly-les Cîteaux ou au sud le développement de la zone d’activité de Nuit-Saint-Georges sur la plaine de Saône à l’est de la limite de l’axe ferroviaire. Cette situation explique largement les dynamiques démographiques locales des dernières décennies. Face aux blocages fonciers, immobiliers et urbains de la Côte viticole dont la population stagne ou régresse et qui a connu en vingt ans un fort vieillissement, l’essentiel de la dynamique démographique et urbaine bénéficie aux villages de la plaine de Saône aux couts bien plus accessibles.
Le système des appellations et des climats dans les Côtes de Bourgogne : Nuits-Saint-Georges et Vosne-Romanée, les « perles » de la Côte de Nuit
La Côte de Nuits – qui s’étend sur seulement une vingtaine de kilomètres du nord au sud – est un des hauts lieux des grands crus bourguignons, en particulier les rouges – largement dominants - produit à partir du pinot noir, face aux blancs en chardonnay. Sur l’image, entre Haute-Côte et plaine donc s’aligne la Côte viticole. Elle se caractérise ici par son étroitesse, la voie ferrée servant ainsi de nette limite à l’est.
L’espace viticole est bien identifiable du fait de l’importance quasi-exclusive de l’emprise de la vigne, la taille souvent minuscule du parcellaire, la densité du réseau viaire et la présence régulière des petits villages viticoles (Vougeot, Vosne-Romanée). Cet espace correspond à un escalier de failles qui forme un glacis topographique bien drainé, aux sols quaternaires localement d’une grande variété pédologique (calcaire, marnes, éboulis, limons…), exposé à l’est et au sud-est. Ce climat d’abri assure des étés et des automnes secs et chauds très favorables à la vigne. Chaque finage de village s’étend perpendiculairement aux reliefs afin de valoriser les différents terroirs.
Les appellations et grands crus. Comme le rappelle la présence de La Romanée, qui en s’étendant sur seulement 0,85 hectares, est la plus petite appellation des Côtes de Bourgogne, le système des appellations, qui couvre la quasi-totalité des vins produits, joue un rôle majeur dans le classement hiérarchique du vignoble. Sur l’image (doc. 1), le finage d’un même village peut juxtaposer des terroirs viticoles classés selon des catégories très différentes : Appellations « Grands Crus », « Village Premiers Crus », « Villages », appellations régionales.
Dans le département de la Côte d’Or, on dénombre 31 appellations Grands Crus, ce sont les vins les plus prestigieux, mondialement connus. Ils couvrent seulement 444 hectares et fournissent 15 à 16 000 hectolitres par an, dont 79 % en rouge et 21 % en blanc. On trouve ensuite les OPA Village qui couvrent 5 230 hectares et fournissent 211 111 hectolitres de vin par an, dont 70 % en rouge et 29 % en blanc.
Dans la Côte de Nuits se trouvent des Grands Crus très célèbres comme Chambertin, Chambertin-Clos de Bèze, Chapelle-Chambertin, Griotte-Chambertin, Clos de Vougeot, Échezeaux, Grands Échezeaux, La Grande Rue, Richebourg, La Romanée, Romanée-Conti, Romanée-Saint-Vivant, La Tâche, Musigny, Bonnes Marres, Charmes Chambertin. On trouve aussi des Appellations Villages forts célèbres elles aussi comme Chambolle-Musigny, Côte de Nuits-Villages, Fixin, Gevrey-Chambertin, Marsannay, Morey-Saint-Denis, Nuits-Saint-Georges, Vosne-Romanée, Vougeot.
Les climats. Comme nous le verrons avec les zooms, ce système est complété à une échelle locale très fine par le système des « climats » qui désigne une parcelle de vigne précisément délimitée et nommée par son nom, parfois depuis le Moyen-Âge. La Bourgogne compte ainsi 1 500 climats. Chaque climat s’identifie par ses caractéristiques géologiques, topographiques, hydrométriques et son exposition. Il convient de souligner que la production viticole de chaque Climat – réalisée par un seul cépage - est vinifiée séparément, le vin ainsi produit prenant le nom de l’Appellation et du Climat dont il est issu. Ce système est donc totalement différent du système bordelais (assemblages, châteaux...).
Les clos. Les images font aussi apparaitre les Clos qui définissent une parcelle traditionnellement entourée de murs construits en pierres sèches afin d’y protéger la vigne. Ces clos se retrouvent aujourd’hui bien identifiables dans la structure agraire, le paysage et la toponymie, en particulier dans les Climats les plus connus : Clos de Tart, Clos de Bèze, Clos des Lambrays...
Le vignoble de Bourgogne : évaluer l’impact du changement climatique
Cependant, en Bourgogne les effets du changement climatique sont déjà perceptibles - même s’ils ne sont pas encore trop spectaculaires - sur la culture de la vigne comme l’indiquent les différents travaux menés par des organismes publics, des universités et centres de recherche (Université de Dijon...) et les associations professionnelles (Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne - BIVD, Chambres d’Agriculture...)...
On relève en particulier un net tournant en 1997/1998. La température annuelle moyenne est passée selon les relevés de Météo France de 10°C à 11°C entre les périodes pluriannuelles 1961-1987 et 1988-2011. On assiste à une réduction du nombre de jours de gel en hiver et à une hausse des jours dont la température moyenne dépasse les 25°C l’été. Si le volume global des précipitations demeure le même, la répartition interannuelle ou annuelle évolue, avec des baisses en été et des périodes de sécheresse, plus marquées comme durant l’été 2022.
Climat et stades végétatifs : l’identité du vin en débat. Dans le vignoble, on assiste à un allongement de la saison végétative et à une phénologie – terme qui définit le cycle des stades végétatifs de développement (débourrement, floraison... entre avril et octobre) – plus avancée. En conséquence, la floraison est avancée de 11 jours et les vendanges de 15 jours en moyenne. A ceci s’ajoute deux changements qualitatifs importants : une tendance à l’augmentation de la production de la biomasse, donc des rendements à l’hectare, et un changement de la composition physico-chimique des raisins.
En effet, les contraintes hydriques, qui conditionnent pour partie la photosynthèse, peuvent jouer sur la teneur en sucre, la couleur liée aux pigments pour les vins rouges et le profil aromatique. L’augmentation du rayonnement solaire peut s’avérer soit positif en élevant la teneur en composés phénoliques, soit négative en modifiant les arômes et la qualité organoleptique des raisins. Au total, les conditions de maturation – la phase clé pour la typicité du vin et sa signature (teneur en sucre, donc alcoolmétrie, plus élevée, acidité plus faible...) - sont parfois sensiblement modifiées. Au point de menacer pour certains l’identité même du vignoble et du vin.
Recherche, projections et pilotage : quelles projections à l’avenir ? Pour l’avenir, les viticulteurs et leurs associations cherchent donc à mieux connaitre et prédire les évolutions climatiques. Les institutions professionnelles – tels l’observatoire du millésime du BIVB en Bourgogne et le Comité Champagne (CIVC) – ont ainsi participé au financement de travaux du Centre de Recherche de Climatologie de Dijon visant à élaborer dix-huit modèles de climats sur le territoire national pour 2050. Cet engagement complète par exemple les travaux de Météo France (DRIAS) ou l’outil ClimA XXI – pour Climat et Agriculture au XXIe siècle – développé avec les Chambres d’Agriculture chargé de fournir des projections climatiques par petits secteurs.
Un des enjeux majeurs est en effet aujourd’hui de pouvoir disposer de projections climatiques plus fines spatialement que les grandes projections - aux échelles mondiales pour le GIEC ou nationales pour Météo France - afin d’engager concrètement dans les territoires des stratégies d’anticipation, d’adaptation et de résilience face aux enjeux posés. Malgré toute la prudence méthodologique nécessaire au maniement de ces modèles, une hausse en 2050 - soit le futur proche pour la vigne - de + 1,8°C des températures moyennes par rapport à la période 2000/2019 pourrait signifier des hivers plus humides et des étés plus secs, avec des contraintes hydriques plus sensibles liées en particulier à des vagues de chaleur plus nombreuses, longues et intenses et une plus grande précocité des stades phénologiques.
Selon les différents modèles actuellement disponibles projetant la saison phénologique, le vignoble de la Côte d’Or connaitrait au milieu du XXIe siècle les conditions actuelles des Côtes du Rhône et à la fin du XXIe siècle celle de Montpellier/ Languedoc. Ce qui témoignerait d’une nette remontée vers le nord des grandes zones bioclimatiques organisant le vignoble français.
La vigne et le vignoble : résilience, mutations et adaptations en débat
Vers un bouleversement spatial ? Au total comme on peut le constater, le changement climatique est porteur de nombreuses mutations pour le vignoble de la Côte d’Or. Si certaines évolutions peuvent s’avérer positives (vendanges précoces, bons millésimes comme en 2022), elles portent aussi en germe des ruptures significatives, telle la remise en cause de la typicité du vin des Côtes de Beaune (équilibre sucres/acides, montée du taux d’alcool, aromes, couleur...). Mais pour le géographe, le phénomène le plus important à trait aux évolutions de la répartition géographique de la vigne d’un côté et à la réorganisation hiérarchique qualitative des vignobles (reclassement des appellations et des Climats ?) (cf. Chabin, 2007)...
Ainsi, il serait possible que les vignobles dits d’ « altitude » – les Hautes Côtes – jusqu’ici marginaux bénéficient de meilleures conditions alors que les zones traditionnelles des grandes appellations de la Côte de Beaune pourraient être pénalisées. Les études de J.P. Chabin soulignent ainsi que dans la même région, les vignobles de La Rochepot (410 m. d’altitude, Hautes-Côtes de Beaune, 12 km Sud-Ouest de Beaune) mûrissent désormais sous les conditions de température qui étaient celles de Beaune (cf. station de Savigny-les-Beaune, 230 m. d’altitude) avant la rupture de la fin des années 1980.
On retrouve ainsi localement la traduction concrète des dynamiques spatiales affectant les écosystèmes à la surface du globe sous les effets de la hausse des températures. Chaque élévation de +1°C de la température moyenne se traduit par un déplacement de 200 km vers le nord dans l’hémisphère nord, et de 200 m. en altitude vers le haut.
La question des cépages/porte-greffes. De même, la question de la domination des cépages pinot noir, gamay et chardonnay est de plus en plus posée par certains acteurs. Ainsi, le pinot noir – pour les vins rouges - bien adapté au climat tempéré frais – a été imposé par une fameuse ordonnance de 1395 de Philippe le Hardi, devenant ainsi le seul cépage autorisé dans la production des grands vins rouges bourguignons en appellation d’origine contrôlée.
Mais du fait de sa fragilité face au réchauffement, il pourrait être éliminé des Côtes de Beaune, pas forcément par contre dans les Hautes Côtes, au profit d’autres cépages mieux adaptés aux évolutions comme la Syrah, un cépage méditerranéen. Dans ces débats, certains acteurs soulignent qu’il existe 47 clones de pinot noir (vins noirs) et 40 clones de chardonnay (vins blancs), et qu’il serait donc peut être possible de garder la place faite au pinot noir, tout en remplaçant cependant le pinot noir de Bourgogne par un autre clones de pinot noir d’autres régions.
Dans ce contexte d’incertitude, le Groupement d'étude et de suivi des terroirs – GEST a créé un conservatoire des anciens cépages bourguignons (Sacy, Roublot, César, Melon, Gouget, Gouais, Beaunoir, Bachet, Romorantin, Abondance, Gascon...) dans une parcelle à Savigny-lès-Beaune – située juste au nord de Beaune. Elle accueille depuis 2016 une cinquantaine de variétés afin d’évaluer leurs capacités d’adaptation au changement climatique.
Un des grands enjeux est de renforcer le couple cépage/porte-greffe. En effet, la diversification de l’encépagement - actuellement seulement 5 porte-greffes sont utilisés pour 95 % du vignoble bourguignon – est une piste pour la construction d’un système viticole régional plus résilient. Par exemple, le porte-greffe 161-49 associé à des greffons de pinot noir s’est largement généralisé ces soixante dernières années du fait de ses qualité, avant que l’on découvre aujourd’hui qu’il s’avère pour des raisons génétiques très sensible à la thyllose, une maladie active lors des phases de sécheresse. Il faudra attendre vingt ans d’expérimentation et de maturité pour savoir s’il peut être remplacé par exemple par le porte-greffe Paulsen, utilisé dans le bassin méditerranéen.
Ceci est d’autant plus important que contrairement au Bordelais ou à la Savoie dans lesquels prévalent les assemblages, la Côte fonctionne sur des vins mono-cépages. Rappelons que depuis le XIXe siècle et la crise du phylloxéra qui ravagea les vignes, les différents cépages sont greffés sur des plants résistants, soit seulement 31 porte-greffes officiellement autorisés. Pour autant, l’INRAE – l’Institut National de Recherche pour l'Agriculture, l'Alimentation et l'Environnement - est à la recherche de nouveaux porte-greffes en Hongrie, Italie et Espagne.
Vers de nouvelles pratiques culturales. Constituant une forte menace sur la qualité des vins, la hausse des rendements - qui pourrait être très sensible d’ici la fin du XIXe siècle (+5°C, + 85 % en Champagne, + 60 % en Bourgogne) – pourrait contraindre soit à défeuiller partiellement les vignes en été, soit dédensifier les plantations en passant, par exemple, de 10.000 à 3.300 pieds de vigne à l’hectare.
Les pratiques culturales pourraient aussi évoluer afin de favoriser un meilleur bilan hydrique visant à limiter la perte en eau de la plante et favoriser son accès à l’eau par le sol. Actuellement, une expérimentation sur la pratique de différents types de taille afin de retarder la croissance de la vigne et contre les effets du gel est réalisée sur des parcelles à Villers-la-Faye (hors image) dans les Hauts-de-Côtes à 5 km au sud de Nuits-Saint-Georges. Enfin, il n’est pas impossible qu’un jour la question de l’irrigation des vignes, une pratique très répandue en Californie ou en Australie par exemple, ne s’invite-t-elle aussi dans les débats.
Au final, la question posée est de savoir si ces mutations sont susceptibles de remettre en cause à moyen terme – le temps de la vigne est un temps long – la notion de climat – ou de terroir - en Bourgogne.
Zooms d’étude
Zoom 1. Vougeot et Chambolle Musigny
Cette image est centrée sur l’espace couvert par les communes de Chambolle Musigny au nord, de Vougeot au centre, Gilly les Cîteaux et Flegey-Echézeaux à l’est et Vosne-Romanée au sud.
Vougeot. Située à 19 km au sud de Dijon et à 5 km au nord de Nuits-Saint-Georges, Vougeot est une commune de toute petite taille (0,88 km²) peuplée de seulement 170 habitants et s’étageant de 233 à 275 m. d’altitude. Sa structure se caractérise par l’importance de la surface agricole, occupée à 82 % par la vigne, face à la relative faiblesse (17 %) des zones urbanisées. Ces trente dernières années, ces équilibres n’ont pas bougé. La commune dispose de l’appellation Grand Cru Clos de Vougeot, dont l’emprise foncière est considérable et le château bien visible, et de quatre appellations Premiers Crus : Clos de la Perrière, Le Clos Blanc, Les Crâs, Les Petits Vougeots.
Chambolle-Musigny. Le finage de Chambolle-Musigny est sensiblement plus large (7,57 km²) et la population atteint 300 habitants. Comme l’indique son étagement entre 445 m. et 238 m. d’altitude, le finage communal couvre deux grands types de terroirs : les hautes côtes, largement boisées ou en culture (45 %), la retombée occupée par la vigne. La commune possède 152,99 ha. de vigne, dont 58,25 ha. en Premiers Crus (Les Véroilles, Les Sentiers, Les Baudes, Les Noirots, Les Lavrottes, Les Fuées, Aux Beaux Bruns, Aux Echanges, Les Charmes, Les Plantes...) que l’on peut facilement identifier (doc 3). Au sud-est, près de Vougeot, elle abrite deux Grands Crus : Musigny et Bonnes-Mares.
Vougeot et Chambolle Musigny
Repères géographiques
Chambolle Musigny locale mixte
Clos Vougeot
Zoom 2. Vosne Romanée : une des perles de la Côte-des-Nuits
Entre les Echezeaux et Nuits-Saint-Georges, Vosne-Romanée est considéré comme l’une des « perles » de la Côte de Nuits, là encore mondialement reconnue. Implantée par les moines de Saint-Vivant de Vergy de la grande abbaye de Cluny et les Cisterciens de Cîteaux ou dénommé du nom du Prince de Conti (1760), la vigne s’étage de 250 à 210 m. d’altitude. Les terroirs sont globalement constitués de sols bruns de calcaires jurassiques (175 millions d’années) plus ou moins argileux et plus ou moins profonds selon les parcelles et sont consacrés au cépage pinot noir pour produire des vins rouges d’exception.
Sur 150,54 hectares de vignoble, 54,24 hectares sont classés en Premiers Crus. Le village compte en effet sept Grands Crus classés s’étendant sur des surfaces réduites de quelques hectares. Romanée-Conti couvre seulement 1,81 hectare, est exploité depuis 1232 et produit en moyenne 49 hectolitres, soit 6 517 bouteilles par an. La Romanée couvre 0,84 ha. et produit 31 hl, soit 4 123 bouteilles. On trouve aussi le Richebourg (8,03 ha., 253 hl, 33 649 bouteilles), La Tâche (6,06 ha., 166 hl, 22 078 bouteilles) ou la Romanée-Saint-Vivant (9,24 ha., 291 hl, 38 703 bouteilles).
Vosne Romanée
Repères géographiques
Vosne Romanée : des climats d’exception
Zoom 3. Nuits Saint-Georges : le petit pôle régional
Nuits-Saint-Georges (5 500 hab.), au sud, est la dernière commune la plus méridionale des Côtes de Nuits. Le village sert de petit pôle secondaire dans l’organisation régionale du vignoble entre Dijon au nord et Beaune au sud. Son appellation est la plus étendue en longueur (6 km). Construit sur le cône de déjection construit par le Meuzin, le vieux village s’est ensuite étendu dans la plaine.
Comme en témoigne le doc.7, la hiérarchie des terroirs et du vignoble est très nette puisque l’on rencontre successivement les appellations régionales, situées entre la voie ferrée et la départementale 974 qui longent la Côte de Nuits, les Appellations Villages et enfin les Appellations Villages Premiers Crus qui comportent 41 climats comme Aux Champs Perdrix, En la Perrière Noblot, Les Damodes, Aux Boudots, Aux Cras, La Richemone, Aux Murgers, Aux Vignerondes, Aux Chaignots, Aux Thorey, Aux Argillas, Aux Bousselots, Les Perrières, Les Hauts Pruliers, Château Gris, Les Crots, Rue de Chaux, Les Procès, Les Pruliers, Roncière, Les Saint- Georges, Les Cailles, Les Porrets Saint-Georges, Clos des Porrets Saint-Georges...
Sur les communes de Nuits St Georges et Prémeaux, qui se trouve juste au sud, se déploient 298,59 ha. de rouges, dont 138 ha. de Premiers Crus, fournissant en moyenne annuelle 11 515 hl, et 9,87 ha. seulement de blancs, dont 6,60 ha. en Premiers Crus. Dans les années 1970, la conjoncture économique favorable s’y est traduit par une augmentation de la superficie des vignobles, en particulier sur les sommets des coteaux comme en témoigne bien le document. Comme Beaune, Nuits-Saint-Georges possède ses propres Hospices, propriétaires d’un vignoble de 10 hectares.
Dans les Côtes, l’essentiel de la production viticole est transformé directement par les viticulteurs en caves particulières ; les maisons de négoce et les négociants-éleveurs - bien présents à Nuits-Saint-Georges - vinifiant pour leur part un peu plus de 20 % de la récolte qu’ils achètent en vendange fraîche ou sous forme de moûts alors que les coopératives sont ici marginales (5 %).
Si l’ancien centre, bien visible, est de grande qualité architecturale et a bénéficié d’un important effort d’embellissement ces dernières décennies, la commune doit faire face une forte urbanisation périphérique. Comme en témoigne au nord-est entre la route départementale et la voie ferrée l’apparition de nombreux lotissements et, surtout, au sud-ouest une vaste zone d’activité - bien visible et branché sur l’autoroute - dans la plaine historiquement récente puisque développée à partir des années 1990.
Nuits Saint-Georges
Repères géographiques
Image complémentaire régionale
Cette prise de vue permet de réinscrire l’image du dossier dans son ensemble à l’échelle régionale. A l’ouest se trouvent le Morvan et la retombée des plateaux calcaires de l’Arrière-Côte, les Hauts-de-Côtes : ils sont bien reconnaissables par leurs altitudes plus élevées (vallées encaissées…), l’importance du boisement et des surfaces en herbe du fait de la place occupé par l’élevage bovin (charolais). A l’est se trouve la Plaine de la Saône qui coule dans l’angle sud-ouest. Si les grandes forêts y gardent une place non négligeable malgré les grands défrichements ouverts dès le Moyen Age (cf. Abbaye de Notre-Dame de Citeaux), nous sommes là dans une riche plaine agricole dominée par les grandes cultures (cf. champs verts et marrons).
Entre ces deux grands ensembles se déploie au pied de la Côte une étroite et longue bande viticole nord/sud en position d’abri mondialement connu pour la qualité de ses productions, dominée et organisée par la ville de Beaune au centre de l’image. Ce vignoble est lui-même composé de deux sous-ensembles régionaux bien distincts. La limite avec les deux ensembles passe au nord de la commune de Pernand-Vergelesses. Au nord, se déploient les Côtes de Nuits (Nuits-Saint-Georges, Vosne-Romanée, Vougeot, Chambolle-Musigny, Moret-Saint-Denis, Gevrey-Chambertin…). Au sud se déploient les Côtes de Beaune (Aloxe-Corton, Savigny-les-Beaune, Pernand-Vergelesses, Pommard, Volnay, Meursault, Puligny-Montrachet, Chassagne-Montachet, Santenay…).
La région est aussi un grand carrefour de transport avec l’autoroute A6 Paris/Lyon/Médit, l’autoroute A31 vers le Nord, la Lorraine et le Benelux et l’autoroute A36 vers Besançon, le Jura et la Porte d’Alsace.
Repères géographiques
Image Sentinel-2A prise le 17 mai 2020
D’autres ressources
Sur le site Géoimage du CNES
Deux dossiers régionaux complémentaires
La Bourgogne des Côtes-de-Nuits : le vignoble de Gevrey-Chambertin et les climats bourguignons
/geoimage/la-bourgogne-des-cotes-de-nuits-le-vignoble-de-gevrey-chambertin-et-les-climats
Le vignoble d’Aloxe-Corton dans la Côte de Beaune
/geoimage/le-vignoble-daloxe-corton-dans-les-cotes-de-beaune
Sites, sources et bibliographie
Site de l’UNESCO : Le dossier de classement « Les Climats du vignoble de Bourgogne ».
Site des Climats de Bourgogne
Site de cartes des vignobles bourguignons
https://bourgogne-maps.fr
Site Vins de Bourgogne
https://www.vins-bourgogne.fr
Exemple d’un cahier des charges trés strict encadrant l’activité viticole : l’exemple de l’AOC « Vougeot »
https://www.vins-bourgogne.fr/nos-vins-nos-terroirs/la-bourgogne-et-ses…
Météo France : DRIAS, les futurs du climat
http://www.drias-climat.fr/
Le site du GEST – Groupement d'étude et de suivi des terroirs
https://asso-gest.fr
BIVB : « Les effets du changement climatique en Bourgogne », Les Cahiers du Pôle Technique et Qualité, Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne/BIVB
https://extranet.bivb.com/technique-et-qualite/publications-techniques/…
Chabin Jean-Pierre, Madelin Malika et Bonnefoy Cyril (Centre de Recherche de Climatologie, Université de Bourgogne) : « Le vignoble beaunois face au réchauffement climatique », Colloque Global warning, which potential impact on the nineyards ?, 28/30 mars 2007.
https://studylibfr.com/doc/2633584/les-vignobles-beaunois-face-au-r%C3%…
Chabin Jean-Pierre : « La vigne face au changement climatique : éléments de réflexion dans l’optique de la biodiversité ». La biodiversité au cœur du territoire du Morvan, 5em Entretiens de Bibracte-Morvan. Rev. Sci. Bourgogne – Nature, 19/2014.
http://www.bourgogne-franche-comte-nature.fr/fichiers/pages-127a141-de-…
Morales-Castilla Ignacio et alii : « Diversity buffers winegrowing regions from climate change losses », Agricultural Sciences, PNAS, January 17, 2020 (impact à l’échelle mondiale des grands enjeux viticoles lié au changement global)
https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1906731117
Contributeur
Proposition : Laurent Carroué, Inspecteur général de l’Éducation nationale, du sport et de la recherche, directeur de recherche à l’Institut Français de Géopolitique (Université Paris VIII)