Publié le 30 avril 2025

Depuis Toulouse, ils produisent les précieuses mesures d'Ariane 6 et Vega-C

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Après chaque lancement à Kourou, une équipe située au CNES à Toulouse prend le relai pour produire et archiver les mesures de la fusée qui vient de décoller, afin d'analyser son comportement en vol.

Les quatre membres de l'équipe intégrée CNES/CS du CTTM.
© CNES/Mathilde TOURNIER, 2025

Vous pensiez que pour le CNES, une campagne de lancement s’arrêtait une fois Ariane 6 ou Vega-C arraché au sol ? Ce serait oublier la mission du CTTM, le Centre de Traitement de la Télémesure Multi lanceur ! Située à Toulouse, cette équipe de quatre personnes est chargée de produire toutes les mesures physiques du lanceur après chaque vol. « Notre travail commence quand les équipes situées au Centre spatial guyanais sabrent le champagne ! » sourit Florin Fodor, responsable de l’exploitation du CTTM. 

Notre mission est de mettre à disposition les mesures en vol après le décollage afin d’analyser le comportement du lanceur.

Florin Fodor

  • Responsable de l’exploitation du CTTM
Portrait de Florin Fodor.

48 heures chrono

Quelques minutes après le lancement de Vega-C à Kourou, ce mardi 29 avril, l’équipe du CTTM est ainsi entrée en action. « L’examen de ces mesures par les experts du lanceur est essentiel pour autoriser le vol suivant au plus vite », explique Florin Fodor. L’exhaustivité des données produites permet en effet une analyse approfondie du comportement de la fusée et la détection d’éventuelles imperfections, même si le vol a été nominal. En d’autres termes, c’est grâce à ces mesures que les experts pourront se prononcer sur le bon fonctionnement d'Ariane 6 ou Vega-C, assurant une réponse adaptée en vue des vols suivants.

L’équipe du CTTM dispose de 48 heures pour produire ces données. Mais c’est toujours un défi d’y parvenir plus rapidement quand le vol est nominal : « Pour les deux premiers vols d’Ariane 6, nous y sommes arrivés en moins de 24 heures après le lancement », souligne Gilles Picart, responsable technique du centre.

Équipe intégrée

Dans cette mission de production, le CNES n’est pas seul : il est accompagné par l’industriel CS (Sopra Steria Company), en charge du développement et de la maintenance des moyens logiciels utilisés par le CTTM. Deux personnes travaillent ainsi à plein temps sur le site du Centre spatial toulousain. 

Les quatre membres de l'équipe intégrée CNES/CS du CTTM.
De g. à d.: Pierre Morlaes (CS), Gilles Picart (CNES), Olivier Cavaillé (CS) et Florin Fodor (CNES). © CNES/Mathilde TOURNIER, 2025

Capteurs en vol, stations au sol

Concrètement, comment produit-on les mesures physiques d'un lanceur qui vient de décoller ? « Enregistrées par des capteurs embarqués sur le lanceur, les données sont numérisées et transmises au sol par voie radiofréquence, expliquent Florin Fodor et Gilles Picart. Elles sont acquises par des stations de réception situées en Guyane et par celles du réseau de poursuite lanceur (RPL), réparties tout autour du globe pour suivre le lanceur au cours de son voyage. » Cette télémesure est ensuite retransmise vers le CTTM par réseau informatique. 

Décollage d'une fusée Ariane 5 depuis la station de télémesure Galliot, en Guyane.
Le site Galliot est la première station de télémesure disposée sur la trajectoire du lanceur Ariane, aussi bien pour les lancements vers l'est que vers le nord (ici, lors du décollage d'une fusée Ariane 5). © CNES/ESA/Arianespace/Optique Vidéo CSG/P Baudon, 2014

Une fois recueillies à Toulouse sous forme de trames de télémesure (qui peut être vue comme une série de 0 et de 1), les données sont converties par l’équipe en mesures physiques. Parmi elles, on trouve par exemple des températures, des courants, des pressions, la position et la vitesse du lanceur. 

Experts en traitement de données

Une fois exportées, les mesures peuvent être visualisées instantanément avec le logiciel PrestoPlot* que le CNES développe depuis plus de 20 ans, un freeware universel qui permet de tracer et de visualiser instantanément tout type de données temporelles. Elles sont à la fois archivées au CNES et fournies à l’opérateur de lancement, actuellement Arianespace.

Notre savoir-faire réside dans le traitement des données, c’est-à-dire l’extraction de l’ensemble des mesures du lanceur et la vérification de leur exhaustivité. C’est ensuite l’opérateur de lancement et le fabricant du lanceur qui analyseront, à travers elles, si le lanceur s’est comporté correctement.

Gilles Picart

  • Responsable technique du CTTM
Portrait de Gilles Picart.

*Le CTTM a récemment modernisé ce logiciel et sa version « Nouvelle Génération » est disponible ici

15 000 mesures pour le premier vol d’Ariane 6

Le 10 juillet 2024, moins de 24 heures après la fin du vol inaugural d’Ariane 6, ce sont plus de 15 000 mesures, ainsi que les vidéos enregistrées par les caméras embarquées, qui ont été mises à disposition de toute la communauté Ariane en Europe. Ces éléments ont permis d’analyser le comportement post vol du lanceur.

Les données produites

  • 2 Go

    pour un vol Vega-C

  • 4 Go

    pour un vol Ariane 6

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