Publié le 17 octobre 2025

Parabole post-bac : quand des étudiants expérimentent la science en zéro g

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Trois équipes étudiantes ont eu l’opportunité d’expérimenter un projet scientifique en micropesanteur, lors de la 69e campagne de vols paraboliques organisée par le CNES et opérée par Novespace.

© © Novespace/A. Jaquemet, 2025

Une expérience unique dont ils garderont un souvenir précieux. Trois équipes étudiantes issues d’IMT Mines Alès, de l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT), de l’ISAE-SUPAERO, ainsi que de l’école d'ingénieurs JUNIA de Lille, ont pris part à la 69e campagne de vols paraboliques du CNES, organisée entre le 22 septembre et le 3 octobre au départ de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac. Tous participaient au projet éducatif Parabole post-bac, qui leur a permis de mener des expériences scientifiques en micropesanteur.

Expérimenter en micropesanteur

L’Airbus A310 Zero G, à bord duquel les trois équipes ont mené leur projet, n’est pas un avion ordinaire. Il se divise en trois sections distinctes : le cockpit, les zones de sièges et la section centrale, appelée zone expérimentale. Dans cette dernière, les expériences sont stockées à bord d’un ou plusieurs châssis d’expérimentation développés par le CNES et Novespace (filiale du CNES qui opère les vos). Les étudiants y ont embarqué après plusieurs mois de préparation, avec matériel et protocole, pour une série de trois vols comprenant chacun 31 manœuvres paraboliques.

À l’instar des dix équipes professionnelles également présentes à bord de l’A310 Zero G, les chercheurs en herbe sélectionnés ont fait partie intégrante de la mission, qui leur a permis d’effectuer leurs recherches dans des conditions proches de l’environnement spatial. C’est durant ces paraboles, et plus particulièrement lors des phases de micropesanteur, que les expérimentateurs se sont employés à réaliser les expériences élaborées sous l’œil attentif de leurs référents CNES et Novespace.

Le vol parabolique, c’est la dernière étape avant l’espace. C’est la preuve qu’avec du travail et une bonne idée, on peut vivre quelque chose d’extraordinaire.

Baptiste Sigal

  • Étudiant à l’ISAE-SUPAERO et responsable Conception et Ingénierie pour le projet ATLAS

De la médecine spatiale à la physique fondamentale

Les expériences réalisées au sein du projet éducatif Parabole post-bac peuvent prendre de multiples formes. Elles doivent cependant répondre à plusieurs impératifs : être scientifiques et techniques, et observer des phénomènes liés à l’impesanteur. Au cours de la campagne 2025, deux programmes ont porté sur des expériences physiologiques : le projet MODÈFONE (MODÈle Fantôme pour pressiON intracrâniennE) et ATLAS (Assisting Tool for LAparotomy Sutures in Space). La troisième équipe estudiantine a pour sa part misé sur la physique avec le projet RP3F : radiation pressure – fluid friction force.

La première expérience, MODÈFONE, visait à mieux comprendre la circulation du liquide cérébrospinal (LCS), un fluide vital qui régule naturellement la pression à l’intérieur de notre crâne. Pour mieux visualiser les mécanismes et les altérations de ce fluide provoquées par l’absence de gravité en milieu spatial, l’équipe d’IMT Mines Alès a conçu un procédé expérimental en collaboration avec Heimiri Monnier, doctorante en neuro fluides au laboratoire CHIMERE de l’Université de Picardie Jules Verne. Le dispositif, connecté à des capteurs de pression, de débit et d’accélération, a reproduit les pulsations cardiaques et les variations de pression intracrânienne dans diverses positions (couché, incliné, debout) et sous différentes unités d’accélération (1 g, 1,8 g, 0 g).

© Modèfone, 2025

Notre modèle pourra servir de banc de test pour valider des capteurs non invasifs ou des dispositifs médicaux.

Célia Batonon

  • Étudiante à IMT Mines Alès

Le second projet retenu représentait sans conteste un défi inédit. Porté par une équipe mixte issue de l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) et de l’ISAE-SUPAERO, il a consisté à tester le programme ATLAS, une solution de suture chirurgicale en apesanteur. En guise de « patient », le groupe a conçu SINA, une peluche contenant des organes imprimés en 3D. Ambitieux, l’objectif des étudiants pourrait bien ouvrir la voie à des solutions viables, s’il fallait un jour procéder à une chirurgie à bord d’une station spatiale à plusieurs centaines de kilomètres au-dessus de la Terre. 

© ATLAS, 2025

Le troisième sujet sélectionné, enfin, était tout aussi audacieux. Son nom ? RP3F, pour Radiation pressure – fluid friction force. Afin de mesurer comment la force exercée par la lumière sur un objet en impesanteur peut le mettre en mouvement, les étudiants de l’école d’ingénieurs JUNIA à Lille ont dû non seulement mobiliser leurs connaissances théoriques, mais également développer de véritables compétences en gestion de projet.

Travailler avec des ingénieurs du CNES et de Novespace, apprendre leurs méthodes, comprendre la rigueur nécessaire… Tout ça, c’est une chance immense !

Martin Augiers-de-Crémiers

  • Responsable technique et chef de projet, Junia HEI Lille

Même si les contraintes de sécurité liées à la conduite d’une telle manipulation dans un avion l’ont conduite à limiter la puissance du laser utilisé, l’équipe a tiré une réelle satisfaction de l'expérience vécue, qu’elle a vue comme « un entraînement grandeur nature à la vie professionnelle ».

Dernier appel pour l'embarquement !

Vous êtes étudiants et l’aventure vous tente ? Si vous souhaitez participer à l’édition 2026 du projet Parabole post-bac, vous trouverez ci-dessous les documents à télécharger et compléter avant le 24 octobre 2025. Ils devront impérativement accompagner votre dossier de présentation de l'expérience envisagée.

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