Publié le 06 mars 2025

CSO-3 complète la souveraineté spatiale française

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Le CNES joue un rôle central dans le développement de moyens spatiaux pour la défense, et dans leur exploitation. Illustration avec le satellite optique CSO-3 lancé ce jeudi sur Ariane 6.

Illustration du satellite CSO-3.
© MIRA PRODUCTION/Rémy Parot - Sébastien Gentet, 2025

Ce 6 mars, Ariane 6 s’est élancée pour la 2e fois du Centre spatial guyanais, à Kourou. Pour ce premier vol commercial, le lanceur lourd européen a emporté le satellite CSO-3, pour le compte du CNES et de la Direction générale de l’armement (DGA), au profit du Commandement de l’espace de l’Armée de l’air et de l’espace. 

Ce satellite vient compléter la constellation CSO (Composante Spatiale Optique), un système de 3 satellites militaires d’observation de la Terre développés par la France dans le cadre du programme MUSIS

« CSO constitue la 3e génération de satellites optiques militaires, qui a pris progressivement le relais des systèmes Hélios 2 à partir de 2019. Par rapport à la génération précédente, la constellation apporte une très haute résolution et une augmentation des capacités », explique Paul Arberet, chef de projet CSO au CNES. 

Observation et identification

Les trois satellites, de conception identique, effectuent des missions d’observation à destination du renseignement militaire et de l’appui aux opérations. 

« Leur mission diffère selon leur orbite : à 800 km d’altitude, CSO-1, et bientôt CSO-3, sont dédiés à la reconnaissance ; à 480 km, CSO-2 réalise des prises de vue avec une résolution extrême et une grande qualité d’image qui permettent d’effectuer des missions dites d’identification », précise l’expert. 

Les satellites opèrent en permanence en évoluant sur une orbite héliosynchrone qui passe par les pôles. Chaque jour, ils reçoivent des plans de travail avec les zones à observer, qu’ils exécutent de manière autonome en transmettant les images quand ils se trouvent en visibilité des stations sol. 

Vue d'artiste du satellite CSO-3.
© MIRA PRODUCTION/Rémy Parot - Sébastien Gentet, 2025

Très haute valeur informative

Au-delà de la très forte augmentation de la résolution, qui n’a pas d’équivalent dans le domaine civil, CSO acquiert des images dans les domaines visible et infrarouge, ce qui permet une vision de nuit comme de jour. 

Cette capacité à observer sur deux bandes spectrales, couplant photo et vue infrarouge, donne au satellite un pouvoir informatif très élevé. Cela permet par exemple de détecter une activité humaine ou industrielle non discernable sur une image en bande visible, en identifiant des sources de chaleur et en mesurant les températures.

Paul Arberet

  • Chef de projet CSO au CNES

L’autre apport de la constellation réside dans son agilité renforcée par rapport à la génération précédente. Les satellites CSO n’acquièrent pas des images seulement sous leur trace, ils peuvent également se dépointer dans toutes les directions, de manière à cibler plus précisément une zone d’intérêt. Cela permet d’obtenir la meilleure couverture par rapport aux objectifs de la mission en un seul passage du satellite. 

Une expertise historique du CNES

C’est le CNES qui assure la maîtrise d’ouvrage de CSO par délégation de la DGA. La mission comprend la mise en œuvre du programme de bout en bout, depuis les études préliminaires jusqu’à la conception de l’ensemble des systèmes, puis la mise en service et le maintien en conditions opérationnelles tout au long de la vie des satellites. Cette confiance vient reconnaître une expertise acquise depuis plus de 50 ans dans le domaine de l’observation de la Terre, initiée avec le programme SPOT. 

« L’histoire de l’imagerie spatiale a commencé au CNES dans les années 1970 avec les études de ce satellite très novateur. SPOT1, lancé en 1986, est à l’origine de tous nos satellites d’imagerie qui ont suivi, et qui sont progressivement monté en puissance et en performance », appuie Philippe Steininger, conseiller militaire du président du CNES. 

La particularité de ces programmes optiques est leur dualité, c’est-à-dire leur capacité à répondre à la fois à des besoins civils et militaires. La famille Hélios, inaugurée par Hélios 1A en 1995, constitue ainsi la déclinaison militaire de SPOT. De la même manière, CSO a bénéficié des avancées de la filière Pléiades développée par le CNES, avec deux satellites lancés en 2011 et 2012. 

Autonomie stratégique complète

Au travers de ces programmes, le CNES contribue à l’autonomie stratégique française, analyse Philippe Steininger : « Il est essentiel de conserver des capacités souveraines d’observation de la Terre et on ne peut plus se passer, aujourd’hui, de ce type de moyens. »

La France fait le choix d’une autonomie stratégique complète afin de ne pas dépendre d’un autre pays ou d’acteurs privés pour accéder à l’imagerie spatiale. Cela garantit la qualité du service rendu et bien sûr la maîtrise et la confidentialité des informations. CSO marque à cet égard une évolution, puisqu’il s’agit d’un programme national, même s’il est ouvert à la coopération opérationnelle avec plusieurs partenaires européens.

Philippe Steininger

  • Conseiller militaire du président du CNES
Portrait de Philippe Steininger

Equipes intégrées CNES-Commandement de l’espace

Les équipes du CNES sont d’ailleurs impliquées dans tous les segments de la vie du satellite. Au Centre spatial guyanais, port spatial de l’Europe, d’où a décollé Ariane 6 le 6 mars avec CSO-3, c’est le CNES qui coordonne les opérations et qui assure notamment la sauvegarde vol. Ensuite, les différentes opérations sont effectuées depuis le Centre spatial de Toulouse, en étroite relation avec le Commandement de l’espace, dont les militaires sont intégrés aux équipes du CNES. Cela concerne le maintien du satellite sur son orbite, les éventuelles interventions sur les capteurs, l’évaluation des risques de collision et les manœuvres anticollision, mais aussi toute la communication avec le satellite. 

« Le segment sol utilisateur transmet au CNES des listes de programmation correspondant aux besoins d’images identifiés par les utilisateurs de la défense, qui sont chargées à bord du satellite, détaille Paul Arberet. Les équipes opérationnelles contrôlent le bon déroulement de la mission, traitent les images et les distribuent vers les utilisateurs. » 

Complété par CSO-3, le dispositif CSO assure les capacités d’observation et de détection de la France et de ses partenaires étrangers pour les prochaines années avec des moyens de très haute performance. D’ores et déjà, la future génération se prépare : le CNES travaille avec la DGA sur le programme IRIS qui prendra la relève dans la prochaine décennie. 

(Re)voir le lancement

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