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Fos-sur-Mer : un complexe industrialo-portuaire de 1er rang en profondes mutations

Premier port français avec près de 70 millions de tonnes, Fos-sur-Mer rassemble une immense zone industrialo-portuaire, située entre l’embouchure du Rhône et le golfe de Fos. C’est sans doute le projet industrialo-portuaire le plus important en France, initié lors du triomphe de l’État planificateur des années 1960 et dans le cadre historique du prolongement des activités portuaires de Marseille, située 50 km à l’Est. S’inscrivant ainsi dans un système métropolitain organisé autour de quatre pôles spécialisés – Marseille, Aix, Marignane /Vitrolles, Fos - Étang de Berre, ce projet de pôle de croissance connaît aujourd’hui de profondes mutations et des conflits d’usages croissants.

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Légende de l'image

Cette image du bassin de Marennes-Oléron, entre les estuaires de la Charente et de la Gironde, a été prise par le satellite Sentinel-2B le 23 avril 2021. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles de résolution native à 10m.

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Repères géographiques

Présentation de l'image globale

Fos-sur-Mer. La mise en valeur d’un vaste delta littoral par un complexe industrialo-portuaire de rang national et continental

 

Le bouleversement de l’espace naturel du delta

Au centre de cette image, le complexe de Fos-sur-Mer est avant tout marqué par son gigantisme. Il s'étend sur plus de 10 000 hectares, soit davantage que son concurrent français Le Havre. Ce qui frappe surtout, c’est que cette  zone industrialo portuaire (ZIP) fut créée dans un espace rural, peu aménagé jusqu’aux années 1960. La réalisation du complexe va profondément bouleverser les paysages et les habitants dans le cadre d’un État modernisateur et planificateur (voir article de géographie de 1969, opus cité).

Adossés à une vaste zone industrielle, les quais de Fos sont à l’échelle de la massification des trafics maritimes. En plus des produits d’hydrocarbure, chimiques et des vracs solides, industriels comme alimentaires, Fos est un port de conteneurs. C’est à Fos que les services maritimes vers l’Asie et les Amériques font escale ainsi que les destinations méditerranéennes.

Deux darses profondes et larges ont été pleinement réalisées sur les trois prévues. En effet, la darse 1, celle de l’Est, accueille pour l’essentiel les activités liées à l’usine métallurgique tandis que la darse 2, au centre est davantage axée sur les conteneurs. La 3ème darse, à l’Ouest, reçoit essentiellement des automobiles. La construction de cette darse est arrêtée par la crise pétrolière et économique de 1973. Ces darses sont réalisées sur d'anciens marais.

 

La diffusion des activités marseillaises vers l’ouest : la construction d’une métropole multipolaire spécialisée

En effet, si le site de Fos est choisi, c’est en raison de ces disponibilités en terrains gigantesques, qui auraient dû s’étendre sur une superficie double et atteindre Istres, voir Arles par la plaine du Crau, extrêmement plane. C’est aussi en raison, dans le golfe de Fos, de l’avancée du They de la Gracieuse qui offre une protection naturelle pour les navires. De plus, ce golfe de Fos offre des profondeurs intéressantes, entre 10 et 20 m. Situé à l’embouchure du Rhône, il permet de futurs reports multimodaux par les barges.

Enfin, il s’agit de prolonger les activités industrialo-portuaires de Marseille, qui après avoir quitté le Vieux port au milieu du XIXème siècle pour rejoindre la Joliette, se sont diffusées ensuite vers l’étang de Berre et Lavéra dans l’Entre Deux guerre pour enfin parvenir à ce vaste projet de Fos, situé à plus de 40 km du port historique. Fos appartient donc à un ensemble portuaire qui part de Marseille et s'étend de manière discontinue vers l’embouchure du Rhône.

C’est la partie la plus importante du grand port maritime de Marseille qui concentre ici les activités industrielles, les vracs liquides et les conteneurs. Le port de Marseille conserve pour sa part des activités moins polluantes comme le trafic de passagers ou la réception d’automobiles. La ZIP de Fos est ainsi un pôle économique majeur de la métropole de Marseille, puisque ses activités s’étendent sur des dizaines de km (entrepôts logistiques par exemple).

Pour réaliser les travaux de Fos, il a fallu draguer et déplacer près de 73 millions m3 de matériaux qui ont permis de combler les étangs et marais le long du littoral entre Port-de-Bouc et Port-Saint-Louis-du-Rhône sur près de dix km de long et près quatre km de profondeur. La comparaison entre les années 1950 et aujourd’hui est à cet égard particulièrement visible.

Autour de la ZIP, trois espaces sont visibles aux couleurs bien différentes autour de la ZIP. Au Sud-Ouest, on observe un quadrillage multicolore des marais salants et étangs de Camargue, puis au Nord-Ouest beaucoup d’espaces agricoles, essentiellement en vert, ils révèlent la richesse en eau de cette région, enfin au Nord-Est, les villes de Fos et de Port de Bouc, où subsistent quelques étangs, sont les marqueurs de la conurbation littorale de Marseille.

 

L’articulation des fonctions industrielles et logistiques

Cette image révèle aussi de nombreux axes de transports qui assure à Fos un vaste hinterland à cette plateforme multimodale majeure. Tout d’abord des canaux, avec celui de Marseille au Rhône, guère utilisé à l’Est par quelques bateaux de plaisance en raison de son faible gabarit et de sa fermeture sous le tunnel du massif de l’Estaque. Il longe le littoral de Port-de-Bouc à la darse 1, où  il file alors vers l’Ouest vers le Rhône. Une ancienne branche se dirige vers le Nord vers Arles. C’est la partie ancienne du XVIIème siècle qui assurait la navigation en cas de crue du Rhône. Il sert aujourd’hui de canal d’irrigation. Le Rhône est aussi utilisé par des barges mais de manière limitée malgré les projets de développement de navigation fluviale croissante entre Marseille et Lyon afin de soulager l’autoroute A7.

L’axe routier majeur qui longe le canal et contourne le site de Fos est la N568 qui permet de relier par une deux fois deux voies les autoroutes A55 (Martigues) et A54 (Arles). De vastes projets étaient conçus dans les années 1960 pour construire plusieurs autoroutes, autour de Fos et de l’étang de Berre mais la crise industrielle et les contestations environnementales ont mis un terme à ces projets. Dans la ZIP de Fos, le réseau routier est dense comme celui des voies ferrées (14000 trains/an), ce que l’on peut observer sur les quais entre les darses 1 et 2 par exemple. Enfin, un vaste réseau d’oléoducs et gazoducs, peu visibles, permet d’alimenter une large partie de la France, de la Suisse et jusqu’à l’Allemagne. Le projet initial était beaucoup plus important puisque Fos devait rivaliser avec Rotterdam pour l’approvisionnement en pétrole de l’Europe.

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Conservatoire littoral
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Carte IGN 1950
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Densité dessertes logistiques
Réserves foncières et espaces naturels

Ce qui frappe dans cette image, c’est bien évidemment l’étendue de la ZIP mais aussi ses réserves foncières. Fos devait disposer de trois darses gigantesques mais seulement deux ont été réalisées. La troisième vers Port Saint-Louis-du Rhône est à peine entamée, des entreprises de logistiques s’y installent. D’autre part, beaucoup d’espaces du port sont aujourd’hui peu aménagés, notamment entre les deux darses. Enfin, au Nord du complexe, beaucoup de terres, encore inondables constituent des réserves foncières de ce complexe qui aurait dû s’étendre davantage sur la plaine du Crau. Les récentes déclarations du président de la République lors de sa venue à Fos (2023) vont dans le sens d’une extension des activités de Fos, notamment autour d’industries « vertes » (podcast de France Culture ci-dessous).

Enfin, le contraste est fort entre formes géométriques anthropisées et espaces “naturels” protégés dans cette image. Le parc naturel régional de Camargue entoure la ZIP par l’EST et de nombreuses zones naturelles d’intérêt écologique faunistique et floristique (ZNIEFF) sont présentes autour et dans la ZIP. De plus, le complexe est entouré d’espaces agricoles, de marais, et de plages. Fos est aussi une zone de loisirs, avec ses réserves de pêches, de chasses, ses flamants roses, et ses plages fréquentées par la population locale. Les ports de plaisance de Fos à l’Est et celui de Port Saint Louis au Sud-Ouest rappellent cette fonction récréative, d’un site parmi les plus transformés de France.

Zooms d'étude

Vues d'un satellite Pleaides le 9 avril 2021.

Contient des informations PLEIADES © CNES 2020, Distribution Airbus DS, tous droits réservés.

Ces marais salants aux couleurs vives existent depuis l'Antiquité. De nombreux étrangers y ont travaillé : Arméniens, Italiens ou Indochinois par exemple. Aujourd’hui, le site des Salins du Midi s’est fortement mécanisé et il n’y a plus qu’une cinquantaine de personnes qui travaillent dans la saline. Elle représente 6 000 hectares avec une production de 340 000 tonnes de sel par an, pour le déneigement des routes essentiellement.

L’eau de mer est prélevée en mer et circule dans différents bassins grâce à un système de pompage. Elle est ensuite dirigée vers les tables salantes, parcelles d’eau de mer rose nacrée grâce à la forte concentration en mollusque rose qui donne leur couleur aux flamants. Saturée en sel, l’eau va s’évaporer. La cristallisation du sel se produit et la récolte peut avoir lieu. Cet espace est parsemé de pistes, de canaux et de marais au Sud. Avec la montée des eaux, cette activité saline pourrait disparaître progressivement d’autant que les projets de digues anti crue sur le Rhône limiteraient l’arrivée de l’eau de mer et la pression touristique s’accentue sur cet espace.

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Marais salants

Salin-de-Giraud est une commune de 2 000 habitants créée en 1856 pour fournir le sel à l'usine chimique, qui produisait de la soude. Henri Merle et le chimiste belge Ernest Solvay, fondent ensuite dans cette commune un second site industriel en 1895, pour utiliser le sel afin de fabriquer du carbonate de soude. La ville s'est alors construite suivant un plan en damier typique des cités ouvrières de la seconde moitié du XIXème siècle avec de larges rues, des groupes d'habitations séparés par des jardins publics ou privés, des places et par l’utilisation de la brique en façade. Les longs bâtiments rectangulaires du quartier Solvay, construits avec des briques par des ouvriers du Nord valent au village le surnom de « corons en Camargue » ce que l’on voit face à la route du bac. Celui-ci fonctionne pour les voitures permettant de franchir le Rhône sans repasser par Arles, mais un projet de pont est régulièrement annoncé.

Face à Salin de Giraud, le canal du Rhône au port de Fos est utilisé par des péniches et grandes barges qui assurent la liaison Lyon-Marseille amenée peut-être à se développer, dans le cadre du report du transport routier vers le transport fluvial sur le couloir rhodanien. Le trafic y est faible actuellement avec seulement quatre millions de tonnes/an.

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Salin de Giraud

Au centre de l’image le Rhône, encadré par de hautes digues du fait de la puissance de ses crues, alimente les espaces agricoles autour, ce que l’on voit par les nombreux canaux. Ces dizaines de canaux permettent la culture du riz de Camargue qui dispose d’une IGP. Ces rizières, très rectangulaires, sont créées dès le XIXème siècle. Elles limitent alors les crues du Rhône. La production du riz a continué, notamment par le recours à de la main-d'œuvre étrangère d’Indochine et d’Italie aux conditions de travail longtemps très difficiles. Des activités de tourisme vert se développent au travers de mas transformés en gîtes et une voie cyclable longe la rive gauche du Rhône, elle permet de relier Lyon à la Camargue, c’est la ViaRhôna.

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Rives du Rhône

Dans la commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône (8 000 habitants), on observe au centre le canal Saint-Louis et son bassin des Tellines qui marquent une zone de transition entre le complexe portuaire inachevé et les autres activités, passées ou récentes. En effet, la partie Sud rassemble des activités de conchyliculture, de navigation de plaisance avec port et atelier de radoub ainsi qu’une plage axée sur le kite surf. Le golfe de Fos bénéficie en effet d’une mer protégée par le They de la Gracieuse et de vents importants. Au-delà, des marais et espaces protégés sont prisés des chasseurs et les flamants roses y sont nombreux.

Au Nord du canal, s’il reste une plage, autrefois très vivante, l’essentiel repose sur l’activité portuaire et le début de la troisième darse, située sur l’ancien marais du Gloria. On voit ainsi, le quai pour conteneurs et automobiles, ainsi qu’une usine de fabrication de terreau, avec ses panneaux solaires sur le toit. Le foncier en réserve pourrait servir pour la zone logistique Fos Distriport en plein développement, située à moins d’un km avec de grandes entreprises telle que Geodis. Une autre zone logistique, celle de la Feuillane au Nord de la ZIP, accueille l’entreprise Ikea. Au total, Fos rassemble un million de m2 d’entrepôts auxquels viennent s’ajouter d’autres entrepôts logistiques à quelques km dans la plaine du Crau le long de l’A54 essentiellement (en dehors de l’image).

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Port-Saint-Louis-du-Rhône

Dans la partie Sud-Ouest sont situés les restes de l’ancien étang de Gloria, comblé par les millions de m3 du dragage du chenal d’accès au golfe de Fos. On voit donc ce qui aurait dû être la 3ème darse. Elle rassemble toutefois un “petit” quai de 650 m pour la réception d’automobiles, environ 60 000/an, venant ainsi compléter cette activité avec le port de la Joliette à Marseille. Les voitures proviennent essentiellement de Méditerranée, dont beaucoup de l’usine Dacia de Tanger Med au Maroc.

Les immenses quais (2 km) de la darse 2 sont consacrés aux conteneurs. Avec plus d’un million de conteneurs/an, 500 ports mondiaux desservis, 25 escales de navires/jour, de vastes espaces logistiques (entrepôts visibles de Gefco par exemple), Fos comporte bien des atouts qui en font le 2ème port français à conteneurs derrière Le Havre. Pourtant, Fos traite dix fois moins de conteneurs que Rotterdam, 1er port européen à conteneurs ou que Tanger Med 1er port à conteneurs de Méditerranée. Ces quais de Fos ont des profondeurs de 15 m et ne peuvent pas accueillir les plus grands porte-conteneurs mondiaux au tirant d’eau supérieur. Enfin, l’entreprise marseillaise, CMA CGM, 3ème entreprise mondiale de transport maritime, est peu présente à Marseille.

Au Nord se trouve l’usine Everé d’incinération des déchets de la métropole de Marseille. Immense, elle reçoit deux trains par jour et sa construction a soulevé beaucoup de contestations de la part des habitants dans les années 2000.  Ces derniers estimant qu’après le pétrole, les usines, les navires, Fos ne devait plus accueillir d'activités polluantes. En fait, l’installation d’activités industrielles polluantes est un choix depuis le XIXème siècle, puisque des usines étaient déjà construites alors et le choix des décideurs, depuis, fut de concentrer ces activités dans des espaces considérés comme “perdus” (travaux de l’équipe TELEMMe). Les contestations des populations locales, de municipalités et d’associations sont croissantes, notamment pour mesurer les pollutions et limiter ainsi certaines activités.

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Terminaux à conteneurs
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Repères géographiques

Au Nord du quai se trouve l’usine Eiffel, filiale du groupe Eiffage. Elle construit d’immenses éoliennes marines, des tripodes haut de 45 m qui devraient être installées à 17 km des côtes  produisant ainsi 8,4 MW d’énergies vertes. Cela donnerait une image moins négative à Fos et participerait à un verdissement des activités industrialo-portuaires. L’ensemble du complexe de Fos comprend d’ailleurs une trentaine d’étoliennes et de vastes champs de panneaux solaires, le tout dans le cadre des projets développés par PIICTO (Plateforme Industrielle et d’Innovation Caban-Tonkin qui regroupe les entités et le port de Marseille Fos dans le but d’améliorer la compétitivité et le développement d’activités industrielles et de l’innovation sur ce territoire). L’État souhaite aussi développer des « industries vertes » autour des panneaux solaires comme sur le modèle des usines de batteries électriques installées dans la ZIP de Dunkerque.

Pourtant, la vocation de Fos reste encore largement centrée sur l’industrie chimique et pétrolière ce que montre ici les usines de Kem one qui produisent de la soude, du chlore et de l’hydrogène. Plus bas, LyondellBasell, groupe mondial de chimie américain, produit de l’oxyde de propylène (PO) pour les sièges automobiles notamment.

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L'usine Eiffel
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A Fos, les terminaux méthanier à l’Est et pétrolier à l’Ouest forment un véritable « robinet » (Péraldi) pour alimenter la France en hydrocarbures. Ainsi, les pétroliers (en rouge) ont six quais, pouvant accueillir des pétroliers de plus de 100 000 tonnes. Une partie de ce pétrole est soit stockée dans des réservoirs situés à proximité, soit envoyé par pipeline, camions citernes et trains en France ou en Europe rhénane. Cette activité débute dans les années 1970. Il était prévu que Fos alimente de manière massive une partie des pays voisins et concurrencent Rotterdam, mais la crise pétrolière a freiné ces projets.

Par contre, le terminal méthanier, avec GDF, est en plein développement, avec son quai pouvant accueillir des navires GNL, en blanc sur l’image, de 300 000 m3. Situé près des trois grosses cuves, celles-ci sont comme des « thermos » afin de conserver le GNL – gaz naturel liquéfié à moins 160°c. À cette température, le gaz occupe en effet un volume 600 fois inférieur à sa forme gazeuse, ce qui facilite grandement son transport. Un méthanier de GNL peut ainsi transporter la consommation annuelle d’une ville comme Montpellier. Le GNL est soit mis dans des camions citernes pour des stations-services, soit transformé dans les différentes installations avec l’odorisation et le passage de la forme liquide à la forme gazeuse pour alimenter le réseau des gazoducs. Ce seul terminal méthanier assure 20 % de l’approvisionnement en gaz de la France et son trafic est amené à croître en raison de la guerre en Ukraine et de la fin du gaz russe acheminé par gazoduc, d’autant que les réserves foncières sont importantes. Mais, l’éventuelle extension de ce complexe méthanier et pétrolier rencontre l’opposition de la population qui souhaite notamment conserver la plage du Cavaou située à quelques centaines de mètres.

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Terminal méthanier

Couvrant un immense quadrilatère, l’usine sidérurgique d’Arcelor Mittal date de 1974, elle s’appelait auparavant SOLMER puis SOLLAC. Elle relève du modèle de cette sidérurgie sur l’eau, apparue au cours des années 1960, fondée sur l’importation par voie maritime de minerais de fer et de charbon, visibles ici à l’Ouest de l’usine sur les immenses quais de 36 ha. On peut suivre dans l’espace du site la progression des différentes opérations techniques aboutissant à la production finale. Cette intégration technique complexe sur un seul site est un facteur majeur de productivité par rapport à la dispersion des activités entre différentes sites industriels, en Lorraine par exemple. Une fois débarqué, le minerais et le charbon sont en effet homogénéisés et agglomérés, la cokerie – qui fournit le coke en fusion - et le four à chaux alimentent deux hauts fourneaux, une aciérie en coulée continue, un train à bande qui écrase progressivement les brames d’acier en fusion pour en faire une tôle très fine avant les opérations de finissage puis le stockage des bobines d’acier le long du canal.    

L’acier est fonc transformé en produits plats laminés par les hauts fourneaux et laminoirs, situés au centre de l’image pour produire des bobines visibles sur le quai de la darse sud face au terminal pétrolier. Ces milliers de bobines servent pour l’automobile, l’électroménager ou les emballages.

Près de 2 500 employés travaillent directement sur ce site qui est le plus important de la ZIP. Avec les emplois indirects, c’est plus quatre mille emplois. Depuis plusieurs années, des procès sont intentés à cette usine car elle dégage des fumées toxiques et surtout ses employés sont exposés à des poussières dangereuses. Les protestations des salariés et habitants pèsent peu face au poids économique de cette usine qui appartient à l’une des plus grandes firmes transnationales – le groupe ArcelorMittal - et qui reste l’un des plus importants employeurs de la région PACA.

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Arcelor Mittal
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Complexe de Fos
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Plage du cavaou

Dans cet espace, on peut observer les différentes périodes et activités du complexe de Fos-sur-Mer, les contrastes sont saisissants. En effet, si le Sud est marqué par les activités littorales avec un port de pêche et de plaisance, la plage populaire et aménagée du Cavaou, un canal apprécié des pêcheurs et des marais salant diversement utilisés, plus au Nord s’étend la ville de Fos. Essentiellement pavillonnaire, en croissance depuis 50 ans, puisque la population passe de 3 000 habitants en 1968 à plus de 15 000 actuellement. Elle est dotée de nombreux équipements, financés par les activités de la ZIP.

Les aménités de la commune viennent aussi d’espaces « naturels » de l’Est où subsistent des étangs et collines boisées, où randonneurs et sportifs sont nombreux. Ainsi, cette commune située à proximité d’une des plus grandes zone Seveso d’Europe attire-t-elle beaucoup d’ouvriers et d’employés mais aussi des cadres et retraités. Fos est une municipalité riche avec peu de poches de pauvreté. Les immenses réservoirs pétroliers d’Exxon visibles à l’Ouest, les usines proches avec leurs fumées et la vue des pétroliers mobilisent pourtant les populations pour limiter les activités polluantes de la ZIP.

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Fos-sur-Mer

Images complémentaires

Le complexe de Fos-sur-Mer dans l’espace du delta du Rhône.

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Image prise par le satellite SPOT6 le 8 juillet 2020 © SPOT 6/7 - Airbus DS 2016, tous droits réservés. Usage commercial interdit.
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Vue régionale / Images prises par un satellite Sentinel-2 le 18 juillet 2021
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Repères géographiques

D'autres ressources

Bibliographie :

Carroué Laurent, La France – Les mutations des systèmes productifs, Armand Colin, 2013.

Joly Jacques et Chamussy Laurent, « Géographie du futur engagé : le port industriel de Fos-sur-Mer », Revue de géographie alpine, 1969

 

Sitographie :

 

Podcast de France culture :

Contributeur

Xavier Gosset, Lycée Saint-Charles, Marseille