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Le bouleversement des milieux : l’urbanisation du littoral

Émirats Arabes Unis - Abu Dhabi : une ville capitale, entre mer et désert

Située dans la partie orientale de la péninsule Arabique sur la rive Sud du golfe Persique, la ville d’Abou Dhabi est la capitale de la fédération des Émirats arabes unis, Etat né en décembre 1971 à la suite du retrait britannique de la région. Cette fédération comprend sept Émirats disposant chacun d’une large autonomie. Si celui de Dubaï est aujourd’hui le plus connu en raison de sa forte médiatisation en tant que « Métropolis du XXIe siècle » et destination touristique en vogue, celui d’Abou Dhabi est le plus vaste - 86 % de la superficie totale du pays - et le plus riche grâce à l’exploitation des hydrocarbures, dont il détient quasiment toutes les réserves de la fédération (94 %). Quant à la ville, elle connaît un développement marqué depuis 2006 et le lancement de la Vision 2030, feuille de route de la diversification économique et de l’aménagement de l’Emirat, dont témoignent notamment l’implantation de la Sorbonne et la construction du Louvre Abu Dhabi. La capitale fédérale ambitionne de devenir la référence culturelle de la région, laissant à Dubaï la primauté économique. Le développement de la ville participe à la littoralisation de l’émirat d’Abou Dhabi, historiquement tourné vers le désert, les oasis de Liwa et d’Al Ain, dont est issu la famille régnante des Al Nahyan, favorisant son insertion dans la mondialisation.

Contributeur

Frank Tétart est docteur en géopolitique de l’Institut français de géopolitique (Université Paris 8) et diplômé en relations internationales (Paris 1). Il est l’un des co-auteurs de l’émission « Le Dessous des Cartes » avec Jean-Christophe Victor (1994-2008) et aujourd’hui avec Emilie Aubry. Ancien rédacteur en chef délégué des revues Moyen-Orient et Carto (2009 à 2011), il enseigne dans le secondaire et aux universités de Paris 1, Paris-Saclay et de Paris Sorbonne Abou Dhabi (PSUAD). De 2011 à 2016, il a vécu aux Emirats arabes unis.

Outre de nombreux articles sur Kaliningrad, sujet de sa thèse, il a publié la Géographie des conflits (CNED/SEDES, 2011), Péninsule Arabique, cœur géopolitique du Moyen-Orient (Armand Colin, 2017). Chez Autrement, il dirige depuis 2013 l’édition annuelle du Grand Atlas et a publié l’Atlas des religions en 2015, et Une carte par jour, découvrir le monde en un coup d’œil en 2018 et Drôle de Planète en 2019.

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Légende de l'image

Cette image de Abou Dabi, capitale des Émirats arabes unis dans golfe Arabo-Persique, a été prise le 01 avril 2013 par un satellite Pleiades. Il s’agit d’une image en couleur naturelle, de résolution native à 0,70m, ré-échantillonnée à 0,5m.

L'image ci-dessous présente quelques repères géographiques.

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Présentation de l'image globale

Abu Dhabi : capitale de la Fédération des Emirats arabes unis

A l’instar de Manhattan à New York, Abu Dhabi est une île, dont l’urbanisation est d’abord liée à la présence d’eau. Elle est à la fois la capitale de l’émirat éponyme et celle de la Fédération des Emirats arabes unis. A partir de cette l’île - en forme de triangle, plus longue que large et qui n’héberge que 100.000 habitants au moment de l’indépendance en 1971 - s’est bâtie une métropole de 1,7 million d’habitants qui a poursuivi son expansion sur le continent et les îles avoisinantes jusqu’alors inhabitées et souvent inhabitables.

De la perle au pétrole

Abou Dhabi se situe sur une importante façade maritime, celle du golfe Persique. Cette mer quasi-fermée d’une superficie de 233.000 km2 est peu profonde. Elle communique par le détroit d’Ormuz à l’océan Indien et se caractérise par sa forte salinité et surtout les richesses en hydrocarbures de son sous-sol.

Son littoral très découpé offre de nombreuses criques profondes. Celles-ci ont longtemps servi de refuge aux bateaux, marins-perliers ou pirates, en particulier sur la rive méridionale. Cet abri naturel est par conséquent à l’origine de nombreuses villes littorales, notamment Dubaï, qui s’est développé autour d’un bras de mer intérieure long de 14 km, le khor. La pêche perlière fut la principale industrie du golfe Persique, pratiquée sur les deux rives du Golfe jusqu’à l’invention de la perle de culture au Japon dans les années 1930 et l’exploitation des hydrocarbures, dont son sous-sol regorge. Aujourd’hui, le détroit d’Ormuz à l’extrémité sud du golfe Persique voit ainsi transiter chaque jour 40 % du trafic pétrolier mondial et est l’un des seuils majeurs de l’approvisionnement en hydrocarbures mondial.

Une urbanisation récente caractérisée par un certain étalement urbain

L’île semi déserte d’Abou Dhabi s’est urbanisée du nord au sud à partir de ce qui forme historiquement son cœur historique, le Fort Al Hosn, résidence de l’émir d’Abu Dhabi. On distingue l’organisation en damier de la partie nord de l’île promu par des urbanistes japonais. Elle marque la première phase d’urbanisation de la ville dans les années 1960, alors que le développement du pays s’accélère grâce aux exportations de pétrole et que la sédentarisation des bédouins est encouragée par Cheikh Zayed, au pouvoir à partir de 1966, qui leur garantit un accès gratuit à un logement.

L’urbanisation se poursuit ensuite le long d’un axe central nord-sud - « airport Road », la route de l’aéroport - qui permet de relier ce premier CBD - Central Business District, centre d’affaires - à l’aéroport international situé au sud-est de l’île. Sa piste est parfaitement visible sur la photo, car cette infrastructure - aujourd’hui dénommée Al Bateen Airport - reste encore utilisée pour l’aviation d’affaires. Car un nouvel aéroport international a été construit en 1982 sur le continent, contribuant à l’expansion urbaine au delà du seul pont reliant alors Abou Dhabi au reste du pays.

En 1985, l’île est urbanisée à 96 %, de manière très dense dans la partie nord et plus diffuse ailleurs, selon un modèle d’urbanisation à l’américaine, basée sur l’étalement urbain et l’usage de la voiture pour les déplacements. Un premier remblai permet d’élargir la corniche où sont progressivement construits des gratte-ciels, sièges des compagnies pétrolières (ADNOC) et des Fonds souverains. Ces Fonds, dont Abu Dhabi Investment Authority – ADIA – ou Mubadala, gèrent pour le compte de la fédération la quasi-totalité de l’épargne pour les générations futures, soit plusieurs centaines de milliards de dollars. On trouve enfin des hôtels internationaux haut de gamme, dont l’Emirates Palace, à l’extrémité ouest.

Une urbanisation planifiée cherchant à limiter l’étalement urbain

Dans la perspective de transformer la ville en un hub régional et global, un plan d’aménagement urbain intitulé Plan Capital 2030 est lancé en 2005. Il vise à encadrer l’urbanisation et à éviter les écueils rencontrés à Dubaï, qui est trop étendue et congestionnée. La priorité est donc donnée à l’aménagement et au remblaiement des îles inhabitées situées autour de l’île principale, et au développement, sur le continent, de constructions le long de l’autoroute conduisant à Dubaï et à l’aéroport international. La volonté affichée est bien de favoriser le développement durable.

Dans ce contexte, on assiste à l’aménagement de trois îles en partie spécialisées par grandes fonctions. Dédiée aux loisirs, L’île de Yas a ainsi été inaugurée en 2009. Plus proche du centre, l’île de Rim a une vocation plus résidentielle, en plus d’héberger des bureaux, des écoles internationales et la Sorbonne. Tandis que Al Maryah, plus proche de la corniche, se veut le nouveau centre des affaires de la capitale. Enfin, l’île du Bonheur - Al Saadiyat en arabe - au delà du port Zayed, a vocation d’être le quartier culturel et touristique d’Abou Dhabi, grâce à ses musées internationaux, dont le Louvre, et à ses longues plages de sable blanc le long du golfe Persique. Quant à l’île de Hudayriat, au sud d’Abou Dhabi, elle est encore en friche.

Sur la partie continentale dominent les quartiers résidentiels de Khalifa A et B, d’Al Raha, Mohamed Bin Zayed City, en plus du quartier durable de Masdar City, où siège l’IRENA, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables. Présentée dans les médias, lors de son lancement, comme la ville durable par excellence, avec zéro déchets et une empreinte écologique nulle, Masdar n’est en fait toujours pas achevée. Plus au sud, se situe la zone industrielle de Mussafah. La construction d’un nouveau centre décisionnel, Capital City, a finalement été abandonnée après la crise financière de 2008.

Afin de connecter ces nouveaux quartiers avec l’île principale, deux ponts ont été construits au cours des années 2000 pour relier l’île au continent (Musaffah et Cheikh Zayed) ainsi qu’une autoroute (E12) reliant la corniche - l’hypercentre - à Dubaï via les îles de Saadiyat et de Yas. En revanche, les projets de métros et de tram initialement prévus pour 2014 n’ont pas encore été réalisés, les services de transports publics se cantonnant à un réseau de bus. Quant à la liaison par train à grande vitesse avec Dubaï, elle a été abandonnée au profit de l’hyperloop, transport innovant à la vitesse supersonique créé par Elon Musk, dont la construction annoncée dès 2018 pour être opérationnel en 2020 a été depuis repoussée à maintes reprises.

Une ségrégation socio-spatiale héritée de la sédentarisation

En raison de la politique de sédentarisation des nomades menée à partir du milieu des années 1960, l’île d’Abou Dhabi concentre l’habitat résidentiel des nationaux émiriens, notamment dans sa frange sud, alors que la population étrangère représente 80 % de la population de la ville.

Cheikh Zayed, le fondateur de la Fédération des Émirats arabes unis, a en effet choisi d’octroyer à chaque habitant de l’île d’Abou Dhabi trois parcelles de terres : l’une pour son habitation, l’autre pour ses bureaux, la troisième pour y développer une activité industrielle, voire pour la construction de logements locatifs. Son ambition était que chaque Abou-Dhabien puisse ainsi subvenir à ses besoins, le gouvernement se chargeant du reste - l’éducation, la santé et l’aide sociale - par la redistribution de la manne pétrolière.

La ségrégation socio-spatiale est donc de mise à Abou Dhabi. L’île concentre d’abord les locaux et les expatriés occidentaux et libanais, vivant en majorité dans des villas luxueuses, des « compounds » bâtis sur le modèle des « gated communities » américaines ou des appartements haut de gamme. Tandis que la majorité des forces vives - indiennes, philippines, arabes - vivent dans les nouveaux quartiers situés sur le continent au delà de la Grande Mosquée, voire dans les vieux logements des années 1970 du centre-ville. Pour leur part, les ouvriers du bâtiment sont relégués dans des camps de travailleurs en lisière de l’agglomération ou à proximité des grands chantiers.

Les photographies ou les images de provenance spatiale sont des outils précieux pour pouvoir observer l’évolution du littoral d’Abou Dhabi que la cartographie traditionnelle peut difficilement suivre.

On y distingue parfaitement les îles de Saadiyat au Nord-Est et les îles de Reem et Al Maryah au sud-ouest qui forment les quartiers en développement et actuellement en cours d’aménagement à Abou Dhabi. Ces îlots ou bancs de sables ont été en grande partie remblayés pour gagner en superficie et en favoriser l’aménagement. Quatre ponts de 200 à 430 m de long ont été achevés en 2016 pour faciliter l’accès à l’île Al Maryah et son quartier d’affaires, depuis les îles d’Abu Dhabi et de Reem. La mise en service de ces ponts a permis de désengorger le centre-ville tout en offrant un accès direct et rapide à l’entrée des urgences de l’hôpital Cleveland.

L’île de Reem et La Sorbonne : un levier de soft power

Depuis 2009, l’île de Reem accueille la Sorbonne, que l’on peut facilement repérée sur la photo grâce à sa forme circulaire et sa coupole semblable à celle de Paris. L’université française - Université Paris 4 - a ouvert aux Emirats une antenne en 2006 à la suite d’un accord passé entre la Sorbonne, le Ministère de l’Éducation nationale et les Émirats arabes unis.

L’université d’une superficie de 93.000 m2 y dispense les mêmes cursus de sciences humaines et sociales qu’à Paris, tout en étant sous l'égide de l'organisme public Abu Dhabi Education Council (ADEC). Afin d’accroître le recrutement des étudiants, elle offre une année de mise à niveau pour ceux, dont le niveau de français est insuffisant, et des enseignements dispensés en langue anglaise à partir du niveau Master. Elle a aussi ouvert en partenariat avec l’université Pierre-et-Marie-Curie, un premier parcours scientifique avec la licence de mathématiques-physique et propose un master de muséographie, pour former les cadres des musées qui sont ouverts sur l’île voisine de Saadiyat, dont le Louvre.

Préservation de la mangrove et nouveau quartier d’affaires de l’île d’Al Maryah

Dans une volonté de préservation de l’environnement, la mangrove située au nord de cette île a été conservée, sur le modèle du Parc National des Mangroves situé sur le flanc est de l’île d’Abou Dhabi et du nouveau Jubail Mangrove Parc inauguré en 2020.

Quant à la plus petite île d’Al Maryah, elle a été développé à partir de 2012 afin d’en faire le nouveau quartier d’affaires, le nouveau CBD de la capitale émirienne. Sa skyline majestueuse en témoigne, même si elle reste aujourd’hui encore peu investie par des entreprises internationales. Son centre commercial est plus dynamique, et les restaurants ouverts le long de la mer concourent à en faire un nouveau lieu de sortie, très apprécié des habitants de la ville, en dehors de la période estivale caniculaire.

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Repères géographiques
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Image de la région prise par le satellite Spot 5 le 10 juillet 2002 © SPOT 5/CNES 2002, Distribution Airbus DS

Un Musée du Louvre à Abu Dhabi : musée, culture et patrimoine comme leviers de diversification économique et de rayonnement international

Reconnaissable du ciel grâce à sa coupole grise, le Louvre Abu Dhabi conçu par l’architecte français Jean Nouvel est situé à la pointe sud de l’île de Saadiyat (Bonheur en arabe), face au port Zayed, où se trouve notamment la base militaire française.

Ce musée tout ouvert sur la mer s’insère dans un projet d’aménagement global « Abou Dhabi 2030 » qui vise au développement et à l’aménagement territorial de la ville et des îles jusqu’alors inhabitées. Il offre à la ville et à la région du Moyen-Orient, ainsi qu’au monde arabe un équipement culturel de premier plan dans un contexte de concurrence entre les territoires aux niveaux local (rivalité avec Dubaï), régional (Doha) et mondial (mondialisation de la culture).

Le Louvre Abu Dhabi participe donc à la politique de diversification économique du pays dans le secteur du tourisme, et permet d’accroître le rayonnement international du pays. Selon Hasan Ismaik, directeur général d’Arabtec, constructeur du musée : « Le Louvre Abu Dhabi est sans aucun doute le développement culturel le plus attendu dans la région, et reflète fidèlement l’ambition des Émirats de renforcer sa position sur la carte mondiale en tant qu’épicentre culturel et destination centrée sur les activités de loisir. » D’ailleurs, son public est international : d’abord en provenance des pays voisins, notamment des pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar), mais aussi du sous-continent indien et du reste du monde en raison de sa position géographique favorable située à mi-chemin entre Orient et Occident. Depuis son ouverture en 2017, il accueille 1 million de visiteurs chaque année.

À l’origine, l’aménagement du quartier culturel de Saadiyat devait compter plusieurs musées. Mais il a été revu à la baisse en raison de la crise économique et financière de 2008. Les musées de la mer et des arts vivants ont été abandonnés. Le Louvre devrait prochainement jouxter le musée national de Cheikh Zayed, le père de la nation émirienne, et le Guggenheim Abu Dhabi, un musée d’art moderne, conçu par l’architecte américain Frank Gehry, déjà créateur du Guggenheim de Bilbao (Espagne). Ce musée de 30 000 m2 sera le plus grand de la Fondation Guggenheim, qui compte déjà cinq sites - New York, Bilbao, Berlin, Venise et Las Vegas - pour un coût estimé qui dépasse le milliard de dollars.

La création du Louvre Abu Dhabi, un musée à vocation universelle de 24.000 m2, est le résultat d’une coopération avec la France et le Musée du Louvre lancée à la suite d’un juteux contrat signé entre Paris et Abou Dhabi en 2007, d’un montant de presqu’un milliard d’euros sur trente ans, dont 400 millions pour le droit d’utiliser le nom « Louvre ». Entre autres missions, ce musée s’efforce de constituer une mémoire universelle partagée. Le dialogue entre œuvres d’art, sculptures et objets doit permettre aux visiteurs de découvrir les influences communes et les liens historiques réciproques constatés entre différentes cultures, pour mieux comprendre l’histoire de l’humanité.

Point d’orgue de dix années de travaux, le Louvre a été inauguré en grande pompe le 8 novembre 2017 en présence de plusieurs chefs d’Etats étrangers, dont le président français Emmanuel Macron. Ce symbole de la coopération culturelle franco-émirienne est le premier musée universel du monde arabe, et, selon les termes du chef de l’Etat français, un « message envoyé contre tous les obscurantismes ». Derrière l’image d’un pays arabe éclairé projeté par cet événement très médiatisé, l’on assiste en effet à un durcissement du régime émirien, à l’intérieur - accroissement de la surveillance - comme à l’extérieur - intervention au Yémen.

Il demeure que ce volontarisme d’accentuer l’accès à la culture et à l’éducation participe à la mondialisation culturelle des Emirats arabes unis et de la région. L’idée est de transformer leur Etat en « société de la connaissance » (knowledge society) passe aussi par l’accueil d’universités étrangères, telles la Sorbonne ou la New York University ou l’Insead. Il contribue également à accroître l’attractivité de la ville au niveau international. En raison de la nouvelle division internationale du travail, les villes « globales » sont aujourd’hui les principaux centres d’impulsion de la mondialisation, des centres de commandement, qui attirent des élites et des populations, qui choisissent de s’y établir et d’y travailler.

Port Zayed et la base militaire française aux E.A.U.

Face au Louvre se trouve le port d’Abou Dhabi, Port Zayed. Il est très modeste en termes d’échanges par rapport à celui de Djebel Ali à Dubaï, qui est devenu le 8e port mondial, et du nouveau port Khalifa, construit à 30 km plus au nord.

Surtout, il accueille la base militaire que la France a ouverte dans le pays en 2009, et dont la présence rappelle que le golfe Persique est un espace sous tensions. Elle vient compléter l’accord signé entre les deux États en 1977 portant sur la coopération militaire et technique et renforcé, après la Guerre du Golfe de 1991, par une clause de solidarité. L’ouverture d’une base marque par conséquent un nouveau seuil dans cette relation de défense bilatérale.

Loin d’assurer la seule protection des Émirats, la base d’Abou Dhabi fait partie du dispositif militaire français dans le monde en tant que « bras armé au Moyen-Orient et en Asie ». De fait, elle accueille le commandement militaire français en charge de la défense des intérêts français de la zone de l’océan Indien – Alindien - soit un vaste espace de 22 millions de km2 environ.

Il s’agit en réalité d’un déploiement interarmes, puisqu’à la base navale située à Port Zayed s’ajoute une base aérienne - la BA 104 - à Al Dhafra, ainsi que le Ve Régiment de cuirassiers dans la base émirienne de la Cité militaire Zayed située à l’est d’Abou Dhabi, sur la route de Dubaï. Au total, ce sont 650 militaires français qui séjournent de façon permanente aux Émirats.

Après avoir participé à la lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden et les côtes somaliennes, en coopération avec les pays de la région, les États-Unis et l’Union européenne, la base d’Abou Dhabi a servi de point de départ aux avions de combat français pour bombarder les positions de Daech en Irak et en Syrie. La base permet aussi de suivre le conflit en cours au Yémen, même si la France n’y joue aucun rôle, de surveiller l’Iran qui reste une préoccupation majeure de la France, et aussi d’accueillir le porte-avion Charles de Gaulle lors de ses escales dans le Golfe.

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Image Pleiades du 3 novembre 2016 © Pléiades/CNES 2016, Distribution Airbus DS, tous droits réservés. Usage commercial interdit.

L’île de Yas Island a été inaugurée en 2009. Cette île a été remblayée au cours des années 2000 et aménagée pour offrir à la capitale un espace de loisirs des plus variés. On y trouve le parc Ferrari World, consacré à la célèbre marque automobile italienne et visible du ciel grâce à son toit rouge rutilant. Mais aussi le parc aquatique Yas Waterworld, un parc d’attractions Warner Bros, un golf, un centre équestre et la salle de concert de Yas Arena. S’y ajoute un circuit de Formule 1, le long de la Marina. Il s’agit du deuxième construit au Moyen-Orient après celui de Bahreïn. Il a été inauguré en 2009 pour un montant de près d’un milliard d’euros.

On trouve aussi sur Yas un centre commercial, hébergeant notamment la fameuse marque de meubles suédoise IKEA, ainsi que de nombreux hôtels des grandes chaînes internationales, et des résidences de luxe. Il est vrai que l’île dispose d’un emplacement favorable à proximité de l’aéroport international d’Abou Dhabi et est reliée au centre-ville, via l’autoroute E12 passant par Saadiyat et à Dubaï via l’autoroute E11.

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Images complémentaires

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La Corniche et l’ile Lulu (vue générale)
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Le bouleversement des milieux : l’urbanisation du littoral
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La skyline des gratte-ciels de la Corniche
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Les iles Maryah et Rim en 2013

D'autres ressources

Bibliographie

Khaled Alawadi & Ouafa Benkraouda (2017): « What happened to Abu Dhabi’s urbanism? The question of regional intégration », Journal of Urban Design, DOI: 10.1080/13574809.2017.1361786

Dumortier B. et Cadène P, (2012), Atlas des pays du Golfe, Presses de la Sorbonne, Paris.

Piquet Caroline (2013) Les pays du Golfe de la perle à l'économie de la connaissance, Les nouvelles terres du libéralisme, Armand Colin, Paris.

Roman Stadnicki, Villes du Golfe, Atlas des Villes, Hors Série Le Monde La Vie, 2003, p.76-77.

Frank Tétart, La péninsule arabique, cœur géopolitique du Moyen-Orient, Armand Colin, Coll. U., 2017.