Micro-Etat polynésien du Pacifique sud, le Royaume des Tonga est un archipel de 172 îles dont l’île principale - Tongatapu – polarise 75 % de la population. Cet atoll a réalisé d’importants aménagements pour lutter contre les risques de submersion et s’avère vulnérable à la possible élévation du niveau de la mer en raison du réchauffement planétaire. Son économie repose largement sur l’émigration et l’argent envoyé par les Tongiens à l’étranger, en plus de l’aide internationale.
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Cette image de la plus grande des 150 îles du royaume des Tonga a été prise par un satellite,Sentinel-2 le 23 mai 2016. Il s'agit d'une image en couleur naturelle et la résolution est de 10m
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Présentation de l’image globale
Tongatapu, l’île-capitale du royaume des Tonga
Les Tonga : un micro-Etat insulaire polynésien du Pacifique sud
Le royaume polynésien des Tonga est un micro-Etat de 748 km² et 100 000 habitants du Pacifique sud. Il est situé aux antipodes de l’Europe de l’ouest puisqu’entre 15° et 23° de latitude sud et entre 173° et 177° de longitude ouest. Il se trouve à 1 700 km au nord-est de la Nouvelle-Zélande et à 700 km au sud-est des Fidji.
Il est composé de 172 îles, dont un cinquième est habité, regroupées en quatre petits archipels. Sa Zone économique exclusive couvre 660 000 km². A l’extrême sud du pays, par 21° de latitude sud, Tongatapu est l’île principale, avec 260 km² et 75 000 habitants au dernier recensement de 2016, soit les trois quarts de la population du pays. Cette proportion n’a cessé de croître ces dernières décennies (61 % en 1980), un phénomène de concentration sur l’île principale qui est majoritaire dans les archipels tropicaux.
Un atoll surélevé avec deux types de littoraux bien différenciés
Tongatapu est un atoll surélevé par une tectonique récente, due à la proximité de la zone de subduction des Tonga-Kermadec, et basculé vers le nord. Ceci s’explique plusieurs spécificités. Sa topographie est relativement plane, avec un point culminant à 65 mètres.
L’ile se caractérise par deux types de littoraux bien différenciés. Au sud et à l’est, le littoral à falaises correspond à une couronne récifale exhaussée ; il est battu par la houle australe qui apparaît clairement sur la photographie. Au nord se déploie une côte basse prolongée par un récif en partie immergé. Celui-ci circonscrit un lagon ouvert, plus vaste que l’île elle-même, mais qui n’apparaît que partiellement sur le cliché.
Enfin, au centre de l’île une dépression est occupée par une lagune. Elle est bordée - spécialement au sud - par la mangrove, qu’on retrouve également le long du platier récifal au nord-ouest de l’île.
D’importants aménagements pour lutter contre les phénomènes de submersion
Une part conséquente de la population est concentrée sur la zone la plus basse du littoral, à moins de 5 mètres d’altitude, notamment dans la capitale Nuku’alofa, située sur une langue de terre entre lagon et lagune.
A côté des aménagements portuaires, comme les wharfs et les jetées construits sur le récif frangeant bien visible, il a fallu que cette ville se protège des phénomènes de submersion qui peuvent survenir à la suite du passage de nombreux cyclones qui affectent cette zone, tel Gita en 2018 qui a fait de gros dégâts. C’est aussi un élément de vulnérabilité dans la perspective d’une possible élévation rapide du niveau de la mer en raison du réchauffement planétaire.
Structures foncières spécifiques et spécialisations de l’agriculture commerciale
Le sol appartient à l’Etat aux Tonga. Une partie est allouée aux nobles du pays qui développent une agriculture commerciale (vanille, noix de coco, banane, courge…). L’autre partie est distribuée de manière équitable aux garçons à l’âge de 16 ans, qui recevaient traditionnellement une parcelle de 3,3 ha.
Si la croissance démographique a réduit la taille des parcelles distribuées, il en demeure une structure foncière très émiettée avec des champs de taille sensiblement égale, combinant jardins vivriers avec cultures de tubercules (igname, taro, manioc) et cultures commerciales.
Le rôle de l’aéroport, processus migratoires et développement du tourisme
L’aéroport, au sud-est de l’île, est doté d’une piste orientée nord-ouest/sud-est en raison de l’alizé qui souffle d’une manière assez constante de l’est-sud-est. Il s’agit de l’unique porte d’entrée des visiteurs qui se rendent dans le Royaume, spécialement les 60 000 touristes qui ont visité l’archipel en 2016, dont presque la moitié fait partie des 60 000 Tongiens qui vivent en Nouvelle-Zélande et qui reviennent régulièrement dans leur pays d’origine.
Les Tonga constituent un des Etats archétypiques du modèle MIRAB (MIgration, Remittances, Administration and Bureaucracy), mis en évidence par G. Bertram et R. F. Watters (1985) et dont l’économie repose largement sur l’émigration et l’argent envoyé par les Tongiens à l’étranger, en plus de l’aide internationale.
Comme ancien protectorat britannique et membre du Commonwealth aujourd’hui, le royaume est fortement lié à la Nouvelle-Zélande et à l’Australie. Toutefois, depuis l’établissement de relations diplomatiques avec la Chine en 1998, l’influence de celle-ci n’a cessé de croître et c’est devenu le pays du Pacifique où l’aide chinoise a été proportionnellement la plus forte, arrivant au niveau de celle de l’Australie selon le Lowy Institute for International Policy sur la période 2006-2016, avec un niveau d’endettement inquiétant.
Références ou compléments
ANTHEAUME B. et BONNEMAISON J., 1988, Atlas des îles et Etats du Pacifique Sud, Montpellier-Paris, GIP Reclus/Publisud, 126 p.
ARGOUNES F., MOHAMED-GAILLARD S et VACHER L., 2011, Atlas de l’Océanie, Paris, Autrement, 80 p.
BERTRAM G. et WATTERS R. F., 1985, « The MIRAB economy in South Pacific microstates », Pacific Viewpoint, vol. 26, p. 497-519.
Lowy Institute for International Policy
Contributeur
Jean-Christophe Gay, professeur des universités, IAE de Nice, université Nice Sophia Antipolis