Poitou-Charentes - Le bassin Marennes-Oléron : un territoire littoral à l’identité singulière de Charente-Maritime

L’image satellite étudiée concerne les presqu’îles de Marennes au nord et d’Arvert au sud, ainsi que la partie méridionale de l’île d’Oléron, plus grande île du littoral atlantique. Le bassin de Marennes-Oléron, appartenant à ce territoire, est un milieu remarquable par ses paysages de marais largement ouverts sur l’océan, façonnés successivement au fil de l’histoire par les sauniers puis les ostréiculteurs. Aujourd’hui, premier bassin ostréicole européen, ce territoire est également mis en tourisme depuis le XIXe siècle. Ce milieu connaît d’importantes mutations et nécessite aujourd’hui une attention particulière afin d’y maintenir une économie viable, dans le respect du cadre naturel et de son identité singulière.

 

Légende de l’image

 

Cette image du bassin de Marennes-Oléron, entre les estuaires de la Charente et de la Gironde, a été prise par le satellite Sentinel-2B le 23 avril 2021. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles de résolution native à 10m.

Ci-contre, la même image satelitte présente des repères géographiques de la région.

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Repères géographiques

 

 

 

Présentation de l’image globale

Le bassin Marennes-Oléron : un territoire littoral à l’identité singulière

Un territoire littoral à dominante rurale, organisé autour d’un triptyque pour défendre l’estuaire de la Charente

De par sa situation géographique et sa faible densité de population, le bassin de Marennes-Oléron est un territoire essentiellement rural. Il est composé d’une part de marais doux, avec les marais de Brouage (ancien Golfe de Saintonge) propices à l’élevage extensif, et d’autre part de marais salés sur les rives de la Seudre (anciens marais salants) où sont aujourd’hui affinées les huîtres. Les marais d’Oléron forment le pendant insulaire de ceux de la Seudre et de Brouage.

Depuis l’époque moderne, ce territoire occupe une position stratégique que souligne la présence d’un patrimoine maritime fortifié. Sous le règne de Louis XIV, en 1666, la construction de l’arsenal de Rochefort par Colbert (hors image, au nord-est du territoire étudié) nécessita la mise en œuvre d’un vaste système défensif autour de l’estuaire de la Charente. Vauban modernisa la place forte de Brouage et la citadelle du Château d’Oléron puis ajouta un nouvel élément au décor : le fort Chapus (dit Louvois) au milieu du coureau (cf. zoom 1), afin de verrouiller l’accès sud à la rade de Rochefort.

Un terroir ostréicole : « le pays de l’huître verte »

Le bassin ostréicole Marennes-Oléron est strictement délimité : il couvre 27 communes réparties sur la façade orientale de l'île d'Oléron et le continent, de l'embouchure de la Charente au nord jusqu'au pertuis de Maumusson au sud. Le mélange d’eau douce et d’eau salée crée des conditions propices pour la reproduction des huîtres et l’élevage conchylicole. Le bassin s’étend sur 3.000 hectares de parcs, concédés sur le domaine public maritime, et 3.000 hectares de claires, bassins argileux creusés dans les anciens marais salants.

L’image satellite dévoile ce parcours labyrinthique, marqué par la présence de l’homme qui l’a fabriqué. Ces paysages témoignent du savoir-faire des ostréiculteurs pour entretenir ces espaces. Ces « jardiniers de la mer » organisent l’élevage des huîtres sur quatre années : du captage des larves microscopiques, le naissain, sur l’estran des Pertuis, jusqu'à l'affinage dans les claires. La Tremblade et Marennes constituent les deux grands ports ostréicoles de part et d’autre de l’estuaire de la Seudre (cf. zoom 2).

Les marais de Brouage : ancien Golfe de Saintonge, territoire empreint d’histoire

Au sud de Rochefort, l’espace du marais de Brouage s'inscrit dans la continuité de l'espace maritime, entre la presqu’île de Marennes et les coteaux de Moëze. La persistance dans le paysage du relief des anciennes îles, et le tracé de certaines voies d’eau témoignent de la présence ancienne de la mer. Ainsi, plusieurs activités humaines se sont succédé dans ce marais : de la saliculture à l’élevage et à l’ostréiculture.

Dès le XIe siècle, les hommes ont endigué ce territoire pour produire le sel : « l’or blanc » de l’époque. La citadelle de Brouage et son port constituaient un fleuron au XVIe siècle pour le commerce du sel (cf. zoom 3).  Salines (ou jas), buttes (bossis) et fossés sont encore visibles dans le paysage et quadrillent les prairies destinées aujourd’hui au pâturage.

Le XVIIe siècle, marque la fin de la saliculture pour plusieurs raisons :  l’envasement, et l’évolution économique et politique (concurrence du sel, suppression de la gabelle, guerres de religion…). On fait alors appel aux ingénieurs hollandais pour assainir ce marais, et de grands canaux rectilignes sont creusés pour évacuer les eaux.

Au XIXe siècle, ce paysage est reconverti en marais doux desséchés, pour y développer des activités pastorales, et notamment un élevage extensif bovin. Les marais de Brouage conservent ainsi les marques de ces mutations et témoignent de cette histoire singulière. Toutefois, le développement plus récent de la culture céréalière plus intensive, perceptible sur les communes de Moëze et Hiers-Brouage, a tendance à bouleverser ce milieu en gommant cette singularité.

Dès lors, plusieurs organismes d’intérêt collectifs interviennent dans la valorisation et la protection de ces paysages. Site classé par l’Etat depuis 2011 au titre de ses qualités paysagères et désigné Site Natura 2000, ce marais abrite de nombreux oiseaux et constitue une étape importante dans leurs migrations au travers l'Europe. La réserve naturelle de Moëze veille à la préservation des espèces animales (hérons, aigrettes, bergeronnettes, cigognes…) et végétales (salicornes, renoncules, obiones…).

Le Conservatoire du littoral, propriétaire de plus de 1 400 hectares de marais, participe aussi à la valorisation des prairies avec les agriculteurs et contrôle l’urbanisation de cet espace fragile. De plus, une démarche collective (le grand projet du marais de Brouage) est entamée en 2016 pour développer une gestion concertée du marais, impliquant l’ensemble de ses usagers. Actuellement, un projet de Parc Naturel Régional (PNR) est également à l’étude pour protéger les marais du littoral charentais.

Un territoire mis en tourisme depuis « la Belle Epoque »

Le tourisme constitue aujourd’hui le principal moteur économique de la région. Ce territoire jouit d'un climat doux et ensoleillé, propice aux activités balnéaires et sportives.

Au nord de la presqu’île d’Arvert, Ronce-les-Bains forme un trait d’union entre mer et forêt. Protégée par Oléron, cette station balnéaire située sur la commune de la Tremblade, a été créée ex-nihilo en 1860. La vogue des bains de mer donna l’idée à un riche bourgeois de Saint-Jean d’Angely (M. Perraudeau de Beaufief) de créer une station, en faisant bâtir les premières villas. Le Docteur Brochard contribua à son essor en écrivant un ouvrage « Des bains de mer à La Tremblade », célébrant les propriétés de l’eau de mer, les vertus de l'air iodé, des senteurs balsamiques des pins et du microclimat. Dès sa création, son aménagement est planifié avec un plan en damier. Deux axes parallèles à la plage sont tracés et reliés par des routes perpendiculaires qui desservent des chalets ou des demeures plus imposantes au style bien particulier (gothique, basque, anglo-normand, …). Les plages fréquentées pour la baignade se trouvent un peu plus au nord-ouest : la Cèpe, le Galon d’Or ou l’Embellie.

Oléron, surnommée « l’île lumineuse », a également su profiter de cet engouement des bains de mer. À l'extrême sud, on distingue Saint-Trojan-les-Bains, petite station balnéaire datant de 1898. Longtemps la proie des tempêtes et de l’ensablement, cet ancien village de sauniers fut mis à l'abri, grâce à la plantation d'une vaste forêt à la fin du XIXe siècle. Prolongement naturel de celle des Landes de Gascogne, cette forêt fut plantée de pins maritimes pour stabiliser les dunes. Créée de toutes pièces, elle permit le développement de nouveaux métiers (résiniers et bûcherons) et la prospérité de ce village isolé. Dès lors, les estivants arrivèrent via les bateaux à vapeur faisant la liaison avec le continent. De cette époque, la station conserve un riche ensemble de villas « Belle Époque » s'alignant sur le front de mer, à quelques pas du port ostréicole. Pierre, brique, bois ou céramique ornent les façades éclectiques de cette architecture balnéaire.  
Aujourd’hui le massif forestier de Saint-Trojan et la forêt de la Coubre sont gérés par l’Office National des Forêts, en combinant étroitement la protection du site, de la faune et de la flore, et l'accueil du public. Depuis 1963, le P'tit Train de Saint-Trojan permet de parcourir 12 kilomètres aller-retour jusqu’à la côte sauvage, dans des pinèdes inaccessibles par la route.

Un littoral attractif mais fragile …

Le caractère insulaire à faible relief rend le territoire oléronais particulièrement attractif. La population de l'île compte environ 22 000 habitants et est multipliée par dix au plus fort de la saison. Le rôle de passage, joué par la presqu’île de Marennes, engendre une saturation des flux en période estivale (embouteillage, assainissement…). Le développement des résidences touristiques et l’extension urbaine représentent une menace potentielle pour ce territoire.

Dans sa partie la plus méridionale, l’île d’Oléron est séparée du continent par le pertuis de Maumusson. Ce « mauvais chemin », soumis à des courants marins violents, fut au cours de l’histoire un endroit sujet à de nombreux naufrages. Les courants marins génèrent aujourd’hui une érosion marine importante. Ce phénomène se caractérise par un recul constant de la côte et la disparition de portions non négligeables de la dune, notamment lors des grandes houles d'hiver. Chaque année, l'océan grignote 10 à 11 mètres de dune en moyenne. La plage de Gatseau est désormais réputée pour enregistrer la plus forte érosion d’Europe.

Le territoire étudié enregistre également de nombreux conflits d’usages. Les activités de pêche, l’ostréiculture, l’élevage, l’agriculture, le tourisme et les loisirs ne convergent pas toujours vers les mêmes attentes.

L’ostréiculture joue pleinement un rôle d’entretien et de conservation des marais, mais cette activité reste fortement dépendante des aléas environnementaux, de la qualité microbiologique du milieu, et est soumise aux pressions anthropiques. Depuis plusieurs années, des crises de mortalité des juvéniles (captage de naissain) engendrent une baisse des tonnages d’huîtres commercialisés. La raréfaction des apports d’eau douce induit une marinisation de l’estuaire, engendrant un facteur d’effondrement des performances de captage. La salinité de l’estuaire et la pollution des eaux douces en provenance du continent (bactéries et métaux lourds) restent des enjeux clés pour maintenir la santé de l’activité conchylicole.

L’achat des huîtres triploïdes a ainsi augmenté ces dernières années. Cette huître « quatre saisons » plus productive est le fruit des recherches menées par des scientifiques et développées dans les années 2000 par l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER), dont une station est basée à la Tremblade. Le marais reste un milieu vivant grâce à l’ostréiculture et aux entreprises dynamiques de ce secteur. A la recherche de nouveaux marchés, certaines innovent, se diversifiant avec l’élevage des palourdes, des crevettes impériales du marais charentais, ou la culture de la salicorne.

Ce milieu reste ainsi un espace fragile, mais essentiel à la sauvegarde de l’équilibre environnemental du territoire.

 

Zooms d’étude

 

1 : Le coureau d’Oléron : trait d’union entre le continent et l’île

Le coureau d’Oléron forme un passage maritime de faible profondeur entre l’île proche et le continent et donne naissance à un estran vaseux, zone littorale découverte à marée basse, propice à la croissance des huîtres. Ainsi, nous pouvons repérer très facilement sur l’image des parcs à huîtres, composés de « tables » (tréteaux métalliques fixés dans la mer, où les huîtres sont élevées dans des poches). Chaque producteur possède plusieurs parcs et participe au ballet permanent des chalands.  Ces bateaux de travail à fond plat, également dénommées « plates » ou « barges », sont utilisés pour accéder aux parcs. De nombreux déplacements et des manipulations sont nécessaires pour donner la forme recherchée à ces huîtres creuses.

L’image satellite permet également de visualiser très clairement le pont-viaduc d’Oléron : ouvrage d’art qui enjambe le coureau depuis 1966. Ce pont rattache l’île au continent à Bourcefranc-le-Chapus et donne naissance à l’axe de circulation principal de l’île L'édification de cet ouvrage, de 3 km environ, s’est accompagnée d'une formidable croissance des pratiques touristiques. Payant à l’origine pour les véhicules motorisés, le passage du pont est désormais gratuit, mais le débat sur cette gratuité est toujours présent.Les vestiges de l’ancien embarcadère des bateaux ferrys sont bien visibles sur l’image : avant la construction du pont, la traversée du coureau se faisait en effet au moyen de bacs, pour relier l’île au continent.

Le pont d’Oléron surplombe également Fort Louvois. Cette fortification, au milieu du coureau, est reconnaissable par sa forme de fer à cheval. En 1690, le marquis de Louvois, ministre de la guerre sous Louis XIV, ordonne la construction d’un fort, de forme ovale, sur un rocher immergé à marée haute, nommé « Le Chapus ». Faisant face à la citadelle du Château d’Oléron, il permettait de croiser les tirs de canons et de verrouiller l’accès sud à la rade de Rochefort, protégeant ainsi son arsenal. A la mort de Louvois, le projet fut repris par Vauban, mais seule la moitié de l’ovale fût réalisée. Classé Monument Historique en 1929, ce fort abritait place d’armes, caserne, poudrière, lieu de vie de la garnison, halle aux vivres, citerne d’eau douce. Surnommé « le petit frère du Fort Boyard », ce lieu est ouvert au public depuis 1972, accessible en bateau ou à pied via une chaussée pavée de 400 m découverte à marée basse.

Au pied du pont, baignée par le Coureau d’Oléron, l’île de Nôle est également repérable. Cette minuscule île, sans construction, située à 100 m environ du rivage, est accessible uniquement à marée basse.

Les images ci-dessous ont été prise par un satellite Pleides (8 juillet 2020)

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2 :  Les marais de la Seudre :  véritables labyrinthes d’eau et de terre

Vue de haut, ce paysage plat possède une géométrie surprenante. L’image satellite laisse entrevoir une véritable marqueterie paysagère : entrelacs de chenaux, de claires, de bassins ostréicoles et de digues. La perception aérienne de ces paysages est d’ailleurs très utilisée par l’imagerie touristique pour valoriser cette destination.

C’est en juillet que la fécondation a lieu dans le lit de la Seudre, petit fleuve côtier de 70 kilomètres. Cet estuaire, apporte, avec la Charente, les éléments nutritifs indispensables à la croissance des coquillages. Des collecteurs, mis en place par les ostréiculteurs (tiges de plastique, barres de fer ou tuiles), permettent aux embryons de s’accrocher. Une fois fixées sur ces capteurs, les huîtres sont déplacées dans les parcs aménagés sur l'estran vaseux.  Au cours de la quatrième année, a lieu le triage, calibrage et le choix de l’affinage. Marennes-Oléron a bâti sa réputation sur les claires où les huîtres sont affinées. Une algue microscopique, la navicule bleue, est à l'origine de la couleur émeraude particulière aux huîtres de ce bassin. Selon la durée et la densité d'occupation dans les claires, des goûts et des valeurs ajoutées apparaissent avec des variétés différentes :  fines de claires, spéciales de claires et, la « pousse en claire », élaborée selon un cahier des charges strict, souvent considérée comme la « Rolls » des huîtres.

La demande croissante en huîtres a ainsi accentué l’emprise ostréicole dans ces anciens marais salants. Chaque année, 20 000 tonnes d’huîtres sont produites sous l’appellation « Marennes-Oléron ». Ce produit bénéficie d’une Indication Géographique Protégée : règlement de protection des origines au niveau européen. L’affinage doit se faire dans les claires charentaises mais l’élevage peut se faire ailleurs : de nombreux ostréiculteurs envoient ainsi leurs jeunes huîtres grandir sur les côtes bretonnes ou normandes où elles bénéficient d'une croissance plus rapide, avant de les rapatrier pour l'affinage.

Face aux épizooties et à une surexploitation, plusieurs variétés d’huîtres se sont succédées dans ce bassin : la plate, la Portugaise, puis la Japonaise (Crassostrea Giga). Cette dernière huître creuse, importée du Canada, est la variété affinée aujourd’hui dans les claires.

Notons également que dans les marais de la Seudre (hors image), le Moulin des Loges constitue un patrimoine exceptionnel, c’est l’un des derniers moulins à marée d’Europe à produire de la farine. Construit au Moyen Age, cet édifice repose sur un mécanisme hydraulique, lié à la variation du niveau de l’eau par l’action des marées.

Le port-chenal : une signature visuelle, assurant le lien entre le marais et la mer

Visibles sur ces images, les ports-chenaux suivent tous la même organisation spatiale, en pénétrant assez loin dans les marais jusqu'aux terres. Le chenal appelé localement « achenal » est un canal naturel entretenu par l'homme pour permettre la bonne circulation des eaux et la circulation en bateau.

Sa présence est nécessaire à la vie des villages et des ports ostréicoles qui, sans lui, seraient coupés du fleuve. Cet axe est le lieu d’une activité permanente où sont alignées les cabanes ostréicoles. Ces dernières représentent un motif authentique de ce paysage traditionnel du bassin, concentrées le long des chenaux d'où partent les chalands transportant les huîtres.

La cabane ostréicole : un patrimoine vivant, haut en couleurs

La cabane est le lieu où l’ostréiculteur travaille l’huître (détroquage, triage par taille, sélection par la forme, emballage). Certaines cabanes sont abandonnées et illustrent les changements de l'activité avec des hangars plus grands et plus modernes dispersés dans les marais. D'autres sont reconverties pour une mise en tourisme comme c’est le cas à Marennes, au port de la Cayenne, ancien embarcadère pour la Tremblade, avec la création en 2006 d’un pôle muséographique et d’un centre d'interprétation des métiers et des paysages de l'ostréiculture : « la Cité de l’Huître ».

De la voie ferrée…. au port de plaisance

La voie ferrée a aussi joué un rôle essentiel dans le développement économique de ce territoire. Le port de la Grève constituait le terminus de la ligne de la Seudre, mise en service en 1876, reliant la commune de Pons à La Tremblade. Cette ligne permettait de transporter les productions de la presqu’île : sel, huîtres, bois et d’acheminer les premiers estivants vers Royan…Fermée en 1980, ce patrimoine ferroviaire revit aujourd’hui, grâce aux efforts combinés du Département de la Charente-Maritime, propriétaire de la ligne, et de l’association de bénévoles « Trains & Traction ». Ce train touristique (« Trains des Mouettes ») conduit avec la locomotive à vapeur Schneider (construite au Creusot en 1891 et classée Monument Historique) fait halte dans chacun des ports de la rive gauche de la Seudre entre Saujon et La Tremblade.
 
Le lacis de routes, qui serpentent à travers les marais, est également repérable sur l’image satellite. Ces routes étroites et sinueuses des marais de la Seudre participent à la découverte progressive de ce territoire. Le Pont de la Seudre, au nord de l’image facilite, depuis le début des années 70, les déplacements entre les deux rives.

Durant la période estivale, des bateaux-passeurs permettent également de relier le port de la Grève de la Tremblade à Saint-Trojan-les Bains ou au port de la Cayenne à Marennes.

D’autres équipements touristiques se développent sur le territoire, comme l’illustre le nouveau port de plaisance de la Tremblade. Cet équipement d’une capacité de 115 anneaux constitue un aménagement de grande ampleur nécessitant d’importants travaux repérables sur l’image. Sa mise en eau a été réalisée en mars 2021 et témoigne de l’évolution économique de ce territoire pour attirer davantage de touristes et plaisanciers.

Les images ci-dessous ont été prise par un satellite Pleides (8 juillet 2020)

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3 : Brouage : « une étoile de pierre au cœur du marais »

Au cœur des marais, la citadelle de Brouage constitue un repère. A l’époque gallo-romaine, il fallait imaginer, à la place des marais, un golfe de 10 km de largeur et de 15 km de profondeur. Au fil du temps, cette baie fut progressivement colmatée par des alluvions. De ce golfe de Saintonge, il ne reste aujourd’hui qu’un bras de mer d’abord appelé « brouage » (« brou » en celte signifiait vase) puis le havre de Brouage.

Durant le Moyen Age, des salines sont exploitées et un commerce actif se développe faisant de ce lieu, le grenier à sel du royaume de France, et même de toute l’Europe du Nord. A cette époque, le salage était le seul moyen de conserver les denrées périssables et notamment le poisson. La gabelle créée au XIVe siècle par le roi Philippe VI de Valois est une source de richesse pour le territoire.  Dans ce contexte économique, en 1555, Jacques de Pons, baron de Mirambeau, seigneur de la châtellenie de Hiers, fait édifier au bord du havre, une ville à laquelle il donne son nom : Jacopolis. Marchands et marins de toute l’Europe y font escale pour s’approvisionner en sel et réparer les navires. Le plan de cette nouvelle cité est simple : un quadrilatère de 400 mètres de côté découpé en îlots rectangulaires, divisés en parcelles.

Les Guerres de religion, qui éclatent à partir de 1562, transforment la ville. Ce port de commerce devient une place forte qui passe successivement aux mains des protestants et des catholiques. Ces derniers s’en emparent définitivement en 1578. En 1627, au moment où il s’apprête à assiéger La Rochelle, Richelieu prend possession de Brouage, peuplée de 4 000 habitants environ, et lui donne son aspect actuel. Les fortifications de la cité, épaisses de 5 à 25 mètres environ, furent construites sur pilotis.

Edifiées sur les plans de l’ingénieur Pierre d’Argencourt et remodelées au XVIIe siècle par Vauban, elles sont particulièrement visibles sur l’image satellite, avec notamment les sept bastions surmontés d’échauguettes.

De nombreux édifices témoignent encore de cette glorieuse époque :  deux portes royales pour l’accès à la citadelle, poudrières, ports souterrains, halle aux vivres, tonnellerie, forges, magasins …Au centre du village, se dresse l’église, construite en 1608. Son architecture, d’une grande simplicité, perpétue à la fois la tradition gothique par ses fenêtres ogivales et l’inspiration Renaissance par son fronton classique. Son clocher en ardoise, est repérable et contraste avec les toitures ocres de la ville, il servait d’amer aux marins.

L’histoire de la cité est également rattachée à celle du Canada avec notamment un enfant du pays né à Brouage, Samuel Champlain, fondateur du Québec, et considéré comme « le Père de la Nouvelle France », avec le royannais Pierre Du Gua de Mons. Les rapports entre Brouage et le Canada ne se limitaient pas aux expéditions de Champlain, car dès le XVIIe siècle, des navires, après avoir fait le plein de sel, chargeaient des marchandises qu’ils livraient sur la côte canadienne avant d’aller pêcher la morue au large de Terre-Neuve.

A partir des années 1950, l’exploitation salicole a définitivement disparu. Les claires ostréicoles ont remplacé les marais salants autour des fortifications.

Plusieurs acteurs ont participé à la mise en tourisme et à la réhabilitation de la citadelle. Dès 1989, une opération « Grands Sites » a été mise en place sur la commune de Hiers-Brouage, pour assurer la pérennité du site, arpenté chaque année par environ 500 000 visiteurs et un syndicat mixte, a été créé réunissant la commune d’Hiers-Brouage, et le Conseil Général de la Charente-Maritime.

A l’intérieur du village, tavernes et échoppes des marchands ont laissé place à des boutiques et ateliers d’art. De nombreuses manifestations estivales et des itinéraires de randonnée dans le marais de Brouage font revivre ce territoire.

Depuis 2010, le village de Brouage appartient également au réseau des « Villages de pierres & d’eau ». Ce label, développé par le conseil général, regroupe 14 villages de la Charente-Maritime possédant un patrimoine bâti exceptionnel et la présence d’eau sous n’importe quelle forme, comme c’est le cas pour Mornac-sur-Seudre ou Talmont-sur-Gironde dans le pays royannais.

Les images ci-dessous ont été prise par un satellite Pleides (8 juillet 2020)

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4 :  La citadelle du château d’Oléron

La commune du Château-Oléron constitue, comme Marennes et la Tremblade, une des composantes majeures du territoire. Son port est un important centre de transit d’huîtres (via le chenal d’Ors).  Capitale historique de l’île, elle abrite également un riche patrimoine architectural avec sa citadelle, dont la construction fut ordonnée par Richelieu, à partir de 1630, sur les vestiges de l’ancien château médiéval des ducs d’Aquitaine. Les travaux furent dirigés par l'ingénieur Pierre d'Argencourt qui exigea le premier ouvrage bastionné. La citadelle et la ville furent ensuite achevées, en 1700, sous les ordres de Vauban. Durant cette dernière phase de travaux, une partie de vieux bourg fut rasée pour laisser place à une nouvelle ville fortifiée selon un plan à damier autour de la place d'armes.

Pendant la seconde Guerre Mondiale, elle est investie par les soldats allemands et en 1945, un bombardement aérien, détruit 90 % de la citadelle. La place forte sera remise en état à partir de 1988 et un circuit autour des remparts permet de découvrir fossés, bastions… Depuis 1999, la municipalité a également réhabilité, autour du port, d’anciennes cabanes ostréicoles, pour accueillir des artisans d’art. L’association « Couleurs Cabanes » propose des animations pour faire de ce lieu un nouveau pôle touristique.

Les images ci-dessous ont été prise par un satellite Pleides (8 juillet 2020)

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IMAGES COMPLÉMENTAIRES


La Côté Atlantique, entre l’île d’Oléron, Marenne-Oléron et l’estuaire de la Gironde


 

 


Repères géographiques

 

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Ressources et bibliographie

BUSSEROLLE P. Coord. (2011), Guide du paysage en Poitou Charentes, CREN Poitou Charentes, Geste Editions.

Site des organisations professionnelles de la pêche et des cultures marines du pays Marennes-Oléron :
http://www.patrimoine-maritime-marennes-oleron.fr/decouvrir-paysage-per…

Site du Conservatoire du Littoral :
https://www.conservatoire-du-littoral.fr/siteLittoral/195/28-marais-de-…

Posters sur les patrimoines de Charente-Maritime, à télécharger sur le site du département comme celui concernant Brouage :
https://la.charente-maritime.fr/sites/charente_maritime/files/2017-05/p…

Contributeur

Proposition : Pauline Piraudeau, professeur d’histoire-géographie, BTS Tourisme, Lycée Cordouan, Royan