L’étude de l’image satellite de l’agglomération de Fréjus Saint-Raphaël offre l’opportunité d’observer les effets du tourisme sur l’urbanisation d’un territoire ainsi que ses effets sur l’environnement. Ces deux stations balnéaires n’ont eu de cesse de polariser l’est-varois en développant ses activités et sa population. Elles passent d’un peu plus de 41 000 habitants en 1968 à 88 000 en 2018, soit un doublement en cinquante ans. Autre symbole de ces mutations : la constitution en 2013 de la communauté d’agglomération Var-Estérel-Méditerranée (CAVEM), rassemblant plus de 110 00 habitants au sein de cinq communes : les Adrets-de-l ’Esterel, Fréjus, Puget-sur-Argens, Roquebrune-sur-Argens et Saint-Raphaël.
Légende de l’image satellite
Cette image de la région de Fréjus / Saint-Raphaël a été réalisée par le satellite SPOT 6 en 2018. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles de résolution à 1,5 m.
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Repères géographiques
Présentation de l’image globale
Fréjus-Saint-Raphaël : un littoral méditerranéen touristique urbanisé
Un territoire méditerranéen
L’agglomération de Fréjus Saint-Raphaël est située à l’extrémité orientale du département du Var, à l’embouchure de la vallée de l’Argens et du Reyran, entre le massif des Maures et celui de l’Esterel, bordée par la Mer Méditerranée. Au premier coup d’œil, l’image satellite permet de distinguer les espaces urbains du couvert végétal environnant. Les deux tiers du territoire observé sont composés d’espaces naturels non agricoles. Le paysage de Fréjus-Saint-Raphaël s’inscrit dans le milieu méditerranéen. Ce dernier peut être caractérisé par quatre grands éléments.
Le climat méditerranéen qui lui est associé : domaine climatique de transition entre les climats tempérés et tropicaux. Il se distingue par des hivers doux et des étés chauds Maqué par l’aridité, il donne cependant lieu à des précipitations orageuses eau printemps et en automne.
La végétation méditerranéenne qui apparaît nettement sur l’image est le reflet de ces conditions climatiques auxquelles elle doit s’adapter. Longtemps désignée par les géographes comme le « domaine de l’olivier », elle est caractérisée par un stress hydrique d’un à quatre mois avec trois types de formations végétales : la garrigue composée d’arbrisseaux et d’arbustes (romarin, thym, buis, genévrier…), le maquis constitué de petits arbres et sous-bois résistants à la sécheresse et enfin la pinède. Pins, chênes verts et chênes liège dominent largement le paysage méditerranéen.
Le relief est aussi spécifique. Il s’agit d’un ensemble montagneux bordant de près une mer profonde et des côtes découpées. A l’ouest et au nord de l’agglomération s’étend l’Esterel, massif volcanique de 32 000 hectares dont l’étonnante couleur rouge est liée à la rhyolithe, ou porphyre rouge, roche volcanique de l'ère primaire. Son point culminant est situé sur la commune de Fréjus : le Mont Vinaigre (618 m). Au sud et à l’est commencent les Maures culminant à 780 mètres d'altitude.
La quatrième caractéristique est liée à la pression anthropique forte. L’homme a largement modifié les espaces naturels méditerranéens du fait essentiellement des pâturages, des infrastructures touristiques et des feux de forêts. Le milieu méditerranéen est donc fortement anthropisé comme va nous le confirmer cette étude.
Etalement urbain et polarisation
L’image satellite dévoile un territoire de Fréjus-Saint-Raphaël caractérisé par une urbanisation multipolaire avec de grands espaces naturels et agricoles (massif de l’Estérel, plaine de l’Argens et du Reyran). La plaine agricole de l’Argens apparaît très nettement au sud-est de la ville. Les communes de Fréjus, Saint-Raphaël, Roquebrune et Puget se sont initialement construites dans la vallée de l’Argens avant de s’étendre sur les piémonts des massifs de l’Estérel et des Maures. Les versants ouest du massif de l’Estérel ont toutefois gardé leur caractère boisé : l’expansion de la ville sur ces secteurs est peu perceptible de loin, localisée sur les piémonts. Les arrières plans paysagers ont ainsi été globalement bien préservés des évolutions urbaines.
La population de l’unité urbaine de Fréjus-Saint-Raphaël s’élève à 92.000 habitants. Elle se positionne comme deuxième aire urbaine du Var derrière Toulon (607.000 habitants) et devant celle de Draguignan (79 000 habitants). L’étude globale de la photographie satellite permet d’établir l’organisation urbaine qui se caractérise par trois éléments. Premièrement, e ene frange littorale densément urbanisée où se concentrent habitat groupé, logements collectifs et petits pavillonnaires. Les centres urbains offrent l’essentiel des services et commerces. Deuxièmement, des périphéries en plein développement avec un étalement urbain proches de l’hypercentre de l’agglomération où se développent résidences individuelles pavillonnaires, zones commerciales et industrielles. Troisièmement, enfin, des noyaux villageois touchés par l’urbanisation du fait de l’attractivité des prix des terrains. Ainsi, les Adrets-de-l’Estérel enregistrent la plus forte augmentation de population depuis 1968 (+ 636 % de population), en partant il est vrai de très bas. Si à Fréjus, les logements collectifs représentaient 67 % du parc en 2015, aux Adrets-de-l‘Esterel, ils dépassent tout juste les 10 %.
Cet étalement urbain démontre une forte attractivité du territoire. La forte augmentation de population observée depuis 1968 est due aux apports migratoires régionaux, nationaux et européens. Le solde naturel est effet relativement faible (+ 0,5 % entre 1999 et 2010). Il est même négatif à Saint-Raphaël (- 0,5 %). Entre 1968 et 2010, l’agglomération de Fréjus-Saint-Raphaël a vu sa population augmenter de plus de 48.000 habitants. Le taux de croissance démographique attendu d’ici à 2030, de l’ordre de 0,75% par an.
Jusque dans les années 1960, les deux centres-villes de Fréjus et Saint-Raphaël, éloignés de 3 km, sont séparés par des espaces à vocation agricole. Ce n’est qu’avec le développement du tourisme de masse que se forme une conurbation touristique et que l’agglomération va se doter peu à peu de services régionaux qui lui permettent de rayonner sur tout l’Est varois. Les deux pôles de Fréjus et Saint-Raphaël polarisent le territoire environnant par leurs offres scolaires (lycées, collèges), culturelles (théâtres, cinémas, musées, bibliothèques), médicales (centre hospitalier) et commerciales.
Une agglomération moyenne dynamisée par le tourisme
La population de l’unité urbaine de Fréjus-Saint-Raphaël s’élève à 92 000 habitants en 2015 et elle s’accroît fortement avec le tourisme en période estivale : elle est estimée alors à plus de 290 000 habitants. L’hébergement touristique se concentre essentiellement sur les communes de Fréjus et Saint-Raphaël : hôtels (66), campings (50) et en résidences secondaires. Plus de 50 % des nuitées se concentrent sur les mois d’été, juillet et août. Le tourisme balnéaire est en effet le secteur le plus exploité. 20 % des actifs des communes de Fréjus et Saint-Raphaël sont employés dans l’activité touristique sur près de 5000 emplois.
L’agglomération se retrouve en situation de quasi mono-activité puisque les trois-quarts sont directement ou indirectement influencés par le tourisme (bâtiment, commerce, …). C’est dans la seconde moitié du XIXe siècle que Saint-Raphaël est devenue une station balnéaire réputée, grâce à l’arrivée du train PLM – Paris – Lyon – Méditerranée en 1863. Félix Martin, maire de la ville, développe les activités de loisirs. La vocation touristique de Fréjus est plus tardive. Selon une étude BVA de 2011, le territoire accueillait 1,835 million de touristes par an nationaux et internationaux.
Un environnement sécurisé et protégé ?
En termes d’occupation des sols, 40 % de la superficie de l’agglomération constitue un espace urbain construit. Un tel patrimoine naturel terrestre et maritime nécessite des mesures de préservation. Plusieurs sites bénéficient du réseau européen Natura 2000 : le massif de l’Estérel, les étangs de Villepey. Il rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne pour préserver la faune et la flore. Les autorités veillent aussi à la protection des espaces naturels et des paysages sur les rivages maritimes et lacustres. Les risques sont aussi présents à travers les feux de forêts ou les inondations.
Zooms d’étude
Fréjus : du centre-ville historique à l’occupation maritime. Potentiel et aménagements touristiques
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Cette première étude restreinte va nous permettre d’identifier les formes du tourisme de l’agglomération et de mesurer son impact sur les territoires tout en observant l’évolution de l’urbanisation des années 1970 à nos jours. Cet espace s’étend du centre-ville historique de Fréjus - et de ses vestiges antiques et médiévaux - au nord aux étangs de Villepey, en passant par la base nature François Léotard et Port-Fréjus, marina en extension construite à partir des années 1980.
Un patrimoine culturel valorisé : un ancien port antique ensablé
L’observation du centre-ville de Fréjus avec ses monuments et ses ruelles étroites conduit immédiatement à constater l’ancienneté du fait urbain. La ville jouit d’un patrimoine antique et médiéval de premier ordre qui continue d’être enrichi par les services archéologiques de la commune. Fréjus a été implantée sur une butte qui dominait la mer avec le nom de Forum Julii. Il faut attendre le milieu du Ier siècle av. J.C. pour trouver dans un texte la première mention de Forum Julii dans la correspondance de Cicéron, datée de l'an 43. Ce site est aujourd’hui séparé de la côte par une distance de 1,5 km du fait de l’évolution du littoral et de l’ensablement du port antique au cours du Moyen-Age et dont les projets de réhabilitation du XVIe au XIXe siècle n’ont jamais abouti. On peut d’ailleurs observer au sud-est du centre-ville un espace non-bâti ; il s’agit de l’emplacement du port romain. A l’époque romaine, la mer arrivait jusqu’aux remparts. Il reste des vestiges importants : théâtre, aqueduc, amphithéâtre, remparts, vivier…
Toutefois, le centre-ville de Fréjus est surtout marqué par l’époque médiévale durant laquelle la ville était singulièrement plus réduite que celle de l’Antiquité, se resserrant autour du groupe épiscopal et de la cathédrale. Du Xe siècle et jusqu’à la révolution, ce sont les évêques de Fréjus qui furent seigneurs de cette terre s’étendant de la mer au mont Vinaigre.
D’une vocation militaire à une identité balnéaire affirmée
A la périphérie du centre ancien, Fréjus a développé des infrastructures à partir des années 1970-1980 pour attirer toujours plus de touristes. Plusieurs aménagements démontrent ce regain d’intérêt pour le littoral, éclipsé pendant plusieurs siècles avec la fin des activités portuaires à l’époque médiévale :
La création de la marina Port-Fréjus : pour affirmer sa vocation maritime et balnéaire, la ville de Fréjus a pris l’initiative de la construction d’une vaste marina, quartier résidentiel en bord de mer, accompagné d’un port de plaisance. Le quartier de Port-Fréjus a été un projet immobilier de grande envergure développé en deux phases. Lancée tout d’abord en 1980 et réalisée en 1989 pour une première tranche, l’opération a été prolongée par Port-Fréjus II de 2010 à 2013, ramenant presque la mer à sa position antique. Immeubles, hôtels de thalasso, restaurants, boutiques, casino et port de plaisance deviennent des arguments touristiques majeurs.
L’aménagement de la base nature : l’étude attentive de l’image permet d’identifier un vaste terrain de 135 hectares entre le centre et la mer. Cet espace symbolise la reconversion de la ville de Fréjus ; il s’agit de la base François Léotard, du nom de l’ancien maire et Ministre de la Défense. En effet, ce site fut longtemps occupé par l’armée. En 1911, est édifiée la première base aéronautique navale de Fréjus-Saint Raphaël. C’est d’ailleurs d’ici que le 23 septembre 1913, Roland Garros réussit la première traversée aérienne de la Méditerranée. La base d'aviation maritime a été dissoute en 1995. Les terrains ont été répartis entre le conservatoire du littoral et la ville qui l’a consacré à la plage et aux loisirs : terrains de sports, piscine, piste cyclable, boulodrome, skate-park, restaurants, ….
Le développement des loisirs : d’autres infrastructures diverses complètent cet ensemble sur la route de Saint-Tropez : un parc d’attraction (Aqualand) ouvert en 1986, un Luna Park, une piste de karting permettent de divertir les touristes estivants. La construction du théâtre d’agglomération, Le Forum, est plus récente (2010). Un centre commercial complète ces équipements.
Protéger le littoral
Enfin, l’agglomération de Fréjus-Saint-Raphaël a très récemment développé une dernière forme de tourisme en mettant en valeur et en protégeant son patrimoine naturel : l’écotourisme. Les étangs de Villepey constituent une des rares zones humides littorales de la région. Cet espace marécageux donne une idée du paysage qui régnait avant la construction du port romain. Cet espace naturel protégé de 260 ha a été formé dans le delta de l’Argens, du fait des échanges continus entre eaux douces et marines. 220 espèces d’oiseaux y sont recensés. C’est le conservatoire du littoral qui, entre 1982 et 1997 fait l’acquisition et ils sont inscrits dans le réseau Natura 2000. Entourés par les hôtels, restaurants et campings, cette zone humide est désormais protégée de toute construction. La ville a réalisé des aménagements de découverte tels que observatoires de la faune, des sentiers d’interprétation, des sentiers de randonnées (passerelles, poteaux d’orientations…).
Ainsi, l’agglomération de Fréjus-Saint Raphaël a su développer plusieurs formes de tourisme : culturel, balnéaire, de loisirs et l’écotourisme. L’urbanisation qui en découle sera notre prochain objet d’étude.
Une urbanisation aux formes variées : le versant nord de l’agglomération
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L’espace compris entre le centre-ville de Fréjus et l’autoroute A8 offre l’occasion d’observer les dynamiques urbaines récentes, avec les différentes formes de périurbanisation.
Etalement urbain et attractivité
Depuis 2000, la CAVEM - Communauté d'Agglomération Var Estérel Méditerranée - a eu une attractivité très forte, devenant un véritable bassin résidentiel. Durant la période 1975-1989, on assiste à un pic de construction avec 2.000 logements par an. Après une diminution au début des années 1990, ce sont un peu plus de 1.300 logements nouveaux par an qui sont construits dans els années 2000. La commune de Fréjus passe de 4.100 à 23.600 habitants entre 1901 et 1968. La commune connaît une croissance démographique constante depuis 1968. La population a doublé en vingt ans pour atteindre 41.500 en 1990 et 53.200 en 2016. L’agglomération est devenue à la fois un bassin d’emplois avec le tourisme et les activités induites mais aussi un bassin résidentiel du fait de la saturation des Alpes-Maritimes et de l’augmentation des prix de l’immobilier.
La pression urbaine s’est faite au détriment de l’espace rural, des terres agricoles et des pinèdes. L’agriculture ne cesse de perdre des terres exploitées (- 435 hectares de 2000 à 2010, soit 25 % de la SAU en moins). La culture principale est la viticulture qui représente un tiers des surfaces cultivées. Les surfaces maraîchères ont été divisées par trois en dix ans, passant de 265 hectares à 99 hectares. C’est la basse vallée de l’Argens qui concentre la majorité de ces terres cultivées au sud-ouest du centre-ville. Les espaces agricoles de la plaine du Reyran ont eux aussi été réduits par l’aménagement des lotissements
L’importance de l’accessibilité
L’étude de l’image satellite permet de bien rendre compte de l’extension urbaine le long des axes routiers, du centre-ville à l’autoroute A8. Dès l’Antiquité, Fréjus a été implantée sur un axe de circulation important : la voie aurélienne provenant d’Italie à l’est pour rejoindre à l’ouest la voie dominitienne se dirigeant vers l’Espagne. Aujourd’hui, les principaux axes de fonctionnement du territoire sont l’A8, axe d’entrée/sortie du territoire, la RDN7 l’axe commercial et urbain et la RD559 l’axe littoral à vocation touristique. L’agglomération est ainsi bien reliée aux deux pôles d’emplois que constituent Nice-Sophia et Cannes-Grasse, ainsi qu’à l’aéroport international de Nice en quarante minutes. Les travaux de « l’autoroute de l’Esterel » avaient débuté en 1957 et c’est en 1961 que le tronçon Fréjus Cagnes sur mer s’ouvre à la circulation. La croissance économique qui a touché les Alpes-Maritimes se décale vers l’Ouest et affecte l’agglomération de Fréjus-Saint-Raphaël. La part des résidences secondaires est en diminution mais représente encore 35 % du parc de logement de la commune.
Il faut bien sûr insister sur l’importance des migrations pendulaires. Même si deux tiers des actifs habitent et travaillent sur l’agglomération, 13.300 actifs entrent et quittent la CAVEM tous les jours pour travailler. L’importance, d’une part, des déplacements domicile-travail en provenance du Var, et d’autre part, des sorties d’actifs résidant dans la CAVEM vers les Alpes-Maritimes, témoigne nettement d’un phénomène de glissement résidentiel vers l’ouest.
La périurbanisation
L’habitat ancien, antérieur à 1949, est nettement sous-représenté dans l’agglomération. D’une manière générale, la plus grande partie du parc de logements s’est constituée au cours des années 1970-1980, période de généralisation du phénomène de périurbanisation. Deux processus urbains peuvent être identifiés sur l’image.
Une densification du bâti dans la périphérie proche du centre-ville. Les maisons sont remplacées par des logements collectifs. Une généralisation de l’habitat pavillonnaire individuel dans la périphérie plus lointaine le long des axes qui conduisent à l’A8 ou la route de Cannes. Dans les années 1980, émergent de nombreux lotissements dans le quartier de la Tour de Mare : La pinède, les jardins de César, La pinède romane, La Muscadière… Tous ces lotissements se ferment progressivement avec des barrières dans les années 2000, n’échappant pas au phénomène de « gated community ». A l’ouest le quartier de Caïs est touché plus tardivement par le processus d’extension urbaine (depuis les années 2000).
L’observation d’une vaste zone industrielle et commerciale à l’ouest de la photographie dévoile un troisième aspect de la périurbanisation. Il s’agit de la ZI du Grand Capitou. Elle est située au nord de la commune de Fréjus, en bordure du massif de l’Estérel. Ce parc industriel a été initié en 1963, réhabilité en 2003 (Pôle Capitou Sud) et étendu au nord en 2014 de l’autre côté de l’A8 (Pôle Capitou Nord). Il atteint aujourd’hui les 34 hectares et a une vocation économique essentiellement centrée sur les services, le commerce et le BTP. Le secteur du Capitou recense également des campings et le zoo de Fréjus.
La CAVEM est devenue un pôle économique d’importance à l’échelle départementale. Les emplois sont principalement portés par le secteur tertiaire avec 81,2 % du total des emplois en 2015. A contrario l’industrie est moins porteuse d’emplois : 6,7 % en 2015. Cette prédominance des secteurs des services marchands et du commerce, ainsi que du bâtiment et des travaux publics est essentiellement liée à l’activité touristique du territoire et à l’augmentation constante de la population. Huit zones ont été identifiées comme pôle de développement au sein du périmètre de la communauté d’agglomération comme Epsilon au nord-est de Saint-Raphaël créée en 1988 et étendu en 2007, la zone de La Palud (1973) entre Fréjus et Puget-sur-Argens ou le Capitou au nord de Fréjus (1963). Certaines entreprises implantées auparavant à Sophia Antipolis se sont étendues ou délocalisées dans l’agglomération.
Ainsi, l’étalement urbain et le processus de périurbanisation qui l’accompagne s’expliquent non seulement par le dynamisme du tourisme mais aussi par la dynamique régionale avec le desserrement de la conurbation azuréenne.
Tourisme, urbanisation et préservation à Saint-Raphaël
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La dernière étude détaillée concernera la partie orientale de la photographie satellite avec un espace s’étendant du centre de Saint-Raphaël à la baie d’Agay. Elle permettra de rendre compte de l’ancienneté du fait touristique sur l’agglomération, du rôle structurant de l’axe ferroviaire mais aussi de la nécessaire préservation des espaces naturels face à l’urbanisation et les risques d’incendie.
Un fait touristique très ancien
La vocation touristique de Saint-Raphaël apparait nettement sur l’image satellite. L’observation du centre fait apparaitre deux ports de plaisance (Vieux-Port et Santa Lucia plus à l’est), un casino, des plages (Veillat, Débarquement, Dramont et de multiples criques sur la Corniche d’Or reliant la commune à Cannes). L’atout majeur de Saint-Raphaël est la mer Méditerranée et son littoral de 36 km avec ses 29 plages.
Le tourisme apparaît à Saint-Raphaël au XIXe siècle sous l’impulsion de l'ingénieur Félix élu maire en 1878 et qui fait de la petite cité portuaire une station balnéaire. En 1879, il propose un plan pour la création d'une ville nouvelle complété par des plans d'alignement de rues et places existantes, profitant de l’arrivée du train en 1863 par la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM). La petite station est ainsi reliée à Paris et Lyon. Avec le tourisme de masse, la commune passe de 4.800 habitants en 1901 à 17.800 en 1968. La population double ensuite pour atteindre 35.200 en 2016.
Une urbanisation maîtrisée le long du littoral et de la voie ferrée
L’urbanisation s’est faite le long du littoral en s’étendant vers l’est, du fait de la « barrière verte » de l’Estérel. Le centre de gravité passe de l’ancien château au bord de mer. Le symbole est la construction en 1887 de la basilique Notre-Dame de Saint Raphaël pour remplacer la vieille église San Rafeu incapable d’accueillir une population en pleine expansion. La commune est encore marquée par l’architecture et le renouveau urbain du XIXe siècle. Le boulevard Félix-Martin est un échantillon de boulevard haussmannien avec ses immeubles, banques, grands magasins. La plage centrale du Veillat et la promenade de bord de mer sont encore les témoins de cette époque. L’extension et réaménagement du Vieux-Port de Saint-Raphaël en 2014 permettent désormais à la ville d’être une escale pour de petits paquebots.
La ville s’étend vers l’est, coincée entre la mer et l’Estérel et suivant l’axe ferroviaire qui se poursuit en direction de Cannes et Nice. Des résidences de villégiature de la fin du XIXe siècle et de grands hôtels longent la Corniche d’Or. Aujourd’hui, l’importance du train ne se dément pas et reste un axe structurant. La ligne Marseille-Nice traverse le territoire d’est en ouest. La gare de Saint-Raphaël accueille plus de 70 trains par jour dont une vingtaine de TGV et capte ainsi l’essentiel du trafic ; le TGV met le territoire à 4h40 de Paris. C’est donc en direction de l’est (Boulouris, Agay, Anthéor…) et du Nord (Valescure) que la périurbanisation raphaëloise se poursuit à partir des années 1970. L’habitat pavillonnaire individuel y domina malgré la construction de quelques immeubles. De grandes entreprises y installent aussi des hôtels et villages de vacances comme Belambra ou Pierre et Vacances. La construction du vaste complexe Cap Estérel en 1990 symbolise cette nouvelle époque. Pouvant accueillir plus de 8.000 vacanciers, il apparait sur la photographie satellite comme une « tâche urbaine » au milieu de la verdure en léger retrait de la mer. D’une superficie de 210 ha, il pose justement le problème de la « bétonisation » du littoral.
Protéger les espaces naturels de l’urbanisation et des risques
Plus à l’est, la baie d’Agay, du cap Dramont à la pointe de la Baumette, permet de souligner la nécessité d’une protection du littoral et de l’Estérel. Situé au pied de l’Estérel, son urbanisation s’est longtemps limitée à la bande littorale. A partir des années 1970, les collines commencent à se couvrir de villas. Le quartier reste très résidentiel et est tourné vers le tourisme estival.
Les conséquences de l’urbanisation sont importantes. Elle pose d’abord la question de l’érosion marine. En plus de la modification des apports sédimentaires, elle ne permet plus aux plages de se recharger naturellement en sable, imposant rechargements massifs avant la saison estivale, comme sur la plage centrale du Veillat à Saint-Raphaël. On constate ensuite une « bétonisation » ou artificialisation du littoral, avec une urbanisation massive le long de la route et de la voie ferrée en bord de mer. Très vite saturé, elle a gagné le massif de l’Estérel. Cet espace est en grande partie protégé au titre de la loi Littoral (article L 146-6 du code de l’urbanisme). La protection de cet espace naturel constitue de ce fait un enjeu majeur. Il s’agit de limiter l’étalement urbain et le mitage de l’urbanisation afin de préserver les milieux naturels et la biodiversité. L’urbanisation de certaines zones périphériques du massif peut perturber irrémédiablement le paysage et l’équilibre biologique du site. Le mitage est l'éparpillement d’habitations et d'infrastructures dans des espaces initialement ruraux (forestiers ici) sous l'effet de fortes pressions foncières et touristiques. Si la réglementation d'occupation du sol n’a pas été suffisamment contraignante pendant longtemps, la municipalité cherche désormais à limiter l’urbanisation de l’Estérel, notamment dans le cadre du réseau européen Natura 2000. Le massif de l’Esterel occupe les deux tiers du territoire des communes de la CAVEM. L’ONF constitue le principal acteur de gestion du site à l’heure actuelle.
Enfin, cette urbanisation pose aussi le problème des risques d’incendies. Les Plans de Prévention des Risques naturels prévisibles (PPR) de 1987 ont imposé des mesures multiples. La protection contre les incendies de forêts comporte doit prévenir les éclosions, limiter la progression du feu et faciliter l’intervention des secours. Des réseaux de surveillance (vigies, postes de guet,...), l’aménagement et l’entretien de pistes, la mise en place de points d’eau participent à ces actions. L’influence conjuguée du climat et de la végétation crée les conditions propices à l’apparition et au développement de grands incendies. L’urbanisation diffuse constitue un facteur aggravant et accroît les conséquences des sinistres. Depuis 1973 et la mise en place du fichier Prométhée, l’agglomération de Fréjus-Saint-Raphaël et la forêt domaniale de l’Esterel ont vu plus de 5 000 ha de forêt brûler avec 550 incendies. Les plus graves ont eu lieu en 1964, 1987 et 2003.
Ainsi, le tourisme et l’urbanisation de l’agglomération de Fréjus-Saint-Raphaël posent la question de la gestion environnementale par leurs conséquences néfastes (érosion marine, artificialisation, déséquilibres sur la biodiversité) et les risques accrus. L’image satellite permet de bien souligner ces enjeux.
Images complémentaires
Cette image prise par le satellite Sentinel-2A présente une vue plus large de l’ensemble de la région, de Saint-Tropez à Cannes
Cette image a été prise le 23 juin 2020
Il s’agit d’une image en couleurs naturelles de résolution native à 10m.
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Repères géographiques
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Comparaison des photographies aériennes de la baie d’Agay (Saint-Raphaël) de 2017 et de 1955.
Source : Géoportail (https://remonterletemps.ign.fr/)
La croissance urbaine depuis les années 1970 :
Comparaison des cartes IGN de 1955 et Carte IGN de 2017 Fréjus-St-Raphaël
Documents ou ressources complémentaires
Références ou compléments bibliographiques
Philippe Duhamel. Géographie du tourisme et des loisirs : Dynamiques, acteurs, territoires. 2018. Armand Colin.
Maria Gravari-Barbas et Sébastien Jacquot. Atlas mondial du tourisme et des loisirs. 2018. Autrement.
Fabienne Texier et Jean Higuéras. Saint-Raphaël, Fréjus : Il y a 100 ans en cartes postales anciennes. 2016. Patrimoines & médias.
Lucien Rivet, Chérine Gébara et Isabelle Béraud. Fréjus antique. 2008. Editions du Patrimoine Centre des monuments nationaux.
Michel Roudillaud. Saint-Raphaël. 2008. Nouvelles Editions Sutton.
Schéma de cohérence territoriale (SCOT) de la CAVEM
http://www.cavem.fr/documents/Images/Projets/SCoT/2015_08_SCoT_Profil_e…
PLU de la ville de Fréjus
https://www.ville-frejus.fr/fr/services-et-infos-pratiques/urbanisme/pl…
PLU de la ville de Saint-Raphaël
https://www.ville-saintraphael.fr/fileadmin/ARBORESCENCE/UTILE/Urbanism…
PLU de la ville de Puget sur Argens
https://www.pugetsurargens.fr/une-mairie-a-votre-service/telechargement…
Contributeur
Stéphane Revert, professeur au Lycée français de Casablanca, Maroc