Alaska. Petersburg : hautes montages, fjords, glaciers et grande pêche face au changement climatique

Dans le sud-est de l’Alaska, la région de Petersburg appartient à la Chaîne Côtière du Pacifique qui s’étend sur 1 600 km à cheval sur les Etats-Unis et le Canada, de Juneau à Seattle. Par son caractère singulier et un patrimoine exceptionnel, cette région littorale de hautes montagnes englacées, de fjords et de taïga est un des symboles de la wilderness - la grande nature sauvage - nord-américaine, comme en témoigne l’emprise écrasante des parcs nationaux. Dans cette marge désertique aux très fortes contraintes, la pêche - en particulier aux saumons - joue un rôle économique essentiel. Mais la région est de plus en plus confrontée aux effets du changement climatique, particulièrement sensible concernant les glaciers.


 

Légende de l'image satellite

 

Cette image a été prise par un satellite SPOT 6 en 2015. Il s’agit d’une image mosaïque en couleurs naturelles avec une résolution de 1,5m.
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Repères géographiques 

 

Présentation de l'image générale

La Chaîne côtière frontalière : côte à fjords et montagnes
englacées des hautes latitudes confrontées au changement climatique

L’image montre deux sous-ensembles régionaux très différents, mais bien articulés qui constituent un ensemble régional bien spécifique : la Chaîne côtière. A droite, c’est-à-dire à l’est, une chaîne de hautes montagnes englacées tombe dans la mer. A l’ouest, une succession de larges vallées envahies par la mer – des fjords - et une série de presqu’îles ou de grandes îles s’épanouît. 

Une chaîne de montagnes frontalière avec le Canada, mais englacée et vide

La haute chaîne de montagnes littorales, ou Coast Mountains, est composée de massifs successifs formant une puissante crête englacée dont les sommets ne sont pas très élevés puisqu’ils s’étalent de 2000 à 3000 m (Mont Ogden, Owens Pik, Castle, Hill Peak, Devis Thumb, Kates Needle…). Le Mont Ratz, qui domine au centre-sud, culmine au Canada à 3 136 m. Pour autant, comme nous sommes dans des hautes latitudes froides bien arrosées, tous les hauts sommets et hauts plateaux sont couverts d’une calotte de glace.

Par écoulement gravitaire, elle alimente de puissants appareils glaciaires souvent longs de dizaines de kilomètres : Le Comte Glacier, Baird Glacier, Daves Glacier, Sawyer Glacier… Sur le rivage, ils ont creusé une magnifique côte à fjords, terme désignant une ancienne vallée glaciaire envahie par la mer : Thomas Bay, Port Houghton, Endicott Arm, Tracy Arm… Au nord du delta de la Stikine River se trouve un grand fjord dans lequel se jette le glacier Le Comte, un glacier très connu par les tourismes qui y viennent en navire de croisière contempler le vêlage des icebergs. A une échelle spatiale supérieure, le Frederick Sound et le Stephen Passage sont aussi d’origine glaciaire lorsqu’un puissant inlandsis, du modèle de celui du Groenland, recouvrait toute la région.

A l’est de l’image apparaît un vaste piémont montagneux. Nous sommes ici au Canada, aux marges nord-ouest de l’Etat fédéré de la Colombie britannique. La partie canadienne de l’image est organisée et drainée par une grande vallée qui coule nord-sud avant d’obliquer vers l’ouest pour se jeter tout au sud de l’image aux Etats-Unis dans la mer : c’est la fameuse Stikine River Valley. En parvenant à couper la chaine montagnarde côtière, c’est un des rares points de passage entre les Etats-Unis et le Canada.
 
Mais si nous sommes ici dans une région-frontière, c’est-à-dire un espace traversé par une frontière étatique, nous ne sommes pas dans une région frontalière, et encore moins transfrontalière. Car les « effets frontières » d’interaction, positifs ou négatifs, d’intégration et d’échange y sont tout à fait minimes, voire inexistants du fait du caractère très contraint des lieux. Au Canada, la région est quasi-désertique puisque nous sommes là aux marges des marges des périphéries continentales de la Colombie britannique et du Yukon. Aux Etats-Unis, nous sommes aussi dans un système marginal sous-peuplé. Les besoins et logiques d’interactions sont donc trop faibles, les hommes étant comme perdus dans l’immensité. En fait, nous avons là un exemple d’espaces frontaliers juxtaposés qui se tournent le dos et co-habitent dans le sens le plus littéral du terme. Non pour des raisons de tensions ou d’affrontements géopolitiques, mais par le vide même de ces espaces.

Cette logique pionnière se retrouve dans le tracé de la frontière, un tracée au cordeau très rectiligne donc qui s’appuie sur un certain nombre de hauts sommets bien identifiables et situés à peu prêts sur la ligne de crête des massifs. Du sud au nord, on part ainsi du Mont Cote à 1334  m pour rejoindre par bonds le Kates Needle (3 053 m) puis le Devis Thump (2 777 m). Sur le haut plateau glaciaire lui même, de nombreux sommets n’ont même pas de noms, ce sont les BP. Ces Boundary Peaks s’échelonnent ainsi sur les montagnes qui bornent les 2 475 km de frontières entre l’Alaska et le Canada.  Ici, les BP s’échelonnent du BP 71, 72, 73, 74, 75 76… Dans le dossier de Géoimage en ligne sur le Malaspina et sa région, qui se trouvent plus au nord-ouest, nous arrivons aux BP 182 ou 183…  

Une région littorale très arrosée et enneigée face au changement climatique

En effet, si ces altitudes peuvent sembler moyennes par rapport aux Andes, aux Alpes ou à l’Himalaya, il ne faut pas oublier que les effets de l’altitude (réduction de - 0,6°C de la température moyenne/100 m.) sont ici démultipliés par les effets de la latitude, car nous sommes déjà dans ces régions bien au nord. 

A ceci s’ajoute de fortes précipitations car la Chaîne côtière est une région très arrosée, malgré la présence - localement - de micro-climats. Ainsi, la ville de Petersburg, bénéficie grâce à sa position littorale et d’abri d’un climat frais avec une température annuelle moyenne de 9,6°C, des hivers pas très froids (janvier : 1,6°C/-5°C) et des étés doux (juillet : 8,9°C/ 17,7°C). Et elle ne reçoit que 200 cm à 400 cm de précipitations par an. 

A l’opposé, vers l’est, les sommets les plus élevés de la chaîne de montagne peuvent recevoir de 1 200 mm à 2 800 mm d’eau par an, avec des précipitations concentrées entre les mois de septembre à janvier. L’effet hydro-topographique joue à plein : venant de la mer, les nuages s’élèvent brutalement en altitude, se refroidissent, condensent et précipitent. Les cumuls de puissants abats d’eau et de températures d’altitude froides expliquent l’importance de l’enneigement et de l’englacement de la région. Pour sa part, la zone des fjords est très souvent sous les nuages ou dans les bancs de brumes ou de brouillards. Elle bénéficie donc d’un ensoleillement limité.  

Mais du fait de sa position sensiblement plus méridionale que le reste de l’Alaska, les deux petites villes de Petersburg et Wrangel se trouvant ainsi 375 km plus au sud que le glacier Malaspina par exemple, la région est celle d’Alaska où les effets du réchauffement climatiques sont ces dernières décennies les plus importants. Bien documenté, le recul des glaciers s’y caractérise par plusieurs phénomènes majeurs : un recul sensible de la masse de glace des glaciers de calottes couvrant les hauts plateaux d’altitude, un recul encore plus spectaculaire, bien que fort inégal selon les sites, des front des grands glaciers : Sawyer Glacier au nord,  LeConte Glacier et Shakes Glacier au sud, l’accélération du glissement de la glace vers la mer et l’accélération du vêlage des icebergs dans les fjords... Entre 1698 et aujourd’hui, le Shake Glacier recule 13 km, donnant ainsi naissance au très vaste et long Shake Lake. Entre 1953 et aujourd’hui, le LeConte Glacier recule pour sa part de 5,2 km au profit du puissant fjord - terme qui définit justement une vallée glaciaire envahie par la mer -   de la LeConte Bay. 

Comme le montrent bien les images satellites, on assiste à certaines modifications géomorphologiques sensibles telles l’évolution des dépôts moraines accompagnant la rétraction des glaciers, l’apparition/ développement des lacs de fonte ou de barrage morainiques, l’envahissement des fjords par l’eau de mer au détriment de la glace... 

Grands fjords, îles de l’Archipel Alexander et petite ville de Petersburg

Dans le quart sud-ouest de l’image se développe un vaste bras de mer, très long et assez large : c’est le Frederick Sound. Il est orienté ici sud-est/nord-oeust. Il rejoint tout à l’ouest de l’image le fameux Stephens Passage, qui est orienté ici nord/sud. La côte est  très découpée. A l’est du Stephens Passage se trouvent ainsi Port Houghton, constituée par une large échancrure ouest/est, puis en remontant vers le nord Hobart Bay, Windham Bay et, enfin, Holkham Bay, au nord-ouest en limite d’image dans laquelle vient se jeter deux très grands fjords (Tracy Arm et Endicott Arm).  

Le sud-ouest de l’image est constitué de deux grandes iles. La plus à gauche est l’île de Kupreanof. La plus petite au centre sud de la carte est l’île de Mitkof, qui est bordée par une partie des sédiments rejetés dans le fjord par la Stikine River. L’île de Mitkof est séparée de l’île de Kupreanof par un très étroit bras de mer : le Wrangell Narrow. 

Cette île de Mitkof est d’autant plus importante que c’est le seul espace réellement habité et aménagé toute l’année sur l’image. En effet, tout au nord de l’ile se trouve la petite ville de Petersburg dont on distingue bien l’urbanisation, le petit port et la piste de l’aérodrome.

Chapelets urbains pionniers, Panhandle de l’Alsaka et l’Alaska Inside Passage 

Cette région de Petersburg s’inscrit dans un ensemble beaucoup plus vaste, aux échelles continentale et régionale.  

A l’échelle continentale, la côte nord-ouest du continent nord-américain présente une grande singularité. Le gigantesque système montagneux, topographique et tectonique, qui se déploie sur toute la façade de l’Océan Pacifique du continent américain, de l’Alaska à la Patagonie, prend ici une forme particulière. Sur 1 600 km du nord au sud - d’Haines et Juneau au nord à Vancouver, Victoria et Seattle – et sur 200 à 300 km de large, les chaînes de montagnes plongent ici littéralement dans l’Océan pacifique. 

Les versants très abrupts et l’éclatement en une multitude de presqu’îles et d’îles interdisent le développement d’une plaine littorale. Ce phénomène a un impact géohistorique, géopolitique et géoéconomique direct. Les grands axes terrestres de communication sont rejetés très loin dans l’arrière-pays et les contacts entre mer, littoral et hinterland sont rares et souvent difficiles (cf. rôle géostratégique majeur de la fenêtre littorale sur l’Océan pacifique de Vancouver pour tout le Canada). 

A l’opposé, ce littoral bénéficie d’un atout majeur. Les îles et presqu’îles servent d’abri, un peu sur le modèle norvégien, à une active vie littorale. En particulier, un magnifique chenal met en contact des isolats urbains pionniers fonctionnant en chapelets, tel Petersburg sur le document. 

Ces logiques d’organisation débouchent au plan géopolitique, frontalier et administratif sur une curiosité : la Panhandle de l’Alsaka du sud-ouest. Ce terme d’origine anglophone désigne une bande de territoire longue et étroite, formant un long corridor et prenant souvent la forme d’un doigt de gant. 

Cette Panhandle se déploie entre le Golfe d’Alaska sur la pleine mer à l’ouest et la chaîne de montagne frontalière avec le Canada à l’est. Le tout dessine un étroit doigt de gant de 150 à 200 km de large et qui s’étend sur 650 km, de l’Alaska continentale au nord à l’Entrée Dixon et au Détroit d’Hecate au sud. Dans cette région côtière très découpée, l’Inside Passage est un vaste couloir maritime qui sert d’axe de transport. Il serpente entre les très nombreuses îles à l’ouest et le littoral montagneux à l’est. 

Un désert humain, une wilderness bien encadrée 

Comme le montre l’image, nous sommes ici dans un désert humain. Pour en mesurer l’étendue, il est nécessaire de changer d’échelle de comptage et d’analyse. On ne mesure plus les densités en kilomètre carré (X hab./ 1 km²) mais en centaine de kilomètres carrés (X hab/100 km²). Globalement, la moyenne démographique de l’image est de moins d’un hab./100 km². 

L’homme n’y est pas rare, il y est rarissime. Les seules véritables empreintes humaines et opérations d’aménagement se développent quasi-uniquement sur l’île de Mitkof. Partout ailleurs, la présence humaine demeure très largement marginale, ponctuelle et saisonnière.

En effet, les conditions de vie y sont difficiles (froid, pluies, brouillards). Située en haute latitude, la région ne connaît que 4 heures de jour au mois de janvier contre 18 heures au mois de juin. Si les ressources naturelles sont abondantes, leur accès aux grands marchés de consommation sont limités, surtout lorsque ce sont des produits pondéreux. L’isolement augmente sensiblement le coût des produits et des services, à un point tel que le coût de la vie y est supérieur d’au moins 20 % à celui d’Anchorage. 

Nous sommes ici aux extrêmes limites de l’œkoumène. Il y a beaucoup plus de loups ou d’ours, noirs et bruns, ou d’élans sans parler des moustiques, que d’hommes. L’orientation des reliefs et l’altitude expliquent en effet la présence d’une riche mosaïque d’écosystèmes et la présence d’une grande faune sauvage. L’étagement montagnard juxtapose successivement prairies et marécages, forêt boréale (ou taïga), toundra alpine d’altitude puis roches nues et glaciers. 

La grande nature sauvage -  la Wilderness, souvent déifiée aux Etats-Unis depuis la fin du XIXeme et le début du XXeme siècle pour des raisons géopolitiques, religieuses et culturelles – recouvre les trois quarts de l’image. Mais cette wilderness est bien définie, encadrée et gérée par de nombreux statuts juridiques et administratifs et de nombreux organismes publics, fédéraux ou de l’Etat fédéré d’Alaska.   

Ainsi, le Tongass National Forest Park couvre les 4/5eme de l’image, en particulier toute la zone à l’est du Frederik Sound. Créé dès 1907, c’est le plus grand parc naturel forestier des Etats-Unis. A lui seul, il couvre 68 000 km², soit presque l’équivalent de la Région française Auvergne-Rhône-Alpes (69 700 km²). De même, une très large partie du territoire est gérée par l’U.S. Forest Service, du fait en particulier de l’importance des forêts publiques. 

Malgré les logiques de dérégulation ou d’assouplissement des dernières années sous la pression de certains lobbies économiques, les exploitations forestières sont encore assez limitées et se concentrent, par exemple, autour de la Hobart Bay. Enfin, les zones de gestion de la pêche aux saumons, la plus grande richesse locale, sont très règlementées.

Pour autant, l’accès à la Wilderness est devenu en quelques décennies un levier majeur du développement du tourisme local et régional. Les communautés locales, en particulier à Petersburg, fondent leurs espoirs de diversification économique sur la découverte des baleines ou l’approche de la grande faune sauvage, la pêche au saumon, la randonnée, la chasse ou les croisières dans les fjords au pied des glaciers… 

Zooms d'études

 

Zoom 1 : La ville de Petersburg : un isolat humain vivant de la pêche

Une petite ville récente en position d’abri : la « Petite Norvège »

Comme le montre l’image, à la pointe nord de l’île de Mitkof se trouve la petite ville de Petersburg. Elle se trouve à 193 km au sud de Juneau, la capitale administrative de l’Etat d’Alaska. Elle passe de 1 200 habitants en 1930 à 3 300 dans les années 2000, mais connaît depuis quelques difficultés.

C’est le seul établissement d’importance et permanent de tout le document. La localisation ne doit rien au hasard : elle valorise un site d’abri face aux vents et dépressions maritimes venant d’ouest, face aux vents et températures parfois froides, voire glaciales, de la calotte d’altitude venant de l’est. A l’ouest, le Wrangel Narrows la sépare de la grande île voisine de Kupreanof. A l’est le Frederick Sound est une des composantes de l’Inside Passage qui la relie à l’extérieur par voie maritime.

Cette petite ville pionnière fut fondée entre 1890 et 1900 par un immigrant norvégien. Ceci explique que la communauté – comme beaucoup d’entre elles dans ces pays neufs - survalorise ces héritages en s’identifiant comme une « Petite Norvège ».  Cette fondation urbaine repose sur l’exploitation de la pêche (saumon, flétan, crabe) et du bois, avec la création d’un petit port.

L’économie locale repose sur trois piliers : la pêche, de très loin au premier rang, les services publics et le tourisme. Ce dernier se développe timidement et demeure très cyclique (pêche, chasse, randonnée, alpinisme). Il est pour beaucoup lié aux croisières maritimes qui débarquent leurs centaines de passagers pour six ou huit heures de visites avant réembarquement pour la prochaine destination.

La pêche : le principal pilier économique local inséré dans la mondialisation

De fait, comme l’indique la construction de la ville autour de son petit port, la grande affaire est la pêche, plus particulièrement la pêche aux saumons. Petersburg est en effet un des trois plus grands pôles de pêche d’Alaska. Plus de 35 % population active dépend de la pêche et de la valorisation des richesses halieutiques de la région (pêche directe, conserveries, expéditions, mécanique, matériel électrique et électronique, gestion, sécurité-sauvetage…).

Mais comme dans de nombreuses zones de pêches (cf. Lofoten en Norvège…), le travail est très largement saisonnier. Ce secteur fournit environ 1 200 emplois en pleine saison et le port, les quais et la ville regorgent alors d’activité. Il faut alors gagner en peu de temps par de très longues et éreintantes journées de travail les revenus d’une année. Puis durant la saison creuse, la ville semble végéter tout doucement, les jeunes devant en particulier partir à la grande ville pour continuer leurs études, au risque de ne plus revenir.  

La principale usine de pêche et de conserve de Petersburg est aujourd’hui la propriété d’un important groupe régional basé à Seattle, Icicle Seafoods, qui dispose de 22 sites en Alaska. A côté du marché national, l’exportation est la grande affaire, en particulier vers l’Europe et surtout le Japon dans un marché mondial très concurrentiel. Mais la qualité des produits locaux - en particulier du saumon sauvage, contrairement au saumon d’élevage, puis des crabes – assure de bonne marge de manœuvre. 

Directement branchée sur l’Alaska Inside Passage, Petersburg est très régulièrement desservie par les bateaux des différentes compagnies de ferries qui empreintent l’Alaska Marine Highway Ferries Route. Cet itinéraire passe au sud par le Clarence Strait puis le Frederick Sound pour rejoindre au final Juneau, plus au nord, par le Stephens Passage. Un petit aérodrome la relie à Anchorage, Seattle et Juneau. 

 


Petersburg

 

 


Repères géographiques

 

 

 

Zoom 2 : Calotte glaciaire littorale et Stikine River : dynamiques morphologiques et effets du réchauffement climatique

La grande vallée de la Stikine River : le paradis des saumons 

Au sud et à l’est de l’image se déploie la grande vallée de la Stikine River. Prenant sa source en Colombie britannique, elle mesure 610 km de long et draine un bassin de 52 000 km2. Sa vallée tranche la chaîne frontalière grâce à un très grand canyon. La ligne frontière entre les Etats-Unis et le Canada passe à peu près au grand coude qu’effectue la Stikine River après avoir très longtemps suivi un tracé nord/sud assez rectiligne. 

Du côté canadien - en Colombie britannique, donc dans toute la partie nord-est de l’image - s’étend la Stikine Region. Elle couvre 132 000 km2 mais n’est peuplée que de 620 habitants, soit une densité d’un habitant pour 213 km2. C’est une des régions les moins peuplées de cet Etat fédéré et de tout le Canada. A côté, le versant étasunien bordé par la mer et organisé par Petersburg apparaît comme un véritable El Dorado.  

Du fait de la très grande richesse de ses écosystèmes et de son caractère très largement préservé, la Stikine River est considérée comme le paradis des saumons. Ils y convergent par dizaines de milliers tous les ans pour venir y pondre et s’y reproduire, du moins ceux qui ne sont pas prélevés par les pécheurs en mer ou dévorés par les ours en remontant la vallée. 

Erosion/ Transport/ Accumulation : les effets des dynamiques morphologiques 

Le débit moyen de la Stikine River est de 1 580 m3/seconde. Mais cette moyenne masque un écoulement aux très fortes irrégularités saisonnières. En effet, son régime est glacio-nival, c’est à dire fondamentalement réglé par la fonte des neiges et des glaces. Les étiages hivernaux sont très faibles, les crues tout à fait spectaculaires. 

Ceci explique la puissance des crues et l’élargissement de son lit majeur, comme en témoigne bien le document. On est frappé en particulier par l’importance de la charge alluviale transportée (cf. graviers, sables, boues…) qui colore nettement les eaux. Elle témoigne de l’importance dans ces montagnes jeunes du cycle de l'érosion – transport/accumulation- porté soit par les glaciers, soit par les rivières.

L’importance du processus d’érosion explique à l’aval la construction d’un très vaste delta particulièrement actif qui présente une belle forme d’éventail. Dominée par les Wilkes Range, qui apparaissent comme un pointement rocheux avec de nombreux lacs de surcreusement glaciaire au sommet, la Stikine River se sépare en plusieurs bras. 

En sept décennies, le delta de la Stikine s’est profondément transformé sous les effets de l’accumulation. Les deux pointements rocheux qui apparaissent bien en vert entre les deux bras principaux n’étaient encore que deux iles  - Dry et Farm Island - en 1950. Au total, le delta a sensiblement avancé et s’est consolidé sur plusieurs kilomètres.  Ce processus naturel risque progressivement de combler le passage du Frederick Sound, un vrai problème pour la navigation sur cet axe important (cf. liaison Petersburg/ Wrangell, un peu plus au sud, hors cadre).  

Le recul sensible des grands glaciers de la calotte de Stikine

La Stikine River est dominée et alimentée en rive droite par la puissante calotte glaciaire Stikine (Stikine Icecap), d’où émergent des sommets de  2 000 à 3 000 m. d’altitude. Celle-ci alimente de puissants appareils glaciaires comme les glaciers LeConte et Sawyer (110 km au nord est de Petersburg) du coté étatsunien, ou le Great Glacier du coté canadien. 

Depuis 1950, on assiste à un sensible recul de nombreux glaciers, lié au processus de réchauffement climatique.  Ainsi, le Shakes Glacier – bien reconnaissable, très long et vert, au nord-est du delta – est devenu un très long lac glaciaire de barrage morainique alors qu’il était aux trois quarts en glace en 1950.   

Au nord du delta se déploie l’immense LeComte Glacier, ainsi dénommé en 1897 du nom d’un biologiste californien lors de la cartographie de la région par le service des armées. Long de 34 km et large de 1,6 km, c’est l’un des plus grands glaciers d’Amérique du Nord. Il se jette dans la Leconte Bay, un très vaste fjord large et sinueux dans lequel les bateaux de croisières partis de Petersburg, situé au nord-ouest, viennent remonter jusqu’à la langue terminale. Les touristes peuvent ainsi assister au spectacle de l’effondrement régulier des masses de glaces dans les eaux turquoises du fjord. Il a lui aussi sensiblement reculé de 5 à 6 km depuis les années1950. 

 


Stikine River

 

 


Repères géographiques

 

 


LeConte glacier et Shakes glacier

 

 


Shake glacier

 

 

 

Zoom 3 : Les grands glaciers et les grands sommets du nord-est : le Sawyer Glacier et le Dawes Glacier

Plus au nord se déploie la Holkham Bay dans laquelle se rejoignent venant du sud le très grand fjord du Endicott Arm, alimenté par le Dawes Glacier, et venant du nord le Tracy Arm alimenté par les Sawyer et South Sawyer Glaciers.

La comparaison avec la carte topographique de Sumdum de 1951 de l’USGS et l’image Sentinelle permet la mise en évidence d’un recul de 3,4 km du Sawyer Glacier et de 4,5 km du South Sawyer Glacier.  Si le recul des langues glaciaires est spectaculaire et bien visible, il convient aussi de noter la forte régression en épaisseur des glaciers et de l’englacement des plateaux glaciaires. Si ce processus est moins spectaculaire, il est relativement trés important par les volumes de glaces et d’eau de fonte concernés.

La coalescence puis la fusion progressive des différents glaciers en un seul organisme se traduit par la création de larges stries sombres en leur milieu. Elles correspondent aux anciennes moraines latérales arrachées aux parois par la force mécanique du glissement contre les parois.

Au sud-est, dominant la calotte de glace, se trouve le Mont Ratz (3 136 m), qui se trouve au Canada. Il constitue le sommet le plus élevé de toute l’image. Un peu plus au sud (hors cadre de l’extrait) se situe la Devils Thump, une très belle pointe acérée de 2 767 m. vaincue seulement en 1946. 

 


Grands glaciers du nord-est

 

 


Repères géographiques

 

 


Sawer glacier

 

 

Images complémentaires

 

 

 

La cordillère centrale et le Baird Glacier

 


Repères géographiques