Publié le 27 juin 2024

Methane Watch : les fuites de méthane mesurées depuis l’espace sur toute la planète

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Cartographie des émissions de méthane dans le monde
© Kayrros

Le 14 mai 2024, le CNES et l’ESA ont clos le projet « Methane Watch » de la société Kayrros qui, pour la première fois, offre un service opérationnel de repérage depuis l’espace des fortes émissions d’un des plus puissants gaz à effet de serre, le méthane. Le succès de ce projet repose sur l’alliance des savoir-faire de la société Kayrros, l’expertise des laboratoires scientifiques Centre Borelli, LSCE (Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement) – IPSL (Institut Pierre-Simon Laplace), et l’accompagnement du CNES et de l’ESA.

Le projet « Methane Watch », né en 2019 chez Kayrros, propose la première plateforme globale assurant un suivi quotidien des grandes fuites de méthane ou « super-émetteurs » à partir des données spatiales des Sentinel 5P, 2 et 3, d’instruments scientifiques du programme Copernicus de l’ESA et d’autres missions nationales. Un éventail de sources appelé à s’enrichir encore davantage suite au lancement de nouveaux satellites d’observation de la terre. Fort de son expertise en Machine Learning et de sa connaissance approfondie de l’industrie pétrolière, et aidé des experts en analyse d’imagerie satellitaire du LSCE, Kayrros a développé des algorithmes de pointe pour traiter automatiquement et quotidiennement les données spatiales.

Les informations produites par Kayrros « Methane Watch » ont donné la véritable mesure de l’impact climatique des super-émetteurs (émissions supérieures à 100 kg par heure) dont la fréquence et l’étendue s’avèrent très largement supérieures (jusqu’à 10 fois) à ce que l’on soupçonnait auparavant. Ces découvertes, qui ont transformé en profondeur notre connaissance et notre compréhension des émissions anthropogéniques de méthane, ont fait l’objet de nombreux articles scientifiques dans des revues reconnues et de publications lors des COP27 et 28.

Ces mesures permettent également des actions concrètes en faveur du climat. En révélant les vastes opportunités de réduction des émissions de gaz à effet de serre offertes par l’élimination des super-émetteurs, les données de ce programme apportent aussi aux pouvoir publics les moyens d’une action climatique sans précédent et la chance de mettre en application les engagements de l’Accord de Paris sur le Climat et de réduire fortement et à brève échéance les émissions de GES. Ces données sont par ailleurs relayées par des organismes multilatéraux tels que le Programme Environnemental de l’Organisation des Nations Unies (UNEP) et l’Agence Internationale de l’Energie (IEA). Ainsi, la nouvelle règlementation européenne sur le méthane importé qui s’appliquera dès 2027 et les dispositions américaines sur le méthane de l’Inflation Reduction Act vont pouvoir s’appuyer sur des observations spatiales effectives, transparentes et actualisées.

Philippe Baptiste, Président directeur général du CNES, a déclaré : « Le programme « Methane Watch » est l’exemple même d’un partenariat public-privé réussi et de l’immense contribution que l’écosystème spatial français et européen peut apporter – et apporte déjà – à l’action climatique mondiale. Kayrros joue un rôle important, en partenariat avec le CNES, dans la grande chaîne de valeur allant des pixels aux signaux, courroie de transmission qui assure non seulement que l’on tire le maximum d’enseignements de l’imagerie satellite, mais que ces enseignements se traduisent en pratique par des actions concrètes. Nous sommes heureux et fiers de cette collaboration et nous réjouissons des prochaines étapes. »

Antoine Rostand, Président de Kayrros, a ajouté : « Nous sommes infiniment reconnaissants au CNES pour sa confiance et le soutient décisif qu’il nous a apporté, et ravis de contribuer à l’impact du programme spatial français dans la lutte contre le réchauffement. Certes, il reste encore beaucoup à faire pour réduire les émissions de méthane, cette pollution climatique délétère dont on sait aujourd’hui plus que jamais qu’elle n’a pas lieu d’être.  Mais la nouvelle règlementation européenne, tout comme les mesures américaines dans ce domaine, représentent un grand pas en avant, et nous sommes honorés d’avoir aidé à les rendre possible. »

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