Lancée en 2017 depuis le Centre spatial guyanais (CSG), la mission VENµS (pour Vegetation and Environment monitoring on a New Micro-Satellite) a pris fin en août 2024 à l’issue de sept années en orbite, soit le double du temps prévu.
Ce microsatellite de 260 kg était conçu comme un démonstrateur technologique. Son objectif ? Étudier de manière précise le développement et l’état de la végétation de sites sélectionnés, afin de déterminer l’impact des facteurs environnementaux, climatiques et anthropiques sur les surfaces continentales. Pour y parvenir, la mission était équipée d’une caméra super-spectrale fournie par le CNES. Celle-ci a réalisé des prises de vues en 12 bandes spectrales, à une résolution de 4 à 5 m, avec une fréquence de visite d’un même point géographique de 1 à 2 jours.
En complément, la mission VENµS avait pour objectif de tester un moteur à propulsion ionique et de vérifier sa capacité à changer d'orbite, puis à maintenir le satellite à seulement 400 km d'altitude.
Des centaines de sites imagés en deux phases
VENµS a été injecté sur sa première orbite à 720 km d'altitude en août 2017 par le lanceur Vega. Il y est resté 3 ans lors de la « Venµs Mission 1 phase » (VM1), effectuant son plan de mission sur une centaine de sites sélectionnés dans un appel à projet scientifique. Dans un second temps, son orbite a été abaissée à 400 km (VM2), ouvrant la période de test du moteur ionique. Il s'y est maintenu quelques mois (VM3), avant de remonter à 560 km (VM4). C'est à cette altitude que s'est ouverte la dernière phase scientifique d'une durée de deux ans (VM5), avec de nouveau une centaine de sites sélectionnés dans un appel à projets, dirigé par les scientifiques en charge du projet, Arnon Karnieli de l'université Ben-Gurion et Gérard Dedieu, puis Olivier Hagolle pour le CESBIO-CNES.
Durant les deux phases VM1 et VM5, une centaine de sites différents ont pu être imagés pour chaque phase, avec une acquisition d’image tous les deux jours pendant la VM1 et tous les jours pour certains sites pendant la VM5. Les données ainsi acquises par la revisite de VENµS ont permis de suivre l’évolution de sites définis sur un temps donné, multipliant les chances d’observations sans nuages.
Un informateur précieux pour l’étude des zones côtières
Si l'impact scientifique de VENµS n'a pas entièrement atteint les objectifs initiaux (les chercheurs ayant préféré se focaliser sur le programme Sentinel-2 lancé au préalable), la mission a démontré la pertinence d’une observation très fréquente des surfaces. Elle a également apporté de nombreuses informations aux communautés scientifiques dans le domaine de l’étude du littoral et des zones côtières avec, par exemple, le suivi de la bathymétrie et l’évolution du trait de côte.
VENµS a aussi servi au développement de nombreuses méthodes de traitement, telles que celles des processeurs MAJA (corrections atmosphériques), WASP (composites mensuels sans nuages) et Iota2 (cartographie automatique de l’occupation des sols). Elle a enfin permis de préparer intensivement l'arrivée des observations du satellite européen Sentinel-2, dont la super résolution est illustrée ci-dessous. Les données de VENµS sont également très utiles dans la préparation de la nouvelle génération de satellites Sentinel-2.
Des données toujours accessibles
Les données acquises par le satellite jusqu’à la fin de la mission, uniques pour leur résolution et pour leur fréquence de revisite, restent disponibles pour de futures études. Leur distribution est assurée par le pôle de données Theia, puis se poursuivra sur le portail d’accès aux données observation de la Terre du CNES, GEODES.
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