Publié le 30 juin 2022
Pas de répit pour Hayabusa2. La sonde, qui a ramené sur Terre ses échantillons récoltés sur l’astéroïde Ryugu en décembre 2020, est déjà repartie vers de nouveaux objectifs. Après six ans de mission, il lui restait suffisamment de potentiel et de carburant pour manœuvrer et survoler l’astéroïde « 2001 CC21 » en 2026, avant de se diriger vers le minuscule astéroïde géocroiseur « 1998 KY26 » et de le rejoindre en 2031. Mais malgré cet horizon lointain, les équipes sur Terre sont bien mobilisées !
Aller jusqu’au bout de ses capacités
Conçue pour effectuer un rendez-vous avec un astéroïde sur plusieurs mois avant de passer à des opérations proches, Hayabusa2 n’est pas configurée pour un survol. « Il y a un gros travail de préparation avec la séquence de survol, les algorithmes, mais aussi la trajectoire pour passer en toute sécurité mais à moins de 100 kilomètres de 2001 CC21, ce survol sera un véritable changement de philosophie ! », détaille A. Moussi. La rencontre finale avec 1998 KY26 en 2031 sera tout aussi particulière. Ce dernier ne mesure que 20 à 40 mètres de diamètre, et tourne sur lui-même en dix minutes seulement. Une rotation rapide qui en fait un sujet d’étude passionnant pour une fin de mission.
« L’une des interrogations principales des chercheurs, c’est de savoir comment ce petit astéroïde fait pour ne pas se désintégrer, poursuit Aurélie Moussi. D’autre part, on s’attend à ce que sa composition minérale soit différente des astéroïdes Bennu et Ryugu, par exemple. Enfin, il y a un côté technique important à s’approcher d’un corps céleste aussi petit. A quelle distance s’en approcher ? Comment l’étudier ? »
17 ans après son départ, opérer la sonde sera sans doute un défi, mais pousser les composants à leur limite fait aussi partie de cette extension de mission, pour laquelle les équipes se permettront sans doute de l’audace. L’agence japonaise prévoit d’ores et déjà de bombarder 1998 KY26 à l’aide d’un projectile métallique couplé à une charge explosive, et peut-être même de s’y poser !
La mission OSIRIS-REx sera elle aussi prolongée. Actuellement, la sonde est encore en chemin vers la Terre pour y ramener ses échantillons de l’astéroïde Bennu, collectés en octobre 2020. Les équipes scientifiques s’attendent à plusieurs centaines de grammes d’agglomérats, qui n’atterriront au Nouveau-Mexique qu’en septembre 2023. La NASA a déjà annoncé l’extension OSIRIS-APEX, pour étudier durant 18 mois l’astéroïde Apophis que la sonde rejoindra en 2029. Avec un petit changement de nom : REx signifiait Regolith Explorer, et devient APEX pour « Apophis Explorer ».
Découvrir et re-découvrir des astéroïdes différents
La sonde OSIRIS-APEX effectuera son rendez-vous avec Apophis quelques jours après son survol de la Terre à seulement 31 600 km d’altitude. « C’est l’un des enjeux de cette phase de la mission, documenter avec exactitude l’influence qu’a eu notre planète sur l’astéroïde et sa trajectoire, détaille A. Moussi. Mais le rendez-vous durera plusieurs mois et réservera sans doute des surprises : Apophis est de type S (différent de Bennu ou Ryugu), et mesure environ 370 m de diamètre, il sera donc très important de l’étudier de près pour découvrir ses caractéristiques physiques, sa topographie, sa composition minérale… ».
Comme leurs homologues japonaises, les équipes de la NASA ont prévu quelques manœuvres audacieuses. En particulier, OSIRIS-APEX s’approchera à quelques mètres seulement de la surface avant d’allumer ses propulseurs. Cela devrait éjecter les couches de régolithe à la surface et révélera les couches internes de l’astéroïde.
« Ces deux extensions vont nous offrir des moments particuliers, où nous devrons être prêts à remettre nos connaissances en question. Car tous les astéroïdes que nous avons visités se sont révélés différents et surprennent la communauté scientifique, conclut Aurélie Moussi. C’est l’un des enseignements à transmettre pour cette journée des astéroïdes : notre domaine évolue à toute vitesse et nous avons encore beaucoup à découvrir ! »
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