Venise : une « ville-musée » face à son avenir

« Ville contre nature » pour Chateaubriand, Venise est aux yeux de Le Corbusier « le plus prodigieux événement urbanistique existant sur cette terre ». Capitale de la Vénétie, Venise - « ville hydraulique » constituée de 118 îles séparées par des canaux et reliées par des ponts - est une ville portuaire du nord-est de l’Italie, située sur les rives de la mer Adriatique. Ancienne puissante économique, politique, navale, militaire et culturelle, Venise est devenue un des archétypes de la massification touristique et de ses conséquences. L’image donne à voir non seulement Venise, île principale du centre historique, mais aussi une partie des îles de la lagune nord et de la lagune sud. Si le centre historique stricto sensu compte 55 000 habitants environ, la métropole vénitienne comptabilise au total 260 000 personnes. Elle appartient à l’aire métropolitaine de Padoue-Trévise-Venise, qui compte 1,6 million d’habitants. Ville « touristique » par excellence, Venise pense aujourd’hui son avenir et sa sauvegarde entre la « ville-musée » et la ville du XXIe siècle, où cohabiteraient habitants, touristes et multiples activités.

 

Image satellite de Venise
Image prise le 8 février 2013 par un satellite Pléiades. (couleurs naturelles de résolution native à 0,70m, ré-échantillonnée à 0,5m - © PLEIADES CNES 2013

Venise, une « ville-musée » face à son avenir

Un site exceptionnel de lagune, entre terres et mers

La ville s’est développée sur un archipel insulaire au milieu des lagunes à partir de la fin du VIe siècle, lorsque des communautés qui fuyaient les invasions lombardes y trouvent refige. Pourtant, l’archéologie a apporté quelques éclairages sur une colonisation romaine préexistante. La lagune vénitienne s’étend sur 555 km² et est un milieu aux équilibres fragiles.

Venise témoigne de l’anthropisation, du poids et du rôle prégnant de l’homme sur son environnement : les handicaps initiaux du site vénitien sont en effet nombreux, ce qui oblige à son aménagement constant par les hommes. La lagune de Venise est un archipel inhospitalier, avec des îlots argileux ou sablonneux de faible hauteur et des étendues d’eaux. C’est sur ces zones instables que la ville a été construite grâce à un système de pieux, sur lesquels sont installés des blocs de pierre et des soubassements en brique et mortier rendant possible la mise en place des bâtiments. 

Les îlots peuvent être submergés et la lutte contre cette inexorable montée des eaux reste au cœur des préoccupations des autorités vénitiennes. En effet, le phénomène de l’acqua alta, entre septembre et avril, est une des caractéristiques de la ville. Il s’agit d’une période où l’eau, suite à de fortes marées, s’engouffre dans les passes de la lagune et inonde certains quartiers, notamment la place Saint-Marc qui est le point topographique le plus bas de la ville. Face à la possible submersion de Venise, en lien avec le réchauffement climatique et l’affaissement des sols, le projet MoSE (module expérimental électromécanique, en italien) a débuté en 2003. L’objectif est d’installer des digues mobiles permettant de contrôler l’eau arrivant par les entrées maritimes de la lagune. Les financements sont nationaux et européens. Ce projet est cependant contesté en raison de son coût, jugé exorbitant (estimé à plus de 5,5 milliards d’euros et 42 millions annuels pour l’entretien) et dénoncé, entre autres, par de nombreux scientifiques, comme non efficace. 

L’image présente Venise et ses six quartiers, nommés sestieri, séparés par le Grand Canal. A l’ouest, le pont de la Liberté permet de relier Venise à la terre ferme. Au nord se trouvent l’île de San Michele, île-cimetière de Venise, et l’île de Murano, connue comme l’île du verre. Au sud-est, le lido de Venise est un fin cordon littoral d’une douzaine de kilomètres de long, à la fois plage pour les Vénitiens et siège de la Mostra. A l’extrême est de l’image se trouve Cavallino-Treporti, où campings et plages attirent les touristes. Entre cet espace et Murano se distinguent des îles de la lagune comme Certosa, Vignole et « le jardin de Venise », San Erasmo, la plus vaste des trois îles, où domine l’agriculture. 

La place du Grand Canal est fondamentale. Artère de communication, le Grand Canal, le Canalazzo pour les Vénitiens - long de 3,8 km, dont la largeur varie de 30 à 70 mètres pour une profondeur maximale de 5,5 mètres - est un espace privilégié pour lire l’histoire de la ville à travers son patrimoine. Le Grand Canal, traversé par sept ponts, s’étend du sud, du bassin de Saint-Marc, jusqu’au nord-ouest, au pied du pont de la Liberté. Suivant le lit d’une ancienne rivière, il a toujours été un axe majeur, aujourd’hui densément fréquenté par les vaporetti et les gondoles. 

 

Naissance, développement et puissance de Venise

Venise, « la plus triomphante des cités » d’après Philippe de Commynes, en 1495, a, selon Christian Bec, « la plus extraordinaire des biographies des cités du monde ». Elle a été une puissance majeure de l’Europe.

C’est au Moyen-Âge, dès le Xe siècle, que la ville obtient son statut de puissance navale grâce aux échanges commerciaux mais aussi grâce au commerce des esclaves. Le poids politique de Venise est à son acmé en 1204 avec la conquête de Constantinople, lors du détournement de la quatrième croisade, dont les chevaux de Saint-Marc sont le symbole des pillages. Venise s’installe en Ionie, dans le Péloponnèse, en Crète, à Eubée et crée des comptoirs aux limites de l’Orient (Asie Mineure et Égypte), permettant à Marco Polo de partir vers la Chine. 

Par ses nombreuses victoires militaires aux dépens de Gênes à la fin du XIVe siècle, Venise étend son influence et son pouvoir sur nombre de villes dans le premier tiers du XVe siècle (Vérone, Vicence, Padoue, Udine, Brescia et Bergame) au point que l’Adriatique devient une « mare Veneziano ». Grâce à sa victoire emblématique contre les Turcs à Gallipoli en 1416, Venise impose alors sa puissance sur des territoires orientaux, notamment à Chypre et en Crète (ou Candie). Cette domination politique décline après la prise de Constantinople par les Turcs en 1453 et est marquée par la perte de la Crète en 1669. Au XVIe siècle, la peste décime un tiers de la population, soit 40 000 personnes. 

La République prend fin après l’abolition de la Constitution en 1797, liée à l’entrée de Bonaparte dans la ville. Par le traité de Campoformio, Venise devient possession de l’Autriche. Le XIXe siècle correspond à la fin de l’indépendance pour Venise, qui demeure un lieu privilégié du “Grand Tour” de l’aristocratie européenne. Venise devient italienne en 1866. La ville a connu plusieurs catastrophes touchant à son intégrité et à son patrimoine (écroulement du campanile de Saint-Marc en 1902, inondations très fortes de 1966, incendie du théâtre de la Fenice en 1996).

Économiquement, dès le Moyen-Âge, Venise est un lieu d’artisanat puissant. La ville a développé également au début du XVIe siècle des industries aussi diverses que la dentelle, la céramique et l’orfèvrerie. La présence encore forte de l’artisanat du verre à Murano (voir zoom 2) et de la dentelle à Burano (hors de notre image) témoigne de la constance de ces activités, qui représentent un attrait touristique majeur. 

 

Venise, une ville touristique et ses problématiques actuelles

Bénéficiant d’une réputation internationale du fait de son site et de son formidable patrimoine urbain, architectural et culturel, Venise est une destination emblématique qui s’appuie sur un imaginaire touristique puissant, basé notamment sur des monuments majeurs et sur une vie culturelle intense. Le tourisme est ainsi la principale activité de la ville. Classée en 1987 au patrimoine mondial de l’UNESCO, Venise, avec environ 27 millions de visiteurs par an (touristes et excursionnistes), est cependant en situation de saturation touristique.

L’accessibilité est facilitée par la présence de l’aéroport Marco Polo (12 millions de voyageurs annuels) situé à 8 km au nord du centre historique, sur la terre-ferme, hors de notre image. La gare internationale Venise-Mestre (à l’ouest, en dehors de notre image) accueille plus de 30 millions de voyageurs. De là, les visiteurs peuvent rejoindre la gare Santa Lucia (zone grise avec ses lignes visibles à l’ouest de Venise). L’attractivité de Venise est due à un patrimoine d’une très grande richesse, dont les 446 ponts ne sont qu’un exemple, et à la plus haute concentration de musées d’Italie. Venise est également un centre de production culturelle exceptionnel : la Mostra, festival de cinéma, la Biennale d’architecture et le carnaval n’en sont que les vitrines les plus connues internationalement et donnent lieu à d’intenses pics saisonniers de visites. Traditionnel depuis le XIe siècle, interdit par Bonaparte, le carnaval renaît en 1979 et se déroule pendant une semaine avant Mardi-Gras. Il attire une clientèle mondiale déguisée et dissimulée derrière des masques, participant ainsi au mythe vénitien. 

Face à cette puissance du tourisme, il existe une crise démographique : la décroissance démographique et la croissance touristique sont étroitement liées. Les habitants, dont un tiers a plus de 65 ans, déplorent une dépopulation : la ville est passée de 150 000 habitants au début des années 1950 à 55 000 aujourd’hui. Ce processus de dépopulation est cependant ancien, puisque déjà évoquée par Stendhal en 1818 : « En 1790, Venise la Superbe avait 180 000 habitants, Venise la misérable est à 84 000 en 1818 et sera à 30 000 en 1850. C’est dommage pour la volupté ». Les jeunes et les moins riches partent aujourd’hui en raison du coût de la vie, notamment du logement. La gentrification et la muséification de la ville sont donc dénoncées, de même que les risques induits par le tourisme de masse. La très forte affluence touristique est renforcée ces dernières années par la forte présence des croisiéristes (1,8 million de personnes par an). 

Face à certaines formes de saturation, diverses décisions ont été prises par les autorités. Il s’agit de tenter de réguler le tourisme, après une protestation de l’ONU concernant le non-respect d’un décret de 2012 qui interdisait en principe l’accès de la lagune aux grands navires. Ainsi, une décision nationale, actée en novembre 2017, interdit aux grands paquebots, à partir de 2019, d’approcher de la place Saint-Marc. Ces derniers accostent désormais à Marghera, zone industrielle dans laquelle sera installé un terminal de passagers, de l’autre côté de la lagune (à l’ouest, sur la terre ferme). Cette nouveauté fait partie d’un plan de développement de la lagune de Venise qui vise aussi à soutenir le tourisme de croisière, dont les retombées économiques sont reconnues comme fondamentales. Lutter contre les gigantesques navires apparaît comme un combat à la fois environnemental, architectural et patrimonial. 

De même, dans quelques quartiers très fréquentés, notamment la place Saint-Marc (San Marco), la mairie a fait installer en mai 2018 des portiques de régulation des touristes. Dans les années 1980, un seuil de saturation avait été fixé pour la ville à 20 000 visiteurs par jour. La fréquentation actuelle varie entre 70 000 et 100 000 personnes, notamment à partir du pôle multimodal de l’ouest de la ville jusqu’au pont du Rialto et à la place Saint-Marc où sont concentrés les touristes. La saturation est réelle aux abords des monuments les plus visités : Palais des Doges, Basilique San Marco et piazzetta du même nom. 

La saturation concerne également les hébergements : elle est hôtelière sur le Grand Canal et s’étend à des quartiers populaires qui échappaient jusqu’alors au tourisme.  En effet, ces quartiers sont aussi touchés par le phénomène Airbnb : une location longue durée classique est économiquement moins rentable que cette nouvelle forme de location. 

Face à cette omniprésence du tourisme, un phénomène, commun à quelques villes comme Amsterdam, Barcelone, Dubrovnik, est apparu : la tourismophobie. Ce rejet des touristes s’est développé surtout depuis 2014 : critique des comportements des touristes (bruit, ébriété, nudisme), sentiment d’« inhabitabilité » des habitants de Venise. Venise a, semble-t-il, dépassé sa capacité de charge touristique et est à la recherche d’un modèle plus équilibré et plus durable.

 

Zooms d'étude

Le centre ville de Venise
Image prise par le satellite Pleiades (8/2/2013) © Pleiades CNES 2013

Cette image donne à voir le centre de Venise, relié par le pont de la Liberté au continent. De Tronchetto et de la zone maritime, jusqu’à l’entrée du Castello (étudié dans le zoom 3), en passant par Cannaregio, San Marco, Santa Croce, San Polo, Dorsoduro et au sud l’île de la Giudecca, l’image propose de s’intéresser au cœur historique et touristique de la Sérénissime. 

 

L’île de Tronchetto

Tronchetto est l’espace visible en blanc à l’extrémité occidentale de Venise. Il s’agit d’une île artificielle sur laquelle on distingue de nombreux parkings, pour les autocars et les voitures, sur plusieurs étages (grand rectangle orange), à partir desquels, depuis 2010, un métro aérien automatique – le people mover – permet de rejoindre la piazzale Roma. 

Les bateaux accostent sur cette île. Les bâtiments qui donnent sur la gare maritime sont ceux d’une agence d’excursions en bateau à Venise. Une route relie cette île à la gare maritime. Dans cette dernière se trouve le port dit de croisières. Les activités sont nombreuses :  si un tiers de l’activité du port est consacré à l’industrie, les deux autres concernent la logistique et les services. L’espace du port propose des espaces de parkings. L’ouest de Santa Croce, quartier populaire de la ville, est encore aux mains des Vénitiens, resté à l’écart des flux touristiques. 

 

Le quartier de Cannaregio 

Le Nord du zoom présente le quartier de Cannaregio, accessible notamment par le train, comme l’atteste la gare de Santa Lucia, dont les voies de chemin de fer occupent une partie de l’image.  Ce quartier est organisé selon un plan rectiligne, original : il est traversé par de larges quais, de canaux créés au XVIe siècle. Ces éléments avaient été aménagés pour les artisans. Aujourd’hui, des ateliers et de modestes maisons bordent les canaux. Le quartier est peu touché par le tourisme et donne un visage plus « authentique » de Venise. 

Si le quartier compte des églises catholiques, il est surtout celui du ghetto. Il est organisé aujourd’hui autour du musée hébraïque (forme trapézoïdale, au cœur du quartier de Cannaregio) et de synagogues. Ainsi, la ville garde trace de son histoire. Après avoir résidé sur l’île de la Giudecca jusqu’en 1516, les juifs sont autorisés à s’installer à Cannaregio, soumis à des contrôles lourds, notamment au port du « segno giudaico ». Venise compte deux communautés qui vivent séparées : juifs ashkénazes ayant fui les persécutions en « Allemagne » et en Europe de l’Est et, à partir de 1541, juifs séfarades expulsés de la péninsule ibérique. Le ghetto, au XVIIe siècle, comptait 5 000 personnes et a connu une densification en hauteur : les immeubles sont élevés. C’est en 1797 que Bonaparte ordonne la fin de la ségrégation des juifs et en 1866 qu’est obtenue l’égalité des droits. Les juifs ont été fortement marqués par le régime fasciste : lois raciales en 1938, persécutions et déportations. Aujourd’hui, 500 personnes de confession juive vivent à Venise, dont une trentaine dans le quartier. 

 

Le Grand Canal et San Marco 

Dans la boucle centrale du Grand Canal, Venise donne à voir son cœur le plus intime, Santa Croce, à l’écart des flux de touristes, et San Polo, le plus petit quartier de la ville. L’axe le plus touristique est le pont du Rialto, à l’est, bien visible sur l’image. Au nord du pont se trouve le marché, notamment le marché aux poissons. Les touristes peuvent se rendre dans les nombreux bars, les bacari. 

De l’autre côté du pont du Rialto, le quartier de San Marco est le cœur touristique de la Sérénissime. Au sud du quartier, la place Saint-Marc, de forme trapézoïdale, autour de laquelle se situent des cafés anciens, est un incontournable des visiteurs. C’est là qu’est concentré un patrimoine emblématique, notamment le palais de Doges, le campanile et la basilique. Le campanile, reconstruit après son effondrement en 1902, par sa hauteur de 96 mètres, est la preuve de la puissance de Venise. La basilique, elle, dont on distingue le plan en forme de croix grecque et les dômes à bulbes, révèle les influences multiples de la ville, occidentales et orientales. Le palais des Doges atteste de la pluralité des fonctions dévolues au bâtiment au fil des siècles : siège de gouvernement, de tribunal et de prison d’État (le pont des Soupirs a été construit dans ce cadre) et aujourd’hui musée. Plus à l’est, le théâtre de la Fenice (toit gris), inauguré en 1792, illustre la place qu’il tient dans l’histoire de la ville, voire dans son mythe : détruit par le feu en 1836 et 1996, il a bénéficié de fonds importants ayant permis sa reconstruction. De nombreuses églises marquent le quartier et, le long du Grand Canal, les palais sont omniprésents. Ce sestiere compte de nombreux commerces, très fréquentés, entre le pont du Rialto et la place San Marco.  Commerces de luxe et vendeurs de produits contrefaits se trouvent à Calle Larga, rue au nord de la basilique. 

 

Dorsoduro, Giudecca et San Giorgio

Au sud-est de San Marco, de l’autre côté du pont de l’Académie, le sestiere de Dorsoduro est le quartier le moins peuplé de la ville. Foyer culturel de Venise, le nord du quartier est très touristique grâce à la Galleria dell’Accademia (de forme rectangulaire au sortir du pont de l’Académie) qui présente la peinture vénitienne du XIVe au XIXe siècle. Plus au sud-est, la collection Peggy Guggenheim propose des peintures dadaïstes et surréalistes. A l’extrême-est, depuis 2009, la Pointe de la Douane a été converti en centre d’Art contemporain. C’est là qu’est exposée la collection de François Pinault. 

Au sud, la Giudecca et San Giorgio sont des quartiers populaires, dotés de jardins, qui sont moins visités. En blanc sur notre zoom se situe l’un des chefs d’œuvre de Palladio, le sanctuaire du Redentore. A l’est, l’île de San Giorgio Maggiore, surnommée « l’île aux cyprès », reste à l’écart des flux de tourisme mais permet d’avoir un panorama sur les palais vénitiens, du haut du campanile qui jouxte la basilique dessinée par Andrea Palladio. Le monastère situé à l’arrière de la basilique abrite la fondation Giorgo Cini, dévolue à la culture. A l’est de la basilique, la fondation a mis en place un espace dédié à l’art verrier.

Ile de Murano et San Michele
© Pleaides CNES 2013

Cette image met en lumière, au nord de Venise, le centre verrier de Murano, accessible en dix minutes de Venise par vaporetto, à partir de la gare de Santa Lucia. Murano, comme le centre de Venise, s’organise autour d’un grand canal. C’est une île populaire et industrieuse. L’île compte six arrêts de vaporetto et bénéficie de cette accessibilité. 

 

Murano 

Par crainte des incendies et de la divulgation des secrets de fabrication, la production du verre a été déplacée à Murano au XIIIe siècle. C’est à partir du XVe siècle que la production est apparentée à un artisanat d’art grâce aux achats faits par les cours d’Europe.  Malgré un déclin au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, le travail du verre reste un marqueur de Murano, devenu un atout touristique de Venise. Les produits de qualité, qui y sont toujours produits, participent à la notoriété culturelle et artisanale de la cité des doges, à l’échelle mondiale. 

Murano présente dans son musée de l’art du verre (au cœur de l’île) l’évolution du travail artisanal et artistique. Des ateliers peuvent être visités et des démonstrations de soufflage de verre sont au cœur des propositions touristiques. Cependant, dans le cadre d’une mondialisation forte, dans la partie sud de Murano, près de la fondamenta dei Vetrai, de nombreuses boutiques vendent des bibelots importés d’Asie. L’île offre deux monuments d’intérêt important : l’église San Pietro Martire avec des œuvres de Véronèse et de Bellini ; roche du musée de l’art du verre, la basilique Santa Maria e San Donato. 

 

San Michele 

L’île de forme rectangulaire, au bas de l’image, correspond à l’île de San Michele, « île cimetière », réunion de deux îles, dont on voit bien le caractère aménagé. Si c’est 1807 que Napoléon décide d’en faire le cimetière de Venise, ce n’est qu’en 1870 que les travaux sont achevés. L’île est entourée de murs de briques et plantée de cyprès, visibles sur l’image. 

Dans l’angle supérieur se distinguent l’église San Michele in Isola et le monastère, ainsi qu’une chapelle blanche, ronde, dans l’angle supérieure de l’île tandis que les tombes sont réparties dans les divers carrés, correspondant au niveau social et aux confessions différentes, preuve du cosmopolitisme de Venise. Des tombes catholiques, protestantes et orthodoxes (notamment celle de Stravinsky) occupent ces carrés. L’île renferme également des tombes militaires, dans la partie centrale.