Les Îles granitiques, appelées Îles du Nord ou bien Îles extérieures sont les principaux espaces de l'accueil touristique au Seychelles. Mahé, dont la superficie atteint à peine les 150 km², constitue à la fois le premier foyer de peuplement aux Seychelles avec 85 000 habitants mais également le principal pôle touristique de l'archipel. Son relief accidenté ainsi que l'étroitesse de ses plaines littorales rendent prégnants toutes les problématiques d'aménagements littoraux, de saturation des espaces et de conflits d'usage entre les différentes activités (touristiques, résidentielles, logistiques ou agricoles....). La conquête de terres sur l'Océan semble aujourd'hui favorisée afin de répondre à ses enjeux de disponibilités en terrains aménageables. L'image satellitaire témoigne de cette obligation d'aménagements lourds, coûteux mais qui pour le moment semblent indispensables aux autorités pour développer le dynamisme du pays.
Légende de l'image
Cette image a été prise par un satellite Pléiades le 31/08/2014. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles, de résolution native à 0,70m, ré-échantillonnée à 0,5m.
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Présentation globale de l'image
Un archipel de l'Océan Indien
A quelques 1800 kilomètres au large des côtes de Tanzanie et du Kenya, Mahé constitue l'île la plus grande et la plus peuplée de l'archipel des Seychelles. Mahé, Praslin et La Digue sont des îles d'origine granitique et sont appelées les îles intérieures ou les îles du Nord. Elles couvrent un peu plus de 50% de la superficie de l'archipel (244km² sur 455km²) mais regroupent plus de 97% des 95 000 habitants des Seychelles. Les autres îles sont d'origine corallienne et la plus éloignée, Aldabra, se trouve à 1200km de Mahé. Elles constituent le groupe des îles extérieures et ne sont quasiment pas habitées. La ville de Victoria est sise au Nord-Est de l'île de Mahé et, si elle est la ville la plus peuplée du pays (une peu plus de 30 000 habitants), elle n'en demeure pas moins une des plus petites capitales des îles de l'Océan Indien.
Un passé colonial
L'histoire des Seychelles a été marquée par la colonisation puisque l'on ne trouve pas de traces de passage ou d'occupation humaine antérieurs au XVIème siècle (malgré quelques lignes dans des manuscrits arabes). Le premier récit occidental à mentionner leur existence est réalisé par Vasco de Gama en 1502. Il nomme cet archipel les îles Amirantes. Dans les années 1740, des expéditions françaises menées depuis les Mascareignes sous l'impulsion du gouverneur Mahé de la Bourdonnais commencent à véritablement s'intéresser aux Seychelles et à en envisager l'exploitation. Cette mise en valeur sera poursuivie dans la décennie suivante et ce groupe d'îles y gagnera son nom, donné en l'honneur du Contrôleur Général des Finances de Louis XV, Jean-Moreau de Séchelles. Exploitées pour le bois puis pour les épices, les Seychelles deviendront colonies britanniques à la fin de l'aventure napoléonienne (elles sont cédées officiellement en 1814). En 1976, le pays accède à l'indépendance et se lance dans une économie d'inspiration socialiste menée par un descendant de colons français, France-Albert René, à la suite de sa prise de pouvoir par un coup d'Etat.
Le tourisme pilier du développement
A la fin des années 1960, un tiers de la population travaille dans les plantations agricoles et l'exploitation de la cannelle ou du coprah (noix de coco). Pour autant, la taille des îles, leur aspect granitique, la présence d'îles "voisines" largement mieux pourvues en atouts et en structures agricoles ne permettent pas d'assurer la pérennité d'une activité agricole de premier ordre. Le coup de grâce de cette activité est donné par l'ouverture de l'aéroport international sur l'île de Mahé en 1971 : cette nouvelle infrastructure rompt en partie la tendance à l'isolement des Seychelles et annonce le développement touristique du territoire (voir la fiche "Les Seychelles, une île ouverte au tourisme"), une activité qui sera d'autant plus valorisée et essentielle qu'elle accompagnera les premiers pas de l'indépendance politique du pays.
Une étude en 4 thématiques
L'image satellitaire Pléiades (31/08/2014) étudiée dans cette série de 4 fiches permet donc d'étudier comment l'espace insulaire de Mahé s'organise autour de l'activité touristique : les enjeux sont regroupés en 4 séries de thématiques : la réalité de l'activité touristique des Seychelles, la nécessaire ouverture dans le cadre de la mondialisation que génère cette activité, les conséquences spatiales de la littoralisation dans un contexte de saturation des espaces côtiers, la gestion environnementale de l'activité récréative à la fois essentielle pour des enjeux écologiques et de durabilité de l'attractivité touristique.
Zooms d'étude
La concentration littorale de la population et des activités
L'occupation du territoire aux seychelles
Cette image est une classification supervisée réalisée à partir de l'image satellitaire de Mahé. Elle permet de donner une vision des types d'occupation du sol de l'île. Elle démontre de manière spectaculaire comment la population de cette île qui regroupe 86% de la population globale des Seychelles se concentre sur les littoraux et les zones remblayées gagnées sur l'Océan. La zone de l'aéroport extrêment présente sur le sud-est de l'image illustre cette nécessité de gagner des espaces sur la mer. Ce document initial permet donc de mettre l'accent sur les contraintes d'aménagement et les risques évidents de concentration et de saturation littorales où les conflits d'usage entre l'activité residentielle, le tourisme, les infrastructures de transports seront conséquents.
Légende de la classification supervisée
Cette classification supervisée a été générée à partir de l’image initiale par une fonction de traitement du logiciel de télédétection TerreImage,. En prenant pour base des zones de test sur le terrain, il a été possible de déterminer 7 classes d’occupation des sols. L’analyse de la classe en rouge "urbain+sable" permet de quantifier la concentration des activités humaines qu'elles soient touristiques ou urbaines sur les zones littorales, orientales en particulier, de Mahé... Certains types d'occupation des sols ont été regroupés sous des couleurs identiques afin de rendre la lecture de l'mage plus facile. Pour en savoir plus sur la réalisation d’une classification supervisée, rendez-vous sur le site Enseignants et Médiateurs du CNES dans la rubrique Terr’Image.
Relief et plaines littorales réduites
Comme de multiples îles tropicales, Mahé présente une topographie très contrastée. Le point culminant se situe à 906m d’altitude, au Morne seychellois. Ce sommet est à 3km du littoral. Ce passage de reliefs centraux importants dominant des plaines littorales réduites se fait par des versants abrupts dont la gestion est essentielle, en particulier en zone climatique tropicale. La population de Mahé, dont celle de la capitale Victoria, les principales infrastructures de communication, les activités industrialo-portuaires ainsi que touristiques doivent donc trouver leur place sur un pourtour littoral réduit.
Cette image a été réalisée en superposant l’image satellitaire et un Modèle Numérique de Terrain (MNT). Il s’agit d’une représentation numérique des valeurs d’altitude du relief. Ainsi les couleurs déterminent les différences d’altitude sur l’île de Mahé entre 0m (bleu) et 906m (point culminant de l’île en marron). Elle permet donc de rendre compte du caractère extrêmement accidenté de la topographie locale et de ses conséquences sur l’occupation des plaines littorales. Les chiffres indiqués correspondent aux courbes de niveau distantes de 50m les unes entre les autres).
Le projet d'aménagement d'une "île nouvelle", l'île de la persévérance
Pour résoudre ce problème de pression foncière et de conflit d’usage sur les surfaces littorales, les autorités se sont tournées vers la création d’îles artificielles. D'abord mises en place par des particuliers, ces politiques d'extension sont devenues nationales lorsque les autorités seychelloises ont décidé de les appliquer à grande échelle : l'aéroport, l'extension du port de Mahé, les grandes infrastructures routières ont été mises en place du des terre-pleins et ont contribué à renforcer la littoralisation de l'occupation humaine dejà largement présente.
L’île de la Persévérance est en cours d’aménagement et doit selon les plans proposés offrir un logement à quelques 10 000 personnes soit quasiment 15% de la population du pays. Véritable « ville sur une île », elle sera pourvue d’une école (1), d’un centre de soins (2), d’un hôtel de police (3), d’une caserne de pompiers (4) et d’un centre commercial (5). Parmi les groupes immobiliers présents dans la réalisation de ce projet, on compte 2 groupes chinois (China State Quindao et China Shenyang).
une autre île artificielle en devenir, l'île aurore
Un nouveau projet est en cours de réalisation sur l’île Aurore : il s’agit de réaliser une 2ème marina, sur le modèle d’Eden Island, qui comportera un amarrage pour les yachts, des hôtels, des écoles, 15 000 logements, un centre communautaire et des espaces verts. Ce projet a été annoncé en novembre 2017 par la Seychelle News Agency et son financement est encore à trouver entre autorités locales et investisseurs étrangers. Son futur est encore incertain mais il démontre bien tout l’intérêt à prévoir des solutions pour éviter les conflits d’usage aux Seychelles dont la répartition de l’occupation du sol est la suivante : Forêts, 38.6% / Agriculture, 16.7% / Espaces protégés, 10%/ Résidentiel, 20% / Bâti non résidentiel, 7.7%.
D'autres fiches Geoimage sur les Seychelles
Les Seychelles, un archipel touristique dans l'Océan Indien
Les Seychelles, une île ouverte au tourisme
Les enjeux environnemetaux du tourisme aux Seychelles
Ressources complémentaires
Gay Jean-Christophe, « Tourisme, politique et environnement aux Seychelles », Revue Tiers Monde, 2004/2 (n° 178), p. 319-339. DOI : 10.3917/rtm.178.0319. URL : https://www.cairn.info/revue-tiers-monde-2004-2-page-319.htm
Marie-Annick Lamy-Giner, « La desserte aérienne de deux petits Etats insulaires : les Seychelles et Maurice », Cybergeo : European Journal of Geography [Online], Space, Society,Territory, document 690, Online since 08 October 2014, connection on 20 June 2018. URL : http://journals.openedition.org/cybergeo/26490 ; DOI : 10.4000/cybergeo.26490
Contributeurs
Vincent DOUMERC, professeur agrégé de géographie, Lycées Saint-Sernin et Fermat (Toulouse)