Le territoire de la presqu’ile de Guérande-La Baule est situé dans le département de la Loire-Atlantique (44), entre les embouchures de la Loire et de la Vilaine, sur la façade atlantique de la France. La baie de la Baule, initialement appelée « la baie du Pouliguen », est l’élément central de l’ensemble de la Côte d’Amour », un choronyme qui apparaît en 1911. Elle s’étend sur trois communes littorales : Le Pouliguen avec son port de plaisance et de pêche situé sur l’étier du même nom, La Baule et Pornichet. Le défi de ce territoire est de concilier un tourisme intensif valorisant un site exceptionnel et le maintien d’activités économiques dans un espace convoité et protégé, à forte identité paysagère, historique et culturelle. L’enjeu pour les différents acteurs publics et privés, ici comme ailleurs, est bien de sortir des relations ambivalentes entre patrimoine et tourisme.
Légende de l'image
Cette image du territoire de la presqu’ile de Guérande - La Baule, situé sur le littoral atlantique, a été prise par un satellite Pleaides le 22 avril 2015.
Il s’agit d’une image en couleur naturelle, de résolution native à 0,70m, ré-échantillonnée à 0,5m.
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Présentation de l'image globale
La Baule et la presqu’ile de Guérande : un territoire soumis au processus de littoralisation et de patrimonialisation
Un espace entre terre et océan
La côte littorale habitée oppose deux types de paysages. De la presqu’ile du Croisic jusqu’à la pointe de Penchâteau au Pouliguen, ce sont les affleurements rocheux de schiste et de granit qui dominent. Ils sont ponctuellement interrompus par des plages ou par des criques sableuses. La côte sauvage de la presqu'île guérandaise, frange rocheuse du littoral, s'étend du Croisic au Pouliguen, en passant par Batz-sur-Mer. A l’ouest et au sud-est de l’image, on trouve des rivages sableux : la longue baie de La Baule qui s’étend sur 9 km, ce qui en fait un site assez exceptionnel, et le tombolo de Pen-Bron, qui ferme les marais de Guérande.
L’arrière-pays, entre le marais de Grande Brière et la façade littorale, est marqué par une forte interpénétration terre-mer. Entre le Croisic et la presqu’ile de Pen-Bron, un étier alimente en eau de mer le Traict et les marais salants de Guérande. On distingue deux traicts, le petit et le grand, séparés par la presqu’ile de Sissable dans la baie. Ce vaste estran, s’animant au gré des marées, est la dernière trace de l’ancien golfe marin qui occupait autrefois cet espace. Il est séparé des marais salants de Guérande par une digue construite au XIXe siècle. Au large de la baie de la Baule, le petit îlot des Evens, sert aujourd’hui de repère aux « voileux » qui l’apprécient pour sa petite plage de sable découverte à marée basse.
La mosaïque constituée par les marais salants est bien visible à l’image. Au nord, le plateau bocager du sillon de Guérande marque une rupture dans le paysage. Il s’étend vers l’est jusqu’aux abords des marais de Brière. La partie septentrionale de l’image (située au nord de la route D 213) est incluse dans le territoire du parc naturel régional de Brière.
Un territoire soumis à une forte pression urbaine, immobilière et touristique
La pression urbaine et touristique, particulièrement forte sur le littoral, est bien visible à l’image. Sur la façade maritime ouest, les marais et la presqu’île de Pen-Bron sont les seuls espaces côtiers non urbanisés. Entre les stations balnéaires de la Baule et du Croisic, la côte du littoral sud est la plus touchée par l’activité touristique et par l’urbanisation. La Baule, Pornichet et le Pouliguen forment aujourd’hui un continuum urbain de plus de 30 000 habitants. Ces chiffres, calculés sur la base de la population résidente, doivent être multipliés par dix lors de la saison estivale.
Plus en arrière et sur les autres communes littorales, cette urbanisation est en grande partie constituée d’habitat secondaire de type pavillonnaire. La part des résidences secondaires est ici particulièrement élevée : 58 % à La Baule et au Croisic. Les densités de population sont très importantes : près de 700 habitants au km2 à La Baule et plus de 1000 habitants au km2 au Pouliguen.
Cette pression foncière et immobilière se développe de plus en plus vers l’arrière-pays et tend à rejoindre à l’est de la baie, sous la forme d’un habitat pavillonnaire diffus, l’agglomération de Saint-Nazaire. Vers le nord de la presqu’île, en direction de Guérande, elle constitue une menace pour les marais salants. Cette pression urbaine et immobilière rétro-littorale s’explique pour partie dans cet espace rare et cher (cf. carte des prix immobiliers) par un effet d’éviction des catégories populaires résidentes à l’année de l’espace littoral survalorisé par les couches aisées des métropoles nantaise ou francilienne.
Il est intéressant de noter qu’au plan administratif, la commune de Pornichet appartient à l’ensemble intercommunal CARENE (Communauté d'agglomération de la Région Nazairienne et de l'Estuaire) qui regroupe 10 communes dont Saint-Nazaire. La Baule et le Pouliguen relèvent de la communauté d’agglomération de la presqu’ile de Guérande-Atlantique, dite Cap Atlantique. Elle regroupe 15 communes appartenant aux deux départements de la Loire-Atlantique (12 communes) et du Morbihan (3 communes).
Une mise en patrimonialisation du territoire
Depuis le XXème siècle et surtout aujourd’hui, la presqu’ile guérandaise est souvent assimilée à la baie de La Baule, aisément accessible en train et par la voie rapide. Depuis l’arrivée du chemin de fer et le développement du tourisme balnéaire au XIXème siècle, la mise en tourisme de ce territoire a été continue et prioritaire sur les autres activités économiques jugées moins rentables jusqu’à entrer en conflit avec ces dernières. Aujourd’hui, nous avons affaire à un espace urbain attractif tant à l’échelle locale (pour les nantais...), qu’à l’échelle nationale (les parisiens...) et internationale (britanniques…).
Comme pour tous les littoraux, les premières mises en valeur sont situées dans l’arrière-pays, loin des plages. Le pays guérandais, serré autour de la ville close, appartenait au duché de Bretagne et représentait une petite région économiquement riche. En 1532, l'union du duché de Bretagne et du royaume de France est proclamée, celle-ci sera effective en 1547 et la presqu’ile guérandaise marque la frontière linguistique (les toponymes bretons sont nombreux) entre le duché de Bretagne et le royaume de France. Territoire d’interface entre la terre et la mer, les activités traditionnelles s’appuyaient sur la pêche, la production de sel, la production de tourbe et la viticulture. Les paysages typiques, minutieusement façonnés par l’homme et désormais recherchés par les touristes en mal d’espaces « naturels », attestent d’une mise en valeur dépendant de la qualité de l’eau, de l’air et de la protection de l’environnement, en osmose avec le milieu naturel et ses contraintes.
Aujourd’hui, la ténacité de quelques-uns a permis de maintenir cet écosystème agricole-aquacole – il restait environ une dizaine de paludiers dans les années 1980 - et d’obtenir la labellisation du sel de Guérande. « La fleur de sel de Guérande » voyage à travers le monde, est servie sur les plus grandes tables et participe au rayonnement européen de la presqu’ile. Ce faisant, ce territoire est un devenu un espace avec une forte identité culturelle. Les métiers et le savoir-faire des paludiers organisés en coopératives ont été retrouvés et transmis ; les différents habitats traditionnels, les matériaux utilisés et les techniques de construction ont fait l’objet de recensement et d’analyses pour « garder mémoire » (cf. le musée des marais salants de Batz-sur-Mer).
Le développement du tourisme de masse est donc à l’origine d’un élan de préservation/conservation des milieux « naturels » et de la redéfinition d’une identité culturelle locale. L’offre touristique, toujours plus étoffée, attire des visiteurs parfois exigeants, consommateurs d’événements culturels, amateurs de randonnées, curieux de découvrir la gastronomie locale… La mise en tourisme est à la fois à l’origine et la conséquence de la patrimonialisation.
Zooms d'étude
Un développement urbain par auréoles successives
La ville de Guérande s'est développée sur le sommet de la ligne de crête appelée sillon de Guérande : elle dispose d'une situation dominante sur les marais salants, le littoral et l'arrière-pays. Elle doit son développement au commerce du sel et connaît un véritable âge d’or au XVe siècle, faisant la richesse des Ducs de Bretagne. A partir de la fin du Moyen-âge, l’ensablement de son port lui fait perdre sa puissance maritime au profit du Croisic et du Pouliguen, sans compter sur la concurrence des marais salants de la Baie de Bourgneuf, plus au sud, en Vendée.
On peut lire sur cette image la forme quasi circulaire de la ville close de Guérande avec ses douves partiellement comblées : la ville médiévale est devenue un site touristique grâce à la richesse de son patrimoine architectural. Les fortifications sont d’une longueur d’environ 1 300 mètres. On peut retrouver sur cette vue les quatre portes fortifiées situées aux quatre points cardinaux : porte Saint Michel à l’est, Vannetaise au nord, Bizienne à l’ouest et de Saillé au sud. Ces remparts sont classés au titre des monuments historiques depuis 1877.
De même, les maisons guérandaises ont fait l’objet d’un recensement et d’une description précise pour être inscrites au patrimoine urbain (zone de protection urbaine ou ZPU). Elles sont généralement construites en granit, ont des petites ouvertures, une lucarne et des toitures en ardoise naturelle avec une pente importante (parfois plus de 40°). En 2004, l’attribution du label « Ville d’art et d’histoire » a confirmé la dynamique de la ville en matière de protection et de valorisation du patrimoine. Elle offre un complément culturel au tourisme balnéaire des villes du littoral.
La ville, peuplée aujourd’hui de 16 000 habitants, s’est largement développée en dehors des remparts dans les dernières décennies du XX° siècle. Les versants sud du coteau sont délaissés par les activités agricoles et peu à peu remplacés par des habitations résidentielles notamment vers Kercandon (entre Guérande et Saillé). Ce mitage s’étend désormais tout autour de la ville close.
Guérande : pôle économique, logistique et touristique à mi-chemin entre Nantes et le Golfe du Morbihan.
A l’est de Guérande, le parc d’Activités de Villejames occupe une emprise spatiale très d’ampleur. Il est le principal pôle artisanal, logistique et commercial de la presqu’ile. Sa zone commerciale est accessible en moins de quinze de minutes depuis la quasi-totalité de la presqu’ile. Son extension et son emplacement sont aussi liés à une volonté politique ancienne des élus de La Baule de ne pas laisser s’installer des zones commerciales, artisanales ou des plates-formes logistiques sur le territoire communal. Ce sont les communes environnantes qui ont accueilli ces installations et équipements : Le Pouliguen, Saillé, Le Croisic et surtout Guérande.
Au sud-est de la ville, on observe également le point de départ de la départementale 213 surnommée « Route Bleue ». Cette route touristique relie Guérande aux Moutiers-en-Retz en baie de Bourgneuf, tout au sud du département, en passant par la Baule, Saint Nazaire et Pornic. C’est pour l’essentiel du parcours une double voie de circulation (hormis sur le pont de St Nazaire) qui marque une rupture paysagère mais qui constitue l’artère principale de desserte locale. A partir de Guérande, la voie rapide se prolonge jusqu’à La Turballe, premier port de pêche du département et un autre ensemble résidentiel dense de Piriac à Mesquer, au bord de l’estuaire de la Vilaine.
Un paysage remarquable et un espace fragile
Entre Guérande, Saillé et Batz-sur-Mer, les marais salants forment un espace paysager très spectaculaire. Les premières salines datent de la fin de l’époque romaine et se sont développées au Moyen-Age. Cet espace – que le géographe Raymond Regrain nomme « manufactures de plein air » - est d’une grande fragilité écologique et les conflits d’usage sont nombreux entre les différents acteurs publics et privés, individuels et collectifs : pratiquants d’activités nautiques, conchyliculteurs, exploitants salicoles, pêcheurs, touristes, résidents permanents…
On peut observer sur cette vue le quadrillage d’étiers, de bassins et d’œillets (dernier bassin où le paludier récolte le sel) remplis d’une lame d’eau aux teintes diversifiées qui forment une étonnante mosaïque modelée par le travail des hommes. Au nord le marais s’étend jusqu’au côteau de Guérande : la couverture végétale marque assez nettement la limite entre les deux espaces. Le village paludier de Saillé, édifié sur une îlot rocheux exondé et cerné par les marais salants est un point de passage obligatoire pour traverser les marais. Ce village qui comptait pas moins de 1 000 habitants en 1851, regroupés en 242 maisons autour de l’église Saint-Clair concentre des maisons de granit avec toits en chaume. Elles présentent le plus souvent une façade dissymétrique avec une porte plein cintre et des ouvertures rectangulaires. Cet « habitat paludier » a également fait l’objet d’un recensement dans le cadre d’un travail conservatoire des arts et traditions populaires.
La saliculture : depuis vingt ans, le renouveau d’une activité traditionnelle
Environ 2 000 hectares sont entretenus avec soin par une nouvelle génération de paludiers qui disposent depuis 1979 d’un outil de formation mise en place en Loire Atlantique avec l’option saliculture. Du brevet professionnel responsable d’exploitation agricole.
Les diverses activités des paludiers sont rythmées par les saisons. L’hiver, le travail des paludiers consiste au curage des vasières, au renforcement des talus et à l’entretien des chenaux. Au printemps, il faut vider les salines de l’eau accumulée pendant l’hiver et reconstituer les digues d’argiles au cœur du circuit hydraulique. Avec l’été vient le temps de la récolte de sel : un paludier exploite une superficie de 3 à 4 ha divisés en 50 à 60 œillets. Il faut « rouler » le sel avant l’arrivée des pluies automnales : à l’aide de brouette, il faut mettre le sel à l’abri. Au fil des saisons la couleur des œillets change avec une palette de couleur d’une grande finesse à la grande joie des photographes.
Depuis une trentaine d’années, le sel de Guérande monte en gamme et est considéré comme un produit artisanal de qualité. Il bénéficie de plusieurs labels de qualité et d’une IGP, la fleur de sel de Guérande est d’une grande renommée. L’« or blanc» de Guérande a permis de relancer l’activité économique de la presqu’ile. Aujourd’hui la filière du sel de Guérande fait vivre environ 300 paludiers, produisant près de 10 000 tonnes de sel par an. Les marais et l’activité salicole sont devenus une attraction touristique. Les bâtiments de la coopérative « Les salines de Guérande » sont visibles au nord-est de l’image. Elles proposent des visites de découverte du marais salants (Terre de Sel à Pradel) avec des stations pour observer les oiseaux. Le paysage des salines fait l’objet d’un véritable merchandising.
Un espace faisant l’objet de nombreuses règlementations de protection
Cet espace remarquable a fait l’objet de plusieurs classements de sauvegarde, prenant appui sur les législations du moment.
A l’échelle internationale, depuis1995, Les marais salants de Guérande font partie des sites protégés au titre de la convention de Ramsar. Ce traité ratifié par la France en 1986, reconnait les fonctions écologiques et la valeur économique, culturelle, scientifique et récréative des zones humides. A l’échelle européenne, les marais sont identifiés comme Zone d’Intérêt Communautaire pour les Oiseaux (ZICO). Ils sont également intégrés au réseau européen Natura 2000.
A l’échelle nationale, ils obtiennent le label paysage en 1992, et sont classés comme ZNIEFF (zone naturelle d’intérêt écologique, floristique et faunistique depuis 1991. A ces dispositifs de protection, Il faut ajouter le rôle des associations de défense des oiseaux notamment Birdlife International (représentée en France par la Ligue pour la protection des oiseaux ou LPO).
Toutes ces mesures visent à conserver un environnement « naturel » fragile, un paysage typique et des activités traditionnelles. Dans les années 70-80, il était question d’aménager une marina dans cet espace. Toujours soumis à une forte pression urbaine et touristique, les marais de Guérande font désormais l’objet de démarches de la part des élus locaux pour l’obtention du label « Grand Site de France ». L’objectif est de trouver un compromis entre la fréquentation touristique, l’identité paysagère et la protection de l’environnement, de la flore et de la faune.
Le Croisic est une ancienne île granitique séparée du continent jusqu'au XIe siècle : on repère aisément l'isthme très étroit qui fait le lien avec la commune de Batz-sur-mer derrière la plage Valentin. La ville est peuplée de 4 000 habitants et connait un vieillissement marqué.
Le noyau initial de la ville s’étend autour du port. Ouvert sur l’étier, il est protégé par une digue et par la presqu’île de Pen-Bron. Il fut longtemps le port le plus actif de la région pour l’exportation de sel vers l’Espagne ou l’Angleterre. On peut distinguer les installations du port de pêche de celles du port de plaisance situé au bout du chenal navigable. La vieille cité portuaire est aussi un centre touristique actif qui appartient au réseau des « Petites cités de caractère ».
La gare ferroviaire du Croisic a favorisé au XIXe siècle le développement balnéaire de la ville qui devient la première station balnéaire de la Côte d’Amour. Terminus de la ligne La Baule-Paris depuis 1879, la gare est encore très fréquentée et participe à l'attractivité touristique de ce Finistère.
Avec le développement du tourisme, la ville s’est progressivement étirée vers le sud : on peut voir un habitat résidentiel au bâti plus lâche. La côte rocheuse laisse voir quelques criques sablonneuses. Dans le coin inférieur droit de l’image, la vaste plage Valentin, la plus belle et la plus vaste du secteur est très agréable par son orientation plein sud, elle est située sur la commune de Batz sur Mer. La partie ouest de la presqu’île porte la trace d’activités agricoles. Elle est aussi progressivement gagnée par l’urbanisation malgré une exposition face aux vents d’ouest. Le nord de la pointe de Pen-Bron et le parc de Pen-Avel visible en bord de mer au sud de la ville font partie des rares secteurs acquis par le Conservatoire du littoral dans la presqu’ile de Guérande. Le périmètre d’intervention de cet établissement public s’étend à tout le marais guérandais.
Cette vue permet de mettre en valeur l’estran découvert à marée basse : on distingue clairement le grand traict au sud qui alimente en eau de mer à marée haute les marais salants. Quelques bateaux sont au mouillage dans le chenal de Pen-Bron, petites taches blanches qui contrastent avec le bleu émeraude du chenal navigable. Les activités nautiques sont ici très réglementées pour préserver l’environnement et le maintien des activités des conchyliculteurs. Le Croisic est en effet le premier centre d’élevage de la coque en France. Les conchyliculteurs y élèvent également huîtres et palourdes.
Un blockhaus camouflé en villa jusqu’en 1945 et devenu musée en 1997. Le bâtiment est sauvé, et de ruine devient lieu de mémoire et site touristique. Il sert aussi de support pédagogique aux écoles, collèges et lycées désireux de faire connaître cette histoire locale. Ce projet de mise en valeur patrimoniale, d’initiative entièrement privée, contribue à faire connaître l’histoire de la Poche de Saint-Nazaire, qui aurait pu tomber dans l’oubli. Le bâtiment est aujourd’hui complètement enchâssé dans un ensemble pavillonnaire qui témoigne du mitage du littoral. Le « sentier des douaniers » qui borde le littoral est parfaitement visible à l’image.
Une ville née du phénomène balnéaire
« Nous n’avons vu ici que des dunes parsemées de joncs rabougris » notent Flaubert et Maxime Du Camp en découvrant le paysage de la Baule en 1847. Le site était jusqu’au XIXe siècle pratiquement délaissé par les hommes et les seules activités de la presqu’ile de Guérande étaient constituées par la pêche et les marais salants, comme nous l’indique la carte postale. La ville de La Baule, construite sur un long cordon dunaire, est un pur produit de l’activité touristique. Elle occupe une situation privilégiée en plein midi et à l’abri des vents du nord. La température moyenne annuelle y est de 11.8 °C. L’ensoleillement est proche de 2 000 heures par an et approche les 300 heures en juillet. La commune de la Baule-Escoublac est essentiellement une station balnéaire désignée communément par La Baule qui compte environ 15 500 habitants à l’année. Ce que l’on repère tout de suite sur cette vue c’est la courbe harmonieuse de la plage présentée comme la « plus belle plage d’Europe » d’environ 8-9 km de long.
L’essor touristique de La Baule doit beaucoup à l’arrivée du train. La station nait véritablement en 1879 autour d’une gare desservant le hameau d’Escoublac. C’est une « station » au sens anglais du terme : une gare ferroviaire à la mer. La gare initiale était à moins de 400 m de la plage. Les premiers baigneurs sont principalement des touristes en provenance de Nantes et de Paris.
Le développement urbain de la station est surtout le fruit d’une politique de grands lotisseurs sont les plus célèbres sont Darlu et Hennecart, respectivement courtier en bourse et ingénieur des chemins de fer, qui achètent dès 1879, 46 hectares autour de la gare et organisent le plan en damier autour de l’actuelle avenue du Général de Gaulle. D’importants travaux d’aménagement sont alors nécessaires pour créer un terrain favorable au développement du tourisme balnéaire. Des plantations de pins destinées à fixer les dunes sont effectuées tout au long du XIXe siècle.
Dans les années 1920, l’implantation de palaces, casinos et boutiques de luxe donne une nouvelle dimension à La Baule et lui permet d’acquérir une réputation internationale. Sous l’impulsion de son maire et parisien d’origine, Louis Lajarrige, un quartier construit en 1922 a pris le nom de la Baule-les-Pins, exemple d’urbanisme concerté dans le Bois d’Amour. Il obtient le détournement de la voie ferrée qui joint Pornichet à La Baule en longeant la côte, traversant le quartier en devenir. Dès 1902, il avait initié des colonies de vacances d’enfants parisiens, rachetant pour cela l’hôtel de l’Océan à Pornichet et l’Atlantic Hôtel à Batz-sur-Mer. L’année de son décès, en 1956, l’avenue des tilleuls portent son nom en souvenir de son action pour le développement de la commune.
La transformation récente de la commune de La Baule doit beaucoup à Olivier Guichard, maire de la Baule de 1971 à 1995, président du conseil régional de 1974 à 1998, ministre du plan et de l'aménagement du territoire dans les gouvernements de Georges Pompidou, de Maurice Couve de Murville puis de Pierre Messmer. Il est à l’origine du développement des résidences secondaires (maisons individuelles) et des immeubles sur le front de mer.
On distingue sur l’image la trace de quelques villas de luxe entourées d’arbres. Elles furent construites au début du 20e siècle dans la foulée du premier casino ouvert en 1902 ou encore l’hôtel Royal de Joseph André Pavie qui transforma un sanatorium en hôtel de luxe et lança la station moderne par ses investissements innovants pour l’époque. Ces villas de style composite, mêlant styles éclectique, régionaliste, voire néo-médiéval, correspondent à d’anciennes résidences secondaires ayant appartenu pour l’essentiel à la bourgeoisie parisienne. Les plus remarquables font l’objet d’un processus de patrimonialisation, comme l’hôtel de luxe « Le Castel Marie-Louise » adossé au centre de thalassothérapie de La Baule. La zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) rassemble 6 871 bâtiments parmi lesquelles 15 villas distinguées en patrimoine exceptionnel et 699 en patrimoine remarquable à conserver.
Des équipements touristiques et de loisirs structurants
Il est possible de repérer sur cette image d’Est en Ouest plusieurs éléments de cet espace. Ces équipements sportifs et de loisirs accueillent chaque année des événements de renommée nationale et internationale. Sur la commune du Pouliguen, le grand étier, aussi limite communale, abrite de nombreux bateaux de plaisance. La ligne de chemin de fer qui dessert le Croisic est ici aisément perceptible et marque la limite entre l’espace urbain et les marais. Sur la commune de La Baule, la plage Benoît, le casino que contourne l’esplanade littorale, les courts du Tennis club.
Enfin, sur la commune de Pornichet, la plage est bordée par le port de plaisance en eau profonde, plus récent que celui du Pouliguen et d’une capacité d’accueil plus importante (inauguration en 1978). La commune de Pornichet accueille également un casino et un deuxième centre de thalassothérapie. Depuis une vingtaine d’année, on assiste à une inflation de l’offre touristique et culturelle des différentes communes de la baie. Elle peut s’expliquer par la concurrence entre les deux intercommunalités distinctes. Dans ce contexte, la ville de Saint-Nazaire, toute proche, entend aussi profiter de la manne touristique et faire évoluer son image de ville reconstruite après la guerre de l’après-guerre. Ainsi, la ville a aménagé un sentier d’accès aux plages situées sur la commune comme la plage de Sainte-Marguerite ou encore la plage de M. Hulot à Saint-Marc. Dans le même temps, elle a investi la base sous-marine près des chantiers navals pour ancrer un pôle touristique et culturel (« Saint-Nazaire Renversante »). Depuis peu, au niveau national, le parc éolien en mer de Saint-Nazaire participe à un plan industriel national ambitieux, visant à la création d’une filière française des énergies marines renouvelables, compétitive à l’export avec l’espoir de nombreuses retombées économiques pour la Région Pays-de-Loire (premier site touristique en France dédié à l’éolien en mer). On doit aussi relever le tracé de la piste cyclable « Vélocéan » de Saint-Nazaire à Saint-Molf –Pénestin qui est le trait d’union entre l’estuaire de la Loire et la Vilaine.
Un ensemble urbain qui diversifie son offre en lien avec la mise en concurrence des territoires
À La Baule, il semble que le tourisme n’apparaisse plus comme une priorité absolue aux yeux des élus. D’un côté la ville évolue vers une fréquentation de loisirs ; de l’autre les élus promeuvent un modèle de ville résidentielle avec des projets davantage destinés à améliorer le cadre de vie de la population permanente qu’à satisfaire les besoins des touristes.
La Baule subit un processus de résidentialisation très actif. La proximité relative entre certains lieux touristiques et les agglomérations urbaines de travail s’est réduite de telle sorte qu’il est devenu possible d’habiter en permanence les lieux des vacances. Toutefois, les statistiques montrent que la population de la commune est vieillissante et accuse un solde naturel négatif (16 112 en 2011 et 15455 en 2016). La population âgée de plus de 60 ans représente 48 % de la population résidant à l’année. Cette tendance démographique se vérifie également pour les communes du Croisic (53 %), Le Pouliguen (53 %), et Pornichet (40 %). Par voie de conséquence, les résidents se tournent désormais vers Saint-Nazaire pour les services médicaux, l’activité commerciale (présence de centres commerciaux) et l’offre culturelle (abonnements à l’année).
La presqu’île est particulièrement bien reliée à Nantes et au reste du territoire hexagonal par le TGV et la voie rapide. L’emprise au sol de la ligne de chemin de fer est bien visible sur l’image satellite. La Baule est directement reliée à Paris via le TGV Atlantique (possible en moins de 3h) et le TER permet de joindre Saint-Nazaire et Nantes. L’aérodrome de La Baule-Escoublac se distingue nettement : on repère son unique piste de 800 m de long seulement capable aujourd’hui d’accueillir les avions de tourisme ou d’affaires de résidents fortunés. C’est un ancien aérodrome militaire créé pendant la première guerre mondiale et qui servit comme base de la liaison postale pour l’armée américaine jusqu’en 1919.
Image complémentaire
Références ou compléments bibliographiques
« Guérande, Ville close, territoire ouvert », Coll. Cahiers du Patrimoine n°111, novembre 2014.
Revue de la Région Pays de Loire « 303 ».
L’atlas des paysages de la DREAL des Pays-de-la-Loire
Les chiffres clés. Edition 2018. Commissariat général au développement durable.
Contributeurs
Sylvie Galabbé, Inspecteur d'Académie - Inspecteur Pédagogique Régional d’histoire-géographie, Académie de Nantes
Michel Durif, Inspecteur d'Académie - Inspecteur Pédagogique Régional d’histoire-géographie, Académie de Nantes