Les mouvements de plus de 300 000 animaux sont suivis à l’aide d’Argos. Une fois la balise installée sur l’animal - oiseaux, animaux terrestres et marins ou poissons - elle communique avec les instruments à bord des satellites. Ces précieuses données aident la communauté scientifique à étudier les effets du changement climatique.
Des balises Argos pour traquer les animaux
Quel est le point commun entre un renne, un satellite et un requin ? Argos ! Depuis 1978, ce géant de la mythologie grecque aux 100 yeux a donné son nom à un programme satellite. Installées sur de nombreuses espèces animales, les balises communiquent par liaison radio avec les instruments Argos en exploitation à bord de satellites. Résultat : les animaux sont géolocalisés et de nombreuses données sont collectées par les satellites.
Aujourd’hui, environ 20 000 balises sont suivies par le système Argos à travers le monde et plus de 300 000 animaux ont déjà été suivis par le système.
L’objectif ? Aider la communauté scientifique à comprendre les interactions entre les animaux et leurs milieux naturels et étudier l’impact du changement climatique. Un enjeu de taille. Entre 1970 et 2018, la taille moyenne des populations d’espèces sauvages – mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens – a diminué de 69% d’après le rapport Planète Vivante 2022 du WWF. La biodiversité rend des services inestimables : pollinisation, purification de l’eau, capture du CO2… Elle est pourtant menacée par la dégradation des terres et l’artificialisation des sols, les pratiques agricoles intensives, le changement climatique, la pollution et les espèces exotiques envahissantes. En comprenant l’impact de ces différentes menaces, il est possible de mettre en place des mesures pour protéger la biodiversité : mieux gérer la pêche, créer des réserves et zones protégées, stopper la déforestation, etc.
Chiffres-clés
+8 000 | animaux suivis chaque mois |
+300 000 | animaux déjà suivis par Argos |
2g | le poids de la plus petite balise |
4 | catégories d’animaux sauvages suivis |
Oiseaux, animaux terrestres et aquatiques
Les balises compatibles avec le système Argos sont uniques : elles sont tellement petites – 2 g pour les plus petites – qu’elles sont les seules au monde à pouvoir être fixées sur de petits oiseaux ou des bébés tortues sans influencer leur comportement ! Munies de capteurs collectant des données comme la température corporelle ou le rythme cardiaque, elles sont une véritable aubaine pour la communauté scientifique. Combien de kilomètres parcourent les animaux chaque jour ? Quelle direction prennent-ils ? S’arrêtent-ils pendant leur migration ? En collectant la position de l’animal au cours du temps et en la combinant aux données météorologiques par exemple, les chercheurs comprennent mieux l’impact du changement climatique sur la migration.
Rassurez-vous, aucun animal n’est maltraité par ce dispositif ! Concrètement, les balises sont installées sur les animaux grâce à des colliers ou des bagues. Elles émettent des signaux radios. En orbite entre 650 et 850 km au-dessus de la Terre, les 9 satellites de la constellation Argos reçoivent ces signaux. Le rôle du récepteur Argos dans le satellite est alors multiple :
- Il calcule la position de la balise grâce à l’effet Doppler, un phénomène physique bien connu.
- Il stocke les données communiquées par la balise, par exemple la température ou la vitesse du vent, selon les capteurs qu’elle embarque.
- Il transmet ces données à une station au sol dès que possible.
Aujourd’hui, 60 stations terrestres peuvent recevoir les données envoyées par les satellites Argos. À Toulouse, le centre principal de CLS – la filiale du CNES en charge d’Argos – regroupe et traite l’ensemble des données des balises à travers le monde.
Météo, océanographie, pollution et agriculture : une pléthore de balises
Si au départ, le programme a été imaginé pour suivre les animaux, il s’est depuis étoffé : une multitude de balises existent ! Embarquées sur une bouée ou dans des stations météo en mer ou à terre, elles relèvent de précieuses données sur les courants océaniques, les vents ou encore les quantités d’eau ou de glace. D’autres balises équipées de capteurs dédiés sont utiles pour surveiller la qualité des sols et la production agricole. Enfin, il est aussi possible grâce à Argos de suivre la pollution plastique en mer ou les niveaux de pollution de l’air.
Chronologie
2024 | Lancement des premiers satellites Kinéis dans l'espace |
2020 | Kinéis entame la fabrication des 25 nanosatellites et 20 stations terrestres qui vont constituer le système. |
2018 | En collaboration avec CLS, nous créons Kinéis. La constellation du même nom est la nouvelle génération du système Argos, dont l’objectif est de démultiplier les capacités de suivi. |
2006 | L’Organisation européenne pour l’exploitation des satellites météorologiques (EUMETSAT) puis l’Organisation indienne pour la recherche spatiale (ISRO) rejoignent l’aventure Argos. |
1986 | Notre filiale CLS est créée pour opérer, maintenir et commercialiser le système. |
1978 | Le système Argos est créé à l’initiative du CNES, de la NASA et de l’agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA). NOus sommes architecte du système et maitre d’ouvrage du développement des composantes sol et bord. Le satellite, son lancement et l'intégration des équipements Argos sont supportés par les partenaires |
L’atout de Kinéis ? « Cette nouvelle génération de satellites va permettre d’augmenter la fréquence des mesures et la capacité du système, répond Michel Sarthou, directeur technique de Kinéis. Le système Argos peut aujourd’hui traiter simultanément environ 20 000 objets, avec Kinéis, nous allons passer à 2 millions ! » Kinéis va également diminuer le temps entre deux passages successifs au-dessus d’une même balise : il passe de 45 à 15 minutes. De quoi démultiplier les yeux du géant Argos.
Quizz
Comment les animaux aquatiques peuvent-ils être suivis par satellite ?
A - Les ondes radio émises par les balises traversent l’eau pour communiquer avec les satellites.
B - La balise n’émet que lorsqu’elle se trouve en surface.
C - Il n’est pas possible de géolocaliser les animaux aquatiques.
D - Le système Argos ne le permet pas, il faut utiliser un récepteur Galiléo.
B : Deux solutions existent : soit l’animal remonte régulièrement à la surface, comme les baleines ou tortues, et les données sont alors transmises ; soit l’animal est équipé d’une balise pop-up qui se détache seule et remonte en surface.