Situé dans la partie nord de la Côte d’Argent, le bassin d’Arcachon, avec à proximité la dune du Pilat (ou Pyla), est un des hauts lieux du littoral touristique français et de la production ostréicole nationale. Mais cette petite mer doit faire face à une pression anthropique de plus en plus forte. En effet, la croissance démographique et sa traduction urbaine ont un fort impact sur les milieux et la biodiversité.
Dans cet écosystème littoral très fragile et dont la dynamique économique reste à consolider, les conflits d’usage génèrent des tensions nombreuses. Les différents acteurs du bassin cherchent à mettre en œuvre un développement durable à la hauteur de ces nombreux enjeux.
Légende de l’image satellite
Le bassin d’Arcachon, la « petite mer » du littoral atlantique aquitain, un milieu unique face aux enjeux du développement durable.
Cette image a été prise par un satellite Pléiades le 03/02/2012. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles, de résolution native à 0,70m, ré-échantillonnée à 0,5m
Télécharger l’image générale
Contient des informations PLEIADES © CNES 2012, Distribution Airbus DS, tous droits réservés. Usage commercial interdit.
Repères géographiques
Présentation de l’image globale
Le bassin d’Arcachon, la « petite mer » du littoral atlantique aquitain, un milieu unique face aux enjeux du développement durable
Au cœur du Pays de Buch l’enclave maritime d’Arcachon sur la côte du golfe de Gascogne, d’une superficie proche de 180 km2, est un espace unique à l’échelle française. Cette lagune-estuaire saumâtre semi-fermée de forme triangulaire est le débouché d’un vaste bassin versant, de la Leyre essentiellement, qui draine plus de plus de 4.000 km2. D’une circonférence de 88 km, elle est ouverte sur l’océan par une embouchure - une « passe » - d’une largeur totale de 3 km qui rompt au sud-ouest le cordon littoral dunaire ce qui lui vaut le nom de bassin.
Au centre de ce bras de mer se trouve l’île aux oiseaux aux célèbres cabanes tchanquées (de « tchanca », échasse en patois landais).Tout autour du bassin, à partir du noyau touristique initial d’Arcachon et des villages ostréicoles, le tissu urbain s’est densifié et étalé mais il demeure discontinu. Il comprend 10 communes regroupant 115 000 habitants.
Un milieu et un système naturels exceptionnels : grèves (slikke), herbus (shorre)
L’image, prise à marée basse, montre que le Bassin d’Arcachon est un écosystème exceptionnel très complexe, de plus en plus convoité et de ce fait, soumis à de très fortes pressions et fragilisé. Dans la perspective du développement durable, les acteurs de son aménagement cherchent à trouver un équilibre entre valorisation économique et préservation.
Les milieux du bassin sont d’une grande diversité. Outre le bassin lui-même, on y trouve des plages et des dunes de sable à l’est ainsi que de nombreuses zones endiguées. Au sud-est, le delta de la Leyre constitue 70 % du bassin versant.
Deux fois par jour, lors des marées, le bassin se vide aux deux tiers et sa superficie passe d’environ 174 km2 à marée haute à 60 km2 à marée basse. Lors des fortes marées, le volume oscillant se situe à 400 millions de m3 d’eau salée qui entrent puis sortent du bassin ; un phénomène littoral assez exceptionnel qui témoigne de l’importance du brassage des eaux comme dans la Baie du Mont Saint-Michel.
Comme le montre l’image, le bassin juxtapose deux grands types de milieux et de paysages du domaine maritime : les grèves, ou slikke, et les herbus, ou shorre. La slikke définit les bancs de sables sablo-vaseux et les vasières qui couvrent la très large partie du bassin et sont parcourus par de multiples chenaux hiérarchisés bien visible. Ces paysages immenses sont mouvants et instables. Ils se recomposent en permanence selon les marées, les saisons et les conditions météorologiques. Contrairement au Mont Saint-Michel, les herbus, ou shorre (termes d’origine néerlandaise), sont ici beaucoup moins développés. Paysages et milieux intermédiaires entre la mer et la terre, les herbus correspondent à des formations végétales halophiles (qui aiment le sel) qui s’adaptent à la subversion liée aux marées et à la salinité de l’eau.
Le caractère lagunaire du bassin offre une très grande diversité de paysages et son écosystème est d’une richesse écologique exceptionnelle. Cet espace est d’ailleurs classé en ZNIEFF (Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique).
Croissance démographique et pression urbaine
Peuplé de quelques communautés de pêcheurs, d’ostréiculteurs et de résiniers, le bassin d’Arcachon est, dès le XIXem siècle., soumis à une pression urbaine constante, lié à une croissance démographique inégale mais globalement forte.
L’urbanisation du bassin a commencé au milieu du XIXem siècle avec l’arrivée du chemin de fer. Elle s’est fortement accentuée avec le développement touristique au siècle suivant, faisant du bassin d’Arcachon un lieu de résidence privilégié pour les habitants de l’agglomération de Bordeaux. Arcachon se situe à moins d’une heure en train ou par autoroute de la capitale régionale. Cet espace est devenu « la banlieue balnéaire de Bordeaux » comme en témoignent les très nombreuses résidences secondaires (à Lège-Cap-Ferret ou à Arcachon elles représentent plus de 60 % des logements).
Les derniers recensements confirment cette tendance. En 1992, les 18 communes du bassin comptaient 77 000 habitants, en 2013 ils étaient, hors saison, 139 000. Mais cette augmentation se tasse, avec des disparités importantes.Le nord du bassin gagne en effet toujours plus de population que le sud. Si Arcachon, sous-préfecture de la Gironde, compte 11.188 habitants et donne son nom à cet espace, c’est La Teste-de-Buch, au sud-est d’Arcachon, qui est la ville la plus peuplée avec 26 493 habitants.
Le schéma de cohérence territoriale (Scot) prévoit un doublement de la population d'ici à 2030 et s’est fixé comme objectif de préserver les espaces non urbanisés entre les différents noyaux urbains. Les mesures conservatoires proposées - comme le Parc naturel marin créé en 2014 - font aujourd’hui l’objet d’un vif débat.
La fonction touristique : un enjeu majeur
Le bassin d’Arcachon, déjà peuplé, voit naître son attrait touristique au XIXem siècle, en particulier sous le Second Empire, quand se répand dans la société aristocratique et bourgeoise la mode des villégiatures et du thermalisme : un casino est construit près de la gare, sanatoriums, aériums, « balnéothérapie ».... La commune est reliée à Bordeaux par le chemin de fer, le « train de plaisir », ce qui en assure l’essor, porté par les projets de visionnaires comme les célèbres frères Péreire, dont la mémoire est honorée dans la voirie communale.
Aujourd’hui, c’est près de 300.000 habitants de plus en période estivale auxquels viennent s’ajouter l’été, environ 500.000 vacanciers occasionnels. A elle seule, la station de Cap-Ferret, avec 8.366 habitants à l'année, en attire 100.000. Globalement, le pôle arcachonnais représente 75.000 lits touristiques, dont 3.000 en hôtellerie classée, et 120.000 lits en résidences secondaires.
Le bassin d’Arcachon développe son activité touristique sur un espace qui va au-delà de 800 km2 en s’appuyant sur 76 km de plages, dont 40 km sur l’Océan. L’activité balnéaire n’est pas le seul levier touristique puisque l’offre s’est élargie avec les 84 km de sentiers de grande randonnée du pays (le « Tour du Bassin d’Arcachon »), les 220 km de pistes cyclables, les quatre terrains de golf.
Pression anthropique et équilibres
A cela s’ajoutent les deux centres de thalassothérapie et balnéothérapie (Thalazur à Arcachon et Domaine du Ferret à Lège-Cap Ferret) mais aussi les parcs d’attraction comme un Aqualand à Gujan-Mestras. La valorisation du patrimoine naturel et économique a aussi permis la création d’un écomusée près de Lanton et de la réserve ornithologique du Teich (120 ha) reconnue d’importance internationale. Cette réserve permet à 300.000 oiseaux de plus de 300 espèces de transiter entre forêt, marais et lagunes.
Au départ éloignée de la valorisation touristique, l’activité ostréicole, au-delà de la production est aujourd’hui exploitée par tout un dispositif touristique autour de ce qui est appelé « la route de l’huître ». Fortement inscrite dans la dynamique économique locale et bénéficiant d’une renommée à une échelle plus large, l’ostréiculture est régulièrement menacée par la dégradation de la qualité des eaux, notamment à cause de la prolifération d’algues toxiques.
De plus, la pression exercée par l’homme et ses activités sur ce milieu si fragile génère des effluents urbains ou industriels (liés à l’activité papetière en arrière-pays) tandis que les eaux usées des 12.000 bateaux de plaisance présents sur le bassin questionnent. Certains de ces effluents sont rejetés plus au sud sur la côte au niveau de La Salie. Un retour de ces 60.000m3 quotidiens pollués portés par les courants inquiète aujourd’hui, malgré leur traitement. A ceci nous pouvons rajouter le fort impact de la très forte densité estivale de promeneurs et de baigneurs sur le cordon littoral et sur le très fragile système dunaire.
Les activités traditionnelles de la forêt et de la pêche en recul
Tout autour du bassin et à l’intérieur des terres, ce sont 785 km2 de massif forestier, incluant une partie du Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne, qui sont pour la plupart exploitées pour la production de bois et de papier (sylviculture). La production de résine, employant autrefois de nombreux gemmeurs, ne constitue plus véritablement une économie porteuse aujourd’hui.
L’activité halieutique et l’aquaculture ne sont pas les plus dynamiques pour stimuler l’économie locale mais la criée du port d’Arcachon, la seule du département de la Gironde, accueille plus de 110 bateaux (fileyeurs, chalutiers…) et assure la vente de 2.600 tonnes de produits par an (Boulogne-sur-Mer, la 1ère de France : 31.052 tonnes.
Seule demeure et prospère la production ostréicole avec 315 exploitations à ce jour pour une production qui varie entre 8 et 10.000 tonnes par ans soit entre 7 % et 8 % de la production nationale. La production de caviar dans la région, introduite au milieu des années 1990, est aujourd’hui en expansion dans un contexte porteur pour cette filière où la France se situe au 3ème rang mondial. Enfin, le bassin d’Arcachon exploite depuis 1925 une source d’eau minérale baptisée Sainte-Anne ou encore « Eaux des Abatilles », qui permet la commercialisation de plus de 43 millions de bouteilles par an.
On le comprend, le bassin d’Arcachon est comme tous les milieux littoraux, un espace très fragile, un écosystème aux particularités aujourd’hui transformées par l’action de l’homme. Une prise de conscience récente vise à la création d’aménagements et de pratiques se fixant pour objectif une gestion durable par des acteurs aux logiques parfois contradictoires et impliqués à différentes échelles.
Zooms d’étude
La ville d’Arès et la réserve naturelle d’Arès-Lège
Un espace exploité
Nous sommes ici dans l’angle nord du bassin d’Arcachon. Comme le montre l’image, une partie de la zone est fortement marquée par l’empreinte de l’homme. L’urbanisation, visiblement récente, autour de lotissements pavillonnaires, est dense (et en cours de densification) et organisée selon un zonage dont on devine la trame, notamment à la périphérie est, où s’arrêtent les constructions au contact des parcelles d’exploitation forestières. Deux logiques de mise en valeur de l’espace se lisent donc ici.
Sur le littoral, outre la plage, on devine des installations ostréicoles (parcs à huîtres de formes géométriques) proche d’un espace peu mis en valeur. Cette bande de terre est propriété du Conservatoire du Littoral, interdisant toute construction.
Plus proche d’Arès, un port de plaisance illustre la diversification des activités en lien avec le tourisme et le nautisme. On retrouve ce type d’aménagement en limite du cadre à l’est, avec le port de plaisance d’Andernos-les-Bains. Les activités traditionnelles (sylviculture, ostréiculture) partagent donc l’espace avec des activités plus récentes, liées à la nouvelle demande sociale.
Désormais protégé
Sur la partie gauche de l’image, aucun bâti ne vient perturber la zone de contact entre terre et mer, que constitue la réserve naturelle d’Arès-Lège, avec des prés salés qui sont un véritable sanctuaire de biodiversité (le bassin abrite le plus grand herbier d’Europe avec plus de 7.000 ha). Les activités de chasse et de pêche sont maintenues dans cette réserve naturelle. On identifie clairement les chenaux naturels creusés par le mouvement des marées dans les vasières du bassin.
La forêt littorale et une grande partie de la zone maritime sont des sites Natura 2000 inscrits dans une logique européenne de préservation des milieux naturels et de gestion intégrée des zones côtières (ZIGC). Cette classification se retrouve au niveau de la bande forestière conservée entre Arès et Andernos, propriété du Conservatoire du littoral et elle-aussi espace Natura 2000.
Ces zones illustrent la volonté récente de sanctuariser des portions de littoral en y interdisant toute implantation agressive. L’espace littoral est donc exploité depuis longtemps mais les activités ont évolué et récemment la volonté de protection s’est affirmée sur ce territoire.
Andernos-les-Bains et ses espaces forestiers des Landes
Nous sommes ici au nord-est du bassin d’Arcachon sur la commune d’Andernos-les-Bains. Les trois-quarts de la surface de l’image sont couverts par l’immense forêt des Landes, un des premiers massifs forestiers d’Europe pas sa taille et de plus d’origine anthropique puisque créé à la demande de Napoléon III sous le Second Empire.
Un espace attractif…
Anciennement établi puisque les premières traces d’activités dans le bassin remonteraient au VIIIe siècle avant J.-C., et qu’on y trouve des vestiges d’une villa gallo-romaines, le site d’Andernos, tranche nettement avec son immédiate périphérie par un bâti dense de type pavillonnaire et structuré. Aujourd’hui peuplée de 12.000 habitants, cette ville s’est longtemps appuyée sur l’industrie ostréicole mais doit beaucoup à l’essor touristique balnéaire de la fin du XIXem siècle. Andernos ajoute d’ailleurs « les bains » à son toponyme à cette période.
Certains aménagements contemporains traduisent le maintien de cette vocation résidentielle, balnéaire et, plus largement, récréative. Un parc d’attraction en périphérie de la ville ainsi qu’un aérodrome bien repérable sur l’image le montrent. Plus en retrait du littoral, on trouve au sud un terrain de golf près d’un lotissement qui lui est en grande partie dédié. La zone artisanale et commerciale à l’extérieur de la ville répond aux besoins de base ou d’équipement de la population, en particulier durant les périodes estivales. Les récents aménagements sur la commune prévoient de limiter les zones constructibles afin de maîtriser la croissance urbaine de la ville que l’emprise de la voirie contraint déjà un peu.
Au cœur de la forêt
Au delà cet espace bâti l’essentiel de cette image est occupé par la forêt. A la fois privée et communale (370 ha), elle constitue un espace de production réparti sur 36 unités de gestion. Elle se situe en limite du Parc naturel régional des Landes de Gascogne. On devine sur l’image des éclaircies de parcelles forestières, récemment replantées en pins maritimes. Certaines parcelles, ne présentant pas d’intérêt pour la production de bois, sont en coupe rase et sont replantées.
Entre la ville et l’aérodrome, des parcelles sont en reboisement spontané issu d’une régénération naturelle après les tempêtes de 1999 et 2000. Une éclaircie des pins y contribue à la conservation d’une zone humide et à un effort de sécurité incendie (on repère sur l’image des pare-feu). Entre la zone artisanale et la D106, des parcelles en cours de reboisement sont visibles. Il peut s’agir d’un reboisement pour l’exploitation (pins maritimes) mais aussi portant une dimension paysagère par la plantation de feuillus (chênes, bouleaux, châtaigniers) et d’arbustes (saules roux, prunelliers, bourdaines). Car cette immense forêt s’avère fragile du fait de la quasi-monoculture historique du pin sur des étendues absolument considérables et doit faire face aux nouveaux enjeux locaux du réchauffement climatique.
Rompant avec la monotonie des alignements de pins, les feuillus constituent en outre un habitat favorable aux prédateurs naturels des insectes parasites des pins, comme la chenille processionnaire. Toutes ces parcelles montrent l’importance du bois sur la commune. A l’extrémité de l’image, on relève des parcelles qui sont ou ont été mises en culture. On y repère des traces de champs circulaires issus d’une irrigation en carrousel (maïs).
Gujan-Mestras et ses parcs ostréicoles
Un espace attractif
Nous sommes ici au sud-est du bassin d’Arcachon, sur les communes de Gujan-Mestras à l’ouest et Le Teich à l’est. Comme l’ensemble des communes du bassin, Gujan-Mestras connaît depuis quelques années une forte attractivité touristique, résidentielle et économique. Cela se traduit par une croissance démographique forte (21.300 habitants) liée à des aménités bien valorisées. L’accueil des nouvelles populations a été l’occasion de multiplier les divisions parcellaires pour densifier le bâti mais aussi d’encadrer la périurbanisation.
On le repère sur l’image. Aujourd’hui, les espaces dévolus à un urbanisation future sont volontairement réduits, par exemple dans le secteur de Meyran (centre de l’image) où on souhaite préserver le couvert forestier. Au sud, au-delà de l’A660, l’urbanisation est pour l’instant contenue.
Le maintien d’une identité littorale : la « capitale ostréicole » du bassin
Les activités et les pratiques liées à la mer sont une réalité économique. Avec 780 hectares de parcs ostréicoles et plus de 10.000 tonnes d’huîtres produites par an, le bassin d’Arcachon est l’un des espaces les plus performants dans ce domaine. Cette activité façonne les paysages du bassin, notamment à Gujan-Mestras, souvent présentée comme la « capitale ostréicole » du bassin.
Les « Arcachonnaises » et les cabanes ostréicoles, visibles sur l’image, sont deux entités patrimoniales de la commune et à ce titre sont valorisées et protégées. On retrouve aussi sur cet espace « maritime », des ports, le prestigieux chantier naval Gouach (yacht de luxe) et des campings sur la gauche. Ce premier espace d’occupation du territoire est séparé du bâti résidentiel par la voie ferrée et un boulevard. Plus à l’intérieur du bourg, la RD650 est un axe structurant.
Une gestion durable
L’espace bâti, en cours de densification, est ponctué d’axes de verdure et couvert d’un réseau hydraulique (cf. centre de l’image), qui constituent la trame « verte et bleue » de la commune, dont la présence est imposée par les mesures dites Grenelle II.
Ces axes, en cours de développement, assurent un maillage écologique destiné à la préservation d’une biodiversité exceptionnelle mais assurent aussi une prévention face aux risques de submersion marine et d’inondations, notamment liées à la remontée des nappes phréatiques l’hiver par un drainage efficace. Ils contribuent enfin au maintien d’un cadre de vie spécifique.
Enfin, au sud de l’image, les parcs d’activité de Nay et de l’Actipôle, proches de l’A660 illustrent l’extension raisonnée de la tâche urbaine.
Arcachon et la Teste de Buch : une grande station balnéaire, balcon bordelais sur la mer
Nous sommes ici au sud-ouest du bassin. En bas au sud-ouest se trouve Pyla-sur-Mer (avec au sud la dune du Pyla, hors cadre) qui fait face au Cap Ferret, puis Le Moulineau, dont le littoral est bien repérable par la petite jetée qui avance dans la mer : c’est le point d’embarquement ouvert uniquement en saison pour traverser la passe. Enfin, plein nord se trouve la ville d’Arcachon. Elle est bordée au sud-est par La Teste de Buch qui occupe tout le centre-est de l’image.
L’image encadre ici une partie de l’aire urbaine d’Arcachon, espace dont la périphérie est bâtie de façon inégalement dense et le centre géographique laissé au couvert forestier domanial, dont la partie en lisière appartient au Conservatoire du littoral. Grande station balnéaire de la côte atlantique, la dimension touristique, récréative et même sanitaire se lit très bien sur l’image.
Arcachon : les quatre « villes » d’été, d’hiver, de printemps et d’automne
La commune d’Arcachon n’occupe que la partie nord de l’entrée est du bassin et s’inscrit sur une surface assez étroite. Le bourg d’Arcachon se distingue nettement, caractérisé par un bâti très dense. Il est organisé à partir du front de plage - la « ville d’été » - avec pour limite le très classique boulevard de l’Océan et un cours intérieur à proximité duquel se trouve la gare, dont les rails et les bâtiments, repérables sur l’image, sont étroitement liés à la construction de la ville.
Non loin de là, près du parc Mauresque dont on devine l’emplacement, s’étale la « ville d’hiver », quartier historique d’Arcachon où sont érigées dès le XIXem siècle, de somptueuses villas au style architectural parfois extravagant. En retrait, le site du golf d’Arcachon avec sur sa droite, le bâti industriel et commercial bien visible.
De l’autre côté de la commune, vers le sud en direction de la dune du Pilat, on traverse la « ville de printemps » qui regarde vers la pointe du Cap Ferret. En descendant vers le quartier du Moulleau, l’urbanisation reste dense mais plus diffuse, dans des zones résidentielles qui illustrent une valorisation plus tardive et où la présence de campings et de sites touristiques se lit dans l’occupation des sols. Plus au sud, on arrive déjà dans la commune de la Teste de Buch.
En remontant vers le nord de la commune d’Arcachon, la plage, ponctuée de jetées, dont la jetée Thiers, la plus grande, qui s’avancent dans le bassin est un symbole de la dimension balnéaire née au XIXem siècle.
En poursuivant vers l’est, on s’avance vers la « ville d’automne » où l’on repère le port de plaisance (2ème sur la côte ouest après celui de La Rochelle) puis la pointe de l’Aiguillon qui ouvre sur des cabanes ostréicoles protégeant l’entrée du port de la Teste, bordé lui-aussi d’établissement huîtriers et d’infrastructures marines. C’est autour de la pêche, de l’huître et de la plaisance que ce quartier construit son dynamisme.
La Teste de Buch, l’une des plus grandes commune de France par sa superficie
Bourg initial dont Arcachon n’était qu’un quartier avant de s’en détacher administrativement, la commune de la Teste de Buch, couvre 180 km2 et est peuplée de près de 26.000 habitants. La densité y est localement forte mais n’empêche pas le maintien de prés-salés, bien visibles sur l’image en front de bassin. Leur étendue est cassée par le port du Rocher, dont le chenal d’entrée sillonne entre les parcs à huîtres.
L’espace urbanisé en arrière, dans des zones pavillonnaires, semble à l’étroit dans la limite de la D1250, un peu débordée au sud, à proximité de la zone industrielle et commerciale dont on aperçoit les premiers bâtiments au sud-est de l’image. L’évolution de la population se fait essentiellement par densification.
Au sud-ouest de la commune mais hors cadre, se trouve sur l’Océan la fameuse butte du Pyla et la station balnéaire de Pyla-sur-Mer. Jusqu’en 1976, le territoire communal incorporait même la presqu’île du Cap Ferret avant que el commune de Lège en obtienne le rattachement.
Au sud-est, aux pieds des dunes et en pleine forêt s’étend une importante base aérienne construite en 1915 qui sert à l’entrainement des pilotes, encore aujourd’hui, français et étrangers. A partir des années 1950, la Direction Général des Armements y installe un centre d’essai en vol des matériels et équipements. Avec environ 2 500 militaires et civils, c’est l’un des plus importants employeurs de la région.
La pointe du Cap Ferret
Sur cette image, on distingue l’extrémité sud de la pointe du Cap Ferret. Faisant face à la dune du Pilat et au banc d’Arguin, elle ouvre la passe du bassin.
Une partie, soumise à une très forte érosion, qui regarde vers le large
Propriété du Conservatoire du littoral dans sa partie occidentale, l’ouest de la pointe est préservé de toute construction, sur une dune en cours de revégétalisation (plantation d’oyats), comme on le constate sur l’image, sur cette partie sans véritable couvert végétal et donc soumis à l’érosion.
Le trait de côte y recule en effet de 4m par an et ce, malgré les perrés alignés sur la plage pour la protéger. Les scientifiques estiment que le recul global du trait de côte sur ce site pourrait être de l’ordre de - 44m en 2020 et -124m en 2040. Les lourds dégâts occasionnés par les tempêtes poussent souvent les autorités (mairie, préfecture) à en fermer l’accès.
L’espace boisé est néanmoins soumis à une pression urbaine ancienne mais relativement maîtrisée comme on le devine sur l’image avec un bâti clairsemé dans l’espace boisé. En remontant vers le nord de la pointe, on repère une discontinuité dans le paysage, avec une rupture nette des constructions qui laissent place à la forêt, dans un espace classé Natura 2000.
Elle constitue une partie du cordon littoral dunaire, fixée pour une bonne partie grâce aux pins maritimes. Certaines de ces forêts ont le statut de forêt domaniale et bénéficient à ce titre de conditions d’exploitation qui en assurent la protection et la gestion durable. Toute construction y est interdite, le tracé des servitudes (visibles sur l’image) et la circulation y sont règlementés (on repère une voirie carrossable et des pistes cyclables), notamment pour lutter contre les incendies.
Cette forêt dite de protection a été plantée dès le XVIIIem siècle notamment sous l’impulsion de Brémontier pour stabiliser les dunes littorales et protéger les implantations humaines. Aujourd’hui, elles fixent le trait de côte et sont un outil de protection contre l’érosion accentuée par les fortes marées et les tempêtes. Une partie de ce couvert forestier obtient en 2018 le label de « forêt d’exception ».
Une autre, en position d’abri, vers le bassin
La partie orientée vers le bassin est, elle, mise en valeur grâce à des activités de plaisance et au nautisme et à une exploitation ostréicole (cf. les parcs à huîtres nettement visibles sur l’image). Fortement marquée par l’érosion, elle a aussi vu se transformer le trait de côte.
C’est dans cet espace que se situe la « cabanne Bartherotte », du nom d’un des pionniers dans les aménagements de lutte contre l’érosion, qui a construit des digues et créé des enrochements destinés à protéger le littoral.
Plus au nord, coincée entre la pointe et une langue de terre, le Mimbeau accueille des activités récréatives. Son avenir est aussi menacé par la montée des eaux et l’érosion, à tel point qu’il est question de réexaminer le plan de prévention des risques
Références ou compléments bibliographiques
Publications :
Antoine Frémont et Anne Frémont-Vanacore : « Géographie des espaces maritimes », La Documentation photographique, n°8104, La Documentation française, mars-avril 2015.
Le Festin : « L’Aquitaine littorale », Hors Sèrie n°11, juin 2010
Alain Miossec : Les littoraux : entre nature et aménagements, Armand Colin, Paris.
Quelques sites :
Observatoire de la mer et du littoral
Conservatoire du littoral
Atlas des paysages de la Gironde. Les eco-systèmes du bassin d’Arcachon.
Contributeurs
Florent Boudet et Stephane Tastet, professeurs au lycée Palissy d’Agen