Aquitaine - Le littoral landais et le massif forestier : des espaces en cours de recomposition confrontés aux enjeux du changement global

Le département des Landes, situé dans la région Nouvelle-Aquitaine, est le deuxième plus vaste de France métropolitaine après la Gironde. Avec 9243 km² et un peu plus de 407 000 habitants, il propose une densité d’habitants faible (44 hab./km²) en regard de la moyenne nationale (118 hab./km²). Disposant d’un environnement « naturel » caractéristique alliant paysages littoraux et forêt des Landes de Gascogne, ce département est attractif, mais de façon déséquilibrée. Ses espaces productifs, largement anthropisés, marqués par l’action de l’homme, entre services et agriculture diversifiée, sont inégalement répartis et suscitent d’intenses réflexions sur leur aménagement. La pression anthropique ne va pas sans poser problème tant pour les stratégies économiques, notamment l’aménagement touristique, que pour le partage du foncier soumis à une forte tension, ou encore des activités parfois à l’origine de puissants conflits d’usage. Les enjeux d’une gestion durable se lisent ici avec une acuité particulière. Le réchauffement climatique, les incendies, notamment ceux de l’été 2022 en Gironde, la demande de bois, amènent de nombreux acteurs de la filière à repenser le modèle forestier.

 

Légende de l’image

 

Cette image des landes a été prise par le satellite Sentinel-2B le 5 septembre 2021. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles de résolution native à 10m.

Ci-contre, la même image satelitte présente des repères géographiques de la région.

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Repères géographiques

 

 

 

Présentation de l’image globale

Les Landes : le massif forestier et la Côte d’Argent fâce à de nouveaux défis

Un milieu littoral et forestier spécifique créé par l’homme

Un coin du Sud-Ouest…

L’image que nous proposons à l’étude correspond à un quadrilatère localisé dans le Sud-Ouest de la France, en région Nouvelle-Aquitaine, au sud-ouest du département des Landes, dont les angles sont situés à proximité de Mimizan au nord-ouest, de Labouheyre au nord-est, de Rion des Landes au sud-est et de Moliets-et-Maa au sud-ouest. Elle concerne les « pays » landais du Born et du Marensin à l’ouest et empiète sur le Morcenais, à la limite de la « Grande Lande » à l’est.

La couleur verte domine ici, et pour cause. Nous sommes au cœur du plus grand massif forestier artificiel européen, qui s’étend bien au-delà des limites du département, sur plus d’un million d’hectares. La portion de forêt visible sur l’image est une partie du Parc naturel régional des Landes de Gascogne créé en 1970.

Une forêt née au Second Empire : un grand projet d’aménagement et de développement

Couvrant 62 % de la surface départementale, la forêt contribue à forger une image caricaturale pour ce département dans l’inconscient collectif.  Au cœur du massif des Landes de Gascogne, elle est le fruit d’une construction humaine. En effet, jusqu’au XIXe siècle le paysage local était occupé par des formations végétales basses, caractéristiques des landes humides aux sols acides et constituent justement les « landes ». Or, au XIXe s., pendant le Second Empire (1852-1870), le paysage a changé sans que le nom attribué lors de la création du département en 1790 durant la Révolution française n’ait été modifié.

Napoléon III souhaite en effet assainir cet espace répulsif car marécageux, sableux, d’une altitude moyenne avoisinant les 40 m., et fixer les dunes littorales. Des pins maritimes, déjà présents sur place, sont donc massivement plantés et toute une activité sylvicole liée à la production de bois, de résine, de papier, supplante l’agropastoralisme traditionnel consacré essentiellement à l’élevage du mouton. Pour caricaturer, le berger est remplacé par le gemmeur. Cette transformation paysagère recompose donc fondamentalement l’économie locale et donne naissance au « pinhadar » ou « pignadar ».
De grandes campagnes de défrichement laissent progressivement place à de larges clairières agricoles où domine la céréaliculture. Les larges trouées agricoles qui parsèment cette image font de l’intérieur une zone un peu moins attractive mais un espace productif efficace, nous y reviendrons.

Un littoral mis en tourisme mais protégé

Le pendant occidental des Landes intérieures, qui en constitue l’autre cliché, est le littoral. Les 106 km du trait de côte landais forment la « Côte d’Argent », aux plages, dunes et lacs si caractéristiques. Peu valorisé par le tourisme jusqu’à la fin du XIXe s. le littoral landais visible sur l’image, voit se transformer quelques pôles urbains, comme Mimizan, Soustons ou Vieux -Boucau qui affirment leur dimension récréative liée à la diffusion de la pratique des bains de mers dans les classes sociales les plus aisées. La généralisation des congés payés et la diffusion de la société des loisirs profitent aux côtes landaises mais elles restent protégées de la massification comme on le voit sur tout le trait de côte de l’image. Son image « nature » inscrite dans l’inconscient collectif et savamment exploitée pour le marketing territorial a été réactivée pendant et après la crise sanitaire. Il n’en reste pas moins que le tourisme est devenu une activité incontournable pour l’économie landaise.

Un espace productif dynamique spécialisé

L’économie landaise est portée par des filières d’excellence qui en font le 2ème département industriel de la Nouvelle-Aquitaine dans le secteur du bois-papier, à Mimizan, de l’agroalimentaire, de la biochimie à Vielle-Saint-Girons, la plasturgie ou encore l’aéronautique, non visibles sur l’image. L’industrie concentre plus de 15 % du total de la population active.

Agriculture et agro-industrie : une spécialisation de terroir à haute valeur ajoutée dans l’élevage et le foie gras

L’agriculture est étroitement liée à l’industrie et forme un secteur agro-industriel performant. Avec une SAU - surface agricole utilisée - couvrant environ 25 % de sa superficie, le département se place parmi les tout-premiers producteurs dans un certain nombre de spécialités et occupe souvent une position de leader sur quelques marchés. C’est le premier producteur de foie gras en France, mais aussi de truites avec plus de 9000 tonnes/an, de cailles, de carottes, d’asperges ou encore de maïs. Il occupe la 2ème position pour le poulet Label rouge, les haricots verts, le kiwi. Il peut se prévaloir de quelques grands groupes qui dominent leur marché et organisent les filières de production : Maïsadour, Les fermiers landais, Labeyrie et Delpeyrat…

Les élevages avicoles et aquacoles alimentent l’industrie agro-alimentaire locale qui transforme et conditionne l’essentiel des productions. C’est toutefois un modèle d’élevage intensif, bien que dispersé spatialement, qui a été secoué par des crises récurrentes ces dernières années. Ainsi des épizooties, comme la grippe aviaire, ont conduit par exemple à l’abattage de 2,5 millions de volailles en 2022 sur près de 180 exploitations. Des mesures de confinement sont mises en place interdisant par exemple l’accès à certaines routes pour limiter la propagation du virus.

Les conséquences de toutes ces mesures sont lourdes aussi bien socialement que financièrement. Outre le chômage imposé aux acteurs de la filière, les normes imposées sont parfois difficilement supportables pour le budget de petites exploitations. Ainsi, des clôtures, des mesures drastiques d’hygiène et de désinfection sont imposées aux producteurs. La vaccination des volailles semble être une solution mais reste controversée. Cela pose évidemment la question du modèle de production à la recherche d’hyperproductivité et s’orientant vers des organisations productives industrielles assurant une croissance forte des volumes produits.

L’empreinte paysagère du secteur agricole se lit bien sur l’image avec de vastes trouées destinées à l’élevage - prairies ou bâtiments agricoles, parfois recouverts de panneaux photovoltaïques, aux cultures de plein champ ou à la céréaliculture dont le maïs, qui couvre 110 000 ha., avec un parcellaire aux formes géométriques, rectangulaires, circulaires ou trapézoïdale…. Certaines de ces clairières cultivées correspondent à la présence d’un airial, site d’implantation humaine traditionnelle du plateau landais, antérieur à l’ensemencement du massif au XIXe siècle. Ce type d’espace ouvert marque fortement les paysages et l’identité paysagère locale, mais est ponctuellement remis en question par l’essor d’une urbanisation récente standardisée fortement consommatrice d’espace à la périphérie des pôles urbains.

Le poids du tourisme littoral

L’importance des fonctions agricoles dans un espace très rural ne doit pas masquer le fait que les services concentrent trois quarts des actifs du département et porte la croissance de l’emploi (0,7% par an depuis 10 ans). Dans cet ensemble, le tourisme est devenu une activité principale. En plein essor, il s’appuie sur un espace tout sauf « naturel » puisqu’on l’aura compris, ce paysage a été façonné par la main de l’homme, exceptionnel, un patrimoine culturel, architectural, gastronomique riche et bien mis en valeur, une activité thermale dynamique (1er département thermal de France).

Son littoral est l’une des destinations touristiques les plus dynamiques en France. Outre des stations balnéaires réputées comme Mimizan, Contis-les-Bains, Lit-et-Mixe, Vielle-Saint-Girons ou Soustons, il dispose en effet de larges étendues sauvages, entre forêt et dunes, encore préservées du tourisme de masse, mais qui se réduisent sous la pression d’aménagements qui en densifient les activités, notamment dans sa partie sud.

Le tourisme génère plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires et pèse plus de 15.000 emplois directs et indirects (auxquels il faut ajouter entre 5.000 et 10.000 saisonniers). Si le département se place au 16ème rang pour les nuitées en France, il représente 23 % du total des nuitées régionales et se positionne comme 1ère destination touristique d’Aquitaine. L’essor des sports de glisse avec tout son « écosystème » - matériel, textile-mode, culture - représente un secteur porteur à tel point que les acteurs institutionnels souhaitent s’en servir pour développer l’emploi en favorisant l’implantation d’entreprises. Par exemple, la Communauté des communes de Maremne Adour Côte Sud au sud-ouest de l’image, a même engagé, en collaboration avec l’association européenne des actions sports cluster Eurosima, un projet de pépinière-hôtel d’entreprises dédié à la filière glisse.

L’exploitation de la forêt : une mise en valeur à repenser

Un enjeu régional essentiel

Aujourd’hui, la forêt landaise est privée à plus de 90 %, le reste est communal ou domanial, notamment sur le littoral. Fortement touchée par la tempête Klaus en 2009 elle a bénéficié d’un plan de nettoyage et de reboisement mené par l’État, comme on peut le deviner sur des parcelles au vert très marqué sur l’image portant des arbres plus jeunes.

L’exploitation de la forêt pour la résine est à son apogée au XIXe s. avant de s’effondrer au XXe siècle. Dès les années 1950, la forêt devient un gisement de bois géré intensivement, s’appuyant sur le labour après la coupe rase, le semis, la plantation rectiligne appelée la ligniculture, la fertilisation des sols et la mécanisation. La forêt qui se régénérait naturellement laisse place à une forêt cultivée. Les Landes sont aujourd’hui le premier département de France pour la production de bois.

L’exploitation du pin maritime trouve des débouchés dans de multiples entreprises. De nombreuses scieries comme à Castets ou Morcenx (zoom 5) contribuent à la fabrication de produits en bois : charpentes, panneaux de bois, emballages, armatures, des industries de fabrication de papier et de carton, comme à Mimizan (zoom1), sont actives. L’industrie chimique s’est développée à partir de la résine ou des aiguilles de pins. Ainsi, l’entreprise DRT, dérivés résiniques et terpénique, située à Vielle-Saint-Girons, entre les zooms 1 et 2, est leader mondial dans son domaine.

S’adapter aux transformations : la durabilité d’un nouveau modèle

La gestion de la forêt est plus que jamais au cœur de réflexions liées à l’adaptation de ce milieu aux changements. Pour son exploitation, la forêt est maillée par des coupe-feux, bien visibles à proximité du littoral, que beaucoup voudraient voir plus larges afin d’améliorer l’entretien et de faciliter le passage des engins de secours lors des incendies. La forêt girondine victime de feux à l’été 2022 en est un exemple probant, à l’image du coupe-feu « géant » établi entre les départements des Landes et de Gironde afin d’éviter la propagation du « méga feu ». Ce sont ainsi près de 30 000ha qui sont partis en fumée notamment à Landiras et La Teste-de-Buch en juillet-août 2022. Les bénévoles des DFCI, les associations de défense des forêts contre les incendies sont à pied d’œuvre pour assurer l’entretien des forêts, même si des militants écologistes s’opposent à leurs travaux. Les pompiers cherchent aussi à améliorer leurs techniques de prévention et d’extinction des feux, dont l’ampleur dépasse actuellement ce à quoi ils ont l’habitude de se préparer en formation.

L’élévation des températures, la sècheresse créent des conditions favorables aux départs de feu mais aussi à la propagation d’insectes qui provoquent des ravages dans les Landes. Les chenilles processionnaires mais plus encore les scolytes sont les acteurs d’une défoliation contre laquelle l’Office National des Forêts essaie de lutter. La crainte est aussi de voir se développer le nématode du pin, un vers microscopique aujourd’hui fortement concentré au Portugal mais dont la diffusion inquiète : il tue un arbre en deux mois.

Pour faire face à ces évolutions, outre les traitements ponctuels, la recherche travaille sur des améliorations génétiques mais s’oriente de plus en plus sur la diversification des espèces dans la forêt landaise en introduisant du chêne, du bouleau pour casser la monoculture du pin maritime. Actuellement, une « clause de biodiversité » est imposée en contrepartie de subventions de l’État pour favoriser le reboisement.

 

Un département inégalement attractif et inégalement desservi

Des densités faibles…

On le devine sur l’image, les densités de populations sont faibles et il n’y a pas de grands pôles urbains structurants. Mimizan (zoom1) concentre environ 7 .000 habitants, mais Morcenx (au sud du zoom 5) en compte moins de 5000, Labouheyre (au nord du zoom 5) moins de 3.000, Castets - dans le tiers sud de l’image, sur le tracé de l’A63 - à peine plus de 2.000. Sur le département, un peu moins de 15% de la population vit dans une commune située hors de l’aire d’attraction d’une ville soit deux fois plus qu’au niveau national. Dans le département, Mont-de-Marsan et Dax concentrent la moitié de la population.

Mais une forte attractivité

Malgré cette faible concentration humaine, les Landes sont un département démographiquement dynamique (2ème place régionale, 5ème place en France), avec 1% d’augmentation de la population en moyenne soit plus de 4.000 nouveaux arrivants chaque année dont 40 % d’actifs. Cette croissance démographique reste néanmoins contrastée, en faveur des communes du littoral, qui dépassent les 1,5 % de croissance annuelle. Cette situation résulte exclusivement d’un solde migratoire positif tandis que le solde naturel y reste négatif depuis des années. Le département attire des retraités et la moitié de la population landaise a plus de 47 ans. Les plus de 65 ans représentent le quart de la population aujourd’hui, contre 22% en 2013.

De plus, cette attractivité inégale se lit aussi dans la nature des logements puisque les résidences secondaires, qui représentent 20 % des logements du département et augmentent de 3,5% par an, sont concentrées à 75 % dans des communes côtières. Cela se retrouve aussi en termes de niveau de vie. Les résidents des communes littorales ont des revenus globalement plus élevés que ceux des communes rurales de l’intérieur. A cela s’ajoutent les difficultés d’accessibilité aux équipements et services du quotidien.

Un territoire bien connecté

Positionné sur l’Arc atlantique européen, entre Nord et Sud de l’Europe, le département des Landes bénéficie d’un emplacement stratégique et d’une desserte de qualité, par des infrastructures de transport qui en sont un des leviers d’attractivité. Des axes autoroutiers (dont l’A63 visible sur l’image mais aussi l’A65) et ferroviaires (axe Paris-Irun, Bordeaux-Hendaye) le connectent à l’Espagne.

Cet attrait n'est pas que local ou régional, puisque le département accueille aussi de nombreuses entreprises étrangères. Les entreprises landaises sont également très présentes sur les marchés nationaux, européens et internationaux. Cette inscription internationale est l'une des caractéristiques fortes de l'économie landaise. Le volume des échanges internationaux transitant par les Landes ne cesse de progresser mais la moitié des flux de marchandises sont réalisés à l’intérieur du département.

 

 

 

L’érosion du trait de côte : vers de nécessaires adaptations

De nombreux risques

Par son positionnement, le département des Landes, comme les autres territoires littoraux aquitains, et plus largement français, est soumis à une forte érosion du trait de côte couplée à un fort risque de submersion marine. Les travaux de Brémontier entre la fin du XVIIIe s. et au début du XIXe s. pour fixer la dune montrent le long combat des hommes avec la nature. Plusieurs centimètres sont ainsi perdus chaque année à Lit et Mixe (zoom 2) mais cela va jusqu’à deux mètres à Mimizan (zoom 1), et jusqu’à 10-20m lors de tempêtes.  Quelques stations balnéaires comme Mimizan ou Vielle-Saint-Girons sont par ailleurs concernées par de nouvelles obligations visant à lutter contre l’érosion côtière inscrites dans le cadre de la loi Climat et résilience votée en août 2021.

Ces communes devront réaliser la cartographie de l’évolution du trait de côte à 30 et 100 ans en prenant en compte les terrains constructibles. Dans les zones exposées à l’horizon de 30 ans, les nouvelles constructions seront interdites. Des exceptions seront faites pour « l’extension de bâtiments existants ou l’installation de services publics et de nouvelles activités économiques nécessitant la proximité immédiate de la mer ». Les zones de l’horizon à 100 ans resteront constructibles, mais une obligation de démolition sera imposée quand la menace se fera de plus en plus pressante. C’est toute la question de la gestion du trait de côte qui se pose ici.

Gestion dure ou souple ?

La gestion de la côte passe par la surveillance de l’évolution naturelle du littoral, mais envisage aussi une gestion dite souple permettant la préservation des fonctionnalités naturelles (végétation). Une gestion « dure » appuyée sur des constructions qui préservent (provisoirement) la dune afin de maintenir les principaux enjeux socio-économiques du littoral est aussi envisagée. Mais cela conforte l’artificialisation de la côte et nécessite un entretien régulier de tous les ouvrages, imposant une pression financière lourde. La question de la relocalisation des activités littorales se pose enfin déjà avec une acuité particulière dans le département. Le repli est envisagé afin de créer une zone tampon, symbole de l’acceptation du recul du trait de côte. Sa mise en œuvre sera longue, coûteuse et déjà très controversée, donc difficile.

Vers la stabilisation du trait de côte ?

En outre, les communes littorales se sont lancées depuis des années en collaboration avec l’Office national des forêts et le Conservatoire du littoral dans des opérations de stabilisation du trait de côte. Ainsi, la fixation des dunes est tentée par des filets emprisonnant le sable, le semis d’oyats et de gourbet. De plus, un nettoyage régulier est mis en œuvre pour éviter que les plastiques et autres déchets ne s’accumulent sous l’action éolienne dans les dunes et pour permettre l’installation de plantes fixatrices qui piègent le sable en créant des avant-dunes. Enfin, l’entretien des fourrés préforestiers, véritable zone de transition entre dune non boisée et boisée, protège la lisière forestière. Repérable sur l’image, elle est constituée de chênes liège (notamment pour la production de bouchons) ou pédonculé, mais aussi de pins maritimes, permettant de freiner l’action du vent et du sel.

 

Zooms d’étude

Certains aspects étudiés sur les zooms se retrouvent sur plusieurs images (érosion littorale, présence de courants, valorisation de la pinède, protection et gestion du cordon dunaire, urbanisation touristique…). Afin d’éviter les redondances, ils ne seront pas étudiés pour chacun avec la même précision.

 

Zoom 1. Mimizan : une station balnéaire littorale

Mimizan est une commune d’un peu plus de 7.000 habitants, à la dimension balnéaire affirmée, qui voit son effectif dépasser les 30.000 en période estivale. Sur l’image, de l’océan vers l’intérieur, on repère trois types d’unités paysagères : les paysages littoraux, la pinède sur dunes, la zone urbaine, auxquels il faut ajouter la percée du courant. La zone immergée permet de repérer la présence de bancs de sable à l’origine de baïnes, si caractéristiques de la côte aquitaine, dont la forme doit beaucoup à la pression de la dérive littorale nord-sud.

Un paysage littoral caractéristique

Le paysage littoral est fortement marqué par la présence de la dune littorale de protection, paysage en mouvement, composé de l’estran (la partie du littoral alternativement couverte et découverte par la marée), la berme (corps sédimentaire sableux situé sur la zone supérieure de battement de la houle), le haut de plage, le cordon dunaire (avec une partie mobile et une dune fixée). Sur le versant est de la dune, la pinède sur dune offre un espace de transition entre espaces de forêt et plage. Elle a été plantée dès le XVIIIe siècle pour stopper l’avancée du sable et stabiliser le cordon dunaire. Tout ce cordon, au nord et au sud de Mimizan plage, a été classé en site Natura 2000. Les dunes avec forêt ainsi que les dunes à végétation herbacée sont considérées comme des habitats en danger nécessitant une conservation spécifique de la part de l’Union européenne. Sur la majeure partie de l’image, on repère la pinède, constituée au XIXe s., sur de vastes landes humides peu pourvues d’arbres. Il s’agit ici d’une forêt d’exploitation, à vocation économique donc, sur laquelle on distingue des parcelles à différents stades de production, de la coupe rase aux pins « murs ».

De Mimizan bourg à Mimizan plage…

Mimizan a la particularité d’être structurée autour de deux pôles urbains : Mimizan bourg (dont on repère une petite partie à droite de l’image) et Mimizan plage, sur la partie finale du courant. Le bourg, développé au Moyen Âge autour d’une sauveté figurant sur la voie littorale des chemins de Saint Jacques de Compostelle, a connu un essor économique en s’appuyant sur l’élevage, l’agriculture et (à partir du XIXe s.) la sylviculture. Il reste aujourd’hui le centre administratif de la ville. C’est à la fin du XIXe s. que « Mimizan-les-Bains » naît, une fois le courant maîtrisé (édification de digues entre 1871 et 1874). C’est au nord de celui-ci que sont érigées les premières infrastructures (hôtels, commerces, gare, villégiatures, chapelle, établissement de bains de mer).  La Chapelle de la plage est encore repérable sur l’image par sa forme rectangulaire, tout comme la place et le marché couvert (en 2ème ligne à proximité de la digue nord du courant).

A partir de cet embryon urbain balnéaire, la partie sud se développe dès l’après-guerre et la naissance du tourisme de masse, tout comme le reste de la partie nord, qui se couvre de villas balnéaires, résidences secondaires et de campings (dont la mode est introduite à Mimizan avant la Grande guerre, sur l’emplacement des arènes actuelles, le long du courant), avec une densité de bâti décroissante vers la périphérie de la ville, ce qui n’est pas forcément le cas au sud dont la compacité du bâti résidentiel se maintient le long du courant, depuis l’océan avec un plan orthogonal au départ moins respecté par la suite. Le bâti est relativement compact à proximité du front de mer (jusqu’à 50 logements/ha), avec un habitat collectif créant une ambiance plus « urbaine » que celle du bourg. L’expansion de la zone urbaine est stoppée au nord de Mimizan par l’emprise militaire du site DGA Essais et missiles (anciennement appelé Centre d’essais des Landes).

La césure urbanistique entre le bourg et la plage, sur la RD 626, se réduit depuis des décennies, notamment avec l’essor de la papeterie, visible à l’extrême est de l’image (Gascogne papier) et l’essor du lotissement de l’ancien Centre d’essai des Landes (quartier des Trounques), juste au-dessus. Une éventuelle densification y serait possible. Un bâti quasi continu est donc en train de se créer.

Et au milieu coule le courant…

Au milieu de l’image, on repère le courant de Mimizan, qui relie le lac d’Aureilhan à l’océan, en circulant sur environ 7km au cœur des dépressions humides interdunaires, les lettes, avec une végétation riche à forte valeur patrimoniale (diversité d’essences, notamment de feuillus). En arrivant à Mimizan, la végétation s’estompe jusqu’à disparaître totalement à l’embouchure, alors qu’eau salée et douce se mélangent. Des prés salés repérables dans les méandres du courant sont aujourd’hui protégés en tant que ZNIEFF de type 1 (Zone Naturelle d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique) au titre de « formation peu commune sur la côte landaise avec des espèces endémiques des prés salés ». Néanmoins, et dans le respect de la loi littoral, le Parc d’hiver, espace foncier de 17ha au creux du méandre du courant, est l’unique site de développement de la station balnéaire. C’est un espace naturel établi sur deux dunes recouvertes de pins qui va accueillir une Zone d’Aménagement Concertée à vocation mixte (urbanisation résidentielle et touristique). Ce projet suscite des fortes controverses.

Les berges du courant sont soumises à une forte érosion, ce qui explique les travaux de consolidation des digues à l’entrée du courant (recharge en bloc, pieux de bois, murets pare-vagues). Des enrochements non liés entre eux viendront massifier la structure après la suppression de la dalle béton pour en permettre la mobilité (un ouvrage figé sur un sol mobile se casse). Des travaux de confortement du pied de berge (tunage en bois en terrasse), avec un réensablement et une végétalisation (notamment avec l’ivraie du Portugal) sont en cours de réalisation. On mise en effet ici sur une lutte active souple qui accompagne les processus naturels pour ralentir l’érosion marine.

 


Mimizan

 

Images prise par un satellite Pleides (17/08/2017)
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Repères géographiques

 

 

 

Zoom 2. Contis – Lit-et-Mixe : de petits pôles urbains touristiques

Cet espace est structuré par trois petits pôles urbains : Contis - qui ne constitue pas une réalité administrative, sur le littoral, au débouché du courant éponyme, à cheval sur deux communes, Saint-Julien en Born au centre et Lit-et-Mixe au sud. La dimension touristique à la saisonnalité très marquée se repère sur chacun de ces pôles.

La pinède valorisée

On repère aisément la vocation sylvicole de la zone, avec une forte occupation des sols dans le cadre d’exploitations de pins maritimes (le territoire de la Communauté de communes Côte Landes Nature a 90% de couverture forestière). Les forêts domaniales de Lit-et-Mixe et Saint Julien par exemple occupent toute la partie ouest de l’image. L’industrie du bois constitue la principale activité économique du territoire et emploie jusqu’au quart des actifs. Plus largement, la sylviculture génère de nombreux emplois (exploitants forestiers, scieries, entreprises de préparation des sols et de plantations, techniciens forestiers, l’ONF, les transporteurs, la recherche génétique sur les boisements…). L’emprise spatiale de cette activité est telle que seuls 4% de l’espace est destiné à l’agriculture (maïs pour l’essentiel mais aussi polyculture et élevage).  Malgré l’exploitation du pin, des vestiges de forêt préservée de l’invasion du sable est repérable à Contis.

Un cordon dunaire préservé

Sur l’image, on voit que le cordon dunaire a largement été préservé de l’urbanisation, ce qui fait dire à certains que Contis est la plus belle station balnéaire de la Côte Atlantique.
Exceptées la station de Contis et la petite zone balnéaire de Cap de l’Homy (commune de Lit-et-Mixe), le littoral est vierge de toute implantation humaine. En tant que ZNIEFF de type 2, la zone a été préservée des aménagements humains, d’autant plus que l’accès en est complexe. On repère ici toutes les bandes dunaires (estran sableux, avant-dune, dune vive, d’une grise puis les lettes, ces dépressions plates arrière-dunaires non boisées puis les fourrés avant la frange forestière suivie de la forêt d’abord de protection puis de production).

Historiquement, le trait de côte se situe plus en retrait à l’intérieur des terres et son tracé n’est pas rectiligne. La fixation des dunes autorise à partir du milieu du XIXe s. la domestication du littoral et l’implantation d’un habitat pionnier. Des échancrures forment des baies le long du littoral mais au Moyen Âge, le sable avance vers l’ouest créant un paysage de dunes et de marécages. L’eau accumulée forme des lacs mais aussi des courants comme celui de Contis (ou de Mimizan). A l’époque moderne, l’embouchure de ces fleuves côtiers se déplace, nécessitant de puissants travaux pour tenter d’en stabiliser le cours. C’est le cas à Contis où des systèmes de piquetages puis plus tard de digues, consolidée par des enrochements il y a quelques années. Aujourd’hui, la dune et sa pinède sont propriétés de l’Office National des Forêts dont la gestion et l’entretien protègent des assauts de l’Atlantique.

C’est à partir de ce moment-là que la station de Contis-les-Bains peut véritablement se développer. Cet essor associe les activités halieutiques aux nouveaux usages récréatifs comme le surf, et résidentiels, dont il faut concilier le développement dans un environnement sensible, que la stratégie de gestion de la bande côtière a pour objectif de préserver du risque d’érosion dunaire et du risque de submersion marine due au courant. La station dispose depuis 1862 de l’unique phare des Landes, que l’on devine émergent de la canopée, en arrière de l’urbanisation de Contis. Construit sur décret de Napoléon III à 1km de l’océan, entre celui de Biarritz et celui du Cap-Ferret, il culmine à plus de 50m de hauteur et sa lentille est visible à environ 40km. Recouvert d‘une peinture en vis d’Archimède, il sert davantage de repère à la navigation de jour qu’à faciliter l’entrée des navires dans le courant.

Une terre de marais

Au milieu de l’image, la zone d’un vert plus clair, est couverte de prairies et de pinède. On y trouve aussi des essences traditionnelles de la région (diverses variétés de chênes). Il s’agit d’un espace marécageux assaini, l’ancien étang de Saint Julien. Il comporte encore de multiples zones humides à fort potentiel écologique, à la richesse faunistique et floristique importante. Les étangs, mares, marécages y sont encore nombreux. Après de fortes précipitations, les inondations y sont fréquentes.

Dans ce marais, sillonne le courant de Contis, dont on repère le ripisylve, notamment dans sa partie terminale, vers Contis, où des prés salés sont préservés. Le long du courant, des zones humides à la végétation riveraine luxuriante (chêne, aulne, saule, iris des marais…) forment une galerie forestière où niche une riche avifaune, permanente ou en transit. Traversant la dune, les caprices du courant de Contis ont longtemps été des contraintes pour les habitants qui ont cherché dès le Moyen Âge à en maîtriser le tracé, nous l’avons vu plus haut. Ils ont multiplié les travaux d’endiguement avec une réussite plus ou moins avérée jusqu’à récemment, où un enrochement en stabilise l’embouchure.

Une urbanisation croissante mais maîtrisée

Sur les deux pôles urbanisés situés à droite de l’image, on remarque une forte compacité du bâti. En effet, tant Lit-et-Mixe que Saint-Julien-en-Born, bien que ne dépassant pas les 1700 résidents permanents chacune sont toutes les deux marquées par une extension pavillonnaire repérable en périphérie des communes. La périurbanisation accroît la tâche urbaine. Afin de maîtriser cette extension, les communes, conformément au PLUD, cherchent à densifier le bâti. On le repère, difficilement, sur l’image à Lit-et-Mixe, où un lotissement de plusieurs hectares est en cours d’aménagement. On le devine à une voirie naissante, repérable par le tracé blanc sur l’image. L’attrait résidentiel de ces communes littorales se confirme, ce qui n’est pas sans créer des conflits d’usage liés à l’orientation des terres mais aussi et surtout une pression qui pèse sur les prix du foncier. C’est d’autant moins accepté que les primoaccédants locaux ne trouvent plus satisfaction et que le bâti très récent a un fort caractère saisonnier. Les résidences secondaires représentent une proportion de plus en plus forte des habitations.

Le cas de Contis est un peu particulier. Localisée sur les deux communes de Saint-Julien-en-Born et Lit-et-Mixe - le courant sert de limite - Contis n’a pas la même évolution de part et d’autre. Située en rive droite du courant, la station balnéaire née sur une implantation médiévale (site d’une commanderie liée au pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle) a développé son urbanisation dans les années 1970 avec un quadrillage orthogonal que l’on repère dès la dune. Un desserrement du bâti est visible vers l’intérieur. Au sud du Courant, aucun bâti sur la dune, préservée, tandis qu’en zone arrière, un lotissement, sur le lieu-dit Les Pélindres, abrite deux générations de constructions à l’architecture différenciée, l’une traditionnelle, l’autre contemporaine repérable à la couleur des toits, en tuiles ou plats, sur un parcellaire parallèle au trait de côte.

Toutefois, malgré une densification liée au tourisme, la région reste encore faiblement occupée et tranche de façon assez nette avec la pression foncière exercée au nord  à Arcachon, Biscarrosse et Mimizan et au sud, à Léon, Moliets, Vieux-Boucau, Soustons et plus encore Capbreton, Hossegor. A l’écart des grandes stations côtières, Contis affirme son caractère sauvage et s’appuie sur un PLU communal particulièrement drastique qui empêche la construction de grands ensemble résidentiels et de bâtiments hauts, au-delà de 7,5m. Les capacités d’hébergement y sont plutôt modestes, avec un seul camping, ce qui, en dehors des pics de fréquentation, en fait l’une des stations les moins touchées par l’invasion touristique de la côte landaise. Cette situation, jusque-là maîtrisée, est de plus en plus difficile à réguler car, du fait de son caractère préservé et d’un marché immobilier verrouillé, devient attractive, ce que traduit l’envolée des prix du foncier.

 


Contis - Lit-et-Mixe

 

 


Repères géographiques

 

 


Contis

 

Image Pleiades (25/06/2017)

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Zoom 3. Lac de Léon – Soustons : une pression humaine en essor

Du nord au sud de cette image, on remarque d’emblée une densité plus forte que sur le zoom précédent. Certes, les espaces verts y sont encore présents avec de la forêt, des prairies, des terres arables, avec la même valorisation.

Léon et « l’Amazonie landaise »

La commune de Léon est organisée autour de son lac ou étang de 3,4km2 bien repérable sur l’image. De l’étang de Léon, on devine, circulant entre la pinède, la chênaie, l’aulnaie et les herbiers, le courant d’Huchet, qui aurait été découvert par le poète italien Gabriele d’Annunzio en 1908. Son cours perpendiculaire à la côte s’infléchit et devient parallèle dès qu’il atteint la zone retro-dunaire, au niveau du Marais de la Pipe. Il longe alors le cordon dunaire sur environ 3,5km. Ponctuée de marais d’arrière-dune, il écoule ses 9km jusqu’à l’embouchure et structure autour de lui les 618ha de la réserve naturelle du Courant d’Huchet. Surnommée « l’Amazonie landaise », elle offre une grande richesse de biodiversité, abritant notamment plus de 200 espèces d’oiseaux, des loutres, des visons, des hérons cendrés ou des tortues cistudes. C’est le seul cours d’eau du Golfe de Gascogne dont l’embouchure n’a pas été stabilisée par des travaux d’endiguement, même si dans les années 1950, des aménagements ont redressé une partie du cours aval en coupant des méandres qui érodaient la dune et la forêt. Toutefois, pour tenter de contrer le déplacement de l’embouchure vers le sud, des travaux de dragage sont régulièrement réalisés. Ce courant d’eau douce subit la pénétration des eaux océanes jusqu’à environ 2km en amont de l’embouchure.

Moliets : petit pôle touristique dynamique

En direction du sud-ouest, là où le courant se jette dans l’océan, on repère Moliets-et-Maâ et Moliets-plage, séparées par deux étangs.  La dimension touristique de cette station balnéaire saute aux yeux, avec un urbanisme pavillonnaire périurbain aux formes caractéristiques ainsi que les terrains de golf qui structurent toute la partie sud de la ville. Puis vient Messanges. Halte connue des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, elle reste comme les autres communes de l’image, marquée par la présence du couvert forestier même si des zones d’exploitation agricole sont repérables.

Vieux-Boucau : la « vieille embouchure »

Enfin Vieux-Boucau, dont le nom vient du gascon « vieille embouchure », la plus petite commune du littoral aquitain, longtemps nommée port d’Albret, se situe à l’emplacement d’une ancienne embouchure de l’Adour avant que le fleuve ne soit détourné en 1578.  L’embouchure de l’Adour a souvent changé de localisation en fonction de l’ensablement de son cours terminal. S’il se jetait dans l’océan au niveau de Capbreton au Moyen Âge, les crues récurrentes en modifient le tracé entre Boucau et Vieux-Boucau. Depuis les travaux de la fin du XVIe s., son estuaire est à Bayonne.  

Aujourd’hui assise sur une dimension touristique affirmée, la ville valorise son Lac marin de 60ha, qui complète un bassin hydrographique comprenant les étangs de Moïsan (que l’on repère entre Messanges et Vieux-Boucau), de Pinsolle (juste au sud, autour duquel se situe un golf) et le lac de Soustons, que l’on devine sur la droite de l’image. La configuration actuelle du Lac marin date des travaux de 1966, moment qui clôt une longue période d’ensablement régulier.

A partir du milieu des années 1970, ce lac structure tout un ensemble touristique. Le Lac marin, a été initialement pensé comme une marina bordée de résidences touristiques mais a été, surtout du côté soustonnais, préservé de toute construction disgracieuse. Des travaux vont être lancés à Soustons-plage en octobre 2022 pour développer les connexions piétonnes et cyclables (nouvelle passerelle), réduire la place accordée à la voiture, créer une aire de jeu et enfin réhabiliter la place commerciale en porte d’entrée du site lacustre.

 


Lac de Léon - Soustons

 

 


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Zoom 4. Morcenx-Labouheyre : les Landes agricoles géométriques

Cette quatrième étude est marquée par la présence de deux bourgs, Labouheyre au nord et Morcenx-la-Nouvelle au sud, reliées en ligne droite par le tracé de la voie ferroviaire Bordeaux-Hendaye qui passe aussi par le bourg de Solferino et plus à gauche sur l’image, par une portion de l’A63. Au creux de ces deux axes, une organisation agricole « originale » a été dessinée.

Une mise en valeur intensive

Cette image tranche avec les autres, non par l’absence de « vert » mais par un parcellaire illustrant une mise en valeur plus intensive. En allant vers l’est, nous passons en effet du paysage de pinède du plateau landais à la grande étendue agricole, avec parfois une transition par des clairières agricoles. On le devine à la trame géométrique, presque « graphique », du parcellaire, parallélépipèdique ou circulaire, il s’agit ici d’une étendue plane et ouverte destinées aux cultures industrielles dont carottes et asperges.
Ce sont des champs à l’échelle démesurée, destinés à la grande culture mécanisée. La forme circulaire de certains est liée à l’utilisation de pivots d’aspersion destinés à l’irrigation, qui accompagnent une mise en valeur intensive voire capitalistique de l’espace agricole, sur sols « enrichis » et amendés. Les rendements y sont très forts. Pour rappel, la proportion de surfaces irriguées des Landes est supérieure de 47% à la moyenne nationale et régionale. La variation de couleur verte indique un stade différent de maturation des cultures.

Sur certains espaces, le paysage rural est ponctué de bâti, avec un horizon forestier proche, dans une alternance de paysages agricoles et boisés. Ce type de paysage est apparu dans les années 1960-1970, marqué par de vastes campagnes de défrichement destinées à ouvrir des clairières orientées vers la céréaliculture, essentiellement le maïs. D’autres territoires landais sont davantage marqués par la diversification des productions comme les légumes frais, l’aquaculture, l’aviculture, les palmipèdes, l’élevage, les vignobles, intégrées à un secteur agro-alimentaire dynamique et performant.

Les Landes : nouvel Eldorado du photovoltaïsme en France ?

Près de Labouheyre, au nord de l’image, certaines parcelles sont couvertes de cellules photovoltaïques. Ce genre d’infrastructures, des centrales photovoltaïques de plus ou moins grande ampleur, se développent dans les Landes, parfois au détriment de la forêt, ce qui est vivement décrié par des collectifs citoyens et des associations, qui y voient une aberration écologique. Le choix de s’orienter vers cette production électrique « verte » en lieu et place de l’exploitation forestière ou agricole peut trouver une explication dans la valeur des taxes versées aux collectivités par les entreprises productrices, bien supérieures aux revenus des activités traditionnelles. Près de Morcenx et Arjuzanx, au sud de l’image, il est question de « recycler » en centrales solaires certaines parcelles forestières, notamment sur des zones ayant subi la tempête Klaus de 2009 et/ou le passage d’insectes xylophages. Il est à noter que la Nouvelle-Aquitaine produit déjà un quart de l’électricité photovoltaïque du pays.

Sur les deux pôles urbains qui structurent l’image, on repère en sortie de ville, le long des axes de communication, des espaces industriels. Leur activité s’inscrit dans la valorisation de la forêt et de ses produits : fabrication de panneaux de bois, de parquets et lambris, traitement de la colophane, la gemme du pin.

De la mine à la réserve naturelle

Au sud-est de l’image, près de Morcenx, deux « lacs » sont visibles. Ces deux plans d’eau sont situés sur le site de l’ancien plus important gisement de lignite des années 1970 en France dont l’exploitation a duré de 1958 à 1992, où était implantée une centrale thermique d’EDF aujourd’hui démantelée et où l’activité extractrice a laissé des excavations profondes sur plus de 2.600ha.

En 1992, ces mines à ciel ouvert sont réhabilitées et permettent la construction d’un espace de biodiversité. Classé Réserve nationale de chasse et de faune sauvage, le site d’Arjuzanx est devenu le plus grand espace d’hivernage des grues cendrées de France. Le Conseil départemental des Landes, propriétaire des lieux depuis une vingtaine d’années, y développe des activités de protection durable et de valorisation du patrimoine naturel. Un vaste programme d’accueil du public a ainsi été initié en 2015 avec le développement d’activités de pleine nature. Devenue une zone de protection spéciale, la réserve est classée Natura 2000. Une démarche de labellisation en Réserve Naturelle Nationale est en cours.

 


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Zoom 5. Escource – Onesse-et-Laharie : un espace agricole intensif

Nous sommes ici un peu à l’ouest du zoom précédent, sur une image centrée sur les petits bourgs d’Escource au nord comptant moins de 700 habitants et Onesse-et-Laharie au sud qui lui a un peu plus de 1000 habitants, sur la partie occidentale du grand plateau landais. On devine une portion du tracé de l’A63 sur la droite de l’image. On repère, convergeant vers Onesse, les ruisseaux d’Onesse et de Tounedou, sillonnant entre les clairières agricoles et les portions de forêt. Ils sont caractéristiques des forêts galeries déjà évoquées plus haut.

Une périurbanisation en essor

Les deux villages sont marqués par une extension de leur territoire liée à la périurbanisation. Des lotissements pavillonnaires se sont multipliés avec une emprise spatiale caractéristique comme une urbanisation en raquette ou selon un plan orthogonal, prenant même la forme d’un front d’urbanisation à Onesse, avec une progression selon une ligne qui s’éloigne du bourg-centre. Ces constructions abritent des populations qui travaillent sur place pour une partie dans l’agriculture et les activités forestières, mais dont certains doivent faire tous les jours des dizaines de kilomètres dans des migrations pendulaires que le réseau routier ne fluidifie pas toujours.

Une petite économie présentielle s’y maintient mais ces villages ne sont pas à proximité de l’aire d’attraction de bourgs plus dynamiques. Ceci est à nuancer pour Escource, dans l’orbite de Mimizan. Avec leurs faibles densités de population, les difficultés d’accès à des équipements de base, ils traduisent la complexité de la France dite périphérique.

Un espace productif qui doit s’adapter

Plus encore peut-être que sur le zoom précédent, la dimension géométrique du parcellaire agricole illustre très bien la dimension intensive. Des parcelles forestières sont maintenues en exploitation, avec des degrés de maturité différents que traduisent les couleurs sur l’image, mais ce sont surtout les champs circulaires ou semi-circulaires et les champs « ouverts » qui apparaissent nettement.

Sur de larges surfaces aux faibles densités, mises en valeur mécaniquement, la production agricole, en particulier céréalière comme le maïs ou le colza, se développe sur des terres sablonneuses. Elle recourt souvent à l’irrigation dite en carrousel, qui prélève des volumes de plus en plus importants, et qui le deviendront encore davantage avec le réchauffement climatique. Déjà la préfecture demande aux agriculteurs de mettre en place des tours d’eau pour irriguer, d’utiliser un matériel hydro-économe mais aussi de réduire l’irrigation selon les horaires définis dans les mesures de limitation des prélèvements. La situation appelle aussi une réflexion sur la nature des productions et sur les modalités d’exploitation dans une dimension à la fois économique mais aussi écologique.

 


Escource

 

 


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Image complémentaire

 

 

 

Le massif des Landes dans son cadre régional du Sud-Ouest

 


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D’autres ressources

Publications


•    Les départements de Nouvelle-Aquitaine à grands traits, INSEE analyses, Nouvelle-Aquitaine, N°107, décembre 2021
•    Revue Terres des Landes n°6-2018, n°10-2022.
•    Petite histoire des Landes, J.-J. Taillantou, Cairn, 2020
•    Chiffres-clés de l’économie landaise, CCI Landes, 2018
•    PLU de Mimizan 2018

Quelques sites

Observatoire de la mer et du littoral :  www.onml.fr

Conservatoire du littoral : www.conservatoire-du-littoral.fr

Contributeur

Proposition : Stéphane Tastet, professeur au lycée Palissy d’Agen