Et de vingt-cinq ! Les cinq derniers satellites français Kinéis ont été lancés et placés en orbite ce mardi 18 mars à 2h30 (heure de Paris) depuis le complexe de lancement de Rocket Lab, en Nouvelle-Zélande.

Cet ultime lancement, baptisé avec humour « High five » (« tape m’en cinq ! » 🙌), permet de compléter la constellation de 25 satellites Kinéis. Cinq lancements successifs ont eu lieu depuis juin 2024, mobilisant les équipes intégrées du CNES et de l’entreprise Kinéis situées à Toulouse. La constellation devrait être entièrement en place cet été pour remplir sa mission opérationnelle à pleine capacité.

Connexion des objets et suivi des navires

Le système IoT [Internet des objets, lire encadré] de Kinéis, qui trouve son origine dans le système Argos, permettra de connecter et de localiser n’importe quel objet connecté en tout point du globe et de garantir la transmission des données aux utilisateurs en quasi-temps réel à bas-débit, avec une faible consommation d’énergie.

Avec le système Kinéis, finies donc les « zones blanches », c’est-à-dire les 85% de la surface terrestre actuellement non couverts par des réseaux terrestres ! Mais ce n’est pas tout : plusieurs satellites de la constellation embarquent une nouvelle génération d’instruments servant à l’AIS, l’identification automatique de suivi des navires. Cette technologie permet aux flottes et aux services de surveillance du trafic maritime de connaître l’identité, le statut, la position et la trajectoire de chaque navire.

L’héritage d’Angels, le premier nanosatellite français

C’est en 2018 qu’a débuté l’aventure Kinéis. Cette entreprise a été créée à l’initiative du CNES et de CLS pour opérer le système Argos, dans la droite ligne du satellite Angels. Ce démonstrateur, développé par l’entreprise Hemeria avec le soutien du CNES, est le premier nanosatellite industriel français (20 kg sur la balance !). Il a aussi été le premier satellite à embarquer une charge utile Argos miniaturisée : Argos-Neo, précurseur des charges utiles embarquées par les satellites Kinéis.

Pour développer Angels et la filière française de nanosats, l’objectif a été à la réduction. Réduction de la taille et de la masse des équipements (plateforme comme charge utile), mais aussi des délais et des coûts. Et pour atteindre ces objectifs, des méthodes de travail innovantes ont été adoptées : équipes réunies en « plateau projet », boucles de développements courtes et itératives, mise à profit de l’expertise du CNES en miniaturisation des cartes et composants.

Des pratiques reproduites pour le développement et l’opération de la constellation Kinéis. Les équipes ont ainsi été dimensionnées au plus juste, en cohérence avec le contexte de travail de Kinéis : cycles de développement courts, prise de risque, forte agilité et réactivité dans les activités.

Accompagnement et travail d’équipe

Car de l’agilité, il en faut pour déployer une constellation ! Au Centre spatial de Toulouse, les équipes intégrées CNES/Kinéis gèrent ensemble et simultanément différentes situations d’opérations en cours sur les lancements successifs : fin de mise à poste pour les satellites du 3^e lancement (novembre 2024), fin de recette en vol plateforme – la phase de test des équipements – et début de mise à poste pour les satellites du 4^e lancement (février 2025). Et cela, tout en veillant sur les 10 satellites en routine depuis le début de la mission en juin 2024 !

Pour que la constellation soit pleinement opérationnelle, il reste désormais à effectuer les dernières automatisations et améliorations. Les équipes du CNES se retireront ensuite progressivement, laissant les équipes Kinéis opérer la constellation en routine pendant les 8 prochaines années. Le transfert d’activité sera effectif le 1er janvier 2026 et les opérations et l’exploitation commerciale de la mission seront alors conduites depuis les locaux et avec les équipes de Kinéis.