Dans l’arc des Antilles, l’archipel des Saintes dépend de l’île et département de la Guadeloupe. Ces îles, îlots et rochers générés par le volcanisme, exposés aux alizés, situés entre Océan Atlantique et mer des Caraïbes, bénéficient d’un patrimoine naturel, culturel et historico-militaire qui en font un espace préférentiellement dédié au tourisme, associé à l’activité plus traditionnelle de la pêche. Mais les Saintes, pour assurer leur développement, doivent désormais s’adapter et affronter de multiples défis : gérer leur double insularité et assurer les mobilités, anticiper le dépeuplement et le vieillissement de la population, impulser des activités économiques durables, se protéger contre les risques naturels, gérer les déchets, sécuriser les approvisionnements ou encore atténuer les disparités socio-politiques entre les deux îles principales.
Légende de l’image
Cette image a été prise par un satellite Pléiades le 31/01/2018. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles, de résolution native à 0,70m, ré-échantillonnée à 0,5m.
Images satellites sans légendes
Vue générale
Terre-de-Haut
Terre-de-bas
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Présentation de l’image globale
Les Saintes : un archipel dans l’archipel
A cette échelle, l’image globale rend perceptible un petit archipel, partie intégrante de celui de la Guadeloupe à laquelle il est rattaché administrativement. Situé à 12 km au sud-sud-est de la pointe sud de l’île de la Basse-Terre et à 25 km à l’ouest-sud-ouest de l’île de Marie-Galante, il se compose de deux îles principales, Terre-de-Haut et Terre-de-Bas et de sept îlets : Îlet à Cabrit, Grand-Îlet, La Redonde, Le Pâté, La Coche, Les Roches percées, Les Augustins. Le tout d’une superficie totale d’environ 13 km².
Terre-de-Haut, située la plus à l’est de l’archipel, est l’île la plus développée. C’est la « terre d’en haut » car située au vent, la plus exposée. L‘adjectif « bas » désigne l’île sous-le-vent, à l’instar de Terre-de-Bas. L’origine du nom de l’archipel, Les Saintes, remonte à Christophe Colomb qui accoste avec ses marins sur ces îles en novembre 1493, lors de la fête de Toussaint.
L’archipel est relié à la Guadeloupe, de façon régulière, grâce à un réseau de transport maritime qui dessert la commune de Trois-Rivières dans la pointe Sud de l’île de Basse-Terre, ainsi que d’autres ports de Guadeloupe mais aussi de la Martinique et de la Dominique. L’aérodrome visible au centre de l’île Terre-de-Haut est d’un usage restreint, surtout à des fins touristiques pour de petits avions.
Des contraintes qui se transforment parfois en atouts : pêche et tourisme
Au-delà de la succession d’anses, de criques, de falaises rocheuses, de mornes dénudés, la baie de Terre-de-Haut constitue incontestablement l’épine dorsale de l’archipel. Elle offre un remarquable abri face aux éléments naturels tels que la houle ou les vents violents. En raison du peu de terres exploitables et de l’aridité, l’agriculture y est très limitée et se développe surtout à Terre-de-Bas pour des besoins locaux.
La tradition de la pêche subsiste : les plus petits points blanchâtres, visibles sur l’image, sont les traces laissées par les petites embarcations, les Saintoises. Pour autant, le vecteur essentiel du développement de l’archipel reste le tourisme avec environ 200 000 visiteurs chaque année. En dehors du tourisme balnéaire, les activités de pleine nature liées au tourisme vert sont de plus en plus exploitées, les randonnées permettent d’emprunter des sentiers de découverte de la faune et de la flore tropicales locales parfois endémiques.
Deux îles principales, chacune avec leur propre identité et leurs paysages
L’île la plus occidentale, Terre-de-Bas, a l’apparence d’un gros rocher posé dans la mer bordé par des falaises qui plongent verticalement dans les eaux. Les côtes basses et les plaines sont rares, très localisées et très étroites. Ces espaces rares sont de fait très sollicitées et/ou convoitées. Les îlets inhabités des Augustins, du Pâté et de la Coche lui sont rattachés.
Plus vaste que Terre-de-Haut avec une superficie de 945 ha, elle est par contre moins peuplée avec son millier d’habitants. Les personnes âgées de plus de 45 ans représentent les 2/3 des habitants et témoignent d’un vieillissement de la population. Un peu plus de la moitié de la population active occupe réellement un emploi. Comme le montre l’image, l’habitat est presque entièrement constitué par des maisons individuelles dont les habitants sont propriétaires à plus de 85 %.
La seconde île, Terre-de-Haut, s’étend sur 522 ha et, tout en étant plus peuplée, voit la aussi sa population décliner. Avec le Pain de Sucre, ce gros bloc volcanique qui s’avance dans la mer, situé à l’ouest de la baie, l’autre curiosité géographique et touristique de l’archipel est le point de vue qu’offre le Morne Chameau plus au Sud. Point culminant de tout l’archipel, une vigie y fut construite à son sommet sur les ordres du gouverneur et amiral Gourbeyre (1841-1845) pour assurer la surveillance de la baie. A l’origine, Terre-de-Haut avait en effet une fonction essentiellement militaire. Dès le XVIIIe siècle, un système défensif, constitué de forts, batteries, redoutes, est construit sur les points hauts. Les contemporains évoquaient alors les Saintes comme « le Gibraltar des Indes occidentales ».
Les reliefs escarpés constituent la majorité du territoire, en particulier au nord et au sud de Terre de Haut, la partie centrale étant de plus faible altitude : l’habitat y est regroupé avec une forte occupation littorale principalement le long de la baie. Le couvert végétal laisse apparaitre de façon irrégulière des lambeaux forestiers et une flore adaptée à l’aridité qui sévit dans l’archipel. Plusieurs variétés de fougères, de cactus-cierges, de gommiers rouges adaptés au climat sec, des frangipaniers blancs, des épineux ou encore de mancenilliers poussent sur les sols rocailleux soumis aux vents des alizés.
Un potentiel attractif grâce à un riche patrimoine historico-maritime
Les Saintes ont été le cadre des rivalités franco-anglaises à l’époque coloniale dès la seconde moitié du XVIIe siècle. Les traces de ce passé militaire sont bien visibles, par exemple au Sud de l’îlet à Cabrit. C’est à la fin de la Guerre d’indépendance des États-Unis que la baie des Saintes a servi de décor à la célèbre « bataille des Saintes », opposant le 12 avril 1782 les deux plus puissantes marines d’Europe, française et anglaise.
A des périodes différentes, les Anglais ont occupé les Saintes et imposé leur suprématie dans les guerres de conquêtes et d’occupation des îles d’Amérique, de 1759 à 1763, en 1794, de 1809 à 1814, en 1815. La plupart des fortifications encore visibles ont été reconstruites par la France dans la seconde moitié du XIXe siècle, en particulier le fort Napoléon édifié entre1845 et 1867 sur le morne Mire au nord-ouest de Terre-de-Haut.
Le choix politique d’un développement durable
La double insularité de l’archipel et son attractivité touristique rendent obligatoire une gestion réfléchie du milieu. Les acteurs saintois cherchent à promouvoir un tourisme durable, singulier et complémentaire du reste de l’archipel guadeloupéen avec un équilibre entre développement touristique et protection du milieu.
Le Grand Îlet, situé au Sud, entre les deux îles principales en est un exemple. C’est l’îlet le plus vaste, long de 1,2 km et d’une superficie de 84 ha. Majoritairement couvert d’une végétation xérophile, il comporte toutefois au nord-est une saline qui abrite la seule mangrove de tout l’archipel saintois, et est également signalé pour abriter des espèces rares d’orchidées. Ses fonds marins sont très fréquentés par les plongeurs qui peuvent contempler gorgones, éponges, coraux et des poissons multicolores. Le site est protégé et classé en Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF).
La gestion des ordures ménagères pour tout l’archipel est devenue un enjeu majeur. En effet, sur le versant sud du Morne Chameau, en contrebas, on pouvait distinguer, encore récemment, les traces d’une ancienne décharge à ciel ouvert qui a cessé d’être alimentée. Dorénavant, ces encombrants et autres résidus sont acheminés au centre de traitement de Guadeloupe, le transport se faisant par barges. La commune de Terre-de-Haut a reçu en 2014 une distinction, La Marianne d'Or, qui récompense ses actions en matière de développement durable.
Les premiers véhicules à moteur sont apparus au début des années 1970. Aujourd’hui, des arrêtés municipaux visent à les restreindre pour ne pas saturer l’archipel aux proportions exiguës. Les véhicules électriques sont désormais de plus en plus nombreux.
Des réseaux interconnectés (énergie, eau) pour fournir les ressources vitales à l’archipel
Depuis 1983, Les Saintes sont reliées à la Guadeloupe grâce à un câble sous-marin assurant la distribution de l’électricité. Il s’agit alors d’une première mondiale au regard de la distance couverte (environ 15 km) et de la profondeur d’enfouissement des installations. En complément, un petit parc éolien sur la côte sud de Terre-de-Bas, permet de produire aussi de l’énergie renouvelable. En cas de besoin, des centrales diesel de secours sont mobilisables.
Pour pallier le manque d’eau douce, du fait d’un climat sec et de l’absence de sources, une unité de dessalement de l’eau de mer est installée en 1985, au nord-est de Terre de Haut, au lieu-dit Morel. L’eau courante arrive dès lors pour la première fois dans les foyers saintois. Il faut attendre 1994 pour que l’eau potable soit acheminée par une canalisation sous-marine depuis la Guadeloupe dont une partie passe par une fosse de 320 mètres.
Des tensions entre acteurs publics locaux sur des territoires doublement insulaires et exposés à des risques
La photographie de l'archipel, observée dans sa globalité, permet de se rendre compte des disparités existant entre les deux îles principales. La densité de population, de l’habitat, des aménagements touristiques ou encore des infrastructures de transport sont en faveur de Terre-de-Haut. Ces contrastes de développement et d’attractivité expliquent ainsi leurs concurrences voire leurs rivalités.
L’exposition aux risques et la réponse apportée sont cruciales. Certains risques majeurs et sanitaires, comme parfois les invasions de sargasses, rappellent la fragilité économique et écologique de ces territoires. Au-delà des cyclones, les séismes viennent renforcer les effets de la double insularité de l’archipel qui semble encore plus fragile lors de la survenue de ces crises. Les stigmates du tremblement de terre de 2004 et du passage du dernier ouragan Maria en 2017 sont encore de mauvais souvenirs pour les Saintois.
Zooms d’étude
Terre-de-haut
Le front de mer de Marigot et ses alentours : l’écrin de la « baie des Saintes », classée parmi les plus belles au monde
Sur l’image, en forme d’amphithéâtre, la baie abritée des Saintes (Terre-de-Haut) forme un front de mer sur lequel s’étire le bourg le long du littoral, de part et d'autre de l'embarcadère où accostent les navettes maritimes qui desservent les îles de l'archipel. Des toits en tôle rouge des maisons traditionnelles en bois, les kaz, s'alignent le long du bord de mer, avec les belles eaux de la baie. Une maison datant de 1942, en forme de proue de bateau, est l’une des toutes premières maisons construites en béton sur l’île. Depuis l’embarcadère, sur la droite, on accède à la petite mairie et à l’église Notre-Dame de l'Assomption inscrite au patrimoine de l’UNESCO depuis 1979.
Une urbanisation contrainte par le relief.
Les rues sont peu nombreuses, rectilignes et étroites ; elles desservent des maisons, les unes proches des autres, le foncier facilement accessible et constructible étant rare. Cet habitat s’organise linéairement le long d’une étroite bande de plaine littorale, de l’anse Mire au nord-est (au pied du fort Napoléon) à celle de Fond Curé à l’ouest en passant par Petite-Anse. Le lieu-dit Fond Curé abrite une sorte de faubourg, site d’installation des premiers colons. Le point névralgique de tout Terre-de-Haut est situé sur cet axe, couloir privilégié de circulation Est-Ouest sur lequel est aménagé l’embarcadère.
A partir du comblement de l’estran de Petite-Anse, le front de mer s’est enrichi très récemment dans son espace public, d’une Place des Héros, inaugurée en 2018 en hommage à deux fils de Terre-de-Haut entrés en résistance durant la Seconde Guerre mondiale.
Plus à l’Ouest, le Pain de Sucre constitue un repère et une quasi presque-île. Il prend la forme d’un gros rocher arrondi d’une altitude de 53 m, partiellement couvert de végétation. Ses pentes sont d’une verticalité qui témoigne de la brutalité de refroidissement de la montée de la lave ayant permis à sa création.
Une baie dont le site est mondialement connu.
La baie, dite des Saintes, est classée comme l’une des plus belles baies au monde d’après plusieurs classements internationaux. Comme l’illustre l’image satellitaire, c’est une baie prisée des plaisanciers et des croisiéristes embarqués sur des voiliers ou navires de luxe. Au-delà des vedettes qui assurent les liaisons inter-îles, des bâtiments militaires y mouillent fréquemment, profitant d’un tirage d’eau important. Sa rade constitue à elle seule un paysage emblématique de tout l’archipel et pour tout visiteur.
Depuis les débuts de la colonisation, c’est l’une des rades des Antilles les plus réputées pour la qualité de son mouillage, les plus gros navires en provenance jadis de l’Atlantique et d’Europe pouvant franchir avec une grande facilité la passe de la Baleine à l’Est de l’îlet Cabrit ou encore celle du Pain de sucre sur son flanc Ouest. La mise à terre des canots pouvait se faire à l’abri car les anses et criques sablonneuses à proximité offraient une protection naturelle. C’est également un site qui pouvait être facilement défendu.
Entre la plage et le fort Napoléon, un exemple de « parcours » touristique
La plage de Pompierre. Cette plage de sable blanc bordée par une cocoteraie littorale est située au nord-est de Terre-de-Haut. L’anse qui l’abrite est un site naturel classé où il est interdit de pénétrer avec une embarcation à moteur ou à voile (loi du 2 mai 1930). De l’embarcadère, il faut compter environ 30 mn à pied pour y accéder. Bien que située au vent, elle se trouve néanmoins protégée par un îlet, Les Roches percées dont le nom trouve ses origines dans les impressionnantes fractures liées à l’érosion marine. Cette formation rocheuse sert de barrière naturelle empêchant les vagues et la houle d’atteindre la plage située à 15 mètres environ.
L’aérodrome et la plage de Grande-Anse. Cette dernière située plein Est, ouverte ainsi sur l’océan Atlantique, est très exposée aux alizés. C’est l’idéal pour les adeptes de Kitesurf et on peut y observer des pontes de tortues à la bonne saison. En revanche, plusieurs arrêtés municipaux restreignent ou interdisent sa fréquentation car elle est dangereuse pour les baigneurs.
La piste en béton de l’aérodrome, de 580 mètres de long et 15 mètres de large, se situe entre le bourg et la plage. Cet équipement a été inauguré en 1968 et est situé en bord de mer à moins d’une quinzaine de mètres au-dessus du niveau de la mer. Il faut une habilitation spéciale pour y atterrir, seuls les avions légers la fréquentent et seulement de jour. Le plus souvent les rotations se font au départ de la Guadeloupe et sont à vocation touristique.
Le fort Napoléon. Situé dans la partie septentrionale, en haut à gauche de l’image, le fort Napoléon se situe sur un morne qui s’élève à 114 m d’altitude. Ce site est très visité, pour un archipel qui assume une économie largement orientée vers le tourisme. L’édifice militaire surplombe la baie, et a été transformé en 1984 en musée historique et culturel géré par le Conseil départemental de Guadeloupe. Dans l’enceinte du fort, un jardin botanique est aménagé, riche d’une collection de cactées, parrainé par les jardins botaniques de Monaco et de Nancy. Depuis décembre 1997, ce lieu d’histoire et de culture est classé au titre des monuments historiques. L’ouvrage a une forte portée symbolique et identitaire : le fort est représenté sur les armoiries de la commune.
Ce sont les principes de construction hérités de Vauban qui structurent sa conception. L’année 1889 marque la fin de son occupation militaire. A partir de cette période, le fort est mis au service des habitants de Terre-de-Haut qui viennent y puiser de l’eau de pluie. C’est alors l’une des rares citernes de l’archipel d'une capacité de 370 m3. Cet usage est maintenu jusqu’en 1970, date de construction d'une usine de dessalement d’eau de mer. Lors de la Seconde Guerre mondiale, le fort sert de lieu d’internement de prisonniers politiques, appelés les « dissidents », qui ont répondu à l’appel du général de Gaulle.
L’anse Marigot. Elle est dominée par le fort Napoléon à l’Ouest et le morne Morel à l’Est. Le site, isolé du tourisme de masse, est composé d’une plage d’une centaine de mètres, accessible par la mer ou par la côte le long de la plage. Un centre de loisirs et de vacances y est implanté, pouvant accueillir jusqu’à 150 personnes et proposant à partir de sa base nautique de nombreuses activités nautiques : Kayak, paddle, plongée, voile, catamaran, randonnée.
Terre-de-bas, Entre enclavement et préservation
Quelques repères socio-spatiaux.
En dépit des altitudes peu élevées de l’île, le littoral de Terre-de-Bas s’avère majoritairement escarpé, les falaises laissant peu de place à de très rares plages sableuses, comme à Grande Anse à l’Est et à quelques anses servant de d’abri portuaire et de débarcadère : Petites Anses, à l’ouest et l’Anse des Mûriers au sud-est.
Le peuplement de Terre-de-Bas se distingue de celui de Terre-de-Haut par un peuplement plus diversifié, en grande partie dû à la main-d’œuvre noire servile utilisée jadis dans l’agriculture. La présence de descendants africains y est donc relativement plus visible. Cette population, avant l’abolition définitive de l’esclavage en 1848, était nécessaire pour faire fructifier les petites propriétés vivrières et cotonnières de cette partie de l’archipel.
Une occupation duale de l’île.
A l’ouest, le bourg principal de Petites-Anses édifié dès 1817, en même temps que l’église, est le centre de la commune. Terre-de-Bas fut érigée en municipalité autonome en 1882. Le bourg est implanté sur l’un des très rares plateaux de l’île. Le maillage des habitations est moins serré qu’à Terre-de-Haut. Petites-Anses est un bourg divisé en deux quartiers : Petite-Anse et Anse à Dos, bien protégés des vents dominants.
Les maisons sont pour la plupart regroupées de part et d’autres du réseau viaire. L’organisation générale du bourg est atypique, ce dernier tourne le dos à la mer et le parcellaire, plutôt allongé, est perpendiculaire au trait de côte. Le port quant à lui est implanté dans l’autre quartier, du côté de Grande Anse, au Sud-Est (Anse des Mûriers).
Le collège, inauguré en 1994, avec sa grande toiture blanche qui se distingue nettement sur l’image au NE, fait partie des équipements les plus récents qui renforcent la centralité du bourg de Petites-Anses. Sa capacité d’accueil en nombre d’élèves est loin d’être atteinte : les élèves de Terre-de-Haut devaient à l’origine le fréquenter mais les familles et les divisions politiques locales n’ont pas permis cette synergie inter-îles. Pour optimiser cet aménagement, en dehors des enseignements classiques, l'établissement devrait devenir la première école de la mer de l'Académie Guadeloupe et même se transformer en lycée des métiers de la mer.
A l’est, un second groupe d’habitations agglomérées constitue l’autre bourg de l'île, celui de Grande-Anse. Les infrastructures touristiques les plus importantes s’y trouvent, hébergements, restaurants. Il est repérable sur l’image grâce à sa proximité avec l’étendue de plage sablonneuse, située au nord-Est qui s’ouvre sur la baie des Saintes, l’îlet Cabrit et le Pain de Sucre. Une avancée sur la mer, appelée la Pointe Noire, la délimite au Nord. Le site propose la plage la plus hospitalière de l’île, mais la houle demande aux baigneurs une grande vigilance.
Dans le prolongement de cette anse, une zone abritée, délimitée par une autre avancée rocheuse, la Pointe du Fer à Cheval. En la contournant, l’anse des Mûriers qui abrite le seul port de voyageurs de l'île devient accessible. Les liaisons avec Terre-de-Haut se font à cet endroit.
Des fouilles archéologiques ont révélé à Grande-Anse la présence d’un village amérindien daté du XIIIe siècle. A proximité de ce site, les vestiges de la plus grosse poterie de l’île sont encore visibles au lieu-dit Grand(e) Baie. Appartenant au propriétaire Fidelin, elle était spécialisée dans les poteries en pains de sucre vendues aux habitations sucrières, et emploie aux XVIII-XIXe siècles jusqu’à un quart des habitants de Terre-de-Bas. Le bourg de Grande-Anse prend son essor après l’abolition de l’esclavage, les nouveaux-libres et ceux qui travaillaient sur la Poterie s’y établissant.
Dès les origines de la colonisation, le mouillage des vaisseaux se faisait au niveau de la baie de Grande-Anse, les passagers regagnaient les rives de Terre-de-Haut ou de Terre-de-Bas en chaloupes. Mais à cause des vents et de la houle, Grande-Anse fut abandonné comme bourg principal.
La prégnance des espaces boisés et non aménagés.
A Terre-de-Bas, l’anthropisation et le mitage sont beaucoup moins visibles qu’à Terre-de-Haut, le tourisme y étant plus limité. La volonté municipale est de le développer en harmonie avec la culture et les traditions locales. Des sentiers de découverte permettent de découvrir le milieu, en particulier celui du littoral nord qui longe l’Anse à Chaux et rejoint Pointe Noire à l’Est et Grande Anse.
Ainsi, hormis les deux bourgs, tout le reste de l’île a un couvert végétal qui se développe sur un relief accidenté. Plusieurs mornes dominent le paysage : le morne Paquette (274 m) au SE, le morne Abymes (293 m) au NO, morne Sec (288 m) au NE au centre morne Déjel (257 m).
Une discrète mise en valeur du territoire.
La tranquillité de Terre-de-Bas, loin de l’agitation de sa voisine Terre-de-Haut, fait partie des éléments de langage pour la promotion municipale de cette partie de l’archipel.
Le tourisme qui se développe est axé sur des activités de pleine nature comme les randonnées et la plongée. Il attire moins le tourisme de masse qui se concentre à Terre-de-Haut. Les liaisons entre les deux îles sont limitées, la navette prévue à cet effet peut rester longtemps hors service. Les axes routiers sont restreints. Deux routes sont visibles sur l'image : la route bétonnée situées au nord, à l’intérieur des terres à travers les mornes d’une part et la route située au sud, le long du littoral, d’autre part.
Quelques rares aménagements sont visibles comme à la pointe Sud, dans la partie déboisée qui accueille sept éoliennes pour une production de 275 kWh qui rendent Terre-de-Bas excédentaire en électricité, le surplus renforce le mix énergétique de la Guadeloupe toute entière. Ces éoliennes bien exposées aux alizés peuvent être couchées en cas de tempêtes et autres ouragans.
D’autres ressources
Ressources complémentaires sur le site GeoImage
Pointe-à-Pitre et son agglomération : les enjeux de la transition vers un développement durable
Le sud Basse-Terre : un environnement à risques pour un territoire en quête d’un nouveau souffle
Le sud-est de la Grande-Terre : les plages touristiques et les Grands Fonds, entre survalorisation, inégalités et développement durable
Eléments de bibliographie :
LASSERRE Guy, La Guadeloupe, étude géographique, tome 3, Fort-de-France, Koloddziej, 1978
FLOHIC Jean-Luc (dir.), Le patrimoine des communes de la Guadeloupe, Charenton-le-Pont, Flohic éditions, 1998
BONNIOL Jean-Luc, Terre-de-Haut des Saintes, Paris, L’Harmattan,1980.
Sitographie indicative
http://www.guadeloupe.developpement-durable.gouv.fr/consultez-l-atlas-d…
http://www.terredebas.com
https://fr.guadeloupe-tourisme.com/map/terredehaut/
http://www.conservatoire-du-littoral.fr/siteLittoral/601/28-ilet-a-cabr…
Image complémentaire
Cette image de la Guadeloupe dans la mer des Caraïbes a été prise par le satellite Sentinel 2A le 27 janvier 2020. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles de résolution native à 10m.
Contient des informations ©
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Contributeur
Jean-Pierre BELLANGER, Professeur d’histoire-géographie, Professeur Formateur Académique.