Tupai, un atoll inhabité qui a fait parler de lui

 

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Légende de l'image

Cette image de l'atoll de Tupai a été prise par un satellite Pléiades le 17/02/2015. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles, de résolution native à 0,70m, ré-échantillonnée à 0,5m .


Présentation de l’image globale

Les récifs coralliens sont construits par des animaux sécrétant un exosquelette calcaire. Certains, vivant en colonies, forment par accumulation des récifs coralliens. Ils ont besoin de lumière, d’une eau chaude - de préférence entre 23 ° C et 28 ° C -, salée, bien oxygénée et claire.

Un capital corallien exceptionnel

Ces conditions sont remplies sur les littoraux tropicaux de la France d’outre-mer, à l’exception de la Guyane, longée par les eaux turbides et peu salées provenant de l’Amazone. La France fait partie des Etats qui comptent le plus de récifs coralliens au monde, avec 8 778 km² de surface récifale et 48 779 km² de surfaces lagonaires et de terrasses sédimentaires.

Selon l’Initiative française pour les récifs coralliens (IFRECOR), ses récifs représenteraient un linéaire de plus de 5 000 km, soit près de 10 % du total mondial. Les collectivités du Pacifique concentrent 90 % de ce patrimoine. A elle seule, la Nouvelle-Calédonie en représente presque les deux tiers. Avec plus de 80 atolls, la Polynésie française rassemble le cinquième des atolls mondiaux, spécialement dans les archipels des Tuamotu et des Gambier où se trouve Rangiroa, deuxième plus grand atoll du monde et dont le lagon, de plus de 1 600 km2, peut à lui seul contenir Tahiti ou la Martinique.

Un atoll au lagon peu ouvert

L’atoll de Tupai, par 16°20’ sud et 151°50’ ouest, est à l’extrémité nord-ouest de l’archipel de la Société, un alignement d’îles orienté sud-est/nord-ouest qui comprend tous les types d’îles issues d’un point chaud (îles hautes, presque-atolls, atolls). C’est un des cinq atolls de cet archipel, avec Tetiaroa, Motu One, Maupihaa et Manuae.

Inhabité, il fait administrativement partie de la commune de Bora Bora, à une vingtaine de kilomètres. Son lagon de 7,8 km² est relativement confiné car peu ouvert sur l’océan. Ses îlots couvrent 11 km² et son platier avec le front de la couronne d’atoll, 15 km².


La folie des grandeurs

Acheté pour 5,7 millions d’euros par le gouvernement de la Polynésie française en 1998, dans le dessein officiel d’en faire une réserve foncière à vocation touristique et agricole, 13,4 millions d’euros vont y être investis (Rapport public annuel de la Cour des comptes, 2007) pour la « réception de personnalités extérieures » et son affectation à la présidence du gouvernement de la Polynésie française, exercée par Gaston Flosse de 1991 à 2004.

Sur l’image apparaît la piste d’aviation qui a été élargie et allongée, avec un remblai sur le lagon, ainsi que la passe qui a dû être creusée par acheminer le matériel et les matériaux. A proximité de la piste, côté lagon, on remarque des infrastructures sur la plage ou en bordure. Il s’agit de maisons sur pilotis, bungalows, decks, ponton, etc. pour l’accueil de personnalités éminentes. Mais en 2003, lors de sa visite en Polynésie française, Jacques Chirac n’y mit pas les pieds et aujourd’hui tout est en ruine. Il ne reste plus qu’à tout démonter et à évacuer les déchets. Opération somptuaire, l’aménagement de Tupai est emblématique de la dérive d’un système politique.


Contributeur 

Jean-Christophe Gay, professeur des universités, IAE de Nice, université Nice Sophia Antipolis