Dans l’océan Pacifique, en Polynésie française, Rapa appartient à l’archipel des Australes. C’est l’une des îles habitées les plus isolées du monde et la terre française occupée par une population permanente la plus australe, au-delà du tropique du Capricorne (27°30’ sud).
Légende de l’image
Cette image a été prise par un satellite Pléiades le 01/02/2012. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles, de résolution native à 0,70m, ré-échantillonnée à 0,5m.
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Présentation de l’image globale
Rapa, tout au bout du monde
Un isolat insulaire volcanique de l’archipel des Australes
Rapa (39 km²) est une île volcanique culminant à 650 m d’altitude au Mont Perau. Comme le montre l’image, le relief est très disséqué et les pentes sont fortes. Il n’y a pas de plaine littorale sur son pourtour, et la côte sud, avec ses falaises, est battue par la houle australe générée par les quatrièmes rugissants et les cinquièmes hurlants.
De forme circulaire, Rapa est un volcan éteint appartenant à l’archipel des Australes, qui, à l’instar des îles de la Société, fait partie d’un alignement lié à un point chaud au sud-est et qui comprend les monts MacDonald, un volcan sous-marin, et les îles Marotiri, Rapa, Rimatara, Maria, Mauke et Aitutaki, ces deux dernières appartenant aux îles Cook.
Son centre est occupé par une baie profonde qui correspond à la caldeira envahie par la mer. C’est le long de celle-ci que les hommes se sont installés. Comme le montre l’image, cette baie abritée est longée par la seule route de l’île qui dessert les habitations et qui relie la localité principale, Ahurei au sud de la baie, au village d’Area, en face.
Les atouts de l’isolement
C’est une des îles habitées (507 habitants en 2017) les plus isolées du monde. L’île peuplée la plus proche est à 500 km et Tahiti est à plus de 1 200 km au nord-est. C’est cette situation qui explique l’intérêt qui lui ont porté le Royaume-Uni et la France au XIXe siècle. En 1867, la Panama-New Zealand and Australian Mail Royal Company avait installé une station de ravitaillement. C’est en 1881, alors que le projet de percement du canal de Panama était relancé et que l’île allait se trouver sur la route entre le canal et la Nouvelle-Zélande, que la France décida de l’annexer. Rapa et ses îlots de Marotiri, inhabités et à 90 km au sud-est, élargissent la ZEE de la Polynésie française de plusieurs centaines de milliers de km².
Eu égard à sa position en latitude, au-delà du tropique du Capricorne, son climat est plus frais et moins ensoleillé que dans le reste de la Polynésie française : on y enregistre des températures inférieures à 10° C en hiver et il n’y a que 1 600 heures d’ensoleillement par an. Les constructions coralliennes se limitent à des récifs frangeants, autour de l’île et dans la baie d’Ahurei.
Desserte et autosubsistance
Sans cadastre, le foncier est géré par un conseil des sages, le Tohitu. C’est ce dernier qui a refusé de céder des terres pour construire une piste d’aviation, alors que lors d’une consultation de la population en 2000 une légère majorité de oui l’avait emporté, il faut dire que cela aurait facilité les évacuations sanitaires de cette île sans médecin.
L’île n’est donc aujourd’hui accessible que par bateau. Le cargo mixte Tuha’a Pae IV la dessert une fois par mois environ. Il faut quatre jours de mer pour se rendre à Papeete. Sur l’image apparaît nettement le quai, à l’est d’Ahurei, à l’entrée de la baie. L’arrivée du bateau, avec produits divers et courriers reste toujours un moment important de la vie des Rapanais. Rapa étant dépourvue de collège et de lycée, les enfants sont obligés de partir en internat à Tubuai, Rurutu ou Tahiti et ne rentrent au mieux qu’à l’occasion des vacances scolaires.
Compte tenu de l’isolement, on y vit en autosubsistance. On y cultive le taro, plante à tubercules courante de l’agriculture vivrière polynésienne. Les tarodières sont établies en banquettes irriguées dans certains vallons proches du village d’Ahurei. Les Rapanais pratiquent également beaucoup la chasse aux taureaux et chèvres sauvages, ainsi que la pêche, spécialement à la langouste.
D’autres ressources
Dupon J.-F. (dir.), 1993, Atlas de la Polynésie française, Paris, ORSTOM.
Fer Y. et Malogne-fer G., 2000, Tuaroí : réflexions bibliques à Rapa, conversion et identité, Papeete, Haere po, 306 p.
Serra-Mallol Ch., 2013, « Entre local et global : l’alimentation en Polynésie. Le cas de Tahiti et Rapa », Anthropologie et Sociétés, numéro thématique Glocalisation alimentaire, 37-2, p. 137-153
Contributeur
Jean-Christophe Gay, professeur des universités, IAE de Nice, université Nice Sophia Antipolis