Haut lieu de recherche et de présence scientifique internationale, protégé par un statut juridique particulier de toute revendication politique ou exploitation économique, l’Antarctique est l’une des dernières frontières de la planète, en proie à des enjeux géopolitiques croissants dans un contexte de changement climatique.
Légende de l’image
Les images ont été prises par des satellite Pleiades (résolution native à 0,70m, ré-échantillonnée à 0,5m) ou par des satellites Sentinel-2 (résolution native à 10m)
Contient des informations PLEIADES © CNES 2022, Distribution Airbus DS, tous droits réservés.
Contient des informations © COPERNICUS SENTINEL 2022, tous droits réservés.
Usage commercial interdit.
Image prise par un satellite Pléiades le 30 janvier 2012
Repères géographiques
Carte de localisation des bases
Présentation de l’image globale
Le continent Antarctique : entre bases scientifiques
et enjeux géostratégiques
L’Antarctique est un continent situé autour du pôle Sud, d’une superficie de 14 millions de kilomètres carrés. L’immense partie de sa surface (98 %) est recouverts d’une couche de glace d’une épaisseur moyenne de 1,6 kilomètres, l’inlandsis, et parcouru de lacs et de chaînes de montagnes subglaciaires. L’Antarctique est le continent de tous les superlatifs : plus grand désert du monde, c’est aussi le continent avec le climat le plus froid, le plus sec et le plus venteux. Il n’y a pas d’habitat humain permanent en Antarctique et il n’y en a jamais eu : ses seuls habitants actuels sont quelques centaines de scientifiques au maximum. Les habitants temporaires sont également de plus en plus des touristes « de la dernière chance » qui viennent observer un écosystème unique en cours de dégradation, parfois à leurs risques et périls comme le montre le crash d’avion au-dessus du mont Erebus en 1979.
Le continent Antarctique n'est aperçu pour la première fois qu’en 1819 par le navigateur britannique William Smith. Par la suite les nations se livrent à une course à l’exploration et à la découverte : avec le Britannique Edward Bransfield (en janvier 1820), le Russe Fabian Gottlieb Thaddeus von Bellingshausen (en février 1820) et l’Américain Nathaniel Palmer (en novembre 1820). Le Français Jules Dumont d’Urville découvre quant à lui la Terre Adélie en 1840. Au cours du XXème siècle, le Traité sur l’Antarctique puis le Protocole de Madrid font du continent « une réserve consacrée à la paix et à la science », et un haut lieu de la coopération scientifique internationale. Les conséquences du changement climatique et l’arrivée de puissances parfois qualifiées de révisionnistes comme la Chine, qui récusent un droit international qui s’est fait sans elles, change la donne. Pour plusieurs raisons, le continent blanc fait figure de « dernière frontière ».
L’Antarctique, un continent de glaces au statut juridique exceptionnel
Au XXème siècle, malgré la distance qui les sépare de la région australe, sept États affirment leur souveraineté en Antarctique : le Royaume-Uni entre 1908 et 1930, la Nouvelle-Zélande en 1923, la France en 1924, l’Australie en 1933, la Norvège et l’Argentine en 1939 ainsi que le Chili en 1940. Ces États justifient leurs revendications par des arguments tels que la continuité morphologique et géologique, la découverte du secteur qu’ils revendiquent, la prise de possession symbolique (drapeau planté dans la glace ou plaque de bronze lancée depuis un aéronef). Ces revendications sont confortées par des actes de puissance publique : établissement de réglementations, envoi d'expéditions, établissement et maintien de stations scientifiques. Les limites des régions côtières explorées sont prolongées en ligne droite jusqu'au pôle Sud.
Le partage du continent ainsi effectué convient globalement aux États qui ont des prétentions territoriales, qualifiés de « possessionnés ». Ils reconnaissent d’ailleurs réciproquement leurs possessions par des accords qui permettent d’y organiser des activités, comme notamment le survol des secteurs. Cependant, d’autres États ne reconnaissent pas les prétentions territoriales effectuées, soit parce qu’ils rejettent le principe de la répartition des secteurs, parfois même alors qu’ils avaient pourtant organisé des expéditions vers l’Antarctique (comme les États-Unis ou la Russie) ; soit parce qu’ils contestent les revendications qui chevauchent les secteurs qu’eux-mêmes revendiquent. Tel est le cas de l’Argentine, du Chili et du Royaume-Uni à propos de la péninsule Antarctique, qui a un accès plus facile que le reste du continent en raison de la proximité de l’Amérique du Sud.
Le Traité sur l’Antarctique signé en 1959 a pour objectif de mettre fin aux différends sur les revendications territoriales. Pour éviter les conflits territoriaux et permettre aux États de coopérer, les États consacrent un gel des prétentions territoriales qui constitue en un statu quo des positions des États possessionnés. Le régime ainsi établi est ambivalent. D’une part, les États dits « possessionnés » voient leurs prétentions territoriales reconnues, et peuvent faire valoir leur souveraineté sur le secteur qu’ils revendiquent. D’autre part, les États dits « non-possessionnés » peuvent ignorer les prétentions formulées mais ne peuvent envisager pour leur part une quelconque revendication. Des logiques concurrentes sont ainsi maintenues, celles d’États reconnaissant une appropriation possible de l’Antarctique et ceux qui la réfutent. De plus, pendant la durée du traité, « aucune revendication nouvelle, ni aucune extension d’une revendication de souveraineté territoriale précédemment affirmée » ne devra être présentée. En pleine guerre froide, la signature de ce Traité fait figure de miracle de diplomatie et de droit international, sans doute dû à l’impossibilité d’exploiter les ressources dans l’état des connaissances de l’époque, et donc aux maigres enjeux géoéconomiques et géopolitiques pour les puissances d’alors.
La protection de l’environnement et des ressources
En 1991, le Protocole au Traité sur l’Antarctique relatif à la protection de l’environnement (dit Protocole de Madrid) va plus loin encore en consacrant un régime global de protection de l’environnement. Selon le Protocole, les activités doivent être organisées et conduites de façon à limiter leurs incidences négatives sur l’environnement et les écosystèmes dépendants et associés : l’Antarctique devient une réserve naturelle consacrée à la paix et à la science. Il appartient aux États parties du Protocole de faire en sorte que les activités soient organisées et conduites de façon à accorder la priorité à la recherche scientifique. Si des permis spécifiques peuvent leur être accordés par les autorités nationales compétentes (par exemple, le Préfet des Terres Australes et Antarctique Françaises – TAAF), les activités relatives aux ressources minérales doivent avoir forcément des fins scientifiques et non économiques.
Les ressources du continent Antarctique seraient en effet nombreuses. Dès 1908, des traces de charbon ont été identifiées près du glacier Beardmore par l'expédition Nimrod d'Ernest Shackleton. Depuis, les explorations scientifiques ont peu à peu révélé la présence d’autres minerais : fer, cuivre, zinc, manganèse, cobalt, molybdène, et même de d’or et d'argent. Ces « indices de minéralisation », comme les appellent les géologues, ont été découverts à la périphérie du continent et au sommet des montagnes, sur les 2 à 3% de surface libre de glace. La seule incertitude réside dans l’ampleur et la localisation précise de ces gisements, incertitude qui découle de l’absence de campagnes d’exploration récentes dans la mesure où l’exploitation des ressources minérales est interdite par le Protocole de Madrid. Les mers australes sont également riches en ressources halieutiques. On y relève notamment de grandes quantités de krill, bancs de petits crustacés des eaux froides et dont la biomasse atteint plusieurs dizaines de millions de tonnes. D’autres espèces commerciales s’y trouvent, comme la légine australe ou la morue antarctique.
Un haut lieu de la coopération scientifique internationale
Actuellement, plus de 80 stations scientifiques permanentes ou estivales sont établies sur ou à proximité du continent austral. Alors que l’Antarctique a été découvert par des puissances européennes et occidentales, les nations asiatiques manifestent un intérêt scientifique et politique accru pour le continent.
Ainsi, 80 % du budget de recherche du Polar Research Institute of China (PRIC) est consacré à l’Antarctique, où la Chine maintient 4 bases permanentes. Elle possède deux brise-glaces projette d’en construire un troisième. En 2020, la Chine avait mené au total 9 expéditions scientifiques en Arctique et 30 en Antarctique. L’Inde effectue des missions en Antarctique depuis les années 1970 et a ouvert deux stations de recherche en 1989 et 2012. Un brise-glace de recherche est toujours en construction en 2023. La Corée du Sud est également active dans le domaine de la recherche à travers le Korea Polar Research Institute (KoPRI). Elle entretient deux bases de recherche en Antarctique, et possède un brise-glace de recherche depuis 2009. Pour rappel, la France ne possède pas de brise-glace de recherche, mais un seul navire adapté à la navigation en milieu polaire, l’Astrolabe.
Ces activités scientifiques sont à l’origine motivées par un intérêt scientifique réel ; elles soutiennent une diplomatie scientifique qui prend notamment la forme d’une coopération active avec des partenaires institutionnels. La multiplication des partenariats et des missions de recherche permet par la suite de nourrir un objectif politique, à savoir se réclamer d’une véritable tradition polaire et d’un investissement financier et humain qui permette de justifier d’un rôle dans la gouvernance régionale.
De nouveaux enjeux face au changement climatique
Les pôles sont souvent présentés comme des baromètres des changements climatiques que nous connaissons. L’Antarctique à elle seule regroupe environ 90 % des glaces terrestres, soit 70 % de l’eau douce. La fonte moyenne de son inlandsis ci est passée de 40 Gt par an à 252 Gt par an au cours de la dernière décennie, et ce rythme s’accélère. C’est l’augmentation de la température des courants marins et la modification de leur régime de circulation, qui vient gruger de plus en plus la base des plateformes de glace, pour déstabiliser celles-ci et entraîner leur progressive dislocation. Le phénomène a été souligné le 12 juillet 2017, lorsqu’un immense iceberg de 5 800 km2 s’est détaché de la plateforme de glace Larsen C située sur la péninsule antarctique. En revanche, la fonte affecte peu l’inlandsis en surface.
Cause et conséquence du changement climatique, le tourisme se développe en Antarctique depuis les années 1960. Le tourisme antarctique attire de plus en plus de visiteurs : 10 000 en 2000, 37 000 en 2010, 74 000 en 2019 - soit 14 fois plus de touristes que de scientifiques présents. La majorité des touristes se concentre durant l’été. Il s’agit surtout d’un tourisme haut de gamme à bord de navires de croisière brise-glace de luxe comme le Commandant Charcot de la compagnie française du Ponant.
Zooms d’étude
La terre Adélie et la station française Dumont d’Urville
La terre Adélie est une région de l’Antarctique de l’Est, faisant approximativement face à la Tasmanie australienne qui se trouve à 2700 kilomètres. La terre Adélie est la région revendiquée par l’état français qui a confié son administration aux Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Elle représente une aire de 432 000 km2 délimitée par le pôle Sud géographique et les 136ème et 142ème méridiens
C’est au large du continent, sur l’île des Pétrels qu’a été ouverte en 1956 la station française de Dumont d’Urville. Elle doit son nom à l'explorateur Jules Dumont d'Urville qui découvrit l’archipel en 1840. La base est construite à 20 mètres d’altitude en position d’abri sur l’île des Pétrels. La station est au contact entre deux immensités : l’une marine – l’océan pacifique Sud, l’autre terrestre, le continent Antarctique.
Disposant d’une cinquantaine d’installations, la station regroupe les lieux de vie, les laboratoires et les locaux techniques nécessaires aux opérations scientifiques réalisées dans un des espaces les plus inhospitaliers du globe. Les 5.000 m2 de surface couverte accueillent une trentaine d’hivernants de mars à novembre et jusqu’à 120 personnes l’été.
Le site de sa construction a été choisi choisi en partie en raison de sa proximité avec les manchots Empereur venant se reproduire sur la terre ferme. Le manchot Adélie, plus petit, fait partie intégrante de la vie de la station, cette dernière étant installée au milieu de leur manchotière. Les recherches sur la biodiversité, notamment sous-marine, de son évolution et de son adaptation aux changements climatiques représentent une part importante des études menées à la station. Mais la station Dumont d’Urville est également une plateforme d’observation privilégiée de l’atmosphère, de la calotte glaciaire, des phénomènes géophysiques et des populations animales (mammifères et oiseaux marins).
L’Institut polaire français Paul-Emile Victor (IPEV) y assure la gestion fonctionnelle de la station et la conduite des projets scientifiques. Les TAAF y conservent la souveraineté et les missions de service public (radio, médecine, gérance postale).
Durant l’hiver austral, la glace de mer, aussi appelée « pack » s’étend largement autour de la terre Adélie et, comme on le voit sur l’image prise en hiver, rend impossible l’accès au continent. Dumont d’Urville n’est accessible qu’entre les mois d’octobre et de mars. Les températures moyennes sont de -1°C durant l’été et -17°C l’hiver.
Durant les 120 jours que dure l’été austral (novembre-février), la Marine nationale effectue entre 4 à 5 aller-retours entre Hobart en Tasmanie (Australie) et la base scientifique française de Dumont-d’Urville avec l’Astrolabe, qui achemine le personnel scientifique et technique vers ces stations. Ces rotations permettent également de ravitailler les stations Dumont d’Urville et Concordia, le fret continuant sa route vers cette dernière par convois terrestre. L’Astrolabe est un navire brise-glace (classe Ice Breaker 5 du Code polaire) construit en 2017 en partenariat entre les TAAF, propriétaire du navire, la Marine nationale, son armateur, et l’Institut polaire français qui l’exploite. Le reste de l’année, il assure depuis la Réunion, des missions de souveraineté dans le sud de l’océan Indien.
Image de la station Dumont d'Urville prise par un satellite Pléiades le 3 mars 2016 (été austral)
Station Dumont d'Urville
Repères géographiques
Image de la station Dumont d'Urville prise par un satellite Pléiades le 30 octobre 2015 (hiver austral)
Station Dumont d'Urville
La Base de Cap Prud'homme en Antarctique, point de départ des raids vers l'intérieur du continent
La station Robert Guillard à Cap Prud’homme est une annexe de Dumont d’Urville, d’où se préparent les expéditions. C’est la porte d’entrée des activités de recherche et de logistique sur le continent, Antarctique à 5 km de l’île des Pétrels. Elle est dédiée à l’organisation et au départ des convois terrestres de ravitaillement (raids) mis en œuvre par l’IPEV pendant l’été afin de ravitailler la base franco-italienne de Concordia, située à 1100 km à l’intérieur du continent. C’est à proximité, dans un tunnel sous la glace, que sont entreposés durant l’hiver les véhicules du raid. La station est alors inhabitée.
Image de la station Cap-Prud’homme prise par un satellite Pleiades le 21 novembre 2016
Station Cap-Prud’homme
La base franco-italienne Concordia
La station Concordia est posée sur l’immense inlandsis antarctique, à 1110 km à l’intérieur du continent. Elle est reliée à Cap Prudhomme par le raid, convoi composé de dameuses et de tracteurs tirant des containers et des citernes de carburant montés sur des traîneaux. Préparé depuis Robert Guillard à Cap Prudhomme, il atteint Concordia en une dizaine de jours. Chaque été, trois aller-retours du raid sont nécessaires pour ravitailler Concordia.
Concordia est une station de recherche franco-italienne gérée conjointement par l’IPEV et par le Programma Nazionale di Ricerche in Antartide italien. Habitée en continu depuis 2005, c’est l’une des trois seules stations implantées à l’intérieur du continent antarctique, avec la base américaine Amundsen-Scott au pôle Sud et la base russe Vostok. Concordia est construite sur le site du Dôme C, sur une calotte glaciaire de 3300 m d’épaisseur qui permet, à travers des carottages de glace, de retracer le climat terrestre des 800 000 dernières années. En plus de son altitude élevée (3200 mètres d’altitude) la faible humidité de l’air, la faible pollution lumineuse et atmosphérique font d’elle le site idéal pour l’astronomie et les études de physico-chimie de l’atmosphère.
On voit sur la photo station est composée de deux tours, l’une accueillant les activités « calmes » (chambres, laboratoires, hôpital …), l’autre les activités « bruyantes » (cuisine, séjour, salle de sport, ateliers …) et de bâtiments techniques. Pendant la campagne d’été, une partie du personnel est logée au camp d’été, un ensemble de bâtiments et de tentes situés à 500 m de la station. Autour, différents bâtiments hébergent des installations scientifiques. Le centre technique se trouve juste à côté des bâtiments d'hiver, relié à ceux-ci par un autre tunnel.
Image de la station Concordia prise par un satellite Pleiades le 18 février 2016
Station Concordia
Le Mont Erebus et la station américaine de McMurdo
Le mont Erebus se trouve au sein de la dépendance de Ross, revendication néo-zélandaise sur l’Antarctique. Il fait partie des trois volcans constituant l’île de Ross, où s’accroche la barrière occidentale de la plate-forme flottante (ice shelf) de Ross. C’est la plus grande plateforme de glace flottante du monde, d’une superficie de 472 000 km2. On la distingue bien en bas de l’image : sa limite nord est l’île de Ross. Le mont Erebus est le point culminant de l’île de Ross, à son centre-ouest, à l’ouest de la mer de Ross que l’on distingue couverte de banquise sur l’image. C’est un stratovolcan actif depuis environ 1,3 million d’années et c’est le volcan en activité le plus austral du monde : sa phase éruptive actuelle dure depuis décembre 1972. L’image nous permet de distinguer le cône recouvert de glace, la caldeira et trois cratères. Le plus grand cratère abrite, dont le rebord sud-est constitue le point culminant du mont Erebus, à 3 794 mètres d'altitude.
Le volcan tire son nom tient son nom du HMS Erebus (1826), un des deux navires de l'expédition menée par le Britannique James Clark Ross qui le découvrit en 1841. Depuis, plusieurs explorations scientifiques ont eu lieu pendant les courts étés australs mais les conditions climatiques extrêmes limitent encore le champ de connaissances sur ce volcan. Les études sont orientées principalement sur son histoire éruptive, sa pétrologie, sa géophysique, les caractéristiques de son lac de lave ainsi que des gaz volcaniques ainsi que les formes de vie simples qui se développent uniquement autour des fumerolles présentes sur certaines pentes. Précurseur du tourisme Antarctique, le mont Erebus a été le théâtre, en 1979, d'une catastrophe aérienne faisant 257 victimes sur le vol 901 Air New Zealand.
Au pied du volcan, au sud du mont Erebus, se trouve la base américaine antarctique de McMurdo. Elle sert également de port logistique pour la moitié du continent. Pour y accéder, l’avion se pose sur une piste aménagée sur la barrière de Ross, le prolongement de l'inlandsis sur la mer de Ross. Les campagnes scientifiques sont menées durant l'été austral, de début décembre à début janvier, ce qui permet aux équipes de gravir le volcan pour y vivre et l'étudier pendant quelques semaines. Les conditions de vie y sont particulièrement rudes : la moyenne des températures sous abri est de −20 °C durant l'été austral.
On distingue bien sur l’image la base construite en 1956 et son port, située juste au bord de l’île de Ross. La station abrite trois aéroports, un héliport et une centaine de bâtiments. Elle est dominée par la colline « Observation hill » dont on aperçoit bien la petite caldeira. La station abrite jusqu’à 1200 personnes en été, 200 en hiver. Depuis 2006, la station est reliée à la base antarctique Amundsen-Scott (Pôle Sud) par une route de 1 600 kilomètres de long que l’on distingue sur l’image.
Image du Mont-Erebus prise par un satellite Sentinel-2 le 9 novembre 2019.
On observe la présence d'un lac de lave au fond de son cratère principal.
Mont Erébus
Repères géographiques
Image de la station McMurdo prise par un satellite Pléiades le 8 février 2013
Lorem Ipsum
Le lac et la station Vostok, le lieu le plus froid du monde
Une immensité blanche et glacée traversée par une piste aboutissant à quelques bâtiments couverts de glace et de neige. Nous sommes ici au bout du monde, en plein continent Antarctique au-dessus de la station scientifique russe Vostok. Construite en 1957, c’est la station de recherche la plus isolée du continent : la côte la plus proche se trouve à 1260 kilomètres. En hiver, il est impossible de se rendre à la station. On y accède en été par avion à skis dont on aperçoit bien la piste, longue de 3900 m. Nous sommes ici sur le site le plus froid de la planète : si la température moyenne est de – 55°C, le thermomètre est tombé à – 90°C en juillet 1983, correspondant à l’hiver austral puisque nous sommes dans l’hémisphère sud.
La station Vostok est située sur l’immense inlandsis, à plus de 3 488 m. d’altitude au-dessus d’un immense lac subglaciaire totalement gelé en surface. Celui-ci s’étend sur 16 000 km2 et atteint entre 344 m et 1 000 m. de profondeur selon les sites. Les 4 000 m de glace qui surplombent le lac constituent des archives bioclimatiques exceptionnelles qui couvrent une période de 400 000 ans. C’est pourquoi de nombreuses équipes scientifiques internationales viennent y travailler et prélever des carottes de glace afin d’étudier les évolutions du climat sur une très longue durée. Un enjeu majeur pour étudier les processus de réchauffement climatique qui affectent aujourd’hui le globe.
Image de la station Vostok prise par un satellite Pléiades le 14 février 2012, à deux agrandissements
Vostok
D’autres ressources
Lasserre, Frédéric, Anne Choquet, et Camille Escudé-Joffres. 2021. Géopolitique des pôles : vers une appropriation des espaces polaires ? Paris: Le Cavalier bleu, 185 pages
Contributrice
Camille Escudé, agrégée et docteure, Science Po Paris, membre du GDR Arctique du CNRS ainsi que du Comité National Français de la Recherche Arctique et Antarctique.