Grèce - Athènes, capitale macrocéphale d’une Grèce au passé glorieux, symbole économique et touristique d’un pays

Profondément marquée par des héritages historiques, Athènes et sa région métropolitaine polarise 3,7 millions d’habitants (33,6 % pop. nationale), le pouvoir politique et une large partie du potentiel économique, ce qui explique son caractère macrocéphale. Située dans l’Attique, au sud-est du pays, Athènes est une ville tentaculaire qui n’a cessé de s’étendre jusqu’à la récente crise économique et financière à partir de 2008. Malgré un bilan controversé, les Jeux Olympiques de 2004 ont néanmoins permis de repenser l’urbanisation, les infrastructures de transport et l’organisation interne de cette grande métropole confrontée à un tourisme de masse.

 

Légende de l’image satellite

Cette image d'Athènes, capitale actuelle de la Grèce, a été prise le 29 août 2019 par le satellite Sentinel 2B. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles de résolution native à 10m.

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L'image ci-contre indique quelques repères géographiques de la Grèce.

 

 

 

 

Présentation de l’image globale

Athènes, capitale macrocéphale en mutations

Comme le montre l’image, Athènes se déploie dans un site exceptionnel en position d’abri face à la mer et ceinturée de montagnes. A l’ouest, elle est tournée vers le Golfe Saronique où les îles sont nombreuses, qui rappellent le caractère à la fois maritime et archipélagique du pays. Mais elle est aussi ceinturée de hautes terres. Au nord se déploie le Mont Parnithos, dont on distingue en vert les forêts souvent soumises aux incendies et qui a été largement grignoté par l’urbanisation au fil des années. Tandis que le Mont Ymittos à l’est semble mieux résister en faisant une sorte d’écran vert, très surveillé par les gardes forestiers dans ce climat méditerranéen aux étés parfois torrides.

Athènes apparaît comme une métropole gigantesque qui s’est étalée essentiellement au nord/nord-est et au sud le long du littoral. Si la ville intramuros ne compte que 660 000 habitants, les communes périurbaines n’ont cessé de s’accroître telles Aghia Paraskevi à l’est, entre Parnithos et Ymittos, ou Elefsina (Eleusis) au nord ouest qui font maintenant partie intégrante de l’agglomération athénienne. Les politiques urbaines ont tenté de diriger l’urbanisation vers l’est le long de l’autoroute et du métro menant jusqu’à l’aéroport bien visible à l’est de l’image au milieu de plaine agricole.

Le Golfe Saronique dessine un littoral propice aux activités industrialo-portuaires à l’ouest de l’image et plus balnéaires au sud, ainsi que la côte est baignée par la mer Egée. Trois îles sont à remarquer. Au sud-est, l’île de Makronissos est connue pour avoir été le lieu de « centres de rééducation » des communistes lors de la guerre civile et au-delà ; aujourd’hui désertée, elle a été classée en 1987 pour conserver cette mémoire douloureuse de l’histoire nationale. A l’opposé au sud-ouest se trouve l’île d’Egine, célèbre pour sa production de pistaches et pour la présence du temple d’Aphaïa, demi-sœur d’Apollon et d’Artémis. Enfin, l’île de Salamine au nord-ouest est restée dans les mémoires pour la victoire navale grecque de 480 avant JC contre les Perses. Mais c’est surtout aujourd’hui une extension portuaire et urbaine d’Athènes du fait de sa facilité d’accès.

Montagnes et îles sont le signe d’une tectonique particulière : Athènes et l’Attique sont situées sur la zone de limite entre les plaques eurasienne et africaine, créant ainsi une ligne de faille. C’est pourquoi Athènes est régulièrement soumise à des séismes, le dernier ayant eu lieu en juillet 2019 (épicentre à Elefsina, 5,1 sur l’échelle de Richter, sans comparaison avec le grand séisme de 1999 qui avait fait 143 morts).

Athènes est évidemment le symbole de la création de la démocratie et d’une vision épurée du fameux Vème siècle avant Jésus-Christ. Si les vestiges sont omniprésents dans la ville, Athènes n’en est pas moins l’illustration d’une capitale qui concentre l’essentiel de la population d’un Etat. Sur les presque 11 millions d’habitants en Grèce, 3,7 millions vivent dans la région métropolitaine d’Athènes, même si ce nombre décroît avec les années. Située dans l’Attique, au sud-est du pays, Athènes est une ville tentaculaire qui n’a cessé de s’étendre jusqu’à la récente crise économique et financière à partir de 2008.

L’organisation des Jeux Olympiques de 2004, dont le bilan est controversé, a néanmoins permis de repenser l’urbanisation, les infrastructures de transport et l’organisation interne de cette grande métropole qui est confrontée à un tourisme de masse plus patrimonial que balnéaire. Le port du Pirée, certes lieu des activités industrialo-portuaires et représentatif des difficultés économiques de la capitale, est aussi le point de polarisation des flux à destination des îles grecques, cycladiques notamment, plus propices aux aménités balnéaires et insulaires liées à la Grèce.

 

Zooms d’étude

 

Le centre historique d’Athènes, cœur névralgique de la métropole

 


La colline de l’Acropole et l’hypertrophie de la fonction touristique

Il va de soi que le centre d’Athènes se définit d’abord par la colline de l’Acropole qui reçoit 2,8 millions de visiteurs en 2017, ce qui en fait de loin le monument le plus visité de Grèce, et le célèbre Temple du Parthénon. Joyau touristique hyper visité, cet espace a été totalement piétonnisé entre la station de métro Acropolis, au pied du nouveau musée (1,6 million de visiteurs en 2017) au sud de la colline dont l’architecture se fonde sur un espace prévu pour la récupération des frises des Panathénées (actuellement au British Museum) et la station de métro sur la place Monastiraki au nord.

C’est la réalisation entre 2001 et 2004 d’une opération déjà projetée depuis les années 1970, mais dont l’organisation des JO de 2004 a permis la concrétisation dans le cadre d’une compétition internationale entre métropoles touristiques liée aux grands événements mondiaux. Ainsi, touristes - l’Attique a reçu 4,2 millions d’arrivées en 2018 - et athéniens peuvent déambuler entre la colline Philopappou à l’ouest, la Pnyx (dont on distingue la tribune de rassemblement), l’aéropage (juste devant le temple d’Athéna Nikè), l’agora (au nord de l’Acropole) et le cimetière du Kéramikos plus au nord, tout en pouvant s’arrêter dans les nombreux cafés et tavernes qui bordent cet espace. Le quartier de Monastiraki, au nord de l’Acropole, et celui de Plaka à l’ouest sont les plus touristiques avec des commerces, bars branchés et monuments épars (tour des vents, bibliothèque d’Hadrien, temple de Zeus).

Les lieux du pouvoir d’une ville capitale, organisation sociale et gentrification

Au-delà de ces aspects, l’Acropole organise également les lieux de pouvoirs de la ville actuelle et ce, depuis le plan fondateur de Kleanthis et Schaubert de 1833, sous le règne du roi Othon 1er. Ce plan et les versions successives organisent le centre de la ville selon un triangle place Omonia au nord avec une grande perspective donnant sur l’Acropole (rue Athinas)/place Syngtama (au sud-est) via la rue Stadiou/cimetière du Keramikos (au sud-ouest) via la rue Tsaldaris-Pireos. La rue Ermou, passant par la place Monastiraki, vient fermer ce triangle isocèle.

L’urbanisation gagne ensuite à travers des parallèles à ces grands axes selon un plan plus ou moins hippodamique au nord, beaucoup plus anarchique ailleurs. Cet espace concentre toutes les fonctions centrales : Parlement sur la place Syngtama, marché et halles sur Athinas, universités et musée archéologique (550 000 visiteurs en 2017) un peu plus au nord, sièges de banques, quartier des ambassades à l’est entre Athinas et le mont Lycabette (espace vert juste à l’est). Ce dernier sépare le quartier étudiant, révolutionnaire et alternatif d’Exarcheia, lieu de création de street art et de jardins communautaires, du quartier très bourgeois de Kolonaki où l’on trouve bureaux, magasins et tavernes pour population aisée.


L'image du centre d'Athènes, présentée ci-contre a été prise par un satellite Pleiades le  6 mars 2018.
Il s’agit d’une image en couleur naturelle, de résolution native à 0,70m, ré-échantillonnée à 0,5m.


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Les deux branches du triangle sont continuées côté Syngtama par le parc du Zappeion, autre lieu de pouvoir qui jouxte le « Kalimarmaro », stade panathénaïque antique rénové et bien visible en blanc sur l’image pour accueillir les premiers jeux olympiques modernes de 1896 chers à Coubertin, qui sert de point d’arrivée au marathon d’Athènes tous les ans. Côté Keramikos, dans le prolongement piétonnier de la rue Ermou à l’ouest, s’est déroulée une importante opération de réhabilitation urbaine dans ce quartier anciennement industriel lié à une usine à gaz, dont on voit encore bien les lieux de stockage, transformée en musée (Technopolis) à partir de 1999 : le quartier à la fois culturel et festif de Gazi. C’est le lieu de sortie nocturne de la jeunesse athénienne avec de nombreux bars et discothèques, mais aussi un lieu de culture avec salles de concert, cinéma d’art et d’essai bien desservi par une station de métro.

Gazi est l’un des espaces de gentrification de la ville, mais qui demeure encore mixte socialement. Plus généralement, cette partie centrale d’Athènes allie donc quartiers très populaires, maisons non entretenues et quartiers très cossus séparés simplement de quelques rues en fonction des politiques urbaines et des moyens des habitants. L’arrivée massive de migrants dans la capitale, la Grèce étant une des portes d’entrée de l’Union Européenne via le dangereux fleuve Evros frontière entre la Grèce et la Turquie, peut poser un problème d’image, dans certains quartiers notamment. Il est alors facile de faire des raccourcis qui alimentent le parti politique Aube dorée, parti clairement néo-nazi.

Un carrefour logistique


Cœur névralgique de la capitale, le centre d’Athènes est bien entendu un carrefour de transport. Il est irrigué par trois lignes de métro, deux plutôt est-ouest, l’autre nord/sud. Des connexions sont également réalisées avec le Nord via l’avenue Kifissias permettant de joindre rapidement « périphériques » et autoroute.

Une grande pénétrante routière est/ouest, la Mesogeion, allant de Aghia Paraskevi jusqu’à la proximité du Lycabette, permet les migrations pendulaires entre la banlieue et le centre tandis que l’on distingue encore très nettement les anciens « Longs murs », remparts protégeant la route menant au Pirée dans l’Antiquité, remplacés de l’Acropole vers le port du Pirée par des avenues rectilignes.

 

 



Le Pirée, un nouvel élan portuaire en pleine reconfiguration géopolitique et touristique

Le port du Pirée, arrivée des capitaux chinois et « nouvelles routes de la Soie »

Le port du Pirée (Pireas), à l’ouest du centre donc, canalise bien entendu le trafic de conteneurs et a été très récemment en partie racheté par la compagnie de fret étatique chinoise COSCO à l’Etat grec. Si la prise de capital à hauteur de 67 % s’est établie avec retard en 2016 du fait du gouvernement Tsipras (parti Syriza) qui a tenté de faire reculer l’échéance, la privatisation du port du Pirée a débuté au cœur de la crise en 2009 dans une Grèce alors aux abois. La stratégie chinoise dans le cadre des nouvelles routes de la soie et du concept « One belt, one road » est clairement de propulser le port d’Athènes en tête de pont d’un marché vers l’Europe de l’ouest et centrale.

De fait, 80 % des échanges Chine/Europe se déroulent par cette voie et le port du Pirée est devenu le 2ème port de Méditerranée talonnant celui de Valence en Espagne en 2019 : il est ainsi passé de 0,66 millions de conteneurs en 2009 à 4,9 millions en 2019. Ceci se traduit très clairement dans l’espace par la création d’une nouvelle plateforme de stockage de conteneurs après un investissement d’environ 1 milliard de dollars de COSCO et la relance des chantiers navals de Perama, visibles à l’ouest des nouveaux quais.

Aujourd’hui, la Chine détient 10% des capacités portuaires européennes et le port du Pirée est incontestablement un exemple d’optimisation en augmentant la productivité par travailleur et en précarisant les emplois, qui cependant ont été créés en nombre depuis 2008. Il est intéressant de noter que les autorités archéologiques grecques ont bloqué en avril 2019 un nouveau projet de COSCO d’un montant de 600 millions d’euros qui promeut notamment la construction d’hôtels. C’est un bel exemple de conflit d’usage entre la volonté de diversifier les activités portuaires via le développement d’un tourisme hôtelier et le désir de protection à la fois de vestiges et du littoral.

L’espace portuaire athénien ne se limite pas au commerce de conteneurs, mais s’étend au nord et sur l’ile de Salamine par un port militaire important, et dans la baie d’Elefsina plus nord dans laquelle mouillent en permanence nombre de vraquiers ou tankers. On voit en effet sur l’image les raffineries à l’ouest et à l’est de la baie.

Un nœud de communications maritimes essentiel avec les îles

Le port du Pirée est beaucoup plus connu des athéniens et des touristes par l’immense port de ferries aux darses rectilignes (Kantharos) au sud du port commercial qui permet les liaisons vers les différentes îles grecques, en particulier vers les Cyclades. En effet, les hôtels et terrains de camping ou établissements similaires des îles sud de la mer Egée (hors Crète) ont accueilli 4 millions de touristes étrangers en 2018, ce qui en fait l’un des espaces les plus fréquentés de Grèce.

Mais c’est également le tourisme interne qui est impressionnant puisqu’il concerne 3,6 millions de Grecs pour 5,9 millions de voyages et 10 millions de voitures domestiques transportées en car-ferries en 2017 pour une énorme majorité de séjours dans les résidences personnelles ou familiales : ce type de séjours insulaires restent néanmoins inférieur à l’année 2012, montrant que les effets de la crise se font toujours largement sentir.

Le développement du port de plaisance et réhabilitations urbaines

Le port du Pirée est également constitué de ports de plaisance de formes arrondies (Zéa légèrement au sud et Microlimano à côté) montrant également par la présence d’énormes yachts et de tavernes cossues que les inégalités sont fort présentes à Athènes. L’ensemble est d’ailleurs prolongé par la marina de la baie de Faliro, réaménagée à l’occasion des JO, après des années de friches qui avaient remplacées une plage populaire. C’est en effet à cet endroit que se sont déroulées les épreuves de tae kwon do dans un complexe sportif aujourd’hui transformé en centres d’expositions.

Très récemment dans le cadre d’opérations de réhabilitations urbaines de type Bilbao (à une moindre échelle) avec l’idée d’un waterfront, on distingue au coin sud-est de l’image à la place du centre hippique déplacé à l’occasion des JO de 2004, un centre culturel créé par Renzo Piano avec la fondation Stavros Niarchos comme financeur. Composé de l’opéra national et de la bibliothèque nationale de Grèce avec un immense jardin connecté au sud de la baie, il vient tenter d’établir depuis 2017 une offre ludique, sportive et culturelle dans la compétition internationale des grandes métropoles touristiques.

 



Le littoral sud d’Athènes, un waterfront en gestation

L’ancien aéroport international Ellinikon : un enjeu majeur d’aménagement

Cette volonté de mener de grandioses opérations urbaines et littorales amène à poser la question de la privatisation de l’espace, en particulier du littoral sud d’Athènes. En effet, cette partie sud du littoral athénien a longtemps été occupée par l’ancien aéroport international Ellinikon, bien visible sur l’image. Fermé en 2001 du fait de l’importance croissante des flux et devenu une énorme friche urbaine, il a servi dans sa partie nord momentanément lors des JO de 2004 pour les terrains de base-ball, soft-ball, hockey sur gazon et kayak artificiel dont on distingue encore les traces sur l’image, mais dont on voit également le non entretien, typique des infrastructures sportives post JO de la région d’Athènes.

Malgré tout, l’installation des JO a permis la création d’une ligne de métro et d’une ligne de tramway qui relie le centre d’Athènes à la partie sud le long du front de mer. En 2011, alors que l’Etat grec est soumis à la pression européenne de plans de redressement, la friche de l’aéroport est mise en vente avec ses 3,5 km de linéaire côtier, une marina et les installations sportives pour une surface de 620 ha, soit l’équivalent de Central Park à New-York.

Du fait de sa situation, les enjeux de développement sont énormes et c’est en 2014 que la société Lambda Development (dirigée par un Grec, mais à larges capitaux chinois) a repris le bail du site pour 915 millions d’euros pendant 99 ans, non sans susciter de vastes critiques sur le « bradage » des biens de l’Etat. Le projet grandiloquent de Forster+Partners est de transformer cet espace en vaste complexe hôtelier avec marina et plage de 1 km, galeries commerciales, aquarium, zone d’habitations (plus haute tour d’Europe prévue) et quartier d’affaires avec injection de 7 milliards d’euros.

Une survalorisation des quartiers cossus méridionaux ?

Très clairement, une nouvelle centralité fondée sur une alliance tourisme/loisirs/affaires est promue dans une opération de réhabilitation du front de mer dans un espace de la ville déjà privilégié. C’est en effet cette partie sud qui a bénéficié d’une urbanisation plus cossue avec les quartiers en allant du nord au sud de Glyfada, Voula et Vougliaméni jusqu’à la commune de Vari, qui disposent de plages inégalement privatisées par des tavernes et des bars.

Il est prévu de prolonger le métro jusqu’à Glyfada sans oublier la desserte du golf que l’on distingue au sud de l’ancien aéroport. C’est dans ces quartiers, où l’on trouve discothèques donnant sur la mer avec piscines privées, bouzouki et autres très bons restaurants, que la vie nocturne des Athéniens branchés se déroule notamment l’été. L’urbanisation s’est développée progressivement, bien qu’assez contenue, en s’étendant quelque peu sur la partie sud du mont Ymittos et en densifiant les interstices.

En tous les cas, cette partie d’Athènes, bien que littorale, ne développe pas pour le moment un tourisme balnéaire, autre que pour les populations locales, ce qui explique le projet de transformation de l’opportunité foncière laissée par les friches de l’aéroport. Toutefois, les anciens locaux du complexe olympique abandonné ont été récemment occupés par les populations immigrées arrivées à Athènes, notamment afghanes (4.000 réfugiés en 2016).

 



L’arrière-pays athénien, espace de périurbanisation et de loisirs locaux

Jeux Olympiques et nouveau front d’urbanisation vers l’est

L’organisation des Jeux Olympiques de 2004 a cependant été l’occasion de repenser l’organisation spatiale de la métropole, en tentant de diriger l’urbanisation vers l’est, en passant au nord de l’Ymittos, le long d’une autoroute et d’une ligne de métro reliant la ville au nouvel aéroport Eleftérios Vénizelos, bien visible à l’est de l’image, créées pour l’occasion. L’aéroport est situé dans la large plaine agricole de la région d’Athènes en plein centre de l’image.

On distingue l’autoroute Attiki Odos qui permet de rejoindre la Mesogeion précédemment évoquée dans la commune d’Aghia Paraskevi et de là le centre d’Athènes, longée globalement par la ligne de métro. Mais cette autoroute permet également de contourner le centre-ville par le nord en direction d’Elefsina et plus loin de Corinthe et du Péloponèse, en passant notamment par OAKA, complexe olympique composé de plusieurs piscines et de gymnases et du Mall d’Athènes, ce dernier construit par Lambda Development…

En revanche, l’aéroport constitue un terminus, les infrastructures de transport étant continuée par des routes plus secondaires, mais en très bon état. C’est ainsi que l’on peut rejoindre assez aisément un autre lieu touristique de premier ordre qu’est le cap Sounio à l’extrême sud de l’Attique avec le célèbre temple de Poséidon. Depuis Sounio en allant vers le nord, on peut suivre le littoral et trouver un chapelet de petites criques jusqu’au port de Lavrio, ancien lieu des mines du Laurion qui ont également fait la richesse de l’Athènes antique. Ce port permet une desserte des îles les plus proches d’Athènes, telles Kéa. Si l’on poursuit le trait de côte vers le nord, on trouve des petites criques ou baies plus fréquentées par les Athéniens ou les habitants des villes de la plaine, notamment les week-ends.

Périurbanisation des marges rurales et agricoles et loisirs locaux

Celles situées au droit de l’aéroport et plus au nord sont les plus fréquentées car les mieux desservies et les plus proches des zones qui se sont urbanisées récemment. En effet, la connexion déjà évoquée de l’autoroute Attiki Odos avec la Mesogeion au niveau de Aghia Paraskevi est également connectée à la route qui mène jusqu’à Marathon : la Marathonas permet ainsi de doubler plus au nord l’autoroute. Ainsi le long de cette voie de nombreuses villes ont gagné en habitants constituant la périurbanisation large d’Athènes et le cœur des migrations pendulaires, ce d’autant plus dans un pays en crise que cette route est gratuite. La Marathonas permet ainsi de desservir le port de Rafina, visible au nord-est de l’aéroport qui dessert certaines iles cycladiques, comme la célèbre Mykonos. Au sud de ce port se situe la grande plage de Loutsa, très prisée des Athéniens le week-end.

Si l’on prolonge jusqu’au nord de la photo, on découvre une large baie à proximité du mausolée de Marathon qui est le cadre d’une des plus belles plages de la zone : Schinias, plage de sable fin et de pins parasols, là encore lieu de détente et de loisirs les week-ends et l’été. C’est aussi la fin de la route aménagée puisqu’elle permettait de desservir le bassin d’aviron et de kayak en ligne des JO de 2004. Le trajet Marathon/stade Kalimarmaro est le parcours du célèbre « marathon » organisés tous les mois de novembre et qui regroupe plusieurs dizaines de milliers de participants.

C’est aussi l’occasion de traverser de l’arrière-pays athénien composé essentiellement de quelques villes de l’aire métropolitaine qui concentrent commerces de proximité et zones d’activités inégalement performantes (Markopoulo, Spata, …) et de champs cultivés pour le maraîchage, mais surtout d’oliviers (l’arbre sacré et protégé de la Grèce) et de vignes qui produisent un vin qui peut être gouteux. Bien entendu, la spéculation foncière des années 1980 a considérablement laissé la place à des terrains constructibles, même si la présence d’oliviers a grandement limité l’urbanisation. Dans les années 2010, des parcelles ont laissé place à des champs de panneaux photovoltaïques, mais il semble que le mouvement se soit arrêté.

Les nouvelles dynamiques métropolitaines d’une métropole en mutation

L’aire urbaine d’Athènes est donc aujourd’hui soumise à des influences contradictoires et révélatrices de la mondialisation. En pleine crise économique, elle a été obligée de se reconfigurer, par des privatisations, pour relancer l’activité économique portuaire et se hisser à la 2ème place de la Méditerranée au prix d’une aliénation à une entreprise chinoise. Le tourisme de cette métropole est hyper mondialisé par l’origine et le nombre de visiteurs, mais pour un tourisme essentiellement culturel. Il est cependant aussi très local pour le tourisme balnéaire étant principalement le fait des populations vivant sur place. Athènes est bien souvent traversée au profit des îles cycladiques dont le point de départ sont les ports du Pirée ou de la côte est.

Comme bien des métropoles dans le monde, Athènes cherche donc à capter ce tourisme ludique en projetant une gigantesque opération de waterfront, mais là encore en dépendance d’un consortium dans lequel les capitaux chinois sont très présents. La crise de 2008 a freiné toutes les ambitions et l’urbanisation de cette gigantesque métropole : cela a cependant permis une nette baisse de la pollution grâce à la piétonnisation du centre, mais aussi au coût du pétrole qui rend pour beaucoup prohibitif l’usage de la voiture et des chaudières au fioul.

 

Documents complémentaires

Atlas social de la capitale

Site statistique

Référence plan Kleanthis et Schaubert :
Successional segregation in Gerani, Athens. Unpacking the spatial structure of an immigrant quarter - Scientific Figure on ResearchGate. Available from: https://www.researchgate.net/figure/Kleanthes-and-Schaubert-plan-for-At… [accessed 27 Sep, 2019]

Les sites des Jeux Olympiques de 2004 à Athènes 

Contributeur

Guillaume Jacono, IA-IPR histoire-géographie, académie de Rouen.