15 Janvier 2021

[Vendée Globe 2020] Les sensations de la e-course au large

Journal de bord #8 – Vanessa Lambert, Chloé Jan, Pauline Delande, e-navigatrices

Tout au long du Vendée Globe, des femmes livrent leur journal de bord en lien avec la course légendaire. Huitième et dernier épisode de notre série avec Vanessa Lambert, Chloé Jan et Pauline Delande, qui suivent la course et y participent virtuellement sur le jeu Virtual Regatta.

Vanessa

Aujourd’hui 15 janvier. Déjà 68 jours de course, l’avant-garde de la flotte progresse à vive allure le long des côtes sud-américaines. J’ai enfin passé le Cap Horn, et attaqué à mon tour la grande remontée vers le nord. Dans les premiers jours de course, j’ai essayé de suivre François Gabart mais c’était peine perdue, il n’a pas tardé à me laisser sur place. Ce n’est pas très grave, je navigue au sein d’un groupe solidaire, où la concurrence est saine : on ne se connaît pas mais tout le monde s’encourage ! 

C’est mon 3e Vendée Globe, enfin presque. Contrairement aux 33 skippeurs officiellement engagés, je le cours depuis mon canapé, sur le jeu vidéo Virtual Regatta. Le parcours est le même que celui de la vraie course, mais en version confort, sans risque de casse. On y croise même quelques pointures de la course au large, comme Loïck Peyron et Armel Le Cléac’h. J’aime l’environnement réaliste, les vues en 3 dimensions qui donnent l’impression d’être vraiment dans le bateau. Comme joueuse, il faut être à l’affût, surveiller la force et la direction du vent, régler ses voiles et choisir chaque jour le meilleur tracé. Cette année, j’ai choisi de mettre mon bateau aux couleurs de Charlie Dalin : je croise les doigts pour lui, mais à l’heure où j’écris, il fait partie du trio de tête, dans un mouchoir de poche.

Cette manière de vivre la course est passionnante. On se rend compte de toutes les contraintes qui pèsent sur les skippers, tous ces paramètres qu’ils ne maîtrisent pas et qui peuvent changer très vite, comme les tempêtes ou les zones de glace. On peut aussi les suivre en temps réel, cela crée un lien avec eux. Pour les autres éditions, j’étais moins assidue, mais cette année, je n’ai pas raté un jour de course : je me connecte tous les matins pour voir où en est mon bateau et regarder le classement de la vraie course. 

 C’est fantastique de pouvoir vivre le Vendée Globe par procuration. Même si on a un skipper favori, ils sont tous fascinants, et on s’en rend encore plus compte en suivant leur parcours au plus près.

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Crédits : Virtual Regatta

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Vanessa Lambert Crédits : Vanessa Lambert

Chloé

Je suis aussi sur le chemin du retour, encore un peu loin mais je prévois de passer la ligne d’arrivée début février ! Pour moi, Virtual Regatta, représente d’abord une occupation professionnelle, puisque mon métier consiste à concevoir l’univers visuel 2D et 3D du jeu. Je recrée les paysages dans lesquels évoluent les joueurs, à partir de photos et d’images satellite, mais aussi les bateaux, qui sont les mêmes que dans la vraie course. L’ambiance doit être à la fois réaliste et esthétique. 

Je joue donc beaucoup, pour faire des tests, avant de soumettre le graphisme aux développeurs. Mais il m’arrive souvent, le soir ou le week-end, de me connecter par plaisir pour faire évoluer mon bateau. Le côté communautaire est vraiment intéressant : les joueurs se donnent des conseils, ou tout simplement aiment se rencontrer. Dans le jeu comme dans la vraie course, on retrouve ce même côté humain qui caractérise le monde de la voile et des navigateurs. C’est une communauté qui est sympathique à tous les échelons. Je n’ai jamais navigué, mais ce mélange de sport et de contact avec la nature me donne envie, et j’espère bien me faire ma propre expérience. Et à force de reproduire les bateaux, je commence à savoir comment les faire avancer correctement, au moins en théorie !

Evidemment, je suis la course sur l’eau. C’est passionnant de voir comment l’univers réel et l’univers virtuel se répondent. Notamment grâce aux applications spatiales, le jeu évolue en fonction de la vraie vie et se plie à la vraie vie. Cette dimension là est essentielle. Le fait qu’il y ait 6 femmes cette année me touche évidemment. Là aussi, c’est comme dans les jeux vidéo, il y a de plus en plus de femmes et c’est vraiment un bon point. 

 Dans des milieux aussi masculins que la voile ou les jeux vidéo, il est bon que les femmes se disent : “je vais le faire, et tant pis si ça ne se fait pas ! "

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Chloé Jan Crédits : Chloé Jan

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Pauline Delande Crédits : CNES

Pauline Delande, une ingénieure du CNES dans la course

Ingénieure bord pour les satellites d’observation de la Terre, Pauline Delande suit le Vendée Globe au travers de la régate virtuelle.

« C’est ma première expérience de skippeuse virtuelle. Au départ, je me suis inscrite pour le côté communautaire, pour partager le jeu avec des membres de ma famille. Cela permet de suivre le Vendée Globe en ayant l’impression d’y participer : on passe au même endroit que les skippers, on reste en lien avec les événements de course en temps réel, on a accès à leurs journaux de bord… Cette année, cela me donne envie de m’intéresser plus que d’habitude à la course, d’autant plus qu’il y a de nombreux rebondissements. Je m’attache à des personnes, à des histoires, je m’identifie à des skippers plutôt qu’à d’autres, notamment aux skippeuses qui peuvent inspirer les nouvelles générations. Je sais que le lien avec le spatial, et notamment les satellites est fort, mais j’avoue que quand je joue, je n’y pense pas du tout ! »

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notre série est à présent terminée

Mais n'hésitez pas à la (re)découvrir dans son intégralité sur cette page.

RDV sur la ligne d'arrivée et ensuite pour la prochaine édition !