5 Juin 2019

CNES, l’environnement en actes

Pour le CNES, qui se positionne comme l’agence spatiale du climat, la protection de l’environnement se situe au cœur de ses préoccupations : au sein même des missions spatiales dont la France est partie prenante, mais également au cœur des activités quotidiennes des 4 centres d’excellence du CNES. Son but ? Améliorer ses pratiques et limiter les impacts de ses activités sur le monde qui nous entoure.

 

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La forêt Amazonienne vue par Venµs Crédits : CNES 2018

L’évidence d’une prise de conscience

 Par ses activités spatiales, le CNES est naturellement amené à s’intéresser aux enjeux environnementaux. L’espace fournit en effet la plupart des outils indispensables pour observer et mesurer le changement climatique et ses impacts sur l’environnement.

Alors que ces questions sont devenues centrales au niveau mondial, cette expertise donne au CNES une responsabilité particulière dans la manière de mener ses activités, explique Anne Serfass-Denis, responsable environnement au CNES :

 Il y a une cohérence à décliner cette sensibilité environnementale liée à nos missions dans nos pratiques au quotidien, que ce soit pour le développement de nos projets ou pour la gestion de nos établissements et de nos processus

Depuis une dizaine d’années, le CNES s’est engagé dans une démarche volontaire de certification environnementale ISO 14001 qui s’applique à l’ensemble de ses activités. La volonté de disposer d’un système de management environnemental performant, combinée au renforcement du Code de l’environnement et à la volonté d’exemplarité exprimée par les pouvoirs publics, a conduit le CNES à formaliser une stratégie plus globale.

  • La politique environnement du CNES se structure ainsi autour de 3 piliers :
  • Contribuer à la protection de l’environnement et à la lutte contre le changement climatique avec ses missions spatiales
  • Intégrer la dimension environnementale dans la conception et l’exploitation des systèmes spatiaux
  • Diminuer les émissions de gaz à effet de serre de ses installations et ses consommations de ressources naturelles.

Le rôle de vigie des missions spatiales

L’environnement est une thématique majeure de l’activité du CNES. Une partie importante des missions spatiales a pour objet la surveillance de paramètres climatiques. C’est le cas par exemple des programmes d’observation de la Terre Pléiades, des satellites d’altimétrie Jason et à partir de 2021 de la mission franco américaine SWOT.

Un chiffre résume l’importance du spatial : sur les 50 variables climatiques essentielles, 26 sont mesurées depuis l’espace. Toutes ces données sont essentielles pour analyser et comprendre les phénomènes en cours et constituent une aide à la décision pour les acteurs publics et privés

La lutte contre le changement climatique est au centre de notre action depuis la COP 21 en 2015.

Jean-Yves Le Gall, président du CNES

 Cette conférence a donné le signal à de nouvelles initiatives renforçant la coopération internationale :

Le projet MicroCarb, mené en partenariat avec le Royaume-Uni, permettra à partir de 2020 de cartographier les émissions de CO2.

Le CNES développe également avec l’agence spatiale allemande le projet Merlin qui étudiera le méthane atmosphérique à l’horizon 2021.

Le CNES est aussi l’un des initiateurs et un acteur majeur de l’Observatoire Spatial du Climat, qui a vu le jour dans la foulée du One Planet Summit réuni en 2017 à Paris. Ce hub mondial réunissant de nombreuses agences spatiales a pour but de mutualiser les données spatiales relatives au changement climatique et à ses impacts et de les partager avec les scientifiques, pour aider les territoires à construire leur réponse.

Des projets spatiaux de plus en plus éco-conçus

La prise en compte des impacts environnementaux des projets spatiaux (lanceurs, satellites, instruments) est une préoccupation plus récente mais aujourd’hui fondamentale.

Sur ce deuxième pilier de sa politique environnementale, le CNES a engagé une démarche d’analyse du cycle de vie des projets spatiaux afin de déterminer les aspects environnementaux significatifs sur lesquels il faut porter les efforts.

L’étude de l’impact des lancements d’Ariane 5 avait par exemple mis en évidence une problématique de gestion des eaux. Celle-ci a été prise en compte dans la conception de l’ensemble de lancement d’Ariane 6 par la construction d’une station d’épuration permettant d’optimiser le traitement des eaux polluées.

Pour les satellites, le CNES a modélisé un projet orbital type qui permet d’agir sur les principales sources d’impacts environnementaux.

Les résultats des analyses de cycle de vie sont très intéressants et parfois contre-intuitifs. Dans le cas des lanceurs, par exemple, la phase de développement amont a plus d’impact en termes d’émissions de carbone que le lancement à proprement parler.

Anne Serfass-Denis, responsable environnement au CNES

Cette approche est indissociable d’une démarche d’éco-conception des projets spatiaux, qui se traduit notamment par une politique d’achats durables.

« L’éco-conception s’applique à toute la chaîne qui va de l’extraction des matières premières jusqu’à la fin de vie des matériaux, en passant par la limitation des déplacements. Cela nous oblige à nous demander d’où viennent les matériaux qui servent à la fabrication des satellites, comment ils sont produits, dans quelles conditions et avec quels impacts environnementaux locaux », poursuit Anne Serfass-Denis.

Le CNES travaille enfin activement à la mise au point de matériaux plus vertueux dans le cadre de projets de recherche et technologie. Des études sont notamment en cours pour développer des ergols verts pour la propulsion des satellites, ou encore pour remplacer l’hélium des ballons atmosphériques par de l’hydrogène renouvelable.

Enfin, la Loi sur les Opérations Spatiales complète le dispositif en visant à préserver les orbites utiles avec une gestion maîtrisée des débris.

Une gestion volontariste des établissements

L’action environnementale sur les différents sites du CNES a pour ambition principale de réduire les émissions de gaz à effet de serre et les consommations de ressources naturelles.

Des objectifs de performance énergétique des bâtiments existent :

  •  à partir de 2020, tous les bâtiments rénovés devront atteindre la classe énergétique B et tous les nouveaux bâtiments livrés seront à énergie positive.
  • atteindre 20% de sources d’énergie renouvelables (photovoltaïque, biomasse) dans la consommation totale des établissements,
  • réduire les émissions de CO2 liées aux déplacements professionnels,
  • réduire et valoriser au maximum les déchets générés sur les sites.

Pour atteindre ces objectifs, l’ensemble des directions est partie prenante. La transformation numérique du CNES, la dématérialisation des actes contractuels, le développement des outils de travail à distance (visioconférences, télétravail) pour limiter les déplacements commencent à porter leurs fruits. En 10 ans, entre 2008 et 2018, le volume de pages imprimées a par exemple été divisé par 2.

Ce volet mobilise fortement les 2 500 salariés du CNES, régulièrement sensibilisés et incités à adopter un ensemble d’écogestes pour réduire les impacts de leur activité professionnelle au quotidien.Selon les centres : mise en place de plans de mobilité, prise en charge quasi totale des abonnements de transports en commun, indemnité kilométrique vélo, encouragement au tri par l’installation de points d’apport volontaire, les leviers ne manquent pas pour agir sur les impacts.

En Guyane, des lanceurs et des fauves

Lors du renouvellement de la certification environnementale ISO 14001 du CNES, fin 2018, l’organisme certificateur AFNOR a souligné parmi ses points forts l’approche liée à la biodiversité en Guyane et la conduite du chantier de l’Ensemble de lancement 4 (ELA4) pour Ariane 6.

De fait, le CNES s’attache à limiter les impacts environnementaux des lancements. Chaque tir s’accompagne d’un plan de mesures environnement qui permet de mesurer les retombées atmosphériques pour les écosystèmes proches et lointains.

Ces analyses allient modélisation informatique, mesures de terrain mais aussi bio-indicateurs qui permettent de mesurer les effets sur la faune aquatique, la végétation et les eaux de surface. Récemment, le CNES a installé des ruches pour étudier la qualité de l’air à proximité des pas de tir.

Qu’indiquent ces différentes mesures ? Que l’impact de l’activité spatiale est maîtrisé. Pour impressionnant qu’il soit d’un point de vue visuel, le nuage de combustion qui se forme lors du décollage des lanceurs, n’a pas de retombées au-delà d’un rayon de 1 kilomètre.

Le Centre Spatial Guyanais constitue même une réserve de biodiversité de 700 km2, exceptionnellement préservée du fait des mesures de protection liées à la sécurisation du site. D’accès limité, interdit à la chasse, il accueille une faune et une flore abondante, ce qui en fait un site d’intérêt scientifique majeur.

L’Office national de la chasse et de la faune sauvage y mène des études sur les grands mammifères terrestres qui y vivent, comme le jaguar et le pécari.

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Le Centre spatial guyanais, une réserve de biodiversité de 700 km2. Crédits : CNES/ESA/Arianespace/DAGOIS Jean-René