8 Juillet 2022

L’aventure ArianeWorks s’achève sur un bilan remarquable

La plateforme d’innovation ArianeWorks lancée par le CNES et ArianeGroup termine sa mission après 3 années intenses. Mobilisée pour accélérer le prototype d’étage réutilisable Themis, elle a permis de mettre le projet sur les rails et de multiplier les expérimentations.
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Vue d'artiste du démonstrateur Themis, premier étage bas coût et réutilisable. Crédits : CNES/RealDream

3 ans, 5 partenaires, 25 projets

Clap de fin pour l’aventure ArianeWorks. Après 3 années denses, la plateforme d’innovation conjointe du CNES et ArianeGroup a clôturé ses activités en juin 2022. ”Pour toute l’équipe, ArianeWorks fut une aventure atypique et formidablement stimulante, confie Jérôme Vila, directeur d’ArianeWorks. Un objectif concret, une liberté exceptionnelle, une organisation simple…tout cela nous a permis de donner le meilleur de nous-même, de mobiliser autour de nous différemment et de faire de cette parenthèse – au-delà des objectifs opérationnels – une magnifique aventure humaine.” Les 14 membres de l’équipe ArianeWorks peuvent s’enorgueillir d’un palmarès de 25 projets réalisés en collaboration avec 5 partenaires (l’Onera, ADF, SABCA, APCO et RUAG Space) et coordonnés avec l’ESA.

Le projet Themis, un démonstrateur d’un premier étage de fusée bas coût et réutilisable, est un maillon essentiel des futurs lanceurs européens. Grâce à ArianeWorks, de nombreuses briques technologiques constituant ce premier étage ont pu franchir les étapes jusqu’à la démonstration matérielle. Il multiplie les activités et essais au sein de projets ESA, France Relance et bientôt Union Européenne. Citons le robot semi-autonome, destiné à sécuriser l’étage réutilisable à son retour sur terre en assurant sa vidange. Il a déjà démontré une première capacité sur un prototype de réservoir. Autre exemple : le succès des campagnes cryotechniques remplissage/pressurisation/vidange menées en 2020 et 2021 sur deux réservoirs-tests. Elles ont permis de caractériser les opérations en méthane et de valider le bon comportement avant d’envisager des essais moteur. De sa conception jusqu’à l’essai, un vérin amortisseur – destiné à absorber l’énergie considérable encaissée par les jambes d’atterrissage de Themis – ouvre pour sa part la voie à de nouvelles perspectives d’amélioration de l’architecture.

Au retour de l’étage réutilisable Themis, un robot semi-autonome est le premier à s’en approcher pour assurer sa vidange avant le déploiement d’opérateurs.

Avec ArianeWorks, l'objectif initial d'ArianeGroup et du CNES était clair : accélérer la feuille de route européenne sur la mise au point de fusées réutilisables. ”Concrètement, l’enjeu pour notre équipe fut de parier sur les projets les plus prometteurs et les accélérer pour qu’ils intègrent de plus gros projets”, témoigne Jérôme Vila. La plateforme d’innovation a pleinement rempli sa mission en réduisant les délais entre les idées et leur concrétisation, et en jouant le rôle de catalyseur pour l’écosystème industriel européen. ”Nous avons démarré sur une ancienne zone Ariane 1 désactivée sur le site ArianeGroup de Vernon… Aujourd’hui, le projet Themis multiplie les essais sur deux installations permettant des tests échelle 1 et en ergols réelss’enthousiasme Jérôme Vila. Nous avons passé progressivement le relais à l’équipe industrielle d’ArianeGroup, au titre de maître d'oeuvre, une étape fondamentale pour la continuité du projet. »

Une MÉTHODE DE TRAVAIL ORIGINALE ... ET EFFICACE

Le bilan de cette expérience inédite ? Une franche réussite, à tel point que les équipes du CNES et ArianeGroup envisagent de réitérer la formule sur une autre thématique. ArianeWorks a aussi permis de renforcer les liens de confiance entre les différents partenaires industriels et avec l’Agence spatiale européenne. Selon Jérôme Vila, la clé de ce succès repose sur l’originalité de la méthode de travail.

J’ai retrouvé la même dynamique qu’au début d’Ariane 5 : une vision commune, des collaborations en toute transparence et un minimum de frontières organisationnelles.

ArianeWorks a été notamment l’occasion de tester la méthode agile, aujourd’hui déployée plus largement chez ArianeGroup. 

L’un des leitmotiv d’ArianeWorks – accélérer – pousse à prendre des risques. En contrepartie, le projet a essuyé quelques échecs. ”Certaines idées se sont révélées non pertinentes, mais nous avons essuyé un ratio classique de 20 % d’échecs pour 80 % de réussites”, précise Jérôme Vila. Autre regret : face à l’engouement de la communauté industrielle pour le projet, les partenariats ont été limités pour assurer une gestion de qualité. ”Mais d’un autre côté, cet engouement prouve le désir de notre communauté à préparer le futur d’Ariane en co-construction !”, s’enthousiasme Jérôme Vila.

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Equipe projet ArianeWorks Crédits : © CNES/GODEFROY Sébastien, 2019

L'équipe d'ArianeWorks est composée de 14 membres, issus à part égale du CNES et d'ArianeGroup. Crédits : CNES/GODEFROY Sébastien, 2019.

Et le futur s’annonce dynamique. Le projet Themis, un programme de l'ESA, est au programme de la conférence ministérielle de l’Agence spatiale européenne prévue à l’automne 2022, et le premier vol d’essai devrait se tenir en Suède à l’été 2023 dans le cadre du projet Salto sous la responsabilité d'ArianeGroup. Les technologies et les solutions développées au sein d’ArianeWorks seront par ailleurs probablement valorisées par la start-up MaiaSpace, qui vise à développer un mini lanceur réutilisable avant 2026. Un premier pas de géant grâce à ArianeWorks, mais surtout un grand pas pour les futurs lanceurs réutilisables en Europe.



Illustration de Themis, futur démonstrateur d'un premier étage de lanceur réutilisable. Crédits : CNES/REAL DREAM, 2021.