13 Décembre 2017

[Climat] S’adapter aux changements grâce au spatial

Optique, radar, altimétrie, géolocalisation : les technologies spatiales apportent les solutions les plus efficaces, non seulement pour mesurer les changements climatiques, mais aussi pour aider les humains à adapter leurs comportements.
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Vue aérienne de mangrove en Guyane Crédits : Christophe Proisy / IRD-UMR AMAP.

En matière de changement climatique, les technologies spatiales ont apporté depuis longtemps la preuve de leur efficacité diagnostique : sur les 50 variables essentielles du climat, 26 sont en effet observables uniquement depuis l’espace. Mais l’apport du spatial va plus loin. D’abord, en offrant des outils de contrôle et de suivi des mesures d’adaptation.

L'exemple des mangroves est ici emblématique : ces écosystèmes côtiers tropicaux jouent un rôle important dans la lutte contre le réchauffement et ses conséquences, à la fois parce qu’ils captent de grandes quantités de carbone, parce qu’ils forment un rempart contre la montée des eaux et contre les phénomènes extrêmes et parce qu’ils freinent la salinisation des terres. Pour suivre leur état de santé et les protéger, CLS a livré au gouvernement indonésien un centre d’océanographie opérationnelle utilisant des images satellites optiques haute résolution.

Des outils de bonne gouvernance

Autre illustration, les satellites peuvent apporter des outils d’aide à la décision politique pour les questions environnementales et la gestion des ressources au niveau des Etats, voire au niveau interétatique. « Dans la gestion de l’eau, par exemple, à partir de 2021 la mission SWOT co-développée par le CNES et la NASA avec la participation des agences spatiales canadienne et britannique, mesurera la hauteur des fleuves, des lacs et des réservoirs à l’échelle globale », explique Juliette Lambin, responsable du programme Terre-Environnement-Climat du CNES.

SWOT sera révolutionnaire pour quantifier et cartographier ce qui se passe sur des bassins hydrologiques peu équipés comme l’Amazone, et encore plus dans les grands bassins transfrontaliers comme le Gange-Brahmapoutre, ainsi qu’au Moyen-Orient où les Etats ne s’échangent pas les données entre eux et où l’accès à l’eau est source de conflit.

Même si ce n’est pas l’objectif premier de SWOT, qui est avant tout scientifique, cela changera la donne dans des proportions que l’on a du mal à imaginer aujourd’hui.

Crucial pour la gestion des crises en urgence

Au-delà de cet aspect de suivi systématique et dans la durée, le spatial joue un rôle plus directement opérationnel dans le cas d’événements extrêmes.

A court terme d’abord, pour gérer les situations d’urgence, lorsque se produisent des événements extrêmes tels que des cyclones et ouragans ou des inondations dévastatrices.

« Sur cet enjeu particulier, lors de l’émergence d’un cyclone ou ouragan, la flotte des satellites météorologiques mesure l’intensité et l’évolution des phénomènes et donne une capacité de prédiction pour les zones menacées. On mobilise également la Charte internationale « Espace et catastrophes majeures » (partenariat entre 17 agences spatiales à l’initiative du CNES et de l’ESA, ndlr) pour mettre à disposition des secours locaux des images satellites optiques et radar, suivre en temps réel la situation et évaluer les dégâts dans les zones sinistrées », détaille Juliette Lambin.

La géolocalisation, enfin, qui permet de déployer l’aide d’urgence le plus efficacement possible au plus près des besoins. Novacom Services, filiale de CLS, a ainsi mis à la disposition d’organismes humanitaires comme l’UNHCR et la Croix-Rouge un service de gestion de flotte de véhicules humanitaires.

Réduire l’empreinte des activités humaines

A plus long terme enfin, les technologies spatiales contribuent à la meilleure performance énergétique des activités humaines. Dans le domaine du transport maritime, l’utilisation de l’altimétrie et la définition des courants rend possible l’optimisation des trajectoires des bateaux en les aiguillant vers des courants porteurs. Sur une liaison trans-Pacifique, le routage altimétrique développé par CLS peut ainsi faire économiser jusqu’à 40 tonnes de carburant par trajet.

Autre utilisation dans la production d’énergies vertes : les mesures de vent en mer obtenues grâce aux satellites radar peuvent donner des indications précieuses pour choisir les sites les plus adaptés à l’implantation d’un champ d’éoliennes en mer.

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Porte-conteneurs en mer © iStock

Le rôle du CNES

Dans le champ de l’adaptation au changement climatique, le CNES pilote les programmes de recherche et apporte sa vision long terme pour développer, en partenariat avec les autres agences spatiales, les programmes d’infrastructures nécessaires. Le programme d’accompagnement aval contribue ensuite à l’accessibilité des données et à l’émergence des nouveaux usages à partir de la flotte de satellites.

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