11 Novembre 2015

Evénements climatiques extrêmes : une réalité pour la charte

Inondations, tempêtes, cyclones... Les déchaînements climatiques sont responsables de 84 % des activations de la Charte internationale "Espace et catastrophes majeures" en 2014. Ce pourcentage ne risque-t-il pas d'augmenter si aucun accord ambitieux n'est conclu lors de la COP21 ? 3 questions à Claire Tinel, représentante du CNES auprès de la Charte.
Il y a 15 ans, le 11 novembre 2000, la Slovénie activait pour la 1re fois la Charte en raison d'un glissement de terrain. Observez-vous depuis une augmentation des activations liées aux catastrophes climatiques ? 

Claire Tinel : Depuis 3 ans, les événements hydro-météorologiques (pluies intenses, tornades, ouragans,…) représentent plus de 80 % des activations de la Charte : 85 % en 2012, 84 % en 2013, 84 % 2014. Entre 2005 et 2010, ce pourcentage était en moyenne de 75 %.

Pourtant, depuis 2007, le nombre d'activations de la Charte est assez stable, autour de 40 par an. Pourquoi n'a-t-il pas augmenté avec la multiplication des événements climatiques extrêmes ?

CT : C'est que la Charte a "fait des petits" ! Des organisations parallèles se sont montées par exemple en Asie avec "Sentinel Asia" ou en Europe avec "EMS Copernicus". Ces organisations reposent respectivement sur des satellites asiatiques ou européens. Un accord conclu entre la Charte et Sentinel Asia en 2008 permet à cette dernière de nous solliciter lorsque l’ampleur des catastrophes requiert des images satellites supplémentaires.

Entre 2009 et 2014, la Charte a été activée 14 fois sur les 15 catastrophes les plus meurtrières.

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Claire Tinel. Crédits : CNES/Jean-Pierre Courbaize, 2015.

Entre 2007 et 2014, la Charte a été sollicitée pour 1 pays sur 2 en raison d'événements climatiques.

 

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Entre 2007 et 2014, la Charte a été déclenchée 270 fois pour 90 pays différents en raison d'événements hydro-météorologiques (inondations, ouragans, tornade, glissements de terrain dus à des pluies intenses, chutes de neige...). Crédits : International Charter Space & Major Disasters.

Les satellites français et européens sont-ils souvent mis à contribution ?

CT : En 2014, un quart des cartes de situation ou de dégâts (36 produits sur 155 exactement) ont été réalisées à partir d'images acquises par nos satellites Pléiades. C’est le satellite optique qui a contribué  au plus grand nombre de produits utiles. Du côté des radars, c’est le satellite allemand TerraSAR-X qui l’emporte. Quant aux satellites européens Sentinel-1A, dans la Charte depuis 2015, et Sentinel-2A qui la rejoindra en 2016, leur intérêt réside dans leur mode d'acquisition automatique. En effet, en plus de fournir des images de crise, ils permettent de constituer une base de données d'archives récentes, utilisées en comparaison avec les images de crise. Ces archives, dites images de référence, sont également très importantes pour l’élaboration des produits de crises.

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En 2014, l'activation de la Charte a permis d'identifier les habitations englouties sous un gigantesque glissement de terrain en Indonésie. Crédits : International Charter Space & Major Disasters.

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La Charte, une entraide internationale venant de l'espace

La Charte internationale  "Espace et catastrophes majeures" a été créée par le CNES, l'ESA et l'agence spatiale canadienne en novembre 2000. Son objectif est de fournir de l'information satellite pour appuyer les efforts humanitaires sur le terrain lors de situations d’urgences. Elle compte 15 agences membres et a été activée 479 fois pour 115 pays différents à la date du 10 novembre 2015. Elle repose aujourd'hui sur 41 satellites actifs : 16 satellites optiques à haute et très haute résolution, 18 satellites optiques à moyenne et basse résolution et 7 satellites radar. 

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