27 Juin 2019

[Catastrophes] Un suivi satellitaire dans la durée

Après la phase d’urgence, les outils spatiaux apportent une aide essentielle pour évaluer les dégâts et accompagner la reconstruction. Dans ce domaine aussi, un mécanisme de coopération internationale est en cours d’élaboration.
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Inondations au Texas après l'ouragan Harvey en 2017 Crédits : Karl Spencer / iStock / Getty Images Plus

Depuis bientôt 20 ans, l’imagerie satellitaire est devenue incontournable en cas de catastrophe naturelle ou de crise humanitaire d’ampleur, au travers notamment de la Charte internationale « Espace et catastrophes majeures ». Mais passé la phase d’urgence immédiate, le spatial est tout aussi pertinent dans la gestion des situations post-crise, pour évaluer les dégâts et planifier la reconstruction. 

Une information exhaustive et remise à jour

Par exemple, après le passage de l’ouragan Irma à Saint-Barthélemy et Saint-Martin, en 2017, ou lors des inondations qui ont touché l’Aude fin 2018, le CNES a mis ses moyens satellitaires à la disposition des pouvoirs publics.

« Nous avons programmé Pléiades de façon intensive et accompagné la Délégation interministérielle à la reconstruction pour activer le programme européen Copernicus Emergency Risk and Recovery Mapping. Cela a permis d’obtenir une information exhaustive, globale, remise à jour très régulièrement, sur l’avancement des travaux de reconstruction », explique Hélène de Boissezon, responsable du projet de Recovery Observatory au CNES.

Coopération internationale en phase de post-crise

Au sein du CEOS (Committee for Earth Observation Satellite), organisme international regroupant 62 agences spatiales, le groupe de travail Disasters a pour objectif de renforcer les contributions de l'observation de la Terre par satellite aux diverses phases de la gestion des risques de catastrophe. Le projet de Recovery Observatory, centré sur les phases de retour à la normale et reconstruction, a vu le jour sous l’impulsion et le leadership CNES, avec la participation des agences spatiales italienne, allemande, NASA et NOAA, de Copernicus Emergency, et en lien avec les grands bailleurs de fonds impliqués dans les phases de reconstruction (Banque mondiale, Nations unies, Union européenne).

Un projet pilote à Haïti

Un prototype en situation réelle est expérimenté depuis 2017 à Haïti sur la gestion des suites de l’ouragan Matthew dans les zones les plus touchées du pays. 

« En fonction des demandes exprimés par les autorités haïtiennes, le Recovery Observatory met à disposition les données satellitaires et les produits dérivés permettant de suivre l’évolution de la situation dans la durée. Nous assurons aussi un renforcement des capacités haïtiennes afin qu’Haïti puisse à terme produire ces informations de façon autonome », détaille Hélène de Boissezon. 

Parmi les produits thématiques fournis par le Recovery Observatory, figurent des cartes d’évolution du bâti et d’occupation des sols, le suivi de la remise en état des zones agricoles, ou encore de la régénération de la réserve de biodiversité du parc national Macaya

Ce projet pilote qui prendra fin en 2020 n’est pas reproductible à l’identique dans d’autres pays et pour d’autres catastrophes car il s’agit d’une opération exploratoire, mobilisant des moyens importants, fournis en mode "best effort" pour cette toute première expérimentation grandeur réelle. Les partenaires du Recovery Observatory travaillent actuellement à tirer les enseignements du projet pilote et à élaborer différents scénarios opérationnels pour mettre en place un mécanisme pérenne, dans l’esprit de la Charte internationale     « Espace et catastrophes majeures ».

Une application dans l’assurance

Les cartographies issues du spatial ont aussi un débouché opérationnel dans le domaine de l’assurance. Lors de l’ouragan Irma, les images de Pléiades ont par exemple permis à la Caisse centrale de réassurance, le réassureur public français, de faire une première estimation économique rapide des dégâts afin d’informer les assureurs et de provisionner des fonds pour débloquer rapidement des aides. 

Crédits : CNES

Le rôle du CNES

Le CNES est l’un des initiateurs du groupe Disasters au sein du CEOS et le concepteur du pilote de Recovery Observatory Haïti, dont il assure la gestion de projet. Le CNES contribue par ailleurs à la mise à disposition des données satellites, au travers des programmes Pléiades et SPOT 6 et 7. Il assure enfin les liens avec à la fois la Charte internationale Espace et catastrophes majeures et le service Copernicus Emergency.

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