20 Mai 2020

[Agriculture] Le spatial au service de l’agroécologie

Confrontée à de multiples défis écologiques, l’agriculture trouve dans les satellites de précieux alliés pour développer des pratiques durables et respectueuses de l’environnement.

 

is_agriculture-tracteur-illustration.jpg
De nouvelles applications issues du spatial permettent d'améliorer les pratiques agricoles Crédits : iStock / Getty Images Plus

Depuis plusieurs décennies déjà, les outils spatiaux sont utilisés couramment en agriculture pour faciliter certaines opérations, monitorer ou améliorer les pratiques. Par exemple, dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne, les données de télédétection permettent de contrôler les déclarations des agriculteurs sur leurs surfaces cultivées. Autre exemple, le service Farmstar proposé par Airbus D&S fournit un outil d’aide à la décision basé sur l’utilisation d’images satellite permettant d’ajuster les doses d’engrais au sein des parcelles en fonction des objectifs de rendement.

Quantifier le bénéfice environnemental des différentes pratiques

Mais une nouvelle génération d’applications est en cours d’élaboration, qui permettront demain d’aller encore plus loin et contribueront à l’émergence de l’agroécologie. A brève échéance, le programme européen de surveillance de la Terre Copernicus proposera 2 nouveaux services à haute résolution (10 m) de cartographie et de suivi du développement des cultures et des pratiques, explique Eric Ceschia, du CESBIO, centre de recherche spécialisé dans l’étude de la biosphère par télédétection, : « Le service Phenology HR, qui entrera en service cette année, et le service CropLand HR, à partir de 2021, fourniront des informations précieuses permettant de réaliser des diagnostics environnementaux à la parcelle. En complément de ces données, les informations fournies par les agriculteurs ou collectées de manière automatique par les machines, comme les apports d’engrais ou les traitements phytosanitaires, permettront de calculer des indicateurs de performance environnementale très précis pour les exploitations. » Telle est l’ambition en tout cas du projet européen NIVA, qui à partir de travaux menés conjointement par le CESBIO, Dynafor, le LAE, l’ASP et l’IGN, élabore les outils de calcul et identifie les modèles qui permettront d’utiliser ces différents flux de données.

 Nous pourrons ainsi quantifier le bénéfice environnemental de pratiques agroécologiques comme les cultures intermédiaires qui limitent l’érosion, les risques de lessivage des nitrates, et favorisent le stockage du carbone dans les sols. 

Eric Ceschia

Ces méthodes en cours de développement pourront être utilisées dans le cadre de la prochaine PAC, dont le deuxième pilier a vocation à financer les pratiques vertueuses sur le plan environnemental.

Généralisation de l’agriculture de précision

L’autre champ sur lequel les outils évoluent est celui de l’agriculture de précision, qui est un autre aspect important de l’agroécologie. En effet, l’accès libre et gratuit aux données à haute résolution des satellites Sentinel démocratise le développement et l’utilisation des outils d’aide à la décision basés sur les données d’observation satellite.

Ces solutions sont aujourd’hui accessibles à de plus petites structures comme des coopératives qui conseillent les agriculteurs sur la fertilisation des sols en fonction des objectifs de rendement qu’ils se sont fixés. 

Eric Ceschia

Au niveau international, ces services sont en train de se généraliser. Ils bénéficient aussi de la précision des systèmes de positionnement comme Galileo, essentiels pour déterminer précisément au sein des parcelles quelle dose d’intrants apporter à quel endroit.

Le rôle du cnes et du cesbio

Le CESBIO qui est une unité mixte de recherche entre l’Université Toulouse 3, le CNRS, le CNES, l’IRD et INRAe contribue à développer l’utilisation des systèmes spatiaux d’observation de la biosphère. Son action va de la proposition de nouvelles missions spatiales jusqu’à des recherches sur les applications aval, en particulier dans le domaine agricole. Ses travaux sont notamment utilisés pour le traitement des données de la constellation Sentinel et pour le monitoring qui est fait au niveau de la PAC.