La Havane, capitale politique et économique de Cuba, est non seulement une agglomération de plus de 3,5 millions d’habitants mais aussi une ville dont les espaces ne cessent de se transformer, offrant des territorialités renouvelées à étudier. La ville de La Havane peut d’abord être approchée par son port et son ancrage singulier dans la mondialisation, des premières formes d’aménagement qui datent de l’époque moderne et de la Première mondialisation aux plus récentes évolutions liées aux exigences du transport maritime actuel en passant par la Guerre froide et l’embargo étatsunien qui pèse sur Cuba depuis 1962. C’est également une capitale culturelle dont les différents quartiers et bâtiments témoignent de la richesse patrimoniale, mais permettent aussi d’interroger des aspects politiques et sociaux dans l’une des grandes villes se voulant la vitrine d’un régime communiste toujours en place, plus de trente ans après la chute de l’URSS. De la baie et du centre historique jusqu’aux espaces périurbains et l’aéroport, La Havane se révèle comme un espace urbain entre permanences et mutations.
Légende de l’image
Cette image de la Havane, capitale de Cuba, a été prise par un satellite Pleaides le 1 mai 2018. Il s’agit d’une image en couleur naturelle, de résolution native à 0,70m, ré-échantillonnée à 0,5m. En savoir plus
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Repères géographiques
Présentation de l’image globale
La Havane : une ville et son port, dans la mondialisation
La Havane : un site et une situation portuaires exceptionnels
La Havane est située au nord-ouest de Cuba, quasiment face à Miami, à 370 kilomètres à vol d’oiseau, sur le détroit de Floride. Le port présente un site de baie exceptionnel, aménagé au fil des siècles, à partir de 1515 à l’époque moderne où Cuba était une possession espagnole (de 1492 à 1898). La couronne d’Espagne a rapidement compris la situation stratégique de La Havane au cœur du Grand Bassin caraïbe qui devint la principale escale sur la route des Indes. On peut distinguer sur la photo le canal d’entrée, au nord le fort El Morro, avec son canon qui retentit encore chaque jour, et au sud le Castillo de San Salvador de la Punta. Un tunnel permet aujourd’hui de relier les deux rives.
La baie et les installations portuaires constituent donc le centre économique de la ville qui se déploie tout autour. Les quartiers centraux se repèrent assez bien, en particulier la vieille Havane, à l’ouest, en forme de demi-cercle, qui présente de nombreux quais et zones d’appontement et un plan en damier, de type colonial, très caractéristique. C’est là que se trouvent les principaux monuments et rues coloniales prisées des touristes (voir zoom 1). Au sud, dans le prolongement de la pointe que l’on repère au centre de la baie, se trouve un autre quartier d’habitation, Regla. De part et d’autre se situent les zones portuaires (voir zoom 1). La rive nord est nettement moins urbanisée. La ville s’étend surtout vers le sud-ouest et le long du littoral à l’ouest et notamment vers l’aéroport (voir zoom 2).
Sur le front de mer fortement urbanisé se trouve le célèbre Malecon, depuis les abords du centre ancien jusqu’à l’embouchure du Rio Almendares : de nombreux hôtels, des lieux remarquables comme l’ambassade des États-Unis (fermée en 1961, sur décision de président Eisenhower à la suite de la révolution cubaine, et réouverte en 2015 après le rapprochement entre les deux pays initiés par le président Obama) ponctuent cette promenade de bord de mer longue de 8 kilomètres protégée par une digue. Sur la rive droite du Rio Almendares, c’est un grand cimetière qui se détache avec sa forme rectangulaire. Ce cimetière, appelé Nécropole Christophe Colomb, est le plus grand du pays et fait partie des monuments historiques de la ville célèbre pour la diversité de ses sculptures.
Il est intéressant de noter que La Havane ne présente pas de bidonville, ce qui est caractéristique d’une capitale d’Etat communiste. En effet, le gouvernement castriste a cherché, dès son arrivée au pouvoir en 1959, à éradiquer l’habitat insalubre. Selon le recensement de 1953, sur 150 000 habitations présentes à La Havane, plus de la moitié était déclarée insalubre. 30 000 habitants à La Havane vivaient ainsi dans des conditions précaires à la fin des années 1950. L’Etat a développé dans les années 1960 et 1970 des programmes de construction de logements sociaux. Toutefois, bon nombre d’habitants ont dû malgré tout construire eux-mêmes leurs logements et on perçoit sur l’image les quartiers auto-construits aux extrémités ouest et sud de la ville.
Une capitale culturelle et politique remaniée par la révolution castriste
La Havane a vu son organisation fortement modifiée par l’arrivée du régime communiste en 1959. On peut le voir sur l’image, des places publiques dédiées aux défilés militaires ornées de statues et autres monuments érigés à la gloire du communisme ont été aménagées dans le centre de la ville.
Certains bâtiments iconiques de la vie politique cubaine précédant la révolution ont été transformés par le nouveau régime dès 1959. A proximité de l’entrée du port, dans la vieille ville, on distingue une large place ronde suivie d’une place rectangulaire qui sont surplombées d’un bâtiment ancien. Ce bâtiment est l’ancien palais présidentiel, transformé en musée de la Révolution dès 1959. Plus loin dans la vieille ville, au sud du musée, on distingue un autre grand bâtiment, le Capitole, qui était le siège du gouvernement avant la révolution et qui est, aujourd’hui, le siège de l’Académie des sciences et de l’Assemblée nationale du pouvoir populaire.
D’autres quartiers ont été fortement remaniés par le régime pour y imposer un urbanisme typique du communisme, rappelant l’urbanisme soviétique. Sur l’image, on distingue nettement la place de la Révolution, au sud de la vieille ville caractérisée par son plan en damier et son bâti très dense. Cette grande place rectangulaire a été construite du temps de la présidence Batista et largement réaménagée par le pouvoir communiste. Elle est bordée aujourd’hui par les ministères de l’intérieur, des communications, des forces armées révolutionnaires mais surtout par le nouveau palais présidentiel qui abrite également le siège du Parti communiste cubain (PCC). Cette grande place de la Révolution a été utilisée à de multiples reprises par Fidel Castro pour prononcer des discours à destination de la population cubaine. Outre ces institutions, la place abrite un mur à la mémoire de Che Guevara (sur le ministère de l’intérieur) et un mur à la mémoire à la mémoire de Camilo Cienfuegos, grand révolutionnaire cubain mort en 1959 dans les combats aériens (sur le ministère des communications). Enfin, on y trouve un mémorial dédié à José Marti. Ce dernier avait été inauguré par le président dictateur Batista en 1958. Ce mémorial mesure 109 mètres de haut et honore la mémoire de cet homme, présenté comme le héros national par le régime communiste car il a été le fondateur du Parti révolutionnaire cubain luttant contre le pouvoir colonial espagnol. Le régime communiste, depuis sa fondation, revendique être l’héritier de la pensée de Marti.
Les représentations de la Havane : l’influence culturelle de la ville en question
La Havane est aussi une ville célèbre à travers le monde pour son influence culturelle, tant elle a inspiré de mouvements musicaux, notamment le boléro et le jazz afro-cubain, et de danses, telle que la Salsa. Cette importance des arts du spectacle se retrouve aussi dans l’urbanisme de La Havane : plusieurs salles de spectacle sont visibles sur les images satellites. C’est le cas du théâtre national de Cuba, situé sur la place de la Révolution ou encore du Grand théâtre de La Havane, situé à côté du Capitole.
Outre les arts du spectacle et la musique, La Havane a également inspiré de nombreuses œuvres littéraires et cinématographiques. Ces œuvres participent largement à la diffusion de représentations de cette ville à travers le monde, ce qui explique aussi son attractivité touristique. A ce titre, on peut noter notamment que plusieurs épisodes de James Bond se déroulent en partie à Cuba, par exemple James Bond contre Docteur No ou encore Mourir peut attendre. La géographe Laura Corsi a également analysé les apports du cinéma de rues, genre filmique en pleine expansion à La Havane, et a montré que ces films produits par des habitants leur permettaient de diffuser leur propre vision de l’espace, loin de la vision imposée par le régime autoritaire.
Mythe et réalité. Pauvreté, déficience des infrastructures
L’image satellite permet de mettre en évidence la déficience des infrastructures pour cette ville qui reste relativement peu ouverte sur le monde en raison de l’embargo imposé par les Etats-Unis contre Cuba depuis le 3 Février 1962. Cette faiblesse des infrastructures se perçoit avec le port de Mariel à l’ouest, dont l’étendue spatiale reste très faible, surtout quand on sait qu’il s’agit du premier port de conteneurs du pays. On peut également remarquer la faiblesse des infrastructures routières et ferroviaires qui témoignent du faible taux d’équipement automobile de la population cubaine : les spécialistes estiment à moins de 200 000 le nombre de voitures en circulation à Cuba (environ 60 000 voitures américaines datant de la période Batista, 60 000 voitures soviétiques datant de la Guerre froide et 60 000 voitures asiatiques importées depuis la chute l’URSS).
Il est à noter aussi la relative faiblesse de l’étalement urbain à La Havane. Sur l’image satellite générale, on peut noter que les quartiers périphériques sont peu étendus. On observe cependant une extension urbaine à l’ouest, le long de la côte. Cette extension est essentiellement pavillonnaire avec un bâti plus aisé qu’ailleurs dans la ville (on remarque la présence de quelques piscines notamment). Ainsi, on constate l’émergence d’une forme d’inégalité dans ce pays communiste contrôlant l’ensemble de l’urbanisation. Enfin, l’absence d’extension urbaine s’explique également par la volonté du gouvernement castriste de répartir le développement industriel sur l’ensemble de l’île et donc de limiter les nouvelles installations industrielles dans la capitale. Cette absence de nouvelles industries se perçoit sur les images satellites où on ne voit que très peu de bâtiments industriels en périphérie de la ville, si ce n’est au nord-est de la ville.
La ville de La Havane reste, au total, marquée par une forte pauvreté même si elle est un pôle de richesse à l’échelle du pays. Si elle attire toujours des populations cubaines venues des zones rurales très pauvres, la population de la Havane étant passée de 2,089 à 2,787 millions d’habitants entre 1993 et 2021, la ville se caractérise par une pauvreté importante, y compris dans ses quartiers centraux. Les chiffres publiés par les autorités cubaines sur la pauvreté sont fortement critiqués par les ONG accusant le gouvernement de les minorer fortement. Certaines ONG estiment que plus de la moitié des Cubains vivent sous le seuil de pauvreté en 2021. En outre, la photo satellite ne permet pas de voir le délabrement de bon nombre de bâtiments dans la vieille Havane où les habitants n’ont pas les moyens d’entretenir leurs logements vieillissants et connaissant une suroccupation importante (la densité moyenne dans ce quartier est de 259 habitants par hectare).
Une nouvelle place sur l’île de Cuba et dans la mondialisation à inventer
Le gouvernement cubain a réaménagé le port de Mariel, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de La Havane pour y accueillir des porte-conteneurs « post-panamax ». Celui-ci est bien relié à la capitale par une autoroute et une ligne de chemin de fer, toutes deux visibles à l’ouest, sur le cliché (l’autoroute au nord, le chemin de fer au sud, séparés par un petit lac). Le port de Mariel présente une zone franche - ZED : Zona Especial de Desarrollo - destinée à accueillir des entreprises étrangères, ce qui constituait une nouveauté à Cuba au moment de son lancement en 2014. Cela devrait permettre de maintenir La Havane dans la concurrence que se livrent les différents ports de la région des Caraïbes et du monde entier, devant accueillir des navires toujours plus grands et traiter les marchandises dans des temps les plus courts possible. Toutefois, son importance reste très limitée aujourd’hui.
Le tourisme est un autre facteur déterminant d’insertion de Cuba en général et La Havane en particulier dans la mondialisation. Après les années 2020 et 2021 affectées par la pandémie de Covid 19, les autorités cubaines ont tout fait pour relancer ce secteur. En 2019, l’île avait accueilli 4,2 millions de touristes. Le but est de repasser le seuil des 2,5 millions et retrouver au plus vite le niveau d’avant la pandémie. Les Canadiens et les Russes sont les premiers visiteurs accueillis sur l’île. Sans parler de dépendance au tourisme de l’économie cubaine, c’est un secteur-clé qui assurait avant la pandémie 2,6% du PIB. La vieille ville de La Havane, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1982, peut être une aménité pour diversifier le tourisme et ne pas se contenter d’une attractivité des plages. La ville vise aussi le tourisme d’affaires avec ses grands hôtels, dont le célèbre Hotel Nacional de Cuba sur le Malecon. En 2019, le groupe Accor ouvrait le SO/Paseo del Prado Havana, au début du Malecon, avec des prestations haut de gamme notamment pour des touristes d’affaires. Les autorités doivent toutefois trouver un équilibre entre les objectifs de développement du tourisme international, qui impliquent des réaménagements dans le quartier historique, et les besoins en logements et espaces de vie des Havanais issus des classes populaires. Les enjeux contrastés sont un peu à l’image du Malecon lui-même puisque cette artère littorale est avant tout une sorte de muraille de béton, fourni par l’URSS, qui s’effrite et fait barrage à la mer.
Si La Havane se trouve être la porte d’entrée de Cuba et une vitrine dans la mondialisation, la ville n’en demeure pas moins affectée par l’embargo des États-Unis qui pèse sur l’île depuis 1962. Le président Obama l’a assoupli, mais il lui était impossible comme pour les autres présidents, de le lever entièrement car c’est une prérogative réservée aux membres du Congrès. Le président Trump avait interdit en 2019 la visite de Cuba par les navires de croisières, les yachts, les avions privés. À ce coup dur économique a succédé la crise du Covid. Plus largement, le pays fait face à une crise économique dont les Havanais souffrent comme tous les Cubains (manque de médicaments, d’aliments...). Cette crise économique est renforcée par « l’embargo interne », c’est-à-dire l’ensemble des mesures prises par la dictature cubaine qui entravent le fonctionnement économique du pays, l’approvisionnement et son ouverture, de facto, à la mondialisation.
L’isolement de Cuba ces dernières décennies a favorisé l’agriculture urbaine et périurbaine, comme le montre le cliché. On y repère de nombreux espaces cultivés, verts, ou labourés, de couleur rouge-brune : ils peuvent correspondre à des champs de céréales, présents dans l’espace périurbain havanais, à de l’arboriculture, du maraîchage et de l’élevage. Cette agriculture constitue un véritable secteur d’activité. Elle s’adapte à la ville de La Havane, ainsi des systèmes de production hors-sol sont installés là ou des sols contaminés interdisent les cultures maraîchères, on les appelle les organopónicos. En aval, l’Etat contrôle la commercialisation des produits de l’agriculture urbaine.
Zooms d’étude
La ville, la baie et les espaces portuaires
La baie est un atout exceptionnel par son étendue, sa forme et la présence de plusieurs criques (ensenadas), fortement aménagées, comme le tracé rectiligne du trait de côte nous le montre, avec des bassins, quais et épis bien visibles. De l’entrée du canal jusqu’au fond de la crique la plus au sud, de même que d’est en ouest, il y a environ 5 kilomètres. Des ferrys permettent de relier un point à l’autre de la baie et certains terminaux se repèrent sur la photo. Le centre historique est largement ouvert sur la baie. Les touristes croisiéristes sont invités par les agences de voyage à venir le découvrir : « charme désuet », vieilles voitures, patrimoine bâti colonial et des années 1930, etc sont évoqués dans les catalogues promotionnels. On note la présence d’un paquebot de croisière sur l’image.
La Havane capte en effet l’essentiel des escales des navires de croisière (304 en 2017 par ex.). La particularité politique de Cuba fait que l’essentiel des infrastructures d’accueil des navires de tourisme appartient à l’État. Le MINTUR (ministère du Tourisme) contrôle le secteur. Depuis les années 1990, des joint-ventures ont émergé, mais l’État conserve en général la majorité des parts dans les différents équipements (hôteliers, de croisière, …). Toutefois, dans le cas des navires de croisières, ceux-ci appartiennent à des compagnies privées et, étant le lieu d’hébergement des touristes, cela crée un secteur un peu particulier où les firmes américaines conquièrent une partie du secteur touristique à Cuba. Le terminal de croisières est celui de Sierra Maestra, à proximité immédiate du centre, ce qui fait que les navires imposants sont visibles depuis les principales rues et places du quartier historique, Habana Vieja. Les croisiéristes peuvent constituer des groupes assez imposants quand ils déambulent dans les rues, mais ils privilégient celles où se trouvent les commerces payables en peso convertible - indexé sur le dollar - et évitent les plus délabrées. Des excursions vers d’autres villes et lieux à Cuba sont parfois organisées et sont assurées par les agences d’État. A l’extrémité sud du centre historique, on observe bien la gare et ses voies ferrées.
A l’ouest de Regla se détachent des quais, on repère les darses et terminaux dans le prolongement du quartier historique, de même qu’à l’est on voit assez nettement une zone de raffinerie et de stockage d’hydrocarbures, avec ses réservoirs ronds. Si ces infrastructures apparaissent importantes sur l’image et pour la ville de La Havane, il faut tout de même remarquer leur modestie si on les compare aux équipements dont disposent plusieurs grands ports dans le monde. Au nord se trouvent le port militaire, puis le quartier de Casablanca à la trame viaire et à l’urbanisation bien plus lâches. Il faut enfin savoir que la qualité des eaux est assez largement dégradée dans la baie de la Havane, la situation la plus dégradée étant observée dans la partie sud, entre la vieille ville et Regla.
Le port et la baie
Repères géographiques
Le chenal d'entrée
La baie
Le terminal de croisière
Nécroplole C. Colomb
L’aéroport José Marti : l’ouverture au monde, en particulier par le tourisme
L’aéroport international José Marti se situe au sud-ouest de La Havane, à environ 15 kilomètres de la Vieille Havane.
L’aéroport surprend par sa taille : il reste de petite dimension pour le premier aéroport d’un pays. Il ne dispose que d’une seule piste longue de 4 kilomètres, soit une piste dimensionnée pour accueillir des gros porteurs. L’aéroport est composé de cinq terminaux : le premier dédié aux vols intérieurs, le deuxième dédié aux vols charters à destination des États-Unis (seuls vols autorisés vers les États-Unis en raison de l’embargo jusqu’en 2015), le troisième terminal dédié aux vols internationaux (principalement vers l’Europe, la Russie et le Canada) et les deux derniers dédiés au fret. De façon générale, cet aéroport se distingue par sa vétusté et la faiblesse de ses infrastructures. Il est d’ailleurs un frein à l’expansion du tourisme souhaité par le gouvernement cubain depuis les deux dernières décennies. Des travaux ont été prévus pour moderniser et agrandir l’aéroport et ce sont les sociétés françaises Aéroports de Paris et Bouygues qui ont été choisies par le gouvernement cubain pour réaliser le chantier. Ces travaux apparaissent comme nécessaires en raison de l’augmentation des flux touristiques (5,7 millions de passagers en 2017) mais aussi avec l’arrivée de vols réguliers depuis les États-Unis depuis le rapprochement initié par Barack Obama et l’accord aérien bilatéral signé entre les deux pays en Décembre 2015. Cependant, le rapprochement a été remis en question durant la présidence de Donald Trump ainsi que la pandémie de Covid-19 ce qui a retardé ces travaux qui n’ont toujours pas eu lieu comme on peut le voir sur cette image datée de 2023.
Enfin, sur le plan de la géographie urbaine, il est intéressant de remarquer la faiblesse de l’urbanisation autour de cet aéroport alors qu’il se trouve relativement proche du centre de Le Havane. Il a été créé en 1929 et la faiblesse de l’urbanisation autour témoigne du très faible étalement urbain de cette capitale depuis près d’un siècle, ce qui en fait une réelle exception dans la géographie urbaine mondiale. Enfin, on note l’absence de nombreuses infrastructures que l’on retrouve généralement autour des aéroports internationaux telles que des hôtels, des entreprises ou encore des technopôles ou autres centres de congrès, ce qui témoigne des faiblesses de l’intégration à la mondialisation de ce territoire. Ainsi, si l’aéroport José Marti apparaît comme l’interface principale entre Cuba et le reste du monde, ses faiblesses structurelles témoignent de la position très particulière et marginale du pays dans la mondialisation.
Les images ci-dessous ont été prise par le satellite Sentinel-2B le 25 octobre 2022. (résolution native à 10m)
Contient des informations © COPERNICUS SENTINEL 2022, tous droits réservés.
L'aéroport José Marti
Repères géographiques
Images complémentaires
La Havane : une vue générale de la métropole et de sa région
Vue régionale
Repères géographiques
La Havane dans l’ouest de Cuba
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D’autres ressources
Sur le site Géoimage du CNES
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Pour information, quelques sources utilisées :
Laurine CHAPON, « Cuba, destination oubliée du tourisme de croisières dans les Caraïbes ? ». Perspectives historiques et géographiques », Études caribéennes, n°47, 2020.
Laura CORSI, « Le cinéma fait sa Havane. Etude des représentations spatiales diffusées par le cinéma des rues cubain et de leurs conséquences sociales », Annales de géographie, n°695-696, 2014.
Vincent LAVERGNE, « La Havane, le béton et la mer », Tous urbains, n°29, 2020.
Diego MERMOUD, « La réhabilitation d’un territoire portuaire à La Havane : dilemmes, opportunités et contraintes », Etudes caribéennes, n°39-40, 2018.
Riadh MESTIRI, « La contribution de l’agriculture urbaine à l’approvisionnement alimentaire de La Havane. Vers la construction d’un système agraire urbain en temps de crise », Revue internationale des études du développement, n°237, 2019.
Adriana RABINOVICH, « Cuba, « best practises » : quel potentiel d’élargissement ? », Espaces et sociétés, n°131, 2007.
Contributeur
Elise DALLIER, agrégée de géographie, agrégée d’histoire, enseignante en classe préparatoire littéraire au lycée de Saint-Cyr-l’École,
Pierre DENMAT, agrégé de géographie, enseignant au lycée Paul Langevin de Suresnes.