Dans un petit coin d’Amazonie sur le littoral du plateau des Guyane, Cayenne est une ville de taille modeste. Pour autant, elle polarise l’essentiel des emplois du territoire, la plupart des espaces productifs et les principales infrastructures de transport. Elle doit répondre aux enjeux d’un développement à double échelle : d’un côté, sa position de pôle macrocéphale, moteur d’un territoire gigantesque (près de 84 000 km2) et très peu peuplé (3,1 habitants/ km2), de l’autre une aire urbaine aux dynamiques pesant fortement sur l’espace : forte croissance démographique et étalement urbain rapide et pas nécessairement contrôlé, issus majoritairement de l’accroissement naturel, mais aussi des migrations internes et internationales.
Légende de l’image
Cette image a été prise par le satellite Pléiades 1A le 07/09/2012. Il s’agit d’une image en couleur naturelle, de résolution native à 0,70m, ré-échantillonnée à 0,5m.
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Cayenne : une capitale macrocéphale aux défis du développement
Cayenne, une ville modeste marquée par l’histoire et macrocéphale
Cayenne est une ville de taille modeste marquée par l’Histoire (la colonisation, l’esclavage, le bagne, la départementalisation) et des apports culturels riches. Elle se situe dans un petit coin d’Amazonie, sur le littoral du plateau des Guyane, l’une des côtes connaissant des dynamiques géophysiques parmi les plus fortes du monde et des dynamiques maritimes et commerciales parmi les plus faibles. Elle appartient à une triple aire culturelle par l’origine de ses populations : sud-américaine, caribéenne et européenne, et s’ancre pourtant très peu dans son continent tant elle échange avec les autres territoires français, surtout hexagonaux, dont elle importe l’essentiel de ses biens de consommation.
L’aire urbaine de Cayenne, dont le pôle urbain est visible sur l’image, regroupe plus de 130 000 habitants sur 6 communes, c’est-à-dire la moitié de la population totale de la collectivité territoriale. Elle concentre aussi l’essentiel des emplois du territoire, notamment dans les services publics et les administrations territoriales, ainsi que la plupart des espaces productifs, dans ses zones industrielles (Collery, Soula), ses zones rurales et à proximité des principales infrastructures de transport : l’aéroport Felix Eboué et le port de Dégrad-des-Cannes.
Elle est administrée par la Communauté d’Agglomération du Centre Littoral et doit répondre aux enjeux d’un développement à double échelle : d’un côté sa position de pôle macrocéphale, moteur d’un territoire gigantesque (près de 84 000 km2) et très peu peuplé (3,1 habitants/ km2), et d’un autre côté une aire urbaine aux dynamiques pesant fortement sur l’espace : une forte croissance démographique et un étalement urbain rapide et pas nécessairement contrôlé, issus majoritairement de l’accroissement naturel, mais aussi des migrations internes et internationales.
L’Ile de Cayenne : trois communes, trois histoires, trois formes urbaines
Le document représente l’Ile de Cayenne, c’est-à-dire la presqu’île encadrée au Nord-Ouest par la rivière de Cayenne et au Sud-est par le fleuve Mahury, où est implanté le pôle urbain de Cayenne. La ville-centre de Cayenne est au nord et les deux communes qui constituent sa banlieue dortoir sont Remire-Montjoly à l’Est et Matoury au Sud-Ouest.
Les trois communes ont des origines différentes. Cayenne est un ancien comptoir colonial, devenue la capitale régionale. Remire-Montjoly est issue de la fusion de deux bourgs : Remire, vieux bourg dominant autrefois des plantations sucrières et Montjoly développée par les réfugiés martiniquais de la Montagne Pelée entrée en éruption en 1902. Enfin, Matoury est une ville-champignon qui s’est développée à partir d’un petit bourg de façon anarchique depuis les années 1980 afin de répondre à la demande de terrains bon marché pour la population grossissante de Cayenne.
Si la densité du bâti est forte à Cayenne et le long des axes routiers principaux à Matoury et Montjoly, les constructions sont majoritairement basses et la végétation luxuriante omniprésente, ce qui donne toujours le sentiment que la forêt résiste à la ville. Le bâti s’organise le long des routes anciennes et des rues, en forme d’arêtes de poisson.
Des espaces littoraux spécifiques, entre mangroves et rareté des plages
Pour caractériser les espaces littoraux, on peut couper l’image en deux parties. A l’ouest, la côte est couverte de mangrove, alors qu’à l’est se succèdent des éperons rocheux et des plages de sable dans les zones d’engraissement.
Les plages sont très rares sur la côte des Guyanes, et en Guyane française on n’en trouve qu’à trois endroits : à l’embouchure du Maroni au Nord, à Kourou et sur l’île de Cayenne. Tout le reste du littoral est couvert de mangroves ou de marais côtiers. Ces plages sont des espaces récréatifs très prisés et parmi les rares endroits où toutes les populations se mélangent. Elles sont de plus en plus construites en dur alors que le trait de côte ne cesse d’évoluer, passant par des phases d’engraissement quand les bancs de vase se fixent au large et par des phases de très forte érosion dans les périodes inter-bancs.
Depuis une dizaine d’années, les destructions d’habitations par la houle se sont multipliées malgré les travaux d’enrochement sur certaines portions. Il n’en demeure pas moins que la tension sur le foncier de bord de mer continue de faire monter les prix de l’immobilier.
De fortes contraintes guidant l’urbanisation et la mise en valeur
Par ailleurs, si à première vue l’Ile de Cayenne semble disposer de beaucoup d’espaces disponibles à la construction, c’est une illusion.
En effet, Cayenne est construite sur une presqu’île composée essentiellement de terres basses où les zones humides, couvertes de savanes inondées ou de mangroves, occupent de vastes surfaces, et de reliefs constitués de collines de latérite à fort risque de glissement de terrain, couvertes de forêts sempervirentes, pour la plupart secondaires (exception du Mont Matoury au Sud-Ouest de l’image qui est un îlot résiduel de forêt primaire). Ce sont les espaces qui apparaissent en vert sombre sur la photographie.
Ces contraintes naturelles génèrent dès lors des coûts prohibitifs qui pèsent sur chaque aménagement.
Zooms d’étude
Cayenne, plan en damier et fractures urbaines
Sur cette image, il est possible de découper Cayenne en quatre parties. Le quart nord-ouest est un centre-ville en difficulté mais toujours attractif. Le quart nord-est polarise les quartiers calmes et résidentiels. Le quart sud-ouest se caractérise par le canal Laussat et le Village chinois. Enfin, le quart sud-est est composé de cités.
Un centre-ville en difficultés
Cayenne présente un plan en damier caractéristique des villes sud-américaines d’origine coloniale. On remarque bien sa délimitation par deux axes nord-sud et est-ouest qui se rejoignent à angle droit (quart nord-ouest). C’est le cœur historique de la ville, à la fois plein de charme mais dégradé.
Ce centre se structure autour de la place des Palmistes (1) que l’on peut voir au centre de cette portion (un long rectangle en deux parties avec des petits points noirs alignés) mais dont la plupart des palmiers royaux sont morts aujourd’hui. D’autres ont été plantés, mais à l’heure actuelle la place a perdu un peu de son attrait. Sauf pour ses roulottes qui ouvrent leur hayon midi et soir et proposent de copieux sandwichs chauds dont les citadins sont friands. C’est d’ailleurs le dernier espace arboré de ce centre-ville dont tous les arbres ont été coupés : manguiers et flamboyants qui donnaient encore un peu d’ombre il y a moins de dix ans ; Cayenne est devenue en grande partie une ville sans arbres dans les rues.
A proximité de cette place sont regroupés les bâtiments administratifs comme la mairie, la préfecture, une antenne du rectorat, la chambre de commerce, les archives territoriales ou encore l’ancienne administration départementale et les musées. Ces fonctions occupent souvent des bâtiments historiques, la préfecture est par exemple l’ancien couvent des jésuites. On y trouve aussi une partie des services de l’armée de terre.
Le reste du bâti se compose de bâtiments ne dépassant en général pas trois étages, souvent décrépis, parfois rénovés, de vieilles maisons créoles en bois, certaines magnifiquement restaurées avec leurs couleurs pastel d’autrefois, d’autres squattées dans un état critique et dangereux ; tout cela abritant à la fois des logements et des commerces de ville : des libres-services et des bazars tenus par des Guyanais Chinois, des magasins de textiles tenus par des Guyanais Libanais, des commerces franchisés proposant des enseignes présentes dans toutes les villes de France et le grand marché des produits frais. Le cinéma historique, l’Eldorado, à l’angle Sud-Ouest de la place des Palmistes, a délocalisé son activité principale dans un centre commercial en périphérie sous forme d’un grand multiplex (L’Agora); il propose maintenant quelques projections d’arts et d’essai.
Mais son départ est caractéristique d’un phénomène important qui est en train de transformer Cayenne : l’ex-urbanisation de l’offre commerciale à forte valeur ajoutée vers la périphérie et les centres commerciaux de Montjoly et Matoury, essentiellement pour des questions d’accessibilité et de stationnement mais aussi de sécurité. Cayenne est en train de se paupériser et de voir sa mixité sociale diminuer à mesure que les classes moyennes et aisées partent s’installer dans les communes voisines. C’est pourquoi elle fait partie des villes pilotes pour le plan pauvreté de l’actuel gouvernement.
Malgré ces difficultés et cette évolution inquiétante, Cayenne conserve un pouvoir attractif majeur car elle reste la cité administrative de la Guyane, propose l’offre culturelle la plus importante et de nombreux emplois de services. De plus, elle reste le cœur des festivités carnavalesques qui rythment chaque année la vie des Guyanais aux mois de janvier et février avec ses parades et ses dancings.
De profondes fractures socio-spatiales
Une autre caractéristique de l’organisation spatiale de Cayenne réside dans ses fractures socio-spatiales très marquées dans le paysage.
Une de ces fractures urbaines est matérialisée par le canal Laussat (2) qui s’observe bien sur la photographie (ligne grise épaisse orientée est-ouest). Il y a une rupture entre la rive droite qui concentre l’habitat ancien, les administrations et les commerces décrits précédemment et la rive gauche. Sur celle-ci se trouve le village chinois, quartier chaud et déshérité de Cayenne, avec ses squats, un habitat ancien dégradé, la gare routière, des petits commerces de produits alimentaires et biens de consommation bon marché... Cette partie de la ville, très animée la nuit, concentre aussi des espaces touchés par la drogue et la criminalité. La municipalité de Cayenne a prévu dans ses plans d’urbanisme d’aménager les berges du canal Laussat et de mieux intégrer ces quartiers en améliorant leur cadre de vie.
Le quart nord-est de Cayenne, au-delà du boulevard Nelson Mandela qui trace un axe Nord-Sud majeur au milieu de la ville, regroupe à proximité du grand cimetière (3) de Cayenne des quartiers résidentiels calmes, composés de petits immeubles souvent rénovés. On y trouve aussi de grandes institutions comme l’institut Pasteur, l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) ou encore l’Office National des Forêts (ONF).
Le quart Sud-Est de l’image regroupe les cités (4): Bonhomme, Mirza, Manguiers, Mango. Ce sont des barres et hauts immeubles de logements sociaux qui ont été construits à l’origine à l’extérieur de la ville mais qui se trouvent aujourd’hui intégrés au tissu urbain. L’ouverture récente de lignes de bus régulières a considérablement amélioré la vie de leurs habitants. Il y a une dizaine d’années s’y trouvaient encore de nombreux bidonvilles, mais ils ont été progressivement détruits et remplacés par des habitations légales, en général à vocation sociale. Cependant l’offre HLM reste encore très insuffisante à Cayenne par rapport à des besoins qui ne cessent d’augmenter, et le parc existant est vieillissant voire vétuste.
Le dos tourné à l’Océan
Sur cette image, l’emprise de la mangrove (5) sur la ville est bien visible : il s’agit des zones sombres à l’ouest. Elle explique pourquoi Cayenne, pourtant en position littorale, n’est pas une ville tournée vers l’océan ; il n’y a pas d’aménagement du front de mer ni de commerces liés aux activités balnéaires. La présence de la mangrove est cyclique. Selon les phases, la ville est soit entourée par l’océan soit entourée par la vase (engraissement) puis entourée de mangrove. Aujourd’hui, en 2018, la mangrove visible sur la photographie datant de 2012 a complètement disparu et les habitants de Cayenne voient de nouveau l’horizon.
Remire, entre éco-quartier et bidonvilles
Cette image permet d’observer les différents types d’habitat de Remire, banlieue dortoir de Cayenne ainsi que les dynamiques d’aménagement à vocation de logement à l’œuvre. On retrouve à cette échelle l’emprise spatiale des espaces naturels : marais (21), crique (22) et colline latéritique boisée (23). Cette prise de vue a une composition radiale autour du rond-point Adélaïde Tablon sur lequel a été construit une statue d’esclaves brisant leurs chaines. Cette statue assez récente est vite devenue un marqueur territorial fort car cette portion de Remire était autrefois un vaste domaine esclavagiste producteur de sucre, l’habitation Vidal dont le toponyme est encore largement utilisé.
De nouveau, il est possible de découper cette photographie en quatre espaces de formes triangulaires dont les pointes se rejoignent au rond-point. Dans le triangle sud se trouve l’éco-quartier Vidal, dans le triangle nord la cité Arc-en-ciel, dans le triangle ouest Cabassou, qui est le front résidentiel de Remire-Montjoly, et, enfin, un triangle est résidentiel.
Le triangle Est résidentiel
Le triangle Est est la partie de l’image dont l’occupation est la plus ancienne. L’habitat est ici essentiellement composé de villas avec jardin. On reconnaît l’organisation en forme d’arête de poisson. L’espace avec les plus fortes densités est composé de terres basses facilement constructibles. Les maisons ici sont de plein pied. Un collège y a été construit en 2004 pour absorber la croissance de la population scolaire de la commune, une donnée généralisable à l’ensemble des communes de Guyane. Au rond-point, un nouveau supermarché de proximité s’est implanté pour capter la population résidentielle croissante de cette partie de l’aire urbaine dans laquelle on retrouve une population à fort pouvoir d’achat.
A l’opposé, on remarque une série de petites rues parallèles en impasse qui partent vers l’Est, ce sont en général des lotissements récents qui sont partis à l’assaut des flancs de la colline du Rorota, vaste ensemble tabulaire latéritique qui domine le littoral. Ces zones résidentielles se localisent dans la partie autorisée à la construction par le plan de prévention des risques (PPR) de la commune. Mais au-dessus de ces lotissements, on devine quelques taches marrons au milieu de la forêt : il s’agit de défrichements sauvages par brûlis (24) opérés en toute illégalité pour une production maraîchère clandestine de bananes et papayes. Ces défrichements font peser un risque important sur les habitations en contre-bas, car la suppression de la forêt met le sol à nu et le rend plus instable lors des saisons des pluies.
Le triangle Sud : l’éco-quartier Vidal
Le triangle Sud est une zone encore largement végétalisée où se côtoient la forêt et les zones humides. A sa pointe, près du rond-point, se situe le lycée général Léon Gontran Damas et son stade (25) ainsi que l’éco-quartier Vidal (26) encore en construction qui, à terme, encerclera totalement le lycée.
Ce vaste aménagement labellisé est présenté comme le fleuron du développement durable de la commune. Il regroupera à terme des logements individuels et collectifs avec une large part de logements sociaux, des commerces et des établissements scolaires. Il bénéficie de la proximité d’un magnifique site historique niché au cœur de la forêt : le moulin de l’habitation Vidal-Mondélice. Des sentiers y ont été aménagés et sont très fréquentés par les promeneurs et les vététistes. Le Conservatoire du Littoral en a acquis et aménagé les 500 ha en 2015, situés entre le lycée et la prison (27), visible dans l’angle en bas à gauche de la photographie.
Le triangle Ouest : une forte pression foncière
Le triangle Ouest d’Attila Cabassou montre la pression de la forte demande foncière qui pèse sur la commune de Remire-Montjoly. On peut facilement voir la colline de Cabassou dont les contours sont dessinés par la route de contournement sur laquelle se greffent chaque année de nouveaux lotissements composés essentiellement de villas, de maisons mitoyennes avec jardinet et de petits immeubles HLM.
On peut voir comment ce front urbain s’insinue entre la colline, dont l’effondrement mortel en 2000 a montré l’impossibilité de construire sur ses pentes, et les savanes marécageuses en contre-bas. Cependant on voit aussi très bien comment la forêt du bas de pente est de plus en plus grignotée et l’on commence à voir des zones de remblaiement pour multiplier les projets immobiliers, souvent dopés par les lois de défiscalisation.
Le triangle Nord : cités, habitat informel et bidonvilles durcis
Le triangle Nord de la cité Arc-en-ciel (autrefois BP134) montre un autre type d’habitat : le bidonville durcit (28). Cette ancienne zone de forêt squattée et construite en toute illégalité est devenue une zone résidentielle officialisée par la municipalité dont les rues sont encore en latérite. Il n’y a pas deux maisons pareilles dans cet ensemble monté de parpaings et de tôles.
Aujourd’hui les services de la voierie de la communauté d’Agglomération ont couvert la route d’accès d’asphalte, les poubelles sont ramassées, le terrain vague est devenu un vrai terrain de « futbol ». Un lotissement neuf a été construit sur sa frange Nord, signe que ce quartier a été intégré à l’espace communautaire. Mais autour, la forêt est encore régulièrement défrichée pour de l’habitat informel, sous forme de petites unités familiales.
Carrefour Balata, l’étalement de l’aire urbaine de Cayenne
Cette image se situe à cheval sur les communes de Cayenne et Matoury. On trouve dans cette zone des activités à forte consommation spatiale ainsi que trois types d’habitat : le lotissement, le quartier de maisons individuelles et le bidonville. Là encore, les constructions suivent les courbes de niveau et évitent les mangroves et les zones humides, très nombreuses dans cette partie de l’Ile de Cayenne et qui sont d’immenses bassins naturels de récupération des eaux de pluie.
Habiter : trois types d’habitat bien identifiables
Ces trois types d’habitat sont assez facilement identifiables sur l’image. L’habitat pavillonnaire initial (31) qui date pour beaucoup des années 1980 se concentre sur des parcelles de forme plus ou moins géométrique. Ces constructions n’ont pas vraiment suivi de plan d’urbanisme et se sont faites à mesure de la demande foncière sur les marges de Cayenne, avec l’étalement du pôle urbain, le long de la RN1. Qui se rend dans ces quartiers sans connaître prend le risque de tourner longtemps et de perdre tout sens de l’orientation.
Les lotissements récents (32) sont construits au cordeau, comme autant de petites boîtes d’allumettes alignées le long des rues. En superposant la carte topographique à cette image, on peut observer que le découpage de ces zones de lotissement suit parfaitement les limites des zones humides.
On trouve les bidonvilles (33) derrière la zone commerciale de la partie Nord de la photographie. Ces baraques sont construites dans des zones humides de savane et l’on peut voir les pistes en latérite qui ont été ouvertes par leurs habitants. Ce bidonville est aujourd’hui bien plus vaste que sur cette photographie datant de 2012 et continue de croître, ce que dénoncent les propriétaires des terrains privés de la zone. Un autre petit bidonville est visible au Nord, à proximité de la décharge à ciel ouvert de Cayenne (34).
Aménager : des enjeux majeurs
Cette décharge des Maringouins (nom local des moustiques), visible en haut à droite du document, est symptomatique des difficultés de la Guyane à répondre en matière d’infrastructures publiques à la très forte croissance démographique. Cette décharge, condamnée par l’Union européenne, n’est plus aux normes depuis longtemps et est complètement saturée.
Cependant les divergences entre les différents acteurs de cet aménagement : CACL, préfecture, DGAC, DEAL, et la difficulté de trouver un nouveau site, ont contraint à l’extension provisoire du site actuel jusqu’en 2021, alors même que les nuisances olfactives sont quotidiennes pour tous ceux qui fréquentent le centre commercial et la zone industrielle à proximité, et les incendies récurrents. Pourtant le tissu urbain l’a depuis longtemps phagocyté à mesure que l’aire urbaine de Cayenne s’étalait vers le Sud.
La très forte croissance démographique des communes limitrophes de Cayenne que sont Matoury, Remire-Montjoly et Macouria, ainsi que l’installation récente d’un très gros centre commercial (Family Plaza) (35) ont largement conduit à la saturation du rond-point de Balata (36), au centre de l’image. Sa transformation en 2014 en échangeur a contribué à fluidifier les mobilités pendulaires vers Cayenne. Mais le faible nombre d’axes importants, l’exiguïté de l’entrée de l’île de Cayenne et la difficulté d’aménager les zones humides, entrainent une inadaptation du réseau actuel à l’explosion de la circulation, en particulier automobile, dans l’aire urbaine de Cayenne.
Pourtant malgré cette contrainte des terres basses inondables et des pluies abondantes du climat équatorial, cette zone située à l’entrée de Cayenne accueille toujours plus d’activités consommatrices d’espace, et l’artificialisation des sols s’y poursuit. On y trouve deux centres commerciaux, avec des parkings gigantesques, cernés de douves profondes pour accueillir les écoulements d’eau, deux zones industrielles et commerciales et une quatre voies. La maîtrise de l’eau s’avère donc essentielle, mais elle est très coûteuse.
D’autres ressources
Site Géoconfluences :
un numéro de territoire en mouvement consacré à la Guyane française
Site de l’INSEE Guyane
Contributeurs
Manon ARNAUD, EEMCP2 au lycée Blaise PASCAL de Libreville, Gabon.