5 Mai 2022

Les services satellite au service de la sécurité civile

Le CNES et ses partenaires ont présenté aux acteurs du secours les solutions spatiales concrètes pour mieux gérer les crises et catastrophes, à l’occasion d’un forum spécial. La démarche ne fait que commencer !
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La résidence endommagée de l’Ambassadeur de France a Haïti, suite au séisme de 2010. Crédits : © CNES/LUVISUTTO Eric, 2010

Tempête Alex, cyclone Irma, ouragan Dorian : dans l’action, les acteurs de terrain doivent disposer des bons moyens pour agir.

A Gardanne, le Centre Euro-méditerranéen de simulation des risques a accueilli plus de 70 d’entre eux (Services départementaux d’incendier et de secours, gendarmes, opérateurs publics, équipes de secours, techniciens…) et 90 en visioconférence, le 7 avril dernier, à l’occasion de la Journée « Technologies satellitaires pour la sécurité civile »

La journée, organisée par Connect by CNES avec l’association Atraksis et le pôle Nouvelles technologies de l’Entente Valabre, a accueilli de nombreux participants, familiers de l’usage des solutions satellitaires pour le secours, mais aussi ceux plus éloignés de telles pratiques. 

C’est toute l’ambition de Connect by CNES que de réunir ces utilisateurs finaux, d’exposer l’état de l’art, de mesurer leurs enjeux et d’écouter leurs besoins pour les accompagner 

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Sandrine Lafont Crédits : © CNES/TRONQUART Nicolas, 2019

Sandrine Lafont, responsable marchés et usages du numérique et des télécommunications par satellite au CNES. 

Vers de l’imagerie d’urgence pour tous

De nombreuses solutions d’imagerie spatiale sont déjà utilisées par les services centraux de sécurité civile, en cas de catastrophe. Evaluer les dommages comme faciliter le déploiement des secours rapidement, l’enjeu est là. « En mode 24/7I, ils peuvent utiliser les ressources de la Charte internationale Espace et catastrophes majeures, initiée par le CNES et l’ESA, mais également le service européen Copernicus Emergency, dont le portefeuille d'activités s'étoffe progressivement » détaille Hélène de Boissezon, responsable des activités risques dans Connect by CNES. 

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La densité des bâtiments endommagés à Port au Prince, en Haïti, suite au séisme de 2010. Crédits : © CNES/SERTIT/, 2010

Le commandant Franck Fiorelli, du SDIS des Alpes Maritimes, est venu témoigner de son expérience, en tant que co-gestionnaire de la cellule d’évaluation des bâtiments endommagés par la tempête Alex. « Nous avons d’abord utilisé des photos aériennes, faute d’images satellites immédiates. Celles fournies 2 jours plus tard (des images Pléiades, NDLR) nous ont permis de préciser nos cartographies, de vérifier la laisse de crue. Nous avons ainsi pu limiter notre travail d’inspection aux 2 500 bâtis situés dans une bande de 50 m de part et d’autre de la laisse de crue. Sans cette analyse, nous en aurions eu beaucoup plus à investiguer.»

Elargir les usages d’urgence des images satellites à des échelles plus régionales, voire locales est l’une des évolutions notables attendues. Crues soudaines, calamités agricoles, réaménagements plus résilients des territoires touchés, pourraient bénéficier de tels apports. 

Les préfectures pourraient, sans avoir à passer par des services centraux, disposer d’un accès plus rapide aux images satellites vérifiées, sur des situations d’urgence plus localisées 

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Commandant Franck Fiorelli - SDIS 06

Franck Fiorelli, Commandant du Groupement Fonctionnel Prévision au SDIS des Alpes-Maritimes.

L’extension du Dispositif Institutionnel National d'Approvisionnement Mutualisé en Imagerie Satellitaire (DINAMIS), qui utilise les ressources de Pléiades et Spot pour les besoins institutionnels en mode standard (hors crise), a également été questionnée, alors que le besoin en urgence, en mode rush, n’est pas couvert pour le moment par le dispositif.

L’ambition de mieux alerter

Les services satellites sont également bien connus pour permettre le positionnement précis, le suivi et le sauvetage en cas de danger. Le système Cospas-Sarsat est le système mondial d'alerte et de localisation de radiobalise de localisation des sinistres, et des naufragés en détresse : il équipe aussi bien les bateaux, les avions ou les individus.

Le CNES abrite certaines stations de réception des données satellites (LUT - Local user terminal), le Centre de contrôle de mission (MCC) français et opère le Programme SAR Galileo de la Commission européenne, service de recherche et de sauvetage (Search And Rescue), pour le compte de l'EUSPA (European Union Space Program Agency).

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L'équipe du SAR en opérations. Crédits : © CNES/DE PRADA Thierry, 2021

En cas de danger imminent, les sirènes restent le principal moyen massif d’alerter la population. Galileo va faire évoluer ces possibilités d’alerte, avec l’ « emergency warning service » bientôt lancé. Celui-ci va s’inscrire dans le nouveau dispositif général d’alerte aux populations français - « FR-Alert » - via la téléphonie mobile, qui doit être lancé en juin. Concrètement, des SMS géolocalisés et la diffusion cellulaire seront utilisés.

Haut-débit pour échange de data

Les télécoms par satellites sont un autre usage clé prioritaire pour les acteurs de la gestion des risques. Ici, les offres sont payantes, fournies par des acteurs privés. Des offres sont approvisionnées par l’Etat français, via la Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC). Les SDIS peuvent aussi s’équiper en direct avec un industriel. 

Sur le sujet, le CNES propose le centre de conseil en télécoms par satellite « Cesars», afin de faires des recommandations sur les solutions les plus adaptées en fonction des usages.

« Il y a bon espoir d’améliorer les débits avec l’internet par satellite, même si la règle de la sobriété doit prévaloir dans l’urgence » rappelle le commandant Franck Fiorelli.

Echanger des cartes de situation en direct, des vidéos prises par drone entre équipe au sol et centre de commande, renvoyer des images aux équipes de terrain sans latence ou presque, sont autant d’applications qui pourraient se généraliser. 

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Les offres télécoms par satellite et les matériels ont été présentés. Crédits : DR

Le spatial engagé pour la sécurité civile !

La communauté de la « gestion du risque » pourrait-elle fédérer ses besoins et renforcer son recours aux solutions spatiales ? La journée du 7 avril n’est en tout cas qu’un début et des groupes de travail, sous la forme de webinaires, permettent d’ores et déjà de poursuivre les échanges.