Quand chaque seconde compte
Dans ce type de situation de crise, le travail des sauveteurs est rendu extrêmement difficile par l’ampleur des catastrophes, l’étendue des régions concernées et les difficultés d’accès. Mais aussi par… l’absence d’information sur l’étendue et l’importance des dégâts humains et matériels.

Cette carte a été établie à partir d’une image en couleurs réelles SPOT 4 et d’une image radar du satellite Radarsat 1 de l’agence spatiale canadienne. Les zones inondées apparaissent en rouge, les rizières et les zones d'aquaculture en violet et les zones normalement couvertes d’eau en bleu. Cette analyse préliminaire non encore vérifiée sur le terrain devrait aider les autorités à mieux appréhender l’étendue de la catastrophe et ainsi organiser les secours en conséquence : répartition des équipes d’intervention, aménagements des zones de regroupement…
C’est pour y remédier que le CNES et l‘ESA ont créé en 2000 la Charte Internationale « Espace et catastrophes naturelles » à laquelle participent actuellement 9 agences spatiales disposant de satellites d’observation de la Terre en orbite. Celle-ci a pour objectif « l’utilisation coordonnée des moyens spatiaux en cas de situation de catastrophes naturelles pour les besoins d’utilisateurs autorisés dans les situations de gestion de crises ».
SPOT entre en scène
Birmanie. Cette cartographie de la zone de Rangoon a été produite le 7 mai par le SERTIT (Strasbourg). Les zones inondées apparaissent en cyan (établies grâce aux données radar du satellite RADARSAT 2 récemment opérationnel, dont la résolution est de 3 m) en transparence sur un fond de carte SPOT 5 en couleurs réelles, d’une résolution de 10 m. Les zones normalement recouvertes d’eau sont en bleu. « Les zones de rizières, qui comportent de nombreux villages, sont clairement inondées. La haute résolution permet de connaître d’accéder à un grand niveau de détail, par exemple d’avoir une information sur l’état des différentes digues. Dans les premières images que nous avons produites, c’est tout le pays qui était recouvert par une lame d’eau », explique Hervé Yésou, membre de l’équipe du SERTIT qui a produit cette image.
Pour le traitement et l’interprétation des images fournies, le CNES fait appel à un des meilleurs centres au niveau européen, le Service régional de traitement d'image et de télédétection (SERTIT), installé à l'Ecole Nationale Supérieure de Physique de l'Université Louis Pasteur à Strasbourg. Disponible 7 jours sur 7, le SERTIT produit la cartographie rapide des zones affectées et une cartographie des dégâts.
Chine. Cette image SPOT, de la ville chinoise de Dujiangyan, prise le 15 mai, a permis de déterminer, quartier par quartier, l’importance des dégâts causés par le séisme du 12 mai. Les zones en rouges sont considérées comme « extrêmement détruites », celles en orangé comme « modérément détruites » et celles en kaki comme « non détruites ». Elle est utilisée par les autorités chinoises en charge de la catastrophe.
Enfin, dans certains cas (déclenchement demandé par la Sécurité Civile française), le CNES met à disposition gratuitement un de ses ingénieurs de la Direction du Centre du Toulouse, pour coordonner la réalisation des cartes. Ce dernier est choisi à la fois en fonction de ses compétences en traitement d’images, et de sa connaissance du type de catastrophe (tremblement de terre, incendie…), pour une exploitation optimale des données.
Depuis sa mise en œuvre, la Charte qui été déclenchée plus de 200 fois dans toutes les régions du monde, a démontré l’apport indispensable du spatial dans la gestion des crises majeures.