Succès du lancement de Chang'e 6 / DORN vers la Lune !
[Rediffusion] Lancement de Chang'e 6 / DORN
Un peu plus de 4 ans après le début de son développement, DORN, embarqué sur la sonde chinoise Chang'e-6, s'est envolé à la découverte de la face cachée de la Lune ce vendredi 3 mai à 11h27 (heure de Paris). Le décollage réussi, à bord d'une fusée Longue Marche-5 (Y8), marque le début d'une aventure d'environ un mois dans l'espace pour cet instrument qui deviendra bientôt le premier instrument français actif à la surface de la Lune.
Revivez le décollage en vidéo ci-dessous. ↓
La mission de DORN
DORN a pour objectif d'étudier l'origine et la dynamique de l'atmosphère lunaire, ainsi que les propriétés thermiques et physiques du sol lunaire. Pour cela, il doit effectuer des mesures de radon et de polonium, deux traceurs radioactifs, tout d’abord depuis l'orbite autour de la Lune puis à sa surface.
Un instrument construit en moins de 4 ans !
De la livraison aux mesures : chronologie de la mission Chang'e 6 / DORN
Quelques mois après sa livraison le 9 août 2023 à Pékin, et des tests d'interface avec la sonde chinoise Chang'e 6 réalisés à l'automne dernier, DORN a rejoint son site de lancement sur l'île tropicale chinoise de Hainan en janvier 2024.
Réassemblé et testé de nouveau à Hainan ces derniers mois, il a décollé avec succès le 03/05/2024 embraqué sur Chang'e-6 à bord du lanceur Longue Marche 5 Y8.
Le voyage vers la Lune
Après le décollage, le voyage vers la Lune va durer 4 à 5 jours. S'en suivront quelques semaines en orbite autour de notre satellite naturel durant lesquelles DORN sera allumé et testé, d'abord en début de croisère (2 jours et 19h après le lancement précisément) puis quelques jours avant l'alunissage de Chang'e 6 prévu le 2 juin, vers 10 heures du matin heure locale lunaire, dans le sud du cratère Apollo du bassin Pôle Sud-Aitken.
48h à la surface de la Lune
Après l'alunissage, la mission de DORN durera 48 heures à la surface de la Lune.
Une capsule redécollera ensuite de notre satellite naturel avec 2kg d'échantillons lunaires à son bord - les premiers échantillons prélevés sur la face cachée. Ils seront transférés à un orbiteur, jusque là en attente en orbite autour de la Lune, qui les rapportera dans le nord de la Chine une vingtaine de jours plus tard.
Que vont nous apprendre les échantillons lunaires collectés par Chang’e 6 ?
Les échantillons permettront aux scientifiques de l’équipe DORN de poursuivre leurs investigations sur Terre, en comparant certaines analyses réalisées en laboratoire à ce que DORN aura mesuré sur la Lune.
Ces échantillons visent par ailleurs à mieux comprendre l’asymétrie entre faces visible et cachée de la Lune, et pourraient idéalement contenir au moins trois types de fragments : des fragments des hauts plateaux lunaires, de coulées volcaniques (assez rares sur la face cachée) qui se seraient épanchées il y a 2.4 à 3.4 milliards d'années (et qui permettront d'affiner la datation des terrains lunaires), et peut-être des fragments du manteau supérieur de la Lune.
Le rôle du CNES et de la France
Au printemps 2019, les présidents de la CNSA (Administration spatiale nationale chinoise - Agence spatiale chinoise) et du CNES ont signé un accord prévoyant d’embarquer une charge utile française sur la mission lunaire Chang’e 6. DORN a ainsi été sélectionné par le CNES en septembre 2019 et devient la première collaboration franco-chinoise dans le domaine de l’exploration planétaire.
DORN a été conçu et réalisé à l’Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie (IRAP) sous maîtrise d’ouvrage du CNES. Le CNES soutient les laboratoires français impliqués dans la mission.
L’IRAP a collaboré avec le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) dont le LNE-Laboratoire National Henri Becquerel pour la production des sources d’étalonnage de Polonium-209 embarquées, ainsi qu’avec Albedo Technologies, une TPE spécialisée dans le développement d’instrumentation de mesure de la radioactivité et le CNRS à travers plusieurs laboratoires dont il est co-tutelle, notamment :
- l’Observatoire Midi-Pyrénées (OMP – CNES/CNRS/IRD/Météo France/UT3) qui a mobilisé son Groupe d’Instrumentation Scientifique (GIS), un service technique mutualisé, pour l’architecture thermique et l’usinage de pièces mécaniques ;
- le Laboratoire de physique subatomique et des technologies associées (SUBATECH - CNRS, IMT Atlantique, Université de Nantes) et le GIP Arronax qui ont participé à la caractérisation de l'instrument lors de tests de calibration utilisant les faisceaux protons et alpha de haute énergie du cyclotron Arronax.
Le développement de l’instrument s’est fait en partenariat avec l’Institut de Géologie et Géophysique de l’Académie des sciences chinoise (IGG-CAS), auquel appartient la co-responsable scientifique du projet DORN (Prof. He Huaiyu).
L’équipe scientifique inclut également des collaborateurs de l’Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP - CNRS, Université Paris Cité) de la China University of Geosciences Beijing (CUGB), du National Space Science Center (NSSC) chinois, de l’Université Christian-Albrechts de Kiel, du Centre de recherches pétrographiques et géochimiques (CRPG - CNRS, Université de Lorraine) et du Planetary Science Institute aux États-Unis.
Plus de contenus sur la mission Chang'e 6 / DORN
[Article] The Conversation | Le retour de la France sur la Lune avec l’instrument DORN sur la sonde Chang’e 6
« [...] Après le 1er alunissage historique sur la face cachée de la Lune par Chang'e 4, et le succès de Chang'e 5, la Chine veut aller plus loin et prévoit avec Chang'e 6 le 1er retour d’échantillons de cette même face cachée. [...] Chang'e 6 embarque également quatre instruments non chinois dont l’instrument français DORN, destiné à la mesure du radon et qui, après un demi-siècle, marque le retour de la France à la surface de la Lune... »
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- En savoir plus sur DORN sur la bibliothèque des projets du CNES : Chang'e 6/DORN | cnes.fr
