28 Septembre 2006

Région énigmatique sur Mars: Omega brise la glace

À proximité du pôle sud de Mars se trouve un endroit aux caractéristiques si étranges que les scientifiques l'ont baptisé “région énigmatique”.

Aussi froide que les glaces environnantes, elle est pourtant beaucoup plus sombre. Pourquoi ? Le spectromètre Omega, installé à bord de Mars Express, vient de relancer le débat.

Imaginez un morceau de désert du Sahara de plusieurs milliers de km2 qui ferait son apparition au beau milieu de la banquise antarctique chaque printemps. C'est à peu près ce à quoi ressemble la “région énigmatique” au pôle sud de Mars.

Ce désert présente en outre la particularité d'être presque aussi froid que les glaces environnantes (-135°C). Une explication avancée au tournant des années 2000 a été de dire que cette région à la fois sombre et froide n'était rien d'autre que du sol martien recouvert d'une couche de glace de C02 transparente, un peu comme une photo mise sous verre.

Glace contaminée

Depuis décembre 2003, la sonde Européenne Mars Express est en orbite martienne. À son bord, le spectromètre Omega, sous responsabilité française, financé pour moitié par le CNES.

Omega analyse le rayonnement du sol martien dans le visible et l’infrarouge proche, ce dernier domaine permettant de distinguer à coup sûr la glace d’eau de celle de CO2 .

Comme le résume Yves Langevin, un des responsables scientifiques de l’instrument “ Contrairement aux instruments américains, Omega permet non seulement de déterminer la couleur et la température d’une région donnée, mais aussi de déterminer la contribution exacte de chaque type de glace dans cet état de fait”.

En survolant à plusieurs reprises la région énigmatique, Omega a mis en évidence le fait que la glace carbonique, bien présente, ne peut pas être transparente puisque très fortement contaminée par de la poussière sur 1 mm d’épaisseur.

Autant en apporte le vent d’Hellas

Reste à comprendre d’où peut bien provenir cette poussière, et pourquoi elle ferait son apparition au milieu du printemps. Une partie est probablement déposée par des jets de gaz qui perforent la couche de glace juste après l’équinoxe, comme le proposent les équipes américaines.
Mais Yves Langevin avance une autre hypothèse : “La région énigmatique est particulièrement sombre au milieu du printemps austral. Or, toutes les études sur la circulation atmosphérique autour de la calotte glaciaire montrent que cette région se situe sur la trajectoire des vents qui pénètrent à haute latitude en provenance du grand bassin d’impact Hellas.
De la poussière pourrait donc également être apportée par les tempêtes saisonnières depuis Hellas.”


La région énigmatique n’aurait-elle finalement guère plus de consistance qu’un souffle printanier ? Si la question est loin d’être tranchée, Omega vient d’apporter une pièce décisive au débat.

27 octobre 2006

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